Conservation work performed
with funds from the 1993/94
NEW YORK STATE
CONSERVATION/PRESERVATION
DISCRETIONARY GRANT PROGRAM
"S
ET MEDICALE
DES ANTILLES,
OU
TRAITÉ DES PLANTES USUELLES
DES COLONIES FRANÇAISES, ANGLAISES, ESPAGNOLES
ET POF..TUGAISES.
DÉDIÉE ET PRÉSENTÉE AU ROI
DOCTECÏ El» MÉDECINE DE LA FACnLxi. DE PARIS , ANCIEN MEDECIN DU GOUVERNEMENT
A SAINT-DOMINGUE, ET FONDATEUR DC LYCEE COLONIAL, MEDECIN DE l'hOSPICE
CCVlt DS BBAUaiONT, ET MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ HNNÉENNE DE PARIS ET DE
PLUSIEURS AUTRES SOCIÉtÉs SAVANTES.
Xe4'iite paD c). Cso. GDû)coiwtti/l/2'.
Le jus exprimé de la canne à sucre , relui du citron et l'eau limpide
des ruisseaux qui serpentent dans tous les jardins , fournissent a
l'instant une boisson salutaire , qu'une feuille fraîche et roulée du
- bananier, ou qu'un pétale détaché de la popote, peuvent retenir...
Partout , dans ces climats fortunés , le Caraïbe trouvait sous ses
pas les plantes que réclamait la maladie d'un père , d'un parent ou
d'ua-anai 1.. Ces insulaires avaient-ils d'autres moyens curatifs ?....
(discours PRELIMINAIRE.)
IinperilisslmcB gentes , herbas in auxiliuin vulnertint
inorborumqiie noi'erunl. C. Cels. , ad PrKS.
TOME TROISIEME.
PARIS.
5o;
CHAPPRON , rue de la Grande-Truanderie , n
Veuve RENARD, libraire, rue Gaumartin , n. i^;
Chez i LEVRAULT, libraire , rue de la Harpe , n. 8i ;
' MALEPEYRE, libraire, rue Gît-le-Cœur, u. 4;
Et chez les principaux Libraires.
1827.
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IFILOll Ml©I(GâlLl
DES ANTILLES.
IV"^ CLASSE.
DES SUBSTANCES VEGETALES QUI PEUVENT AGIR SUR
l'estomac, OU LE CANAL INTESTINAL, PAR LEURS
QUALITÉS VENENEUSES OU MEDICAMENTEUSES.
PLANTES TOXIQUES CORROSIVES ,
ET
TOXIQUES NARCOTIQUES.
SOMMAIRE.
l'iNTÉRÈT de la société faisant un devoir aux natura-
listes voyageurs de signaler au public les végétaux véné-
neux qu'une main coupable , ou inexpérimentée , pour-
rait employer , nous traiterons avec le plus grand soin
la classe des toxiques que nous diviserons en deux par-
ties. Nous ne pouvons donner assez de renseigneraens
pour éclairer , du flambeau de la doctrine et de Texpé-
ToME III. — "ig^ Livraison, i
(M
rit'iice , le médecin légiste qui lient en ses mains la vie
ou la mort d'un accusé.
La plupart des végétaux de cette classe ne peuvent
être introduits dans le conduit alimentaire , même à des
doses fractionnées , sans y porter le trouble et la désor-
ganisation. La reconnaissance des signes qui décèlent la
présence des poisons est donc d'une extrême importance
pour le médecin , puisqu'il doit baser son traitement ,
et déterminer l'antidote convenable , d'après la nature
des symptômes qui se présentent , et l'altération d'un ou
de plusieurs systèmes de l'économie. On divise ces signes
en deux classes. Les uns sont généraux et communs à
tous les empoisoiinemens \ les autres particuliers , c'est-
à-dire relatifs à l'action de telle ou telle substance véné-
neuse. C est pourquoi l'on reconnaît l'influence d'un
narcotique à un état convulsif ou de délire, aux nausées,
aux pandiculations , à une tendance irrésistible au som-
meil, à la stupeur, à la létliargie , aux tremblemens,
aux soubresauts , à la roideur tétanique de la mâchoire ,
au regard fixe , morne , hagard , symptômes qui déno-
tent l'impression du narcotique sur les nerfs et le cer-
veau ^ les narcotiques suspendant soudainement les fonc-
tions de l'estomac et du conduit intestinal. Le poison
chimique ou mécanique , introduit dans les voies diges-
tives , produit au contraire une sensation pungitive et
déchirante , des hémorragies , des vomissemens opiniâ-
tres d'une matière porracée , des sueurs , des mouve-
mens convulsifs , la tuméfaction du ventre , et des diar-
rées excessives , des syncopes , des vertiges , et plu-
sieurs autres symptômes qui appartiennent à certaines
maladies aiguës.
Les peuples les plus anciens ont fait usage des poisons
( 3)
|)our st; défaire de leursennemis. Les Francs , dit Alibert,
dans leurs guerres contre îes Maures , trempaient leurs
armes dans le suc de Tellébore noir qui croît sur les
Pyrénées , et dont le venin est si subtil , qu'un boeuf
piqué d'une de ces flèches meurt en huit minutes. De
nos jours , l'art de fabriquer les poisons n'est que trop
connu aux colonies où l'exaltation de l'imagination , où
la soif des vengeances, où la jalousie implacable, et
toutes les passions déchaînées rendent l'homme honteux
à lui-m^me. Que de plantes , sous la zone torride , pro-
curent aux criminels des armes à leur atroce frénésie.
La plupart des plantes laiteuses qui y croissent en abon-'
dance , surtout ce suc qui découle des arbres de ce
genre, et produit, par oxigénation, une espèce de
caoutchouc, offrent à l'homicide une source empoisonnée,
dans laquelle il peut tremper ses traits. Les végétaux
vireux lui fournissent aussi ces tristes moyens de des-
truction. Mais la même main qui plaça , dans les solitu-
des de l'Amérique, des végétaux nuisibles , permit aussi
aux plus puissans antidotes de les accompagner. Le
mancenillier donne son tronc pour appui au cèdre blanc
( Bignonia Leucoxylon), et la terre qui laisse à regret
paraître le sombre feuillage du québec , offre au malheu-
reux, qui eu fait usage, l'antidote que son sein a retenu
pour neutraliser les effets funestes de son feuillage. Il
n'existe pas , à proprement parler, de poisons dans la
nature -, leur action n'est que relative , puisqu'il n'est
aucune substance qui , convenablement employée , ne
puisse être profitable et salutaire aux vivans.
L'action des poisons minéraux, végétaux et animaux ^
sur notre économie, est en raison directe de la sensibi-
lité constitutionnelle de Tindividu. Alibert a prouvé ce
1*
( 4 )
fait en donnant de fortes doses de deutoclilorure de mer-
cure à des animaux dormeurs , tels que le hérisson ,
qui n'ont éprouvé que de l'agitation et une forte con-
traction des organes gastriques sans que la mort s'en-
suivît, et sans qu'ils en parussent fort incommodés,
(L'émétique n'agit pas de même sur tous les individus. )
La même expérience , faite sur des animaux d'une sus-
ceptibilité nerveuse , très-excitable , les a fait périr
promptement. On sait que Sénèque , impatient de quit-
ter la vie , prit vainement du poison , sa sensibilité phy-
sique étant émoussée par une hémorragie copieuse qu'il
venait d'éprouver. Les hommes de la nature sont moins
accessibles à l'influence des poisons que les citadins
efféminés par une vie luxurieuse , et les progrès de la
civilisation. L'estomac des Lapons et des habitans des
autres contrées hyperboréennes , est peu impressionna-
ble , et les irritans les plus actifs peuvent à peine dé-
terminer la contractilité musculaire.
L'action délétère des substances vénéneuses change
aussi en raison des divers degrés de sensibilité départis
aux différentes espèces d'animaux. Le Cabiai , que le D.
Alibert nourrit pendant quelque temps , sans accident ,
avec des racines de jusquiame, mourut subitement lors-
qu'on remplaça cette nourriture par de la ciguë.
Les remèdes qui calment les douleurs s'appellent ano-
dins -, ceux qui provoquent le sommeil , ont le nom
d'assoupissans , d'hypnotiques et de narcotiques.
Les narcotiques n'agissent pas toujours de la même
manière , et leurs parties constituantes diffèrent donc
entre elles. Or , pourquoi classer l'opium et la ciguë
dans la même catégorie , puisque les prêtres égyptiens
et ceux d'Athènes calmaient l'ardeur de leurs passions
( 5 3
avec ïa ciguë , taudis que les Orientaux les excitent avec
l'opium ? Cette question pourtant peut se résoudre eu
songeant que l'opium, à petite dose, est calmant , et qu'à
dose plus élevée il devient excitant.
La ciguë donne des niouveniens épileptiques , des vo
misscmens convulsifs , des contractions de nerfs ef-
frayantes , que l'opium ne donne pas.
L'opium ne doit point s'administrer s'il y a trop de
fièvre et trop de plénitude , ou trop de faiblesse e\ d'i-
nanition. Il faut craindre d'arrêter ou même de ralentir
quelque évacuation naturelle devenue nécessaire.
Si l'opium augmente la sueur, il diminue par consé-
quent la sécrétion de l'urine. S'il donne au sang plus de
fluidité et d'activité , administré à trop forte dose , il
retarde le mouvement de la bile , engorge les viscères ,
embarrasse le cerveau , engourdit les nerfs. Mais il a son
correctif puissant ( même à la dose d'empoisonnement),
dans l'usage du suc de citron qui dissipe , comme par
encliantement, jusqu'aux moindres vestiges , ces symptô-
m.es \ au lieu que pour l'empoisonnement par la ciguë ,
l'émétique est préférable. Les malades qui peuvent vo-
mir sont ordinairement guéris.
Les poisons les plus redoutables , comme le remar-
que judicieusement Alibert , sont ceux qui attaquent à
la fois , et non d'une manière successive , l'économie
animale , parce que la nature n'a pas le temps nécessaire
pour coordonner ses pliénomènes de réaction , et sa ré-
sistance est infructueuse. Plusieurs poisons aussi n'ont
point d'action directe sur les nerfs ) mais dès qu'ils en-
trent en contact avec le sang , alors l'animal meurt sou-
dainement.
Chaque système de notre organisation est particulier
(6)
rement affecté par telle on telle substance délétère. Cer-
tains poisons introduits dans Festomac ne sont pas délé-
tères , et sont promptenient mortels s'ils sont soumis à
l'action des absorbans. Magendie et Delille ont prouvé
cet axiome par V up as -tienté qui ^ administré à lapins pe-
tite dose, devient le stimulant le plus énergique de la
moelle épinière , et donne promptement la mort en
frappant le système nerveux d'un spasme universel qui
suspend les fonctions de la respiration.
Les poisons Acres sont moins énergiques que les cor-
rosifs ^ ils ont aussi des modes d action très-différens les
mis des autres. En général ils produisent, pour la plu-
part, des effets beaucoup plus marqués lorsqu'ils sont
injectés dans le tissu cellulaire ou les vaisseaux , que
lorsqu'ils sont ingérés dans Festomac ; néanmoins ils
réagissent sur cet organe.
Les poisons narcotico-àcrcs diffèrent des premiers , et
encore bien qu'ils aient une influence sur Festomac et
sur les intestins , ils agissent particulièrement sur les
systèmes nerveux et circulatoire -, ce qu'on observe dans
l'empoisonnement par la belladone , les datures , la jus-
quiame , les cbampignons , dont l'action sur Festomac
est lente.
Les poisons narcotiques , proprement dits , sont les
plus dangereux de tous *, ce qui a fait dire au célèbre Vau-
quelin , en parlant du daphne alpina et autres bois lai-
teux , (( que les plantes acides sont rarement à craindre,
)) mais quil faut se défier des autres. » En effet les
alcalis végétaux sont les principes actifs des poisons les
plus énergiques. Cette cinquième espèce d'alcali végé-
tal est due à M. Pelletier qui l'a trouvée dans l'écorce
de la fausse An gusture. Pourtant la substance la plus dé-
( 7 )
lélère ne diffère souvent d'une substance salutaire et
nutritive que par l'addition ou la soustraction d'une pe-
tite quantité d'hydrogène de carbone ou d'azote. L'ana-
lyse chimique , autrefois très-imparfaite , offre mainte-
nant des résultats plus satisfaisans. Si elle altère souvent
ce qui constitue la vertu d'une plante, ce qu'on recon-
naît à l'insipidité des eaux distillées des plantes peu odo-
rantes , et non aromatiques ^ le feu y développe quelque-
fois des principes qui n'existaient pas avant que le mixte
fût soumis à son action. L'analyse des anciens ne four-
nissait qu'une huile empyreumatique , du phlegme, etc. ,
qui se formaient par la chaleur. L'analyse de nos jours .
au moyen de gaz , est bien préférable.
Au dix-septième siècle, un arrêt du Parlement proscri-
vit l'émétique dont l'utilité est maintenant reconnue in-
contestable. Les préparations héroïques , tirées des
substances végétales vénéneuses , durent aussi inspirer
de la méfiance , et être employées , en tremblant, par
les praticiens d'abord incertains , et sans expérience sur
leurs effets. La science a fait tant de progrès dans cette
partie de l'art de guérir, et les Fontana, Fodéré, les
Orfila , les Magendie, Roques, et beaucoup d'autres zélés
observateurs, ont consacré tant de veilles à des expérien-
ces multipliées , dont le succès était destiné à l'humanité
souffrante, qu'on marche à présent d'un pas plus assuré,
en profitant des travaux de ces illustres savans , paimi
lesquels on doit à Magendie d^avoir prouvé que la ma-
nière (Vagir des médicamens et des poisons , esL la même
sur riiomme que sur les animaux. Ces plantes héroï-
ques, soumises au creuset du chimiste , et leurs parties
constituantes étant signalées, deviennent, employées
seules , des médicamens simples , mais d'une éne-igie
précise!
(8)
Quant à la reconnaissance des plantes vénéneuses , ?f
leur port , nous devons prévenir le lecteur f[ue la cou-
leur, presque toujours sombre , glauque ou bleuâtre du
feuillage de ces plantes suspectes, leur aspect sinistre,
leur odeur vireuse , leur saveur acre , signalent leurs
propriétés délétères , dans lesquelles cependant la méde-
cine , comme nous l'avons déjà dit , est parvenue à trou-
ver de puissans secours. Ainsi , comme l'observe judi-
cieusement le D. Roques, dans le système physique, le
bien est toujours placé à côté du mal ; d'où résulte une
sorte d'équilibre qui en fait l'harmonie. Ils semblent aussi
nous avertir que partout la vie et la mort sont en
présence.
Comme les bestiaux , si utiles à l'agriculture , péris-
sent quelquefois pour avoir brouté de ces herbes véné-
neuses, mêlées à leur fourrage, malgré l'instinct qui les
porte à s'en garantir, j'indique les végétaux funestes
dont ces animaux domestiques peuvent faire leur pâture,
afin d'engager à en extirper la race. Dans la seconde
partie de ce volume , je traite des plantes reconnues an-
livénéneuses par les naturels, dont l'expérience a été
confirmée par des praticiens dignes de foi! Que de puis-
sans motifs pour s'attacher à faire connaître ces dange-
reux végétaux ! Toutes les classes de la société y sont
intéressées, et particulièrement les magistrats, les mé-
decins, les propriétaires colons, et les personnes ver-
tueuses ({ui, par charité évangélique, aiment à secourir
les malheureux.
( Principes généraux du traitement. )
Le traitement à opposer à ces bubs tances mortifères
(9)
est Tariable. En règle générale de toxicologie, ii est
dangereux de suivre une théorie purement systémati-
que sur l'influence de tel médicament. D'après l'analyse
de ses principes constiîuans, il est préférable de con-
sulter les faits que rappellent l'expérience, l'observation,
l'étude de la nature , et de ne s'attacher qu'aux effets des
médicamens , et à leur manière d'agir sur notre éco-
nomie. C'est ainsi, toute prévention à part , que le
médecin aux colonies , abstraction faite pour un instant
de sa théorie répressive , ne doit pas dédiîigner d'asso-
cier l'expérience , quoique routinière des naturels , aux
moyens rationnels avoués par l'art *, car , si , d'après Or-
fila , l'albumine , et particulièrement les blancs d'oeufs
délayés dans l'eau , sont le véritable antidote du sublimé
<:orrosif et des sels cuivreux *, si , comme Ta découvert
Gallet , le sucre dissipe promptement les accidens causés
par le vert-de-gris -, si la poudre de charbon de bcîs
bouillie dans de l'eau sucrée aromatisée est encore le
contre-poison du sublimé et de l'arsenic , pourquoi ne
voudrait -on pas que les sauvages aient aussi à eux
des moyens simples tirés de la nature? Ne sait-on pas
qu'une forte décoction de quinquina^ ou de noix de galle
échauffée à 36 ou ^o° , peut décomposer l'émétique , et
arrêter les progrès mortels de son empoisonnement? ! !
Le premier soin , dans tous les cas d'empoisonne-
ment , est d'exciter , par le vomissement , l'expulsion
des substances présumées délétères. On a cru que l'es-
tomac, déjà gravement impressionné par la présence
des poisons irritans, avait besoin d'une plus forte
dose d'émétique pour opérer sa contraction ^ mais
c'est une erreur qui pourrait devenir funeste , et qu un
médecin prudent doit rejeter. Si le poison est encore
( «o )
dans l'estomac , il faut clioisir la voie la plus courte , et
le faire rejeter par les voniissemens ^ mais s'il a franchi
le pylore , et qu'il corrode les intestins _, il est préfé-
rable de l'expulser par les voies basses. Ces deux moyens
souvent deviennent nuls et même contraires, si le poison
a déjà produit des ravages , et enflammé la muqueuse ^
c'est alors qu'il faut recourir aux remèdes adoucissans ^
sédatifs , ou même , selon Alibert, à la loi des affinités
relatives. Quand le poison agit très-rapidement et con-
centre son action principale sur l'estomac , la maladie
devient promptement mortelle , sans présenter des symp-
tômes très -graves. Il est de principe également, s'il y
a gastrite , de ne pas employer les vomitifs minéraux ,
mais de titiller le pharinx avec une plume et d'adminis-
trer de l'eau chaude. Il sera bon de se rappeler aussi
qu'en cas d'évanouissement prolongé, il est dangereux
de faire respirer trop long-temps l'ammoniaque liquide ,
le gaz qui s'en dégage enflamme le pharynx et les voies
aériennes , et peut occasioner la mort, ainsi que l'a re-
marqué le D. Nysten.
Nous terminerons ce sommaire un peu minutieux,
mais indispensable , par observer à nos lecteurs que si les
poisons n'étaient considérés que d'après les ravages qu'ils
exercent sur l'économie , il eût été dangereux d'en in-
troduire l'histoire dans ce livre ^ mais la thérapeuti-
que retire souvent de la manipulation de ces plantes
délétères des avantages inappréciables , et que rien ,
souvent, ne peut remplacer. Une plante, évidemment
vénéneuse, a quelquefois les mêmes principes que d'au-
tres espèces innocentes du même ordre , et n'en diffère
que par son activité , que le médecin prévoyant doit
diminuer en fractionnant les doses. Cest dans ce cas
( ■' )
qu'il faut soigneusement apprécier la maladie, le tem-
pérament, Tidiosyncrasie , et la sensibilité physique
de l'individu qu'en a à traiter.
Dans l'histoire particulière des plantes vénéneuses
que nous allons passer en revue , nous les considérerons
donc sous les rapports de leurs principes nuisibles , et
sous ceux de leurs propriétés médicamenteuses utiles à
l'économie ^ mais nous nous tairons et jetterons un voile
épais sur les compositions meurtrières de cette classe
réprouvée des Mages ou Caperlatas de l'Amérique. Jl
est prudent de vouer ces recettes anti-sociales au néant
d'où elles n'auraient jamais dû être retirées, et dont L«
nature frémit.
AA/» VV% VV^ VV\ VV'» VV%VV\ VVVVV* CVV\VVVVVVV\ VVV VVVVVVVVX VVVVV* VV» VX-VVVVVXAA/V^
i {_
MANCENILLIER VENENEUX.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. l'arbre de mortj Hippomane mancinella ,
Lin., Spec. Plant, n. i ; Monœcie Monadelphie. Juss., Eu-
phorbiacées folio venenata,Mancinello arbor seu Massini-
lia dicta. Commell., Hort., vol. i,p. i3i, tab. 68. — Ar-
bor venenata , Maneinello dicta. Raj. , vol. 2 , p. 1646. —
Juglandi affinis arbor julifera , lactescens, venenata, pjri-
folia, Mancanillo his paris dicta. Sloan Farn., 129, Hist. 2,
p. 3, tab. iSg. — Mancanilla pyrifani , Plum., Gen. p. 49,
tab. 3o. Niss., vol. 6 , tab. 109. — Catesb. Carol., 2, p. 96.,
tab. 95. — Arbor americana Maneinello dicta, fructu pomi ve-
nenato,nucleisseptenisetpluribus, in ossiculo miiricato, to-
tidemloculis dispcrsato, inclusis. Patr. Alm., p. 44* Pbyto-
grapli. , tab. 142 , f. 4- — Hippomane arboreum , lactes-
cens, raraulis ternatis, petiolis glandula notatis. En anglais,
Manch-Ancel ; en caraïbe, Bougoutri. — C'est le Pon:iaro
Picedo d'Oviedo, liv. 9, cb. 12. C'est aussi le Fionii-Peril
veleiio du même, chap. 78, ou Massilinia major.
Caractères génériques. Fleurs monoïques. — Dans
les mâles , un calice bifide , un seul filament cliargé de
quatre anthères. — Dans les femelles, un calice à trois
divisions , plusieurs stigmates , un drupe renfermant
une noix multiloculaire à loges monospermes.
Caractères particuliers. Fleur mâle. Chaton: pé-
rianthe bifide •, corolle nulle. Fleur femelle, Périanthe
bifide :, corolle nulle ^ stigmates à trois parties ^ fruit à
/y. ^J3.
7/trat/arf /)e,rcoiir/l/\. /^i/ui
(,3)
îioyau ^ feuilles ovales , oblongues, dentées en scie, à
deux glandes à leur base. (Vivace.)
Histoire naturelle. Cet arbre redoutable , de TA- *
mérique équatoriale , auquel on a donné le nom d'Hyp-
pomane , parce que ses chevaux sauvages qui paissent
son feuillage ou mangent de les pommes deviennent
furieux, croit sur les bords de la mer, et ceint les anses
des plages inondées des Antilles \ il appartient aux rives
sablonneuses de l'Amérique et aux marais qui en sont
voisins , et qu'on appelle Salines *, on pourrait leur
appliquer ce que Rosset dit de l'aune et du peuplier :
Les noirs Mancenilliers , amoureux des rivages ,
Couronnent les marais de leurs sombres feuillages ;
Et leur corps amphibie , élevant ses rameaux,
A son tronc sur la terre , et ses pieds sous les eaiix.
Par une sorte d'aberration , que notre insuffisance
ne peut comprendre , la nature loin d'avoir imprimé
sur le Mancenillier vénéneux le sceau de réprobation,
en signalant son approche funeste par un feuillage sus-
pect , des fruits ternes ou décolorés , par des émana-
lions nauséeuses, a pourvu cet arbre perfide de tous les
charmes qui peuvent inviter le voyageur altéré à cueillir
ses fruits séduisans par leur odeur agréable de citron,
leur forme et le vif éclat de leurs couleurs. Mais mal-
heur à Timpiudent qui porte ce fruit à ses lèvres ! il
trouve une mort douloureuse dans une pulpe succu-
lente, qui lui promettait une sensation agréable. C'est
ainsi que plusieurs plantes vénéneuses ont l'enveloppe
séduisante du vice -, mais par une admirable prévoyance,
le Mancenillier offre un tronc pour appui au Nandhiroba
( '4 )
OU au Mimosa scandens , qui en deviennent le contre-
poison.
Toutes les parties du iVJancenillier contiemient un
suc laiteux , abondant , vésicant et d'une excessive caus-
ticité. Les fruits , semblables aux pommes d'Api , ont
d'abord une saveur insipide, bientôt remplacée par une
sensation acre et brûlante, qui excorie en peu d'instans
la langue et le palais ^ c'est un des plus violens poisons
que fournit le règne végétal. On doit redouter ces
fruits, et éviter même de rester long-temps exposé aux
émanations de cet arbre , ou d'être atteint, dit Moreau
de Jonnès , par le suc corrosif qui découle de ses feuilles
quand ell^s sont lavées par la pluie , ou brisées par le
vent, car il devient vésicant, ainsi que le prouvent
les accide'ns arrivés à M. de Tussac et à deux garçons de
serre de Paris. Aussi, quoique cet arbre puisse former
des allées de promenade , par la beauté de son aspect et
la rapidité de son accroissement , on est forcé d'y re-
noncer -, la police même les fait arracher à mesure qu'il
en renait , afin d'en détruire l'espèce , car l'expérience
prouve qu'il est dangereux de dormir à l'ombre d'un
Mancenillier. Un nègre y fut trouvé mort.
Le bois du Mancenillier qu'on disait nué des plus
belles couleurs , est au contraire mou, très-blanc et fi-
landreux ^ il n'est d'aucun usage , et pas même bon à
brûler, car la fumée épaisse qu'il produit est non-seu-
lement dangereuse à respirer, mais, selon de Tussac,
peut empoisonner les mets qu'on ferait cuire avec ce
beis. On ne confiait autrefois le soin de l'abattre qu'à
des criminels condamnés au supplice : encore par hu-
manilé faisait-on allumer autour du tronc des feux, pour
détruire l'écorce et sou sue vénéneux j mais on se con-
( i5 )
lente à présent irètre masqué , et de se garnir les mains
de gants.
Les poissons et les erabes mangent impunément des
fruits du Mancenillier , mais ces animaux deviennent
des poisons pour Fiiomme -, c'est ce que M. deTussac et
moi nous avons observé plusieurs fois à St.-Domingue.
Il est prudent, dans la saison où le Mancenillier pro-
duit ses fruits , de ne manger de ces poissons ou de ces
crustacées , qu'après les avoir éprouvés en les mettant
cuire avec une cuiller d'argent, qui noircit, si leur
estomac a reçu de la pulpe de ces fruits.
Enfin tous les animaux qui mangent de ces fruits ,
excepté l'Ara , dit Dutertre , deviennent malades et leur
cliair uoire et comme brûlée. Il est dangereux de man-
ger de ces animaux-, Plumier en a fait l'expérience à ses
dépens. S'il arrive qu'il tombe une goutte de ce suc sur
une plaie , et qu'on n'y remédie pas promptement , la
gangrène survient. Lorsque les pommes du Mancenil-
lier tombent de l'arbre , elles ne pourrissent point
comme celles d'Europe , quand bien même elles tom-
beraient dans l'eau , mais elles deviennent ligneuses ,
dures et flottantes.
Analyse chimique. La tige et les feuilles produisent
un suc laiteux , lequel condensé offre les propriétés du
Caoutchouc. Ces parties contiennent beaucoup de tanin,
de l'acide galiique , peu de gomme et de résine , plus
une matière féculente verdàtre. Le miasme délétère,
qui devient si funeste aux hommes qui le reçoivent ,
paraît être de l'hydro-carbone , combiné au gaz hydro-
gène carboné.
PiiopRiÉTÉs DÉLÉTÈRES. Lcs vcrtus nuisiblcs résident
( i6 )
dans toutes les piirlies de Faibre et de ses fruits, et
particulièiement dans le gaz mortifère qui s'en exhale.
Tout le suc laiteux occasione des ampoules doulou-
reuses par son application , et excite des maladies éry-
sipéJateuses , comme le prouve Plumier par un fait
qui lui est personnel, et qui se guérit par l'application
de compresses imbibées de lait froid , circonstance qui
le priva de donner une description complète de cet ar-
bre qu'il redouta toute sa vie.
Symptômes d'empoisonnement. Sentiment d'ardeur
dans la bouclie , le pharynx, l'œsophage, l'estomac
et les intestins^ ventre tuméfié et brûlant, horripila-
tions , sueurs froides et visqueuses , syncopes fréquen-
tes , lèvres ulcérées causant un prurit insupportable ,
emphysème de la tête. Les symptômes augmentent en
raison de la susceptibilité nerveuse.
Secours et antidotes. On doit à un nègre d'avoir
indiqué le premier une infusion des feuilles du Médi-
cinier muîtifîde , comme antidote du poison du Man-
cenillier. Ce remède, qui agit comme vomi-purgatif,
remplit la première indication ( V^. vol. II , P. i4^)- Les
moyens à employer après les évacuations sont les muci-
lagineux acidulés et les potions huileuses. Tussac re-
commande , comme spécifique , l'eau salée ou l'eau de
mer. Ainsi la nature place toujours le bien à côté du
mal. Les lotions faites avec cette eau calment aussi la
douleur causée par l'excoriation produite par le suc du
Mancenillier. On trouve encore un antidote dans le
cèdre blanc ( Bignonia leucoxylon)^ qu'on rencontre tou-
jours près de ces arbres.
( -7 )
Les nègres appliquent sur les pustules, qu'excite sur
In penu le lait du Mancenillier , Tcau elaire qu'ils re-
cueillent avec superstition de la coquille de riierniite
ou soldat. (Agatliine.)
Plumier indique aussi pour rernède , à prendre inté-
rieurement , riuiilc d'oli\e et l'eau tiède comme vomitif
adoucissant ^ mais il faut , dil-il, en user j)rompîement,
car une heure après en avoir mangé, il n'y a plus de
remède (ce qui me paraît un peu exagéré, si l'on se
rappelle la guérison indiquée plus haut ) et l'on ne
fait plus que languir, et traîner une vie courte et mal-
heureuse.
On emploie k l'extérieur la racine pilée du Solajuini
mexicamim magno flore de C. B -, « autrement mer-
» veille du Pérou ou belle de nuit, dont les feuilles sont
)) longues d'une palme , larges de trois pouces , d'un
» vert gai , lisses , polies et douces comme du satin ,
» laquelle plante porte des fleurs longuettes comme le
)) lizet , mais polypétales -, elles sont violettes par de-
)) hors et blanches par dedans, fermées de jour et ou-
» vertes de nuit. )) Plumier ajoute que cette racine
amortit entièrement le venin , et que même elle arrête
la gangrène com.meuçante. Il appelle cette plante herbe
aux flèches. (Tom. II , traité III, chap. I , § V. )
Les anciens Caraïbes empoisonnaient leurs flèches
avec le suc du Mancenillier , et celui de plusieurs apo-
cynées fréquentes dans le pays.
Le célèbre Orfila place le Mancenillier au rang des
poisons narcotico-àcres. Comme il ne cause ni torpeur
ni assoupissement , j'ai cru devoir le placer parmi les
caustiques.
Tome IIL — 89^ Livraison. 2
( '8 )
Caractères physiques. Le Mancenillier parvient or-
dinairement à une élévation de vingt à trente pieds ^ on
le prendrait au premier abord pour un poirier d'Eu-
rope ^ son écorce est lisse , grise , très-épaisse et lactes-
cente \ ses feuilles , pourvues de longs pétioles , sont,
ovales , pointues , crénelées en leur bord , alternes , d'un
vert obscur et luisant en dessus , et d'un vert plus paie
en dessous. Elles sont munies, à leur base, d'une
glande déprimée rougeâtre. Les fleurs sont disposées en
cbatons, ou épis lâches et terminaux. Les fleurs mâles
sont agglomérées , çà et là sur l'épi , en paquets arron-
dis. Une écaille , munie de deux glandes à sa base, sert
d'involucre à chacun de ces groupes de fleurs , et cha-
cune d'elles est composée d'un périantlie simple , très-
petit et bifide à sou sommet. Le filet est surmonté de
quatre anthères didymes. Les fleuf-s femelles sont si-
tuées au bas de l'épi : leur périantlie est triphylle et ca-
duc •, l'ovaire est supère , et porte un style court qui se
partage en sept stigmates \ le fruit est un drupe charnu,
dont le noyau, gros, sillonné, hérissé de pointes, of-
fre plusieurs loges garnies, chacune, d'une semence.
Propriétés médicinales. Lherminier , pharmacien
à la Guadeloupe , a préparé un extrait de Mancenillier
par le procédé ordinaire , en employant des feuilles
oxidées. Cet extrait peut remplacer , dit ce chimiste ,
celui du Rlnis toxicodendron , et son emploi peut être
nppliqué à la maladie aflVeuse , connue sous le nom
û'eJephantiasis. On en a obtenu des succès dans le trai-
tement de l'hémiplégie , en l'employant graduellement
depuis douze grains jusqu'à deux gros.
( «9)
Mode d'administration. La dose de Texlraït est de-
puis douze grains juscju'à deux gros , mais pris progrès
sivemeiît.
EXPLICATION nrî LA PLANCHE CENT CINQUANTE-TROI'? ,
La plante est presque de grandeur naturelle.
1 . Fleur mâle.
2. Fleur femelle.
3. Fruit coupé transversalement.
2*
( 20 )
^A/« \IV\ VV>IVVVVV^\X>VV'»VV*(VV>IV\'\A/V^/VVVV\*'VVVVVVlV\A(VVVVVVVVVVVVVVAAA'V»*^\/VVVV>M«^/\^^^
GLUTTIER DES OISELEURS.
( Toxique corrosif. )
Synonymie, Vulg. Mancenillier à feuilles de Laurier. — Hip-
pomane biglandulosa , Linn. , Monœcie Monadelphie. —
Juss., Euphorb. Mancaiiilla laurifoliis oblongis , Plum. —
Hippomane foliis ovato-oblongis, serratis, basi glandulo-
sis, Linn., Spec. , p. 1191, n. 'i. — Hippomane arboreum ,
lactescens , ramulis ternatis, pctiolis glandulâ notatis ,
floribus spicatis mixtis, Brown , Hist. Jam. , p. 35 1. — Ti-
tbymalus arbor americanus mali medicae foliis ampliori-
bus tenuissimè crenatis, succo maxime venoso, Pluck., Ain.
369, t. 229, f. 8. — Roi , Suppl. 428. Sapium aucuparium
foliis oblongis, acuminatis , serrulatis , petiolis apice bi-
glandulosis, Tussac.
Caractères génériques. Fleurs uuisexuelles , réu-
nies sur le même chaton, dont les femelles occupent la
base. — Fleurs mâles : calice monophylle campanule , à
deux ou trois divisions obtuses et conniventes *, deux ou
trois étamincs dont les filamens, plus longs que le calice,
sont réunis seulement à leur base , écartés dans le reste
de leur longueur ^ à anthères didymes. — Fleurs fe-
melles : calice petit, monophylle , campanule , à bord à
trois ou cinq dents ^ ovaire supérieur, ovale, un peu
saillant ^ style court ; trois stigmates ouverts et subulés ^
capsule arrondie , composée de trois coques , s'ouvrant
par trois valves fendues en deux à leur sommet ^ une
semence globuleuse dans chaque loge.
p/. /.;/
J^kJai^re .Av^wtty/rA Ptè
Otw&ri^/ Scu/n •
iUA'TiEii lYES ins'ELi^.vns
( ^i )
Caractères partict liers. Fleur nuilc. Chaton : pé-
riantlie bifide*, corolle nulle. — Fleur femelle. Périan-
thetrifide-, corolle nulle -, stigmate eu trois parties-, cap-
sule à trois coques ^ feuilles ovales oblongues , crénelées,
à deux glandes h leur base. ( Vivace. )
Histoire naturelle. Le Gluttier des oiseleurs, non
moins funeste que ses congénères , habite les mêmes
lieux que le précédent. Il fournit aussi du caoutchouc ,
mais d'une moindre consistance que celui du Mancenil-
lier que nous venons de décrire ^ c'est pourquoi il sert
aux Antilles de glu pour prendre les oiseaux que ce suc
fait périr , dit Tussac ( Journ. de Bot. de Desvaux ,
T. I, p. 171 ). Il sert aussi d'instrument de vengeance.
C'est dans l'obscurité des nuits , au milieu de la paix de
la nature et du sommeil de ses maîtres , que le nègre
africain, empoisonneur, ourdit ses projets de mort. Assis,
en fumant , à la porte de sa case ou de son ajoupa, son
imagination aigrie par des craintes d'esclavage se met
d'accord avec ces nuages épais qui si souvent cachent le
disque de la lune. Son plan étant bien arrêté, il se lève
en délire , et seul possesseur de son secret fatal, il s éloi-
gne en silence de sa femme et de ses enfans qu'il laisse
accroupis une partie de la nuit autour d'un foyer fumeux
entretenu par la combustion modeste d'épis de Maïs
privés de leurs grains ou de bouse de vache, seul moyen
d'éloigner lesmiryades de maringouins qui ne leur lais-
seraient prendre aucun repos sur leur natte , où ils cou-
chent le corps nu , et souvent couvert de ces insectes
dévorans.
Excité par le démon du meurtre , ce criminel insensé
s'enfonce dans l'épaisseur des bois qui l'environnent, ou
( 2^ )
se plisse au milirn des lianes sur le bord des rivières ou
de la mer, et y cueille la pomme du MancenJllier , la fleur
de la grande Aristoloche, les Ahouaïs, les Apocins et au-
tres végétaux pernicieux dont il fait un monstrueux mé-
lange dans les chaudières qu'il destine à cet usage, et
qu'il transmet à ses enfans qu'il fait hériter de sa haine
injuste contre tous les blancs. La vertu, la bonté de ses
mai très ne peuvent suspendre un instant l'exécution de
son arrêt fatal. Saint-Domingue , si long-temps sous l'in-
fluence du poison, a eu le triste exemple de l'empoison-
nement de la famille entière de madame la comtesse Ros-
signol de Robuste, ma parente , par ses nègres ingrats ,
comblés de ses dons , et dont elle était la tendre mère ;
c'est au moyen du suc de Mancenillier donné dans le café
aux enfans et grandes personnes. Cette mère inconsola-
ble , regrettant au milieu de ses douleurs atroces d'é-
chapper à la mort cruelle dont ses enfans étaient frap-
pés, appritque leurs estomacs phlogosés avaient été ex-
coriés. Qu'on juge à présent des souflrances que ces êtres
innocens ont éprouvées ! Les coupables furent reconnus,
et ayant avoué leur crime , la justice les livra aux flam-
mes sur le lieu même qui les avait vus commettre une
telle abomination. Ils montèrent sur 1 échafaud en riant
et sans repentir , en annonçant que leur mort désirée
devait transporter leurs âmes dans leur pays pour y re-
vêtir un autre corps. C'est là leur genre de superstition.
( Voyez mon essai sur les mœurs des Guinéens transpor-
tés à Saint-Domingue, 3* vol. de mes Voyages d'un na-
turaliste.)
Caractères physiques. Arbre de trente pieds, d'un
port élégant, à cime luisante, et dont les rameaux sont
( -^-^ )
nombreux , longs . peu divisés , presque toujours étendus
horizontalement. Toutes ses parties contiennent un suc
caustique , laileux, qui découle goutte à goutte lorsqu'on
les entame.
Les feuilles sont éparses et situées principalement vers
l'extrémité des rameaux^ elles sont ovales, lancéolées,
dentelées ( avec quelques dents plus grandes , éparses
parmi les autres) , d'une consistance coriace , luisantes,
à veines transversales nombreuses. Le pétiole est court ,
rougeàtre, et porte, à la naissance du disque de la
feuille , deux glandes oblongues , obtuses et ouvertes ,
d'un rouge orangé. Les épis sont terminaux, lâches, un
peu épais, verdàtres , longs de six pouces^ les fleurs
sont sessiles, et ont chacune, à leur base, deux glandes
oblongues^ obtuses, un peu planes , d'un vert jaunâtre -,
les calices sont d'un noir pourpré.
Analyse chimique. Le suc de ce Mancenillier étant
parfaitement semblable à celui de l'espèce précédente ,
nous ne croyons pas nécessaire d'en répéter l'analyse.
Propriétés délétères. Trente grains de ce suc, don-
nés à un chien,- lui ont fait éprouver, après cinquante
minutes, les symptômes suivans : Ecartement et roideur
tétanique des membres , du rachis et du cou \ chute sur
le côté, tremblement-, relâchement bientôt suivi d'une
nouvelle attaque annoncée par des mouvemens convul-
sifs de la face et des paupières ^ immobilité des yeux , di-
latation de la pupille, tétanos général. Il n'y a ni vomisse-
ment, ni bave , ni aboiement-, la langue sort de la bou-
che , sa couleur est pâle, ainsi que celle des lèvres-,
les urines coulent involontairement, et la respiration,.
( M )
suspendue par la contraction des muscles du tronc,
amène bientôt la mort. L'extrait , mis en contact avec
les blessures , n'amène aucune suite fàclieuse. Il n'en
est pas de même si on le fait pénétrer entre des
muscles , ou sous la peau , ou qu'on en enduise une
flèche.
Autopsie. Les animaux empoisonnés par les fruits
des Mancenilliers , contiennent encore ce poison dans
l'estomac ou le duodénum, qui cependant ne sont pas
phlogosés ^ mais on observe le passage du sang noir dans
les cavités artérielles, ce qui détermine l'asphyxie.
On serait porté à croire , dans ce cas , que ce suc
peut corroder la membrane muqueuse, ou agir immé-
diatement sur les nerfs sans causer la mort , qui n'a lieu
qu'au moyen de l'absorption qui forme un mélange im-
médiat du poison et du sang. La mort provient donc de
l'asphyxie qui résulte de l'immobilité de la poitrine ,
pendant le tétanos, et qui suspend la respiration.
Secours et antidotes. Les vomitifs ou purgatifs
doivent être employés, dans le premier temps de Fem-
poisonnement, d'après l'organe où l'on présume être le
poison. Viennent ensuite les boissons mucilagineuses ,
acidulées , ou l'eau de mer , ou bien encore un autre
contrepoison réputé , le Cèdre blanc , Bignonia Leu-
coxylon, dont j'ai déjà parlé dans l'article précédent. Si
ces moyens ne iéuss"ssent pas, et que Timmobilité du
thorax , suite du tétanos , menace de suHocation , il faut
dans ce péril imminent , comme le conseillent Deliie et
Magendie , provoquer un exercice respiratoire arùficiel ,
qui donne assez de temps pour faire évacuer le poison.
(25 )
Propriétés médicinales. Oîi cMiiploie l'exlrait des
feuilles oxidées dans la paralysie et les afTections cuta-
nées rebelles. J'en ai vu d'assez heureux cfl'ets.
Mode d'administration. L'extrait se donne progres-
sivement depuis dix grains jusqu'à deux gros. Quant à
l'antidote par le Bignonia Leucoxylon , on prend sur-le-
cliamp le suc très-adoucissant des feuilles de cette Big-
none à l'intérieur , à la dose d'une once par heure , jus-
qu'à diminution des symptômes. Il calme bientôt les
douleurs que cause le suc acre des Mancenilliers. On
peut se contenter de mâcher les feuilles , et de les appli- ,
quer sur le lieu enflammé. Ce moyen simple réussit tou-
jours aux naturels du pays qui l'emploient uniquement
avec confiance et sécurité. D'autres recommandent, pour
les éruptions causées par le contact de ce suc vénéneux,
des applications d'huile et de crème , ou d'ammoniaque
liquide étendu d'eau.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT CINQIJâNTE-QUATRE ,
La plante est représentée au tiers de sa grandeur naturelle.
1. Fleur mâle.
2. Fleur femelle.
3. Semence.
4- Capbsule entière.
( ■'■(> )
MAACRxMLLIER A FEUILLES DE HOUX.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Pomme Zombi. — Hippomane spinosa ,
Linn., Monœcie Monadelphie. — Jussieu, famille des Eu-
phorbes. — Tithymalus arborescens pomiferus aquifoliae
foliis, Plum.
Caractères génériques. Fleur mâle. Cliaton^ pé-
lianthe bifide ^ corolle nulle. Fleur femelle. Périanlhe
trifide ; corolle nulle ^ stigmate en trois parties ^ fruit
à noyau.
Caractî^res particuliers. Feuilles comme ovales,
cientées , épineuses, et semblables à celles du grand
Houx d'Europe.
Histoire naturelle. On trouve cette espèce dans plu-
sieurs îles Antilles et à Saint-Domingue, particulière-
ment au Boucan du Latanier , vers le Port à Piment.
Son feuillage est plus agréablement varié que celui des
deux autres espèces, et ses fruits à côtes sont ou d'un
jaune d'or , ou d'un rouge de vermillon ^ il se plait sur
les bords de la mer ou des rivières. On trouve souvent
sur ce Mancenillier un gui à fruits rouges qui est très-
vénéneux. L'histoire de cet arbre me rappelle le trait
atroce d'une jeune négresse africaine à laquelle on avait
confié le soin de nourrir une de mes nièces. Oubliant
/o^y
I*'
TAfo)/ore J)f^(vu/'/t/\. J'tnjt
(tairtt^ J'eu^ .
3Li:^^CE:N^lLIJEÎI AFEriLOSS oEiiorx.
( ^7 )
le plus sacré des devoirs, et se meltcint au-dessous des
animaux si dévoués à leurs nouriissons ^ insensible au
rrinie d'abréger les jours d une tendre victime qu'elle
;dimentait de sa propre substance, voulant la punir
d'une couleur qu'elle détestait , elle s'enfonça sous
desmangles du jardin qui recelaient un Mancenillierqui
avait échappé aux reclierclies de son maître , saisit la
pomme fatale qu'on retrouva auprès d'elle, et, d'un pas
assuré et non chancelant , elle revint sans remords se
placer à l'ombre d'un Tamarinier qui bordait la grande
case -, et là , pendant l'absence de ses maitres , elle re-
garde sans émotion sa fille adoplive , et laisse échapper,
à demi-voix , ces mots qui terminent le monologue fa-
milier à cette classe d'individus : « P'ti mound'-ci-a-hà
)) touè va porter faute à parens toué. ))
En achevant ces mots , sur cette infortunée ,
Elle répand le suc d'une herbe empoisonnée.
Un cuisinier fidèle , le bon Aza . qui savait Tappré-
cier , et se méfiait d'elle , eut à peine entendu la fin du
monologue, qu'il courut avertir ses mitres ; mais, liélas !
Berthe avait fui , emportant sa victime. On la chercha
en vain pendant long-temps , et se voyant découverte ,
elle s'était donné la mort près de l'enfant qui rendait
les derniers soupirs au milieu des angoisses les plus
afi'reuses , et emporta les regrets stériles de sa mère
inconsolable dont elle était l'unique héritière. Mais
voilons cette scène d'horreur ! Les Manceuilliers of-
frent un moyen de défense au faible rat de cannes con-
tre le chien son ennemi^ car les fruits de cet arbre
l'empoisonnent s'il en mange. (Etudes delà nature , t. 2,
( •>-« )
p. 57 I . ) Bernardin de SRÎnt-Pierre avnit dt-jà fait celte
observatioii en Europe , en parlant de la taupe qui
s'entoure dans son souterrain des débris du Colchique.
Caractères physiques. Cet arbre vient presqu'aussi
grand que les précédens. Son bois est blanc et tendre ^
son écorce épaisse , unie et toute marbrée de diver-
ses couleurs. Ses branches se sous-di visent plusieurs
fois en deux rameaux étendus comme des bras , mais
rougeâtres et garnis de plusieurs feuilles de la même
grandeur et de la même forme que celles de nos Houx.
Le bout des derniers rameaux, continue Plumier,
dont j'ai emprunté cette description, est terminé par
une queue longue d'environ six pouces, toute chargée
de plusieurs petites grappes composées de très -petites
graines jaunes en façon de chaton. Les fleurs sont ses-
siles sur les rameaux , un peu au-dessous des queues ou
chatons. Les fruits sont des pommes à côtes un peu
plus grosses que nos noix , jaunes comme la pomme
d'api , ou rouges comme le minium. Elles ont fort peu
de pulpe , mais un noyau gros et très-dur.
Analyse chimique. La partie la plus active est celle
qui se dégage à l'état de gaz , lorsqu'elle ne reçoit point
directement les rayons du soleil. Le reste de l'analyse
est propre à tous les Mancenilliers.
Propriétés délétères. Je fis avaler à un jeune cro •
codile cinquante gouttes de ce suc ^ il éprouva au bout
d'une heure une roideur tétanique, et des convulsions ,
au milieu desquelles il mourut. J'eus l'imprudence de mâ-
cher une de ces feuilles , j'éprouvai de suite une cuisson
brùhuite , suivie d'inflammation , de ptyalisme et de
( 29 )
démangeaison ^ le lendemain l'épiderme se leva. L'eHct
dii suc est beaucoup plus prompt s'il est injecté
dans les veines , ou mis en contact avec le tissu cellu-
laire sous-cutané de la partie interne de la cuisse. Ce
suc caustique , qui a la propriété d'enflammer les mem-
branes muqueuses , exerce une action stupéfiante sur le
système nerveux.
Symptômes d'empoisonnement. Ils sont les mêmes
que ceux des deux espèces précédentes.
Secours et antidotes. Les plantes mucilagineuses ,
employées seules , peuvent à peine émousser les vertus
caustiques de ce Mancenillier ^ c'est pourquoi l'on doit
recourir aux moyens indiqués dans l'histoire des deux
espèces précédentes.
Propriétés médicinales. On emploie son extrait dans
les fièvres quartes rebelles , et dans toutes les lésions
de la sensibilité organique.
Mode d'administration. (Voyez ci-dessus Gluttier
des Oiseleurs. )
Explication de la planche cent cinquante-cinq.
La plante est réduite à moitié de sa grandeur naturelle.
C3o)
iVV><VV*'V»*\\'»\'V\iVVVVV\'VVVVVVV\'VVV\VVVV\'VVVVVVVVV>^'VVVV^^/V\A/V\'VVVVVVV\>VVVVVVVV»'V\l^
LOBÉLIE A LONGUES FLEURS.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Québec. — Morz' à Cabrit. — Tliibé
des ruisseaux. — Lobelia longiflora , Lin. , Sjngénésic
Monogamie. — Juss. , famille des Lobéliaeées; Tournef. ,
Rapuntium tracbelium, ch. 2 et 3. — Tracbelium soncbi-
folio , flore albo , tubulo longissimo, Plum. — Chevalier,
p. 176. — Rapunculus aquaticus foliis Cichorii, flore albo,
tubulo longissimo , Duhamel. — En espagnol : Matta Ca-
vallo. — Rabienta Cavallos.
Caractîires génériques. Calice adhérent : limbe à
cinq divisions -, corolle irrégulière, tubulcuse , souvent
fendue^ limbe à cinq lobes inégaux, bilabiéj étamines
soudées parles filets et les anthères; style terminé par
un stigmate ordinairement bilobé \ capsule semi-infèrc ,
couronnée par le calice , à deux loges qui s'ouvrent en
deux valves par le sommet (Richard).
Caractères particuliers. Tige droite ^ feuilles al-
ternes, lancéolées, dentées ^ pédoncules très-courts. la-
téraux -, tube de la corolle filiforme , très-long.
Histoire naturelle. Cette plante , funeste pour tout
ce qui a vie , aime le bord des rivières. Lorscju'elle n'est
point en fleurs, ses feuilles ressemblent tant aux Pissenlits
d'Europe , que douze soldats de la cinquièm.e légère au-
/y. .sb\
'/'hetn^0/^c J}^^c^tt/*ùi\. PtM^' .
Oti^r^ic/ \i*cu/f>.
î>OBÉï.lE A L0NG1TË5 FI.flFK.^
(3, )
raient élé viciimes de cette méprise à Saint- Marc ( île
Saint-Domingne) sans les secours que jefus assez heureux
cle leur prodiguer. Je dinais chez le général Dessalines
où Ton vint m'annoncer que des soldats qui venaient
d'entrer à l'hôpital ne pouvaient plus parler. Je me ren-
dis sur-le-champ auprès d'eux, et les trouvai tous affligés
d'une glossite effrayante , et ne pouvant articuler aucun
son. L'un d'eux , en répondant par écrit à mes ques-
tions , m'annonça qu'en se promenant avec ses camara-
des sur le bord de la rivière , ils avaient cueilli du
Pissenlit, et qu'ils en avaient fait une salade. Pressen-
tant leur erreur, j'envoyai un infirmier chercher une
touffe de Québec qu'ils reconnurent. J'eus le bonheur
de les guérir par le traitement indiqué plus bas. Il est
malheureux qu'une aussi jolie plante soit aussi redouta-
ble : car elle diapré agréablement les bords des fontaines
ou les rives touffues des fleuves aux Antilles. Quel-
quefois :
Le Québec élancé se peint dans les ruisseauxj
D'autres fois aux regards cache sa perfidie.
Les bestiaux qui fréquentent les pâturages où se trouve
cette herbe empoisonnée en meurent souvent , ou , s'ils
n'en ont mangé qu'une petite quantité, ils donnent un
lait qui transmet à ceux qui en boivent une qualité véné-
neuse signalée par les symptômes propres à cette Lobé-
lie. Les chiens , les chats qui mangent de l'animal en
éprouvent aussi de grands accidens. Cette méprise , en
Europe , a lieu pour la Ciguë , car, comme le dit
Cas tel 1
La Génisse , au retour de la verte saison,
Ne peut sous la rosée et dans l'herbe menue
Distinguer à l'odeur l'infidèle ciguë.
( 32 )
Le genre Lohelia est consacré à Ja mémoire de Ma-
thieu LoBEL, FJamaiid, médecin de Jacques I*r roi d'An-
gleterre , et botaniste distingué du seizième siècle.
Catiactères physiques. Sa tige est haute d'un pied ,
herbacée, rameuse, feuillée , hérissée de poils courts.
Ses feuilles sont alternes, lancéolées, fortement et irré-
gulièrement dentées, presque roncinées, vertes, molles,
légèrement velues en dessous , longues d'environ cinq
pouces^ les pédoncules sont axillaires, solitaires, uni-
flores , très-courts , un peu velus ainsi que les calices ;
les corolles sont blanches, à tube filiforme, long de
trois ou quatre pouces , et à limbe presque régulier ou-
vert en étoile.
Analyse chimique. Les tiges récentes et la touffe de la
plante fournissent un suc laiteux où l'on distingue une
grande quantité de mucilage joint à une saveur acre et
amère \ mais lorsque la plante a donné ses fruits , et
qu'elle est moins pourvue de principes aqueux , elle ac-
quiert , comme les Campanulées , une saveur acre qui ,
dans le Québec , devient caustique et corrosive.
Propriétés délétères. Le suc du Québec , appliqué
sur la peau, détermine une inflammation et une phlogose
de l'estomac, accompagnée de vomissemens douloureux ,
lorsqu'il est donné à l'intérieur. Il suffit de se frotter les
yeux après avoir touché les feuilles pour avoir un éry-
sipèle des paupières. Son odeur est nauséabonde.
Symptômes d'empoisonnement. Les personnes qui en
ont pris à l'intérieur éprouvent une inflammation de la
langue qui se tuméfie , sort de la cavité buccale, et cons-
C 33 )
litue Taffectiori de celte partie, R^peléeglossite. Bientôt
on observe des nausées , vomissemens , vertiges , vision
confuse, fièvre avec exacerbations irrégidières. Enfin le
mal se termine ou par la paralysie avec coma, ou même
par la mort dans six ou sept jours. Les bœufs, chevaux,
mulets , moutons ou cabris qui en ont brouté , enflent
prodigieusement.
Secours et antidotes. Comme les remèdes de la na-
ture sont toujours supérieurs aux obstacles , et ses com-
pensations au-dessus de ses dons , on trouve aisément les
moyens de prévenir une mort assurée , eu scarifiant pro-
fondément la langue , s'il y a glossite , et en combattant
tous les symptômes inflammatoires , alors même qu'on
a recours aux vomitifs pour expulser la matière véné-
neuse -, puis aux savoneux , aux adoucissans , comme le
lait, et à l'extérieur des cataplasmes émoîliens , hui-
leux , si l'on veut adoucir l'érosion produite par ce suc.
Certains médicastres noiîs prétendent découvrir la pré-
sence du suc de Québec mêlé aux aiimens , en mettant
cuire avec , un oignon blanc , qui devient bleu ou brun
noirâtre , si ce suc délétère y est mêlé , et qui reste
blanc si ces mêmes aiimens ne sont point empoisonnés.
Le docteur Chevalier faisait avaler une once d'orviétan
dans une chopine de vin aux animaux enflés pour avoir
mangé du Québec. Il dit avoir guéri par ce moyen des
mulets , dont l'un entre autres était empoisonné dès la
veille et fort enflé.
Propriétés médicinales. Cette espèce de Lobélie
étant administrée par une main prudente , et après avoir
été corrigée de ses principes caustiques, est, dit-on, plus
Tome IlL 39* Livraison. 3
(H)
puissante encore contre les maladies vénériennes que la
Lobélie anti-syphilitique. On fait, dans les douleurs
aiguës , des applications stupéfiantes avec l'huile dans
laquelle on a fait bouillir par pinte : Québec , une once ^
fleurs de Ketmie Ambrette , et mucilas^e de Ketmie
Gombo , de chaque une once. Les mêmes doses des
plantes servent pour fomentations en substituant à
Fhuile trois livres d'eau réduites à deux par Tébullition.
Lorsque les dartres tendent à une dégénérescence par
une phlogose imprévue, on doit, dit Alibert , recourir
sans délai aux applications narcotiques , opiacées et sa-
turnines. Dans ce cas on associe aux quatre onces de la
décoction ci-dessus une once de Laudanum et deux on-
ces d'acétate de plomb liquide.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CEJST CINQUANTE-SIX.
La plante est réduite à moitié de sa grandeur naturelle
1. Tube des étamines.
2. Capsule coupée transversalement.
M.zJ-
/ /woi/o/v JJf<feotif'fi/\ J^mr .
ûa^rie/ ift<n^
AHiSTOI.Of:il r. A Oft.lXI>ES FLECHS
( 35 )
^vvvvvvvvvvl^A'Vvvvvvvvvvv\^^vvvvvvvvvvv\A^<\v\•vvvv^/vvvvvvvvv\■v^(Vvvvv^^»AA.l^^\^^^
ARISTOLOCHE (grande.)
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Tue-Cochon. — Poison manger de cochon.
Aristolochia arborescens , Linn. Gynandrie Hexandrie. —
Jqss. , famille des Asaroïdes. — Richard. Aristolochiées. —
Tourn. Personnées. — Aristolochia grandiflora. Swartz.
Wilden. Caulis, siifirutescens, infernè suberosus, ramulis
herbaceis, striatis, foliis alternis, cordatis, nervosis , gla-
bris , acutis , integris; petiolis longis teretibus ; pedunculis
unifloris ; corollas florum limbo maximo , in appendioem
longam desinente. Tussac. BroAvn. fVivace.)
Cunt-FloTver
Poisoned-H
.p \
.* ' > des Anglais de la Jamaïque.
eat. . j o 1
Cauactères génériques. Ovaire infère^ calice mo-
nopétale , souvent irrégulier , soudé par sa base avec
Fovaire*, étamines au nombre de six à douze, libres et
distinctes , ou soudées ensemble et faisant corps avec
le style et le stigmate^ le style, quand il est libre, est
simple et terminé par un stigmate à six lobes. Le fruit
est une capsule à six loges , qui contiennent chacune
plusieurs graines , attachées à Fangle interne. ( Ri-
chard. )
Caractîlres PARTICULIERS. Fcuilles altcmes , étamines
Tome III. — 4o* Livraison, 4
( 36)
soudées avec le style et le stigmate. Feuilles cordi formes
lancéolées^ tige relevée, sous-ligneuse. (Vivace.)
Histoire NATURELLE. On remarque avec admiration,
dans les hautes forêts du Nouveau-Monde , de grandes
Aristoloches enibrasser étroi«ement le tronc des arbres ,
s'enlacer dans les branches , s'élever en tortillant jusqu'à
la cime , et détacher de cette colonne de verdure, de lon-
gues guirlandes diversement festonnées , qui retombent
vers la terre.
Les belles fleurs de cette liane flexible contrastent
avec le vert du feuillage^ on est envieux de les cueillir,
mais à peine une d'elles est-elle arrachée de sa tige,
qu'une odeur cadavéreuse , qui a beaucoup de rapport
avec la \ulvaire d'Europe , semble annoncer sa funeste
influence sur l'économie. Cette odeur , facilement im-
prégnée est tenace, et se dissipe difiicilement malgré
tous les moyens de propreté qu'on emploie pour la
détruire, et la faire oublier.
La fleur de cette Aristoloche , selon Tussac, porte ,
parmi les nègres des colonies anglaises, le nom trivial
et impropre de Cunt-Flower , que la décence ne permet
pas de traduire en français. Cette fleur a d'ailleurs des
coideurs ternes et jaspées \ c'est le cas de faire remarquer,
d'après l'auteur de Paul et ^irginie, « que les plantes
» vénéneuses oflient , comme les animaux nuisibles,
» d'aflreux contrastes par les couleurs meurtries de
)) leurs fleurs, où le noir, le gros bleu et le violet
)) enfumé , sont en opposition tranchée avec des nuan-
)) ces tendres ^ par des odeurs nauséabondes et viru-
» lentes^ par des feuillages hérissés, teints d'un vert
» noir, et de blanc en dessous : tels sont les Aco-
» nits. Je ne sais, continue le savant observateur,
(3?)
)) si les embryons de leurs fruits ne présentent pas, dès
)) les premiers instans de leur développement , des op-
» positions dures qui annoncent leurs caractères mal-
)) faisans : si cela est, ils ont encore cette ressemblance
)) commune avec les petits des bêtes féroces. »
Tussac prévient qu'un troupeau de cochons , avant
été conduit dans des bois où croît cette Aristoloche,
avait entièrement péri , après en avoir mangé les ra-
cines et des jeunes tiges. Il invite les Colons à détruire,
dans les environs de leurs habitations, cette plante
meurtrière dont les nègres empoisonneurs savent tirer
un parti si funeste.
L'Aristoloche , dont il s'agit , étant cultivée en Eu-
rope, demande le plein air et le soleil. Elle se mul-
tiplie de couchages.
Caractères physiques. L'Aristoloche à grandes
fleurs, dit Tussac, a les tiges simples, presque ligneu-
ses, et subéreuses, jusqu'à quelques pieds au-dessus du
collet de la racine ^ se divisant et subdivisant en une
infinité de rameaux herbacés , grêles, filiformes, striés,
qui s'entortillent autour des arbres , et sont ornés de
grandes feuilles alternes , en forme de cœur , à nervures
bien prononcées. Ces feuilles entières , glabres des deux
côtés et pointues, sont portées par des pétioles très-
longs, qui sont d'un diamètre plus considérable que les
tiges. Les pédoncules, plus longs que les pétioles, sont
munis de feuilles-, ils sont solitaires, anguleux, et
munis, vers le milieu , d'une bractée ronde perfoliée ^ ils
portent une seule fleur d'une grandeur et d'une forme
extraordinaire^ elle est tubuleuse , le tube qui est hexa-
gonal , a huit à neuf pouces de long , et plus d'un pouce
4"
( 38)
et demi de diamètre dans certaines parties : au-dessus de
sa base , qui est pointue , il y a une courbure qui forme
une espèce de ventre ^ il se redresse ensuite , devient
plus étroit, et presque égal dans son diamètre, jusque
vers son sommet , où il se courbe encore et se dilate en
forme de ventre , se termine par une ouverture ovale ,
oblique , entourée d'un grand limbe plan , en forme de
cœur^ de sept à huit pouces de diamètre^ ayant des
nervures saillantes , qui partent des bords de l'orifice ,
et s'étendent en forme de rayons jusqu'à la marge du
limbe , dont la pointe se termine par un appendice
linéaire de plus d'un pied de longueur. Dans l'intérieur
de l'orifice de la corolle, on aperçoit comme un double
tube adossé à l'autre , dont les bords sont crénelés et
garnis de duvet pourpre. Le tube de la corolle est
extérieurement tortueux , et d'une couleur blanchâtre ^
le dedans est d'un pourpre foncé , ainsi que l'orifice ,
qui est garni de poils de même couleur ^ le dessus du
limbe est jaspé de blanc jaunâtre et de pourpre, le
dessous est blanchâtre.
Les étamines, au nombre de six, sont sessiles sous le
style, sur une petite colonne hexagone, entourée d'un
anneau cyathiforme pourpre.
L'ovaire est infère, hexagone, et surmonté de six
stigmates linéaires.
Le fruit est une capsule oblongue , hexagone , â six
loges polyspermes, s'ouvrant par sa base et ressemblant
à un encensoir. Les graines sont obrondes , compri-
mées et très-nombreuses.
Propriétés chimiques. Le suc de l'Aristoloche à
(39)
grandes fleurs contient de Facide galKque et un prin-
cipe gomnio-résineux.
Propriétés délétères. Ayant fait avaler à un rat de
cannes une cuillerée du suc des feuilles et de la tige
de cette Aristoloclie , il mourut au bout d'une heure.
Le suc produit aussi un efi'et vésicant sur la peau.
Symptômes d'empoisonnement. Sa tête était enflée ,
ayant acquis le double de son volume.
Secours et antidotes. L'ammoniaque étendu d'eau,
employé intérieurement et extérieurement, a toujours
rempli le but qu'on se proposait.
Propriétés médicinales. Je ne lui en connais point.
explication de la plante cent cinquante-sept.
La plante est réduite au quart de sa grandeur naturelle.
1. Fruits dont les valves commencent à se séparer.
( 4o ) '
'VVVVV»\iV\'VVW\'VVV» VVVV\/VVVWV»'VVWV>'VVWVVW» VVVVVVVVVVV\'VV»'WWVWVWWW\W\IV^ WXIVWWVW»
AHOUAI DES ANTILLES.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Bagag:e à collier ; noix de serpent — Gerbera
Thevetia. Linn. Pentandrie Monogynie. — Jussieu ,
famille des Apocynées. — Ahouai nerii folio , flore luteo.
Plum. Amer- Icon. 18. — Gerbera foliis linearibus , lon-
gissiniis confertis. Jacq. Amer. 485tab. 34- — Nerisadfinis,
anguslifolia , lactescens , flore luteo. Plucbn. Alm. p. 260,
tab. 207, f. 2. — Ycotli. Hern. Mex. 443- Pluck. t. 207, f. 3.
Caractères génériques. Fleurs monopétalées , fa-
mille des Apocynées, arbres reniplis d'un lait caustique,
et munis de belles fleurs. Ils ont beaucoup de rapport
avec les Tabernés , les Camériers et les Francbipaniers.
Fleur à calice court , composé de cinq folioles pointues.
Une corolle mouopétale , infundibuliforme , dont le
tube , plus long que le calice , est resserré ou rétréci
à son entrée par cinq dents presque conniventes , et
s'évase ensuite en un limbe campanule , partagé en
cinq découpures oblongues , obliques , et ouvertes en
étoile -, cinq étamines courtes , renfermées dans le tube
de la corolle , et un ovaire arrondi , chargé d'un style
filiforme de la longueur des étamines , et terminé par
un stigmate bifide. — Le fruit est une noix charnue,
arrondie , ventrue , et qui renferme un ou deux noyaux
obtusément anguleux. ( Encycl. méth. )
Caractères particuliers. Feuilles linéaires , très-
longues , serrées et sessiles.
Histoire naturelle. Cet arbrisseau, qu'on rencontre
J'/.Joé^.
TTietn/ore JJe^cauf/f/\ T^fiJ' ■
{Ja^rt^/ tAut^t .
■^«
AOl'iiAi i>KS ANTILLES,
( 4- )
souvent à Cayenne et aux Anlilles, produit un fruit vé-
néneux qui excite le vomissement. L'écorce de l'arbre
est un drastique violent que les naturels emploient pour
se purger , ainsi que celle du Cerbera manghas. Les na-
turels du pays emploient les fruits de l'Ahouai pour
orner leurs jarretières , leurs tangas , ou leurs ceintures,
afin d'entendre le bruit que font ces noyaux secs , lors-
qu'ils se heurtent les uns contre les autres , ce qui
remplace pour eux les grelots. C'est à tort que le Père
Labat recommande l'amande du fruit à' Ahouai , ap-
pliquée en cataplasme , comme propre à neutraliser le
venin de la morsure du serpent à sonnettes ^ c'est au
contraire un poison très-actif. Sa description , qui n'a
aucun rapport avec celle de l'Ahouai , prouve qu'il a
confondu avec le Nand Jiiroba scandens , vulgairement
appelé Noix de serpent.
CA.RACTi:PtEs PHYSIQUES. Cet arbrisscau , de douze à
quinze pieds , d'un port élégant , dont les rameaux cy-
lindriques sont parsemés de tubercuJes qu'ont laissés les
feuilles après leur chute, est abondamment rempli d'un
suc laiteux très-caustique. Ses feuilles sont éparses ,
étroites , linéaires , pointues , très-entières , glabres ,
longues de quatre à cinq pouces , et ramassées vers le
sommet des rameaux. Ses fleurs sont jaunes , grandes ,
odorantes , la plupart solitaires stir leur pédoncule , et
disposées vers l'extrémilé des branches dans les aisselles
des feuilles. Il leur succède un fruit verdàtre , arrondi,
charnu , laiteux, et qui renferme un noyau triangu-
laire , qui s'ouvre seulement d'un côté , et comme par
un sillon.
Analyse chimique. La décoction des feuilles et des
( 40
fruits verts donne une couleur brune , et pour ré-
sultat, un principe extractif amer gommo-résineux.
PiioPRiÉTÉs DÉLÉTÈRES. Toutcs Ics parties de cette
plante sont évidemment vénéneuses. Un jeune nègre ^
qui me suivait à la chasse , mangea des fruits verts de
l'Ahouai , et éprouva les symptômes suivans :
Symptômes d'empoisonnement. Pouls faible et ver-
miculaire , nausées et borripilations , délire et autres
symptômes nerveux , tels que pleurs et ris involontaires,
convulsions irrégulières ; agitation extrême , chants ,
cris et loquacité -, regard fixe et hagard: carpologie.
Secoxîrs et antidotes. J'employai d'abord pour vo-
mitif de l'eau tiède , et je titillai Tarri ère-bouche avec
les barbes d'une plume imbibée d'huile , afin d'éviter
l'inflammation de l'estomac déjà irrité par la présence
de cette pulpe corrosive*, mais le malade ayant été atteint
du coma , je fus forcé de recourir à l'émétique , et je
n'eus qu'à me louer de ma décision. J'employai ensuite
tour à tour les boissons gommeuses et acidulées , et
l'enfant fut parfaitement guéri.
Propriétés médicinales. Les nègres emploient l'ex-
trait de la plante à la dose de deux grains dans les fièvres
quartes rebelles. Je n'en ai point fait usage-
Mode d'administration. T1 parait que deux grains
équivalent à une dose de quinquina. On pourrait ob-
tenir peut-être plus de succès de l'extrait alcoolique ,
mais il faudrait le donner à dose bien fractionnée.
explication de la plante cent cinquante-huit.
La plante est réduite à moitié de sa grandeur naturelle.
1 . Fruit entier.
2. Fruit dépouillé de son écorce.
J'/.lâo
y/ifot/or'e /Jf^cortf/{7\ J^f'n.r .
(TtrÂ7-te/ ili'i/^ ■
corAiiK TiiiniiLOiiiK
( 43 )
vvvvvvvvvvv\A/vv•**vvv\>'vvv*vv\^/vvvvvvvvvvvvvvvvvvvv^A^vvvvvvl\(V vvvvvvvvv vv^ viw
GOUARE TRICHILIOIDES.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg-, Bois rouge, Bois a balle. Guarea tri-
chilioïdes , Linn. Oclandrie Monogynlf^. — Jussieu , famille
des Azedarachs. — Guidonia nucis Juglandis foliis, major.
Plum. Gen. 4-î Burra.,Amer. t. i^'j ^ï. i. — Trichilia foliis
oblongo - ovatis , pinnatis, nitidis , racemis Iaxis. Browii.
Jam. 279. — Melia (guara) floribus octandris. Jacq.
Amer. 126 , t. 176 , 87 , et Pict. p. 53. — Jito Marcg".
Caràctèues génériques. Calice moiiophylle , court ,
ouvert , et à quatre dents. — Quatre pétales linéaires ,
pointus , deux ou trois fois plus longs que le calice ', en
outre un tube particulier , presque cylindrique , entier,
ou légèrement crénelé en son bord , de la longueur des
pétales , et qui environne le pistil. — Huit étaniines dé-
pourvues de filamens , et constituées par autant d'aiithè-
ses sessiles , attachées au bord interne du tube. — Ovaire
supérieur , globuleux , surmonté d'un style simple , un
peu saillant hors du tube staminifère , à stigmate en
tète orbiculaire , aplatie en dessus. — Le fruit est
une capsule épaisse et charnue , sphéroïde , ombiliquée
légèrement à son sommet , quadrilocuîaire , se parta-
geant en quatre valves , pourvues chacune d'une se-
mence oblongue , tuniquée en son côté extérieur. ( En-
cycl. méth. )
( 44)
Caractères particuliers. Calice à quatre dents j
quatre pétales j nectaire cylindrique , portant les an-
thères à son ouverture -, capsule à quatre loges , à quatre
valves •, semences solitaires.
Histoire naturelle. Le Gouaré est un arbre laiteux
qui croît dans toutes les forêts vierges des Antilles.
On le rencontre fréquemment à l'ile de Cuba , à Saint-
Domingue , à la Jamaïque , à Cayenne et dans la
terre-ferme de l'Amérique méridionale , où les nègres
l'emploient plus souvent comme poison que comme
médicament. En général , la plus grande partie des
plantes et des arbres qui fournissent un suc laiteux >
ou qui ont une odeur désagréable , sont d'une qualité
pernicieuse et destructrice. A l'exception de quelques
espèces de Convolvulacées , et d'une seule espèce de
Tithymale , et quelques espèces de Periploca, dont on
fera connaitre dans leur histoire les qualités mauvaises ,
il faut se méfier de toutes les autres , ou s'en servir
avec la plus grande réserve. C'est pourquoi , ditPoupée-
Desportes , il faut se mettre en garde contre toutes les
familles des Apocins , des Périploques , des Tithymales ,
des Convolvulus et des Figuiers. On le nomme Bois à
balle , à cause de la forme de son fruit.
Caractères physiques. Le Gouaré a beaucoup d'ana-
logie , par sa fructification , avec les Azédarachs. Il
s'élève à la hauteur de vingt-cinq à trente pieds. Ses
feuilles sont alternes , ailées avec impaire , et composées
de onze folioles et plus , ovales-lancéolées , entières ,
glabres , opposées , et à pétioles propres fort courts ;
leur pétiole commun est long d'un pied et plus. Les
( 45 )
fleurs sont petites , blanchâtres , inodores , et disposées
sur des grappes axillaires , composées, longues au moins
de six pouces. Leurs pétales sont veloutés ou cotonneux
en dehors.
Analyse chimique. Le suc laiteux du Gouaré contient
du mucilage j plus , une substance résineuse d'une
saveur acre et amère , qui , en s'épaississant , devient
caustique.
Propriétés délétères. Le suc gommo-résineux de cet
arbre agit de la môme manière que celui du Mance-
nillier. Il excorie la peau , et est promptement mor-
tifère s'il est pris à une certaine dose. L'auteur du mot
Impj^égîiation , du Dictionnaire des sciences médicales ,
observe avec raison « que les substances vénéneuses,
quelle que soit leur origine, qui ont une action corrosive
sur la peau , ou sur les surfaces qu'elles touchent , n'ont
qu'une action tout-à-fait locale , et de laquelle il ne peut
résulter ni absorption ni imprégnation. Le Gouaré est
dans ce cas. Au contraire , le venin de la vipère , par
exemple , s'introduit dans l'économie , y porte le ra-
vage et même la mort. L'imprégnation alors est plus
ou moins rapide , et marquée par des phénomènes gé-
néraux plus ou moins funestes. Il est un certain nombre
de substances animales , végétales , ou même minérales ,
dont l'absorption cutanée, pulmonaire ou gastrique, revêt
quelques-uns des caractères de l'imprégnation. L'opium
à l'intérieur ou à l'extérieur, le mercure administré de
même , etc. , ont une action qui , locale d'abord, s'étend
à toute l'économie, et en modifie la manière d'être. »
On trouve aussi aux Antilles le Guarea obtusifoUa ,
( 4<3)
foliis subtiijugLs , foliolis oho^atis , extimis jjiajonèus ,
racemis brevissimis , qui a les mêmes pi opriélés.
Symptômes d'empoisoisnement. Ils sont les mêmes
que ceux des ISlanceiiilJiers.
Secolrs et antidotes. On donne une infusion des
leuilles dn IMcdicinier muîtilide , qui agit comme vomi-
purgatif, s'il n'y a pas trop d'irritation^ et dans le cas
contraire , des mncilagineux et des boissons acidulées ou
huileuses , suivant l'indication.
Propriétés médicinales. Le suc qu'on retire de l'é-
corce de cet arbre , est un violent vomi-purgatif dont
on tolère l'emploi dans certaines maladies clironiques
qui résistent aux moyens ordinaires. (Voyez ci-dessus la
classe des Drastiques.) La décoction de Fécorce agit avec
moins de violence.
Mode d'administration. Le suc concrète se donne
depuis dix grains jusqu'à vingt-quatre. — Ou prépare
avec , une teinture alcoolique qui , à la dose d'une demi-
once , remplace la teinture hjdragogue , appelée vul-
gairement eau-de-vie allemcnide.
Explication de la planche cent cinquante-nelif.
La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.
1. Fleur entière.
2. Tube des étamines ouvert.
3. Ovaire et pistil.
4- Fruit.
5. Semenee,
P/.j/>'o.
(47 )
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CESTREAU NOCTURNE.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Le Galant de nuit. — Cestruni nocturnum. Linn.
Pentandrie Monogjnie Tournef. Jasminoïdes appendix.
— Juss. famille des Solanées. Cestrum floribus pediincu-
latis, fascieulis pluribus subpaniculatis , coroUis virescen-
tibus, baccis albis subsphaericeis.Lamk. — Jasminoïdes foliis
pisbaminis , flore virescente noetu odoratissimo. Dill.
Eltb. i83,t. i53 , f. i85.
Caractèties génériques. Fleurs nionopétales de la fa-
mille des Solanées, ayant du rapport avec les Liciets,
dont elles diffèrent néanmoins en ce que les filamens de
leurs étamines ne sont pas velus à leur base. Feuilles
simples et alternes \ les fleurs presque semblables à celles
du jasmin viennent par bouquets on en corymbes axil-
laires -, étamines dans quelques individus à denticule au
milieu ^ baie uniloculaire , polvsperme *, ovaire supé-
rieui , arrondi, surmonté d'un style de la longueur du
tube de la corolle , à stigmate un peu épais et obtus.
Caractères particuliers. Fleurs pédonculées \ feuil-
les cordiformes ovales, (\ivace.)
Histoire inaturelle. Les bois ombragés où se plait
le Cestréau qui y fleurit en août et septembre , exhalent
le soir une odeur suave et agréable qui embaume l'air de
(48)
la nuit , mais trop forte pour être respirée dans les ap-
partemens.
Les Caraïbes en ornaient leurs temples aux jours de
cérémonie , el Todeur de ces fleurs égalait celle
des parfums aussi doux que les vœux
Que la bouche innocente élève vers les dieux.
Castel.
Caractères physiques. Le Cestréau nocturne est un
arbrisseau de six à neuf pieds , rameux dans sa partie su-
périeure , et dont l'écorce du tronc est cendrée et légère-
ment crevassée ou comme subéreuse. Ses rameaux sont
cylindriques , glabres , ponctués , et verdàtres ou d'un
gris roussàtre. Ses feuilles sont alternes , pétiolées,
ovales-pointues ou ovales-lancéolées, glabres, d'un assez
beau vert qui ressemble à celui des feuilles du citronnier,
et quelquefois panachées d'un blanc jaunâtre. Les fleurs
sont verdàtres , viennent par faisceaux pédoncules et un
peu en panicule , dans les aisselles des feuilles supérieu-
res. Leur corolle est glabre, à tube grêle un peu courbé,
et à divisions émoussées à leur sommet et légèrement
irrégulières. Il leur succède des baies presque spbéri-
ques, blanches connue des perles, biloculaijes, et un peu
moins grosses que des pois. Il vient très-bien en serre.
Analyse chimique. La saveur de la plante est fade
et herbacée j l'odeur de son feuillage est fétide et nauséa-
bonde. Du reste elle offre les mêmes principes chimiques
que toutes les Solanées. Je n'ai rien de complet à offrir
à ce sujet.
Propriétés délétères. Le suc du Cestréau peut être
absorbé ainsi que celui de plusieurs Solanées , et dans
( 49 )
ce cas il détruit la sensibilité, et rend immobile. Intro-
duit dans l'estomac d'un chat, à la dose de six gros,
l'animal est mort en deux heures -, cependant ce poison
agit plus énergiquement étant mis en contact avec le
tissu cellulaire de la partie interne des cuisses.
Symptômes d'empoisonnement. Cris plaintifs , mou-
vemens eônvulsifs généraux ou partiels, faiblesse, ou
paralysie des membres, particulièrement des abdomi-
naux ; dilatation de la pupille ; abolition des organes des
sens , nausées , vomissemens , surtout si la substance
vénéneuse a été appliquée sur la peau ulcérée ou sur
le rectum ^ respiration ordinaire.
Autopsie. J'observai les vaisseaux des ménînges et du
cerveau engorgés de sang -, les poumons violets et peu
crépitans-, les ventricules contenant un sang coagulé^
nulle trace d'empoisonnement dans l'estomac , les poi-
sons narcotiques étant promptement absorbés et portés
dans le torrent de la circulation , où ils produisent les
mêmes accidens que s'ils eussent été injectés dans les
poumons , la plaie , le péritoine ou les veines, et le tissu
lamineux sous-cutané.
Secours et antidotes. Il faut de suite provoquer le
vomissement et administrer après son effet des boissons
acidulées.
Propriétés médicinales. Son extrait n'est pas à dédai-
gner dans les affections spasmodiques , et particulière-
ment dans la danse de saint With, dans quelques cas de
manie et d'épilepsie.
( 5o )
Mode d'administration. On prépare l'extrait en pi-
lules qu'on ordonne progressivement depuis deux jus-
qu'à cinq, mais on doit en continuer pendant long-temps
l'usage.
I1.XPLICATI0N DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE.
La plante est de grandeur naturelle.
1. Corolle ouverte pour faire voir l'insertion des
étamines.
2. Calice et pistil.
3. Fruits.
P/.JÔJ
T/,e.„/.
.^ X.//,
GirrF/r a rbome 8 cei^t.
( 5i )
lvv»v\^'vv»vv>v^\\v^v\^\\\vvvvvv'VV^vv*\\^/v\vvvvvvvvvvv\'>vv^^^A^vvv\vvvvv\^\v^ft)^A\\^/vv»,vv(V\vv\^
GOUET ARBORESCENT.
( Toxique cojtosIJ. )
Synonymie. Arum arborescens, Linn. Gynandrie Polyandrie.
— Tournef. Classe 3. Personnées. Secl. i. — Juss. , famille
des Aroïdes. — Ricliard, Aroïdées. — Arum caulescens
rectum, foliis sagittatis. Linn. mill. Dict. n° 17. — Arum
arborescens , sagittariae foliis. Plum. Amer. 44* — Tour-
nef. 169. — Raj. Suppl. 575. — Petiv. Gaz. t. 1 16 , f. 5. —
Aninga. Pison. — En anglais. Tree Arum. — En malabarois.
N'a-tsjémbic.
CarActî:res GÉiNÉRiQUES. Spatlie convolutée roulée
encornet, peu ouverte. Spadice clavifornie , nu à sa
partie supérieure , couvert inférieurement de trois fleurs
femelles , qui consistent en un pistil nu , dans le milieu
d'étamines qui constituent autant de fleurs mâles. Le
fruit est une baie globuleuse , pisiforme , renfermant une
graine. (Richard. )
Caractères particuliers. Spathe raonopliylle , cu-
cuUée : spadice nu en dessus , femelle en dessous , sta-
minifère dans le milieu. Tiges droites, feuilles sagittées.
Amérique méridionale. (Vivace.)
Histoire naturelle. Le Gouet arborescent , ainsi
que tous ses congénères , aime à développer sa végéta-
tion dans les lieux humides et ombragés , où il fleurit
Tome IH. — ^x*" Livraison, 5
( 52 )
en février et avril. On le cultive en Europe dans quel-
ques serres où il se fait bientôt remarquer par Télégance
et la singularité ^e son port. On le multiplie de graines
venues de l'Amérique méridionale , sa patrie , ou en
éclatant des racines dans le temps où sa végétation est
inactive. Il aime une bonne terre , beaucoup d'eau et
de chaleur , enfin une serre tempérée pour l'hiver.
Les racines sont les seules parties de la plante qui
soient en usage dans l'économie domestique , mais il
faut leur enlever par la torréfaction et la fermentation
la causticité de leur suc , et alors elles procurent une
fécule amilacée dont on tirerait srrand narti dans tout
autre pays que celui des colonies florissantes où le Créa-
teur verse avec profusion ses dons et ses bienfaits , et
où les forêts recèlent tout ce qui peut assurer l'existence
du voyageur égaré.
Caractères physiques. La racine de cet Arum est de
la grosseur du bras , de la longueur de vingt à trente
pouces , blanchâtre et noueuse en dehors , blanche in-
térieurement , tendre et d'une saveur douceâtre. Elle
ne pousse (ju'une seule tige , droite , haute de cinq à
six pieds , de deux à trois pouces de diamètre , ferme ,
cylindrique , nue et noueuse. Les feuilles couronnent
la tige , et y forment un faisceau terminal. Elles sont
au nombre de cinq à six , d'un pied de lougueur , pé-
tiolées et sagittées , lisses , membraneuses , d'un vert
foncé en dessus , et plus clair en dessous , avec des ner-
vures saillantes. Le pétiole a environ un pied de lon-
gueur , et est creusé en forme de gaine dans sa moitié
inférieure , cylindrique dans le reste de son étendue ,
et épais de trois à quatre lignes. Les pédoncules naissent
(53)
au sommet de la tige , dans les aisselles des feuilles ,
paraissent plus courts que les pétioles ^ ils portent cha-
cun une spatlie oblongue , pointue , resserrée ou étran-
glée vers son milieu comme le col d'une calel)asse , épaisse
comme du cuir , lisse , verte en dehors , blanchâtre en
dedans , avec le fond d'un rouge obscur. La partie in-
férieure ou fleurie du chaton est jaunâtre , longue d'en-
viron deux pouces , et la supérieure . c[ui est nue , est
un peu plus longue , moins épaisse , d'une couleur pâle,
et comme réticulée en sa superficie. Cette partie supé-
rieure se flétrit et tombe , et l'inférieure devient une
espèce de grappe , composée de plusieurs baies de couleur
pourpre, et de la grosseur de nos pois chiches. (Encycl.)H.
Analyse chimique. La racine de cet Arum est formée
de beaucoup d'amidon , d'un suc acre et laiteux, causti-
que et brûlant , lorsque la racine est fraîche. Ce prin-
cipe acre est très-volatil et soluble dans l'eau , comme
celui des familles monocotylédonées.
Propriétés délétères. Toutes les parties de la plante,
excepté la racine , contiennent une sève si acre, qu'étant
appliquées, fraîchement coupées, sur la langue, elles oc-
casiônent une chaleur mordicante , bientôt suivie d'une
douleur vive , de gonflement , et surtout d'une abon-
dante sécrétion de salive , ce qui a fait , dit-on , employer
cette plante par des maîtres cruels et irréfléchis , qui
la faisaient tenir dans la bouche de leurs nègres jusqu'à
l'aveu de leur faute. Ces temps de barbarie n'existaient
plus lors de mon séjour à Saint-Domingue.
Symptômes d'empoisonnement. Un jeune chat, auquel
j'avais fait avaler une once du suc des feuilles , a mani-
5^^
( 54 )
festé il douleiu ({lie lui Taisait éprouver le contact , en
éterniiant et se roidissaut^ mais il paraît, d'après d'au-
tres expériences , que ce suc vénéneux n'est pas suscep-
tible d'être absorbé, et qu'il ne produit son effet délé-
tère que lorsqu'il est introduit dans l'estomac.
Secoues et antidotes. On emploie contre cet em-
poisonnement les vomitifs doux, et après leur effet , les
boissons mucilagineuses , et celles acidulées d'après l'étal
présent du malade.
Propriétés médicinales. La racine dans son état
naturel est un drastique violent qu'emploient certains
nègres , mais dont il faut user avec une grande précau-
tion. Les médicastres du pays la prescrivent dans les
obstructions , et en topique sur les reins contre le lum-
bago , et l'huile de l'amande des fruits , en frictions con-
tre les douleurs arthritiques. Poupée Desportes et Che-
valier ont recommandé comnie résolutifs , les cata-
plasmes faits avec ses racines contre la néphrite , et leur
décoction en bains , dans les douleurs articulaires , ré-
centes et anciennes.
Mode d'administration. La poudre de la racine s'ad-
ministre en pilules depuis deux jusqu'à six grains , et
pour purger , à celle de douze à vingt -, mais je n'en con-
seille pas l'emploi.
explication de la planche cent soixante-un.
La plante est réduite au vingtième de sa grandeur naturelle.
j'/.lô'jl
TAeo^ore Dt*4rr<>urfz/K /^uta'
(laùf^i^/ *.fcitùp .
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( 55 )
VVVVVV\\'VV\'VVVVVVVVV\\'VVVVVVVVVV\VVVt VVVVVV\'\A'\'X'VV'VV\VV\^V\-\AAV\VVA'VVVvVVVV^ VWVWv\A ».v\ vwwv
f /
GOUET VENENKUX
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Canne marronne ; Canne séguine de Ni-
colson. Canne de Madère. — Arum seguinum Linn. Gjnan-
drie Polyandrie. — Tournef. Personnées. — Juss. et Richard.
Aroïdées. — Ariini caulescens suberectum , foliis lanceo-
lato-ovatis. Linn. Jacq. Amer. 23g, t. i5i, etc. Pict. p. 117,
t. 229. Mill. ic. t. 295. — - Arum caulescens, Cannae indicae
foliis. Plum. Anar J\^^ t- 61 et t. 5i. F. H. Tourneforl, iSg.
— Arum caule geniculato , Cannœ indicae foliis , summis
labris dégustantes mutos reddens. Sloan. Jam. Hist. 1 ,
p. 168. Raj. Suppl. 575. — Canna indica venenata , ourari-
forti. Pluck. Alm. 79. — xArum caule erecto g:eniculato
inferne nudo , foliis oblongo-ovatis. Brown. Jam. 33i.
Caractères génériques. Spatlie monopliylle crénelée-,
spadice nu en dessus , femelle en dessous , staminifère
dans le milieu. (J. H. C. )
Caractères particuliers. Tige presque relevée *,
feuilles lancéolées, ovales, quelquefois perforées comme
celles du Draconî'uun pertuswn. (Amérique méridio-
nale. \ ivace. )
Histoire na-tuhklee. Cette plinte que Ton trouve
fréquemment aux Antilles , et principalement à Saint-
Domingue , à la Martîni([ue, à Cuba et à la Jamaïque ,
se plait dans les prés. Les bêtes à cornes évitent de
fourrager cet Arum ^ dont le suc est acre , caustique et
vénéneux. On marque le linge avec le suc cle ce Gouet ,
( 56 )
et les caractères tracés ne s'eiï'aceiit jamais. Quelques
liabitans , dit Nicoîson , font entrer cette plante dans la
composition d'une lessive qui sert à purifier le sucre.
Caractères physiques. Cette belle plante s'élève à
la hauteur de cinq à six pieds ^ elle a l'aspect d'un
jeune bananier, ou plutôt d'un balisier par la ressem-
blance de ses feuiîleri. Sa û^c droite, d'un ponce de
diamètre , cylindrique , nue , articulée , à nœuds très-
rapprocliés les uns des autres , verte , à substance spon-
gieuse , est remplie d'un suc laiteux , vénéneux et
très-àcre. Ses feuilles forment un bouquet terminal ^
elles sont grandes , rapprochées les unes des autres ,
pétiolées , ovales, lancéolées comme celles d'un bali-
sier , pointues , très-lisses , garnies en dessous de ner-
vures obliques: ces feuilles sont de la longueur de dix-
huit pouces, et ont des pétioles canaliculés inférieure-
ment , amplexicaules , et, comme l'a observé Jacquin ,
échancrées près de leur sommet; les anciennes feuilles se
fanent et tombent à mesure qu'il en pousse d'autres.
Les pédoncules sont plus courts que les pétioles, nais-
sent au sommet de la tige dans les aisselles des feuilles,
et portent des spathes oblongues , lancéolées , d'un vert
pâle en dehors , et de couleur pourpre en dedans. Le
chaton est comme un double pilon jaunâtre , presque
de la longueur de la spathe , et dout la partie supé-
rieure , qui se flétrit pendant la maturation des ovaires,
est chargée d'espèces de verrues tétragones , appelées
nectaires par Jacquin. ( Encycl. Méth. )
AwALYSE CHIMIQUE. La racinc desséchée des Aruw
produit , selon Bucholz : Huile grasse 0,6. — Matière
extractive , analogue au sucre incristallisablc 4 ? 4- —
(57 )
Gomme 5,6. — Madèrn analogue à la bassoriiic i8. —
Amidon et eau ^i livres. — Cent parties de la racine
donnent i , 3 , parties de cendre , qui contient du car-
bonate de potasse , du carbonate et du pliospliate de
cliaux. (Chimie organiqtie de Virey. j
PriOPraÉTÉs délétères. Donné à la dose de deux gros,
le suc de cet Arum est si irritant qu'il peut occasio-
ner la mort en quelques heures, en enflammant les or-
ganes avec lesquels il est mis en contact , et en parve-
nant dans le torrent de la circulation par le secours des
absorbans. ^
Symptômes d'empoisonnement. Action directe sur le
système nerveux dont ce suc détruit la sensibilité: étant
seulement appliqué sur des plaies , il est promptement
absorbé . et opère souvent avec plus d'énergie que s'il
n'est qu'introduit dans le canal digestif, où il cause
néanmoins les plus grands désordres.
Secours et antidotes. Ils consistent à appliquer,
dans ce cas , les mêmes moyens thérapeutiques que pour
les Anun.
Propriétés médicinales. J'ai vu de si terribles effets de
l'emploi de cette plante par les médicastres du pays ,
que j'en ai toujours redouté l'usage intérieurement.
Explication de la planche cent soixante-deux.
La plante est représentée au tiers de sa grandeur naturelle.
1. Fruit entier.
( 58 )
w» v\vw\ v\\ wvvx » V \ » vvvw^ vx'» w^'wx vwvwwvw* wt vvvvv« vv» vv^ v\'» wt vwvyAWWwwvyvwv* w«
COMOCLADE DENTÉ.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Guao de Cuba. — Comocladîa dentata. Lin.
— Juss. , famille des Balisiers. Comocladia foliolis spinoso-
dentalis. Lin. Jacq. Amer. i3 , tab. 178, f. 4 5 et Piet.
p. 12 , t. 269 , f. 2.
Caractèhes GÉ^ÉRIQUES. Arbre à fleurs polype talées ,
de la famille des Balsaraiers, ayant des feuilles ailées
avec impaire, et des fleurs petites et paniculées. Chaque
fleur a : I " un calice monophylle -, coloré , ouvert à trois
découpures arrondies-^ 20 trois pétales ovales pointus,
planes , ouverts et plus grands que le calice 5 3* trois
étamincs plus courtes que les pétales , et dont les fila-
mens en alêne portent de petites anthères à quatre
sillons*, 4** uîi ovaire supérieur, ovale, dépourvu de
style, à stigmate simple et obtus. Le fruit est une baie
oblongue , obtuse , légèrement courbée , marquée de
trois à cinq points supérieurement et contenant un
noyau membraneux, de même figure. ( Encyc. méth.)
Caractères particuliers. Feuillage du grand Houx ^
fleurs petites réunies en panicules. H.
Histoire naturelle. Cet arbre pernicieux se ren-
contre dans plusieurs forets vierges des Antilles , et
J'/.jô:?.
2 /leorloif /)e.fcvttrul^ Pifur
(ùiàiuc/ Scttif/ .
VA\\~
( 59 )
païticulièrenient à l'île de Cuba, aux euvirous de Saiut-
Yago et de la Havane où je l'ai observé. Le suc visqueux
et laiteux qui en découle , par l'incision de l'écorce ,
noircit au contact de Fair et est propre à fournir du
caoutchouc ^ il taclie les mains et les étoffes d'une ma-
nière presque ineffaçable ^ il est assez caustique pour
excorier la peau , détruire le derme et l'écailler ; enfin
les négresses s'en servent comme dépilatoire. L'odeur de
ce suc est très-fétide et a beaucoup de rapport avec
celle qui s'exhale du sulfure alcalin, lorsqu'il est exposé
à l'air. Les habitans de ces colonies l'appellent Guao
et évitent de dormir à l'ombre de son feuillage.
Caractères physiques. Le Guao est un arbre qui
s'élève rarement au-delà de vingt pieds -, son tronc est
droit, peu épais, et se divise à la hauteur de six pieds
en plusieurs branches , dont les courbures sont paral-
lèles et qui soutiennent à leur extrémité des feuilles
éparses , garnies d'aiguillons et rapprochées en touffes
ouvertes , comme dans le Brésillot. Ces feuilles ramas-
sées en rosettes terminales sont ailées avec impaire, lon-
gues d'un pied et demi , luisantes en dessus, composées
de six à dix paires de folioles oblongues acuminées ,
bordées de dents épineuses , veineuses , et un peu co-
tonneuses en dessous^ le bois est vert et distile un suc
laiteux très-caustique , dont les émanations sont quel-
quefois funestes aux ouvriers qui le mettent en œuvre,
s'il n'est pas sec.
Il sort de l'aiselle de ces feuilles des grappes rameu-
ses, paniculées, longues de douze à quinze pouces,
pendantes, et chargées d'un grand nombre de fleurs
fort petites, rougeàtres, ramassées, et comme sessiles
( 6o )
sur les raniilicalioiis des pédoncules communs. Ces
fleurs sont quadritides et létrandriques , les baies sont
vertes et luisantes , de la grosseur des fruits du platane
d'Europe.
Analyse chimique. Le suc duGuao contient, sur cent
parties, soixante de résine, trois de gomme, deux d'ex-
trait amer, et trente-cinq de débris ligneux.
Propriétés déléti^res. Le suc du Guao est si acre et
si corrosif, qu'il détruit le tissu cutané , et y laisse l'em-
preinte noire qui succède à l'application du nitrate d'ar-
gent fondu.
Symptômes d'empoisonnement. Ils sont les mêmes
que ceux des espèces précédentes.
Secours et antidotes. Ceux de tous les caustiques;
des vomitifs doux , et des boissons et lavemens mucilagi-
neux.
Propriétés médicinales. Peut-être ce suc combiné
avec quelque correctif, ofïiirait-il quelques avantages à
la thérapeutique comme sternutatoire. Visitant une am-
bulance, je me rendais aux montagnes des grand Chaos
pour y rejoindre la colonne en marche, lorsque j'aper-
çus deux mulâtres occupés , sur le bord d'une falaise ,
à donner des soins à un soldat atteint d'une afTeclion
comateuse : il était pâle , et ces braves habitans lui pro-
diguaient les secours qui s'offraient autour d'eux. Ils lui
insufflèrent, à l'aide d'un calumet, un peu de suc de
Comoclade, adouci avec un tiers d'eau de fontaine. Il en
résulta un mouvement spasmodique par l'irritation de
( 6. )
îa membrane piluitaire , et par suite d'éleniuemens pro-
loDgés une sécrétion très-abondante de mucosités na-
sales qui le soulagèrent à l'instant. Le pauvre soldat
sortit comme d'un rêve, et son premier soin fut de
tendre la main, en signe de reconnaissance, à ses deux
bienfaiteurs. J'ai conclu de ce fait que , sagement admi-
nistré, le suc de Guao pourrait être utilement employé
dans quelques cas de léthargie ou d'apoplexie séreuse.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOlXÂNTE-TROIS.
La plante est réduite à moitié.
1. Fleur en dessus.
2. Fleur en dessous.
(-fe )
^«VVVVVVV%'VV'X%V\V\\^'V\/VAAIVV%<VV\iVVVVV\A<\'VVVt<VV>VV\IVV>%V^ VV\VV\VVVVV\'VVVVVtVV«\VVV\'VvV\VV«VV«
MOMORDIQUE NEXIQUEN.
( Toxique cor rosisse. )
Synonymie. Vulgairement Pomme de merveille. Momordique
Balsamine. Momordica Balsamina. Lin. Monoecie Sjngé-
nésie. — Jussieu , famille des Cucurbitacées. — Tournef.
Clas. 1. Campan. Sect. 7. — Commers. H. Amst. 54»
Caractères génériques. Plantes herbacées \ tiges
flexueuses ^ et souvent grimpantes , avec ou sans vrilles
axillaires j feuilles alternes pétiolées , simples ou divisées
en lobes, souvent hérissées de poils rudes ou tuberculeux.
Fleurs le plus souvent unisexuées, monoïques et axil-
laires. Dans les fleurs mâles , le calice est soudé avec
la base de la corolle ^ cinq étamines insérées au fond
de la corolle , dont quatre soudées deux à deux par les
filets et les anthères -, une seule libre et distincte. An-
thères uniloculaires -, étamines à la fois monadelphes et
synanthères. — Dans les fleurs femelles , même forme ,
mais l'ovaire infère constitue rarement un renflement
particulier au-dessous du calice , souvent trois filamens
stériles *, style simple ou trifurqué au sommet , terminé
par trois stigmates épais , glanduleux et ordinairement
bilobés \ ovaire à une seule loge , contenant six ovules
P/.2S4.
J'Aeotit.v /)artitui-/i7\. Pmx
yertrr . Icii/f>
M 0>i O IIIH Ol^K NEXÎO rKN
( 63 )
et plus ^ le fruit est une péponide. Les graines sont
comprimées.
Caractères particuliers. Fleur mâle. Calice à cinq
divisions ^ corolle à cinq parties \ trois filets. — Fleur
femelle. Calice à cinq parties -, corolle à cinq divisions ;
style trifide^ pédoncules linéaires très-longs, munis d'une
bractée cordiforme vers sa base ; pomme ou baie ou-
vrant élastiquement. Pommes anguleuses tuberculées :
feuilles glabres , ouvertes , palmées. Originaire de l'Inde.
( Annuelle. )
Histoire naturelle. Le nom deMomordique , suivant
Delaunay , est dérivé du latin mordeo , je mords , ce
qui exprime ou la saveur acre et mordante et la qualité
violemment purgative des fruits , ou les aspérités pi-
quantes dont ceux de la plupart des espèces sont re-
vêtus. On cultive cette plante en Europe , et pour le
faire avec succès , il faut semer ses graines sur couche ,
au mois d'avril, ou en pleine terre, à la mi-mai. Comme
elle a des vrilles , et qu'elle s'élève en grimpant à la
hauteur de trois à quatre pieds , il est à propos , con-
tinue M. Delauiïay, de la placer au pied d'un treillage,
au grand soleil. Cette plante est annuelle et amuse les
<;urieux. Elle ne veut pas être transplantée. On la trouve
communément dans l'Lide et dans la Guiaiie. Elle a
fleuri pour la première fois en Europe en 1688 et 1690.
Comm,elin.
Caractères physiques. Les feuilles de cette plante
mmpante ont beaucoup de rapport avec celles de la
vigne , mais elles sont iiifinimentplus petites. Les fleurs,
( «4 )
qui ont peu d'apparence , sont d'un blanc jaunâtre -, il
leur succède un fruit de la grosseur d'une prune de
Mirabelle long ou rond , qui rougit ou jaunit ; il est
couvert de tubercules épineux. Lorsqu'il est mûr il
s'ouvre lui-même , et fait paraître des graines d'un
rouge vif, dans la forme de celles de citrouille , mais
plus petites.
Analyse chimique. Je retracerai ici , d'après Bracon-
not (Journal de Physique , lxxxxiv , 292 ) , lanalyse du
Momordica Elaterium , dont les principes sont les
mêmes que ceux du Momordica Nexiquen. Le suc de la
plante, après l'avoir exprimé , soumis à Tébullition, filtré
et évaporé , contient : principe amer 4^^^ 5 — matière
animale 34,7, — ^^^^^ combinaison de potasse avec un
acide analogue à l'acide malique 2,8 , — cliaux combinée
avec le même acide 7 , — nitrate de potasse 6,9, — sul-
fate et hydroclilorate de potasse et perte 8,3. — D'après
le journal de Scliweiger (Paris, xxxii , 339), le suc ex-
primé , épaissi , qu'on retire du fruit du Momordica ou
l'Elaterium , contient : résine molle avec un principe
amer , 12, — matière exîraclive 26, — fibre ligneuse 25 ,
— fécule 28 , — gluten 5, — eau 4- — (Virey , Chimie
organique , p. i46. )
PROPRIÉTÉS DÉLÉTÈRES. Le SUC de Ce Momordique
Nexiquen , h la dose de deux ou trois gros , a déterminé
la mort d'un très-gros chien, comme l'avait déjà observé
le professeur Orfila , en seize heures , soit introduit
dans l'estomac , soit injecté sous ie tissu lamineux
sous-cutané de la partie interne de la cuisse \ mais il
agit moins promptement par Fabsorption. Il agit comme
( 65 )
les poisons irritans , en enflammant les organes avec
lesquels on le met en contact , et en produisant une
irritation spasmodique au genre nerveux. Outre cette
action locale, il est porté par Faction des absorbans dans
le torrent de la circulation, et agit alors particulièrement
sur le rectum qui , d après Orfiîa , se trouve toujours
plilogosé en ce cas.
Symptômes d'empoisonnement. Constriction à l'œso-
pliage -, cavité buccale douloureuse et cuisante : même
ardeur dans le pharynx , l'estomac et les intestins ,
d'abord légère , puis atroce ^ nausées , vomissemens
de matières diversement colorées -, elles ne font point
eiServescence avec les alcalis, ne verdissent pas le sirop
de violette, altèrent seulement l'eau de tournesol ^ cons-
tipations ou déjections sanguinolentes-, rapports fétides,
hoquets , respiration difficile ^ pouls accéléré , petit ,
serré , quelquefois intermittent ; soif insupportable ,
strangurie , crampes , affection tétanique , extrémités
froides , convulsions partielles ou générales , anéantis-
sement , face hypocratique -, enfin le délire et la mort.
Secot:?lS et antidotes. Vomitif doux et boissons mu-
cilagineuses -, lavemens de même nature.
Propriétés médicinales. Quelques empiriques font
usage du suc de jNexiquen pour exciter les évacuations
chez les hydropiques -, mais l'on sent tout le danger
que Ton court à employer un moyen aussi désorga-
nisateur.
Mode d'administration. La dose de ce suc réduit
en extrait sec est de six à douze grains , selon les tem-
(6(i )
péramens *, on l'associe à quelque sel ou quelque sirop
pour émousser sa trop grande activité. Il serait plus
prudent de remployer comme latraleptiqiie , en fiictions
à la partie interne des cuisses.
EXPLICATIOW DE LA PLANCHE CEKT SOIXANTE-QUATRE,
La plante est représentée aux deux tiers de sa grandeur.
4. Fruit.
P/-. j6\i
lA^oc/ofe Deavour/zùi T^iic .
fifi6/'ie^ i/cte/.
rniAC'O^^TE FOl.lTmXLE
ÂMAJl^ B
( 67 )
VV\VVVvVVVVVVVV«W*vVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\\'VVVVVVVVVVVvVV»Arvv^ yvw
DRACONTE POLYPHILLE.
( Toxique coî^rôsîf. )
Synonymie. Dracontc à racines tubéreuses. — Dracontium
poljphillum , Linn. Gjnandrie Polyandrie. — Juss. , fa-
mille des Aroïdes. — Dracontium scapo brevissimo , pé-
tiole radicato lacero , foliolis tripartitis; Laciniis pinnati-
fidis. Linn. Hort. Clist. 434- — Mille dict. , no 2. Thunb.
H. Jap. 2 34' — Dracunculus americanus , caule aspero
puniceo , radiée cyclaminis. Tourn. 160. — Dracontium
americanum scabro puniceo caule , radice cyclaminis.
Herm. Par. gS. Raj. Suppl. 584. — Arum polyphillum
Dracunculus , et Serpentaria dictum surinamense , etc.
Pluck. Alin. 52 , t. i49î f • * • — Konjaku des Japonais. —
En anglais, Trefoil eaved dragon.
Caractères génériques. Plante unilobée de la famille
des Gouets, ayant beaucoup de rapports avec les Lothos,
dont les feuilles ont un pétiole engaîné à sa base , et
dont les fleurs naissent sur un chaton accompagné d'une
spathe oblongue , cymbiforme ou ligulaire. 1° Calice de
cinq folioles ovales, obtuses, colorées et presque égales;
2" sept étamines, dont les filamens portent des anthères
droites, oblongues, quadrangulaires ; 3° un ovaire su-
périeur , ovale , chargé d'un style cylindrique , à stig-
mate trigoné. Le fruit, produit par chaque fleur, est une
baie arrondie qui contient quatre semences ou davan-
tage. (Encycl. Méth.)
Tome IlL — 4*^ Lwraison. 6
( 68 )
Caractères particuliers. Hampe très-courte 5 pétiole
radiqué , lacéré \ folioles en trois parties \ segmens pin-
natifides. (Vivace. Jol.)
Histoire naturelle. L'odeur cadavéreuse de la fleur
de cette plante, au moment de son épanouissement, la
fait éviter par le timide voyageur , qui la rencontre fré-
quemment à Cayenne, à Surinam, et aux autres îles
des Antilles où elle croit naturellement. Les animaux
s'en éloignent^ les criminels seuls en combinent les
effets , lorsqu'ils sont tourmentés j)ar la soif de la ven-
geance.
Caractères physiques. La racine de ce Draconte est
tubéreuse comme celle du Cyclame d'Europe ^ elle pousse
tme feuille dont le pétiole , haut d'un pied à un pied et
demi, est moucheté de vert, de blanc et de pourpre, et
a son épiderme déchiré et comme écailleux. Ce pétiole
se divise à son sommet en trois parties , munies com-
munément d'une ou deux ramifications, et qui por-
tent des folioles pinnatifides, à d-écoupures lancéolées et
décurrentes. Quelque temps après que celte feuille est
fanée , il pousse de la racine une hampe très-courte qui
soutient une fleur dont la spathe est en capuchon noi-
râtre, coriace, à jiointe recourbée, environnant un très-
petit chaton. Celle fleur a une odeur fétide et cadavé-
reuse dans Finstant de son épanouissement. (Encyl.
Méth.)
Analyse chimique. La racine contient beaucoup de
fécule amilacée , un extrait résineux, et un suc incristal-
lisable , d'une âcreté insupportable , très-volatil et so-
Jnble dans l'eau.
(69)
Propriétés délétères. Le suc caustique exprimé de
la racine produit les mêmes désordres que celui des
Arums. Je fis périr en quelques heures un perroquet au-
quel j'en avais fait avaler une cuillerée.
Symptômes d'empoisonnement. Des matelots, ayant
entendu dire que cette racine était aussi bonne à manger
que celle de VArum esciilenlum (vulgairement Cliou
caraïbe ) , en firent cuire avec du bœuf salé , et com-
mirent rim_prudence de boire le bouillon. On les trans-
porta à l'hôpital Saint-Marc , île de Saint-Domingue , et
j'observai les symptômes suivans : un court délire , des
éclats d'un rire involontaire , des gestes forcés , des
étourdissemens , une ivresse maniaque. Mais je fus assez
heureux pour neutraliser
Le poison d'une liqueur mordante
Qui dans leur sein livide épanchée à grands flots
Calcinait lentement et dévorait leurs os.
Secours et antidotes. Aux premières indications de
rempoisonnement , on doit faire vomir le malade , aci-
duler ses boissons , et quelquefois les rendre aromati-
ques par l'addition de l'une des plantes reconnues alexi-
lères par les naturels , et dont je donne l'histoire dans
la seconde partie de ce volume.
Propriétés médicinales. Quoique la racine soit d'une
âcreté caustique, néanmoins les Nègres s'en servent,
particulièrement au Japon , dans les cas où les purgatifs
sont indiqués. Ils en font également usage comme em-
ménagogue.
Mode d'administration. Une once de la racine bouillie
6*
( 70 )
dans trois verres d'eau , et qu'on fait boire à demi-
heure de distance , ofTre à ces insulaires un purgatif
drastique violent. La teinture alcoolique se prescrit ,
comme emménagogue , à la dose de trente gouttes par
tassée d'infusion d'une plante hystérique.
EXPLICATION DE LA PLAWTE CENT SOIXANTE-CINQ.
1. Bulbe d'où s'élève une fleur.
2. Feuille.
PI. ,Ô'S.
/"Afvtùtfe /)ejfoiirti'/\ r'm^
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GOUET HEDERACE.
( Toxique cojTOsif. )
Synonymie. Vulgairement Herbe à mécliant. — Arum hede-
raceum, Linn. Gynandrie Polyandrie. — Tourn., clas. 3.
Personnées. , sect. i. — Jussieu , famille des Aroîdes. — •
Arum caulescens radicans , foliis cordatis oblongis acumî -
natis , petiolis teretibus. Linn. Jacq. Amer. 24o , t. 162.
— Colocosia hederacea sterilis minor, folio cordato. Plum.
Amer. Sg , t. 55. — Arum americanum scandens , foliis
cordiformibus. Tournef. 159..
Caractères génériques. Spathe monophylle canelée ;
spadice nu en dessus , femelle en dessous , staminifère
dans le milieu.
Caractères particuliers. Tige radicante -, feuilles
cordiformes , oblongues , aiguës*, pétioles arrondis. (Jol.
Vivace.)
Histoire naturelle. Ce Gouei croît dans tous les
bois montagneux de l'Amérique méridionale , et parti-
( 72 )
culièiement à la Martinique, à San-Yago de Cuba,
à Saint-Domingue et à la Jamaïque.
Caractères physiques. La tige de cette plante grimpe
sur les arbres , et s'aLlaclie , comme un lierre , à leur
tronc et à leurs branches par de petites racines vermi-
culaires qu'elle pousse de ses nœuds. Cette tige est cy-
lindrique , épaisse d'environ un pouce , glabre , grisâtre
et rameuse. Les feuilles qui viennent sur les jeunes ra-
meaux sont pétiolées , cordiformes , pointues , lisses , un
peu coriaces , alternes et caduques. Leurs pétioles sont
cylindriques , et presque de la longueur de la feuille
qu ils soutiennent. L'extrémité de chaque rameau pré-
sente un bourgeon allongé et pointu (comme dans les
Figuiers), lequel venant à s'ouvrir laisse épanouir une
nouvelle feuille, et, l'extrémité du rameau s'allongeant ,
offre un autre bourgeon de même forme. La spathe est
grande, ovale, pointue, épaisse, colorée antérieurement
à sa base. Le chaton est cylindrique , presque de la
longueur de la spathe , se flétrit dans la partie qui est
au-dessus des ovaires. (Encycl. Méth.)
Analyse chimique. Elle a produit le même résultat
que celui de l'essai fait avec ses congénères. ( J^oyez
ci-dessus le Gouet arborescent. )
Propriétés délétîîres. L'estomac et les intestins qui
étaient restés en contact avec le suc de cet Arum que
j'avais fait avaler à un chat , me donnèrent lieu d'ob-
( 73 )
server une inflammation intense. Les poumons, le sang
et le cerveau offraient les altérations communes à tous
les poisons narcotiques. ( Voyez le sommaire qui se
trouve au commencement du 3^ volume. )
Symptômes d'empoisonnement. Cris aigus, agitation,
mouvemens convulsifs, pupilles dilatées *, chez l'homme,
délire, pouls fort, fréquent, régulier ou irrégulier,
nausées, vomissemens opiniâtres, évacuations alvines,
quelquefois abattement, assoupissement, insensibilité
et frisson général .
SecoutxS et antidotes. Un Nègre avec lequel je gra-
vissais les montagnes, pour augmenter mes collections
d'histoire naturelle , m'ayant fait remarquer ce Gouet
qu'il appelait Herhe à méchant , me dit qu'il était véné-
neux, et qu'on ne connaissait dans le pays aucun moyen
plus sur pour combattre ce poison que l'émulsion de
l'amande du fruit de l'Accacia à grande gousse (Mimosa
scandens). Sans tourner en ridicide cette propriété tant
vantée, je ne l'ai employée que secondairement, à la
vérité avec succès , mnis pourtant après avoir mis en
usage les moyens généraux que j'ai indiqués dans les
articles précédens.
Propriétés médicinales. Si l'on croit pouvoir en at-
tribuer à ce Gouet , elles doivent être les mêmes que
celles du Gouet arborescent \ je ne lui en connais pas de
particulières.
(74)
EXPLICA.TIO]>i DE LA PLANCHE CENT SOIXAKTE-SIX.
La plante est représentée au quart de sa grandeur na-
turelle .
FI. j6y.
TTieotUtre Zfed-coi^r6i/K foia-
ûaArce/ Sr
ACÏIÏT ÇAUSTIOI^E
( 75 )
^;y^,^/VVV\^^(VVVVVVVVV\V<'VVVVVV^\^■VVV/VV»/VVVVV^AlVtVVVVVVVVVVVVV\(•'\AvVVVVVvVVVVVV\AlVVV^
ACHIT CAUSTIQUE.
( Toxique coiTOsif. )
Synonymie. Cissus caustica. Tussac, t. i, p. 116. — Linn.,
clas. 4î ord. 1, Tétrandrie monogynie. — Juss. , clas. i3,
ord. la. Famille des Vignes. — Tournef. Rosacées,
sect. 11.
CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Calice entier , petit -, corolle
tétrapétale \ quatre étamines, gerrae entouré jusqu'à
moitié du disque staminifère *, un style ;, un stigmate
aigu ; le fruit est une baie monosperme ^ embryon sans
périsperrae.
Caractères particuliers. Tige sarmenteuse , ge-
nouillée , succulente, noueuse, flexueuse , à feuilles
ternées , ovales et obtuses ^ pétioles canaliculés \ fleurs
rouges en corymbes.
Histoire naturelle. M. Tussac étant le premier
qui ait décrit cette plante , je rends ici publiquement
hommage à ses talens en botanique, en composant mon
article d'après le sien. Il raconte que le docteur Ste-
wens , consul américain , se promenant avec lui et
MM. Poiteau et Turpin dans les bois des environs du
Cap , île Saint-Domingue , ce dernier eut à se repentir
d'avoir soumis à la dégustation une branche de cet Achit
qui lui cautérisa la langue, et le mit hors d'état de pren-
( 7ti)
dre part à un repas champêtre préparé sous la feuillée
par ces célèbres botanistes au milieu de leur herborisa-
tion. Il fut réduit à être spectateur de la gaieté des con-
vives.
Caractîîres physiques. L'Achit caustique a beaucoup
de rapports avec l'Achit trifolié dont il ne diffère que
par la couleur rouge de ses fleurs, ce dernier les ayant ver-
dâtres.
Les liges très-multipliées de FAchit caustique sont
sarmenteuses , rondes , succulentes , noueuses , genouil-
lées , presque flexueuses , munies de vrilles par lesquelles
elles s'attachent aux arbres. Les feuilles sont alternes ,
opposées aux vrilles , ternées. Leur pétiole principal est
canaliculé, et muni à sa base de deux stipules. Les fo-
lioles sessiles sont ovales , obtuses , légèrement échan-
crées , glabres, obscurément crénelées, nerveuses et
un peu épaisses Les jeunes tiges, au lieu d'être lisses,
comme les anciennes , sont verruqueuses. Les fleurs cou-
leur de sang, sont disposées en corymbe. Le pédoncule
est opposé aux feuilles ^ il est vert jusqu'à la naissance
des pédoncules particuliers , qui sont rouges. Les fleurs
sont petites , composées d'un calice presque entier ,
d'une corolle à quatre pétales ^ de quatre étamines oppo-
sées aux pétales, insérées dans un disque hypogyne. Le
germe , entouré jusqu'à moitié du disque.^ s taminifère ,
est surmonté d'un style dont le stigmate est aigu. Le
fruit est une baie noire , presque ronde , contenant une
seule graine dont l'embryon est sans périsperme. Cet
Achit grimpe sur les arbres les plus élevés , et finit ,
dit Tussac , par étoufler le bienfaiteur qui lui a servi
d'appui.
( 77 )
Analyse chimique. Le suc de cet acide a rougi les
couleurs bleues végétales. Il se décompose à un feu vif.
Il se combine avec toutes les bases salines et forme un
sel neutre. Il a tant d'affinités avec la chaux , que c'est
un des meilleurs réactifs qu'on puisse employer pour
reconnaître le phosphate calcaire dans les eaux mi-
nérales , dans les urines , et autres liquides de cette
nature.
Propriétés délétères. Cet Acliit est funeste par son
acidité caustique , et introduit dans le canal digestif
il détermine la mort par suite d'une inflam.mation des
membranes muqueuses qu'on trouve d'un rouge ce-
rise, ou marquées de taches noires. Ce poison ne peut
pas être absorbé \ étant injecté dans les veines, il coagule
le sang, comme tous les acides ; appliqué sur la peau, il
l'excorie.
Symptômes u empoisonîvement. Saveur acide brû-
lante •, chaleur niordicante des menibrane-i muqueuses
de l'appareil digestif, et des entrailles -, haleine fétide \
rapports nidoreux , nausées , et vomissemens excessifs
de couleur variable , et quelquefois sanguinolens , d'un
goût amer, faisant effervescence avec la craie, et rougis-
sant le papier bleu ^ hoquet , déjections souvent invo-
lontaires , respiration difficile, angoisse, pouls accéléré
et irrégulier; soif insupportable , que les boisons aug-
mentent parce qu elles sont vomies ^ frissons , froid des
extrémités , sueurs visqueuses et froides , dysurie \ agita-
lion excessive , mouvemens convulsifs de la face et des
membres j prostration générale \ teint devenant livide et
( 78 )
plombé ^ escarres blanches ou noires au palais : dans
ce cas toux d'irritation , aphonie , etc.
Secoubs et aktidotes. On n'a rien de mieux à faire
dans ce genre d'empoisonnement que de prescrire d'a-
bord les neutralisans absorbans , tels que la magnésie ,
des bains , des saignées, en cas de pléthore , des potions
etlavemensadoucissans, des fomentations adoucissantes.
Les boissons doivent être administrées en très-petite
quantité. Elles sont le plus souvent rejetées. Après la
première période inflammatoire on peut recourir au gaa
acide carbonique, à l'acide hydrocyanique au quart, et au
sirop de morphine ^ enfin lorsque les dangers sont passés ,
on rétablit les fonctions digestives avec le sulfate de
quinine.
EXPLICATION DE LA PLAKCHE CERT SOIXAPJTE-SEPT.
1 . Fruit
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y^nvi/or,- /^i-.rfiaifrii/^ /\nj
r.K8TireAr veni
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( 79 )
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CESTREAU MACROPHYLLE.
( Toxique corrosif, )
Synonymie. Vulg. Gestreaù vénéneux à grandes feuilles
— Cestrum macropliyllum. Vent. , Linn. Pentandrie mo
nogynie. — Tournef. , Jasminoïdes , appendix. — Jussieu,
famille des Solanées. — Cestrum filamentis denticulatis ;
foliis ovato-oblongis , acuminatis , glaberrimis , floribus
fasciculatis, sessilibus. Vent. Choix de Plant., page et
tab. 18. .
Caractè:iies génériques. Fleurs axillaires réunies en
bouquets \ corolle infundibuliforme ;, étamines dans
quelques individus à denticule au milieu ^ baie unilocu-
laire , polysperme \ feuilles simples et alternes.
Caractères particuliers. Feuilles tendres j fleurs
sessiles et d'un blanc de lait à leur épanouissement ^
filamens des étamines pourvus d'une petite dent j brac-
tées apparentes.
Histoire naturelle. Ce Cestreau , qu'il est facile de
confondre avec le Cestreau vénéneux, a, comme tous ses
congénères , des propriétés délétères. Il est assez rare
aux Antilles, où cependant on le rencontre quelquefois
( 8o )
dans les bois humides. C'est là que le chasseur sait l'y
découvrir, et qu'il y recueille ses graines qu'il mêle à de
la viande hachée pour former des appâts destinés à dé-
truire les bêtes féroces. Cette plante suspecte , origi-
naire de l'Amérique équatoriale , exhale de ses feuilles
et de ses fleurs une odeur nauséabonde , mais qui se
change le soir en parfum agréable. Ce Cestreau peut venir
en pleine terre dans le midi de la France ; il se multiplie
de graines et de boutures. Il demande une terre substan-
tielle. Cet arbrisseau a été découvert à Porto-Ricco par
Niedle.
Caractères phystques. Ce Cestreau , que Ventenat
est tenté de regarder comme une variété du Cestjum
Denenatum , tant les rapports entre ces deux plantes
sont rapprochés , en diffère cependant par l'époque de sa
floraison , par ses feuilles beaucoup plus larges , moins
rapprochées et peu coriaces *, par ses fleurs entièrement
sessiles , et d'un blanc de lait lorsqu'elles sont nou-
vellement écloses , par les filamens des étamines cons-
tamment pourvues d'une petite dent , enfin par la
présence des bractées peu apparentes dans le Cestrum
lauj'ifolium ou uenenatum.
Les tiges du Cestreau macrophylle s'élèvent à la
hauteur de six à sept pieds -, elles sont revêtues d'une
écorce d'ini gris cendré 5 ses rameaux sont alternes ,
chargés de feuilles persistantes même pendant la saison
des secs , ovales-oblongues , pétiolées , aiguës , légère-
ment ondulées, répandant , lorsqu'on les froisse , une
odeur comparable à celle du noyer d'Europe. Les fleurs
sont axillaires , rapprochées par petits bouquets , d'un
(Si)
jaune pâle en vieillissant , puis couleur de rouille , ac-
compagnées de bractées droites, linéaires, caduques,
couvertes d'un duvet couleur de rouille. ( EncycL
Méth. )
Analyse chimique. Toutes les parties de la plante sont
plus solubles dans l'eau que par l'alcool. Elles four-
nissent une matière volatile nauséabonde -, une partie
extractive résineuse et une matière analogue à la bas-
sorine^
Propriétés uélétères. Le Cestreau monoplivlle est
évidemment vénéneux comme toutes les Solanées. Il peut
être absorbé , et dans ce cas il détruit la sensibilité et la
motilité. Il agit plus lentement lorsqu'il n'est qu'intro-
duit dans l'estomac.
Symptômes d'empoisdnnemejst. Des vomissemens, des
spasmes , des convulsions , du débite , une stupeur pro-
fonde , des sueurs copieuses , un flux abondant de salive ,
le froid des extrémités , etc. Tels sont les symptômes
propres à l'action délétère des narcotiques sur l'éco-
nomie.
Secours et antidotes. Il faut administrer les émétiques
et les boissons acidulées , surtout si le malade tombe
dans un état soporeux. Dans ce cas , on est aussi quel-
<juefois obligé de relever les forces vitales par l'adminis-
tration de potions éthérées ou de substances aromati-
ques. S'il y a par trop d'irritation, les boissons rafraî-
chissantes et les émuisions douces sont naturellement
indiquées.
( 82 )
Propriétés MÉDiciiNALEs. Je ne lui en connais point,
mais il pourrait remplacer , je crois , le Cestreau noc-
turne. ( Voyez page 4; de ce volume. )
F.XPLICATIOPJ DE LA PLAINCHE CENT SOIX AISTE-HUIT,
1 . Fleur.
2. Calice et pistil.
3. Fruit.
( 83 )
vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv\vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv\vvvvvxvvvvvvvvv\vvvv\^^
DOLIC A FEUILLES OBTUSES.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulgairement Pois maritime à fruit dur et se-
mence variée. — Pois makendals. — Pois des Sorciers.
— Doliclios obtusifolius , Linn. Diadelphie Décandrie. —
Tournefoït, Phaseolus ^ class. lo. Papillonacées. — Jus-
sicu , famille des Légumineuses. — Dolichos volubilis,
leguminibus gladiatis durso tricarinatis , foliis ovalibus
obtusissimis. Lam. — Pbaseolus maritimus, fructu duro ,
semine variegato. Plum., Spec. 8. Jussieu, v. 2 , t. 99.
— Katu-Tjaudi. Rhéed. Mal. 8, p. 83, t. 43. — Raj.,
suppl. 445.
Caractèties génériques. Plante à fleurs polypétalées
de la famille des Légumineuses , ayant beaucoup de rap-
ports avec les Haricots , à tige communément voliibile
ou grimpante, à feuilles alternes, composées de trois
folioles, et à fleurs papillonacées dont l'étendard est
muni de deux callosités à sa base, et dont la carène n'est
point contournée comme dans les Haricots.
Calice inonopliylle , campanule , persistant , court , et
à quatre ou cinq dents inégales ^ corolle à étendard
large, arrondi, réfléchi, muni à sa base de deux callo-
sités parallèles, qui compliment les ailes, ovales, ob-
tuses, de la longueur de la carène lunulée , compritî'ée,
dont la pointe est montante. — Dix élamines diadelpbi-
qucs à anthères simples. — Ovaire supérieur, linéaire,
Tome III. — 43*^ Livraison. 7
( 84. )
conipiimt' , rlini gt' d'un style montant , ou coïKlé pres-
qu'à angle droit sur l'ovaire, velu dans sa face interne
depuis sa partie moyenne jusqu'à son sommet, à stig-
mate calleux et barbu. — Le fruit est une gousse
oblongue , acuminée , bivalve ^ semences ovoïdes ou
elliptiques, ayant un ombilic sur le côté. (Encycl.
Méth.)
Caractères particuliers. Tige volubile \ feuilles
ovales, obtuses^ pédoncules multiflores.
Histoire naturelle. Ce Dolic se rencontre fréquem-
ment dans les halliers du bord de la mer, ou sur les
bords escarpés des tonens des sites sauvages de l'Amé-
rique équatoriale. Il a beaucoup de rapport avec l'es-
pèce appelée Regulaiis par Linné. Le mot Dolichos,
qui en grec signifie long ^ lui a été probablement donné à
cause de la longueur de ses gousses. On cultive les
Dolics pour les fleurs qui sont belles. Ils demandent à
être semés sur couche et dans un pot , et à être exposés
à un giand soleil.
Caractères physkjues. Ce Dolic grimpe sur les arbres
les plus élevés. Sa racine est tubéreuse , et pousse plu-
sieurs troncs ligneux, quoique spongieux, blancs inté-
rieurement, et recouverts d'une écorce épaisse, brune,
ridée , produisant de tous côtés des tiges plus grêles ,
rameuses, volubiies et grimpantes. Les feuilles sont
couîposées de trois folioles ovoïdes , très-obtuses , pres-
que rondes , légèrement velues -, les pédoncules sont
axillaires , longs de cinq à six pouces, et portant des
fleurs en grappe d'un pourpre violet ou bleuâtre. Les
gousses sont longues de cinq à six pouces seulement, et
(85)
ses graines sont d'abord très-blanches et luisantes dans
leur maturité , mais elles deviennent grisâtres et mou-
chetées , ou parsemées de taclies plus foncées en cou-
leur. •
Analyse chimique. Ce Dolic , ainsi que beaucoup de
Légumineuses , même comestibles , contient un principe
amer très-purgatif que MM. Lassai gne et Feneulle
nomment Cathartine •, il est nauséeux et très-nuisible à
l'économie.
Propriétés délétï:res. Ces Dolics , dont les naturels
se méfient , quoique d'une saveur douce , deviennent à
leur maturité d'une amertume insupportable. Leur in-
gestion dans l'estomac est délétère, et même meurtrière
en peu de temps pour les hommes et pour les animaux.
Cette propriété, disent les chimistes cités plus haut,
résulte d'un principe dissoluble dans l'eau, puisqu'en
faisant bouillir ces pois amers , ils perdent leur mauvaise
qualité , et que l'eau seule se charge de l'amertume nui-
sible. Cependant les rameaux , les feuilles de ces Dolics ,
deviennent sans danger la nourriture des bestiaux.
Symptômes d'empoisonnement. Ils sont les mêmes
que ceux des substances amères et irritantes.
Secours et antidotes. Le vinaigre pur en gargarisme
arrête à l'instant les progrès de l'inflammation de la
membrane muqueuse. On lui associe les émulsioiis et
les mucilagineux acidulés.
Propriétés mi^dtcinales. Je ne lui en connais point.
( 86 )
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE -N EtF,
t
Ln plante esl m''d«ite à moitié grandeur.
i . Semence,
P/.2-J
/7ieoi/ore /)cjvou/-b7\. Pi/ur
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r>01Jr A I^ETITES (;OÎ^SSE.8 -3
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DOLIC A PETITES (iOClSSES.
( Toxique co7TOSif. )
Synonymie. Vulg. Pois étranger à semence petite et véné-
neuse. — DolicKos minimus , Linn. Diadelphie Décandrie.
— Tournefort, Phaseolus , clas. lo. Papillonacées, sect. 2.
— Jussieu , famille des Légumineuses. — Dolichos volu-
bilis , caule perenni , tenuissimo , diffuso , foliis rliombeis ;
Leguminibus racemosis, compressis, villosis, subdispermis ,
Lam. — Phaseolus fructu minimo , semine variegato.
Plum. , Spec. 8. Juss. , v. 2 . t. loo. Tourn. j^id. —
Phaseolus minimus fœtidus, floribus spicatis, è viridi-luteis,
semine maculato. Sloan. Jam. Hist. t , p. 182 , t. 1 15, f. l.
— Dolichos nvinimus. Jacq. , obs. i , p. 34 5 *• 22.
CA.nACTi:REs géinériques. Base de Péleiidard à deux
callosités parallèles , oblongues , qui compriment les
ailes en dessous.
Caractères particuliers. Volubile -, légumes en
grappe , comprimés , et à quatre semences \ f«mil]es
rhomboïdes.
Histoire îsaturellk. Ce Dolic, dont les gousses sont
infiniment petites, croit particulièrement à la Jamaïque ,
à la Martinique, à Cuba, à Curaçao, à Saint-Chris-
tophe, à Saint-Domingue, au milieu des halliers du
( 88 )
bord de la mer, ainsi que ]e précédent. Cultivé en
Europe , il conserve ses tiges et ses feuilles , daus la
serre chaude , pendant tout Tbiver. Ce Dolic et presque
toutes les espèces dont l'Amérique abonde sont suspects ,
et ne doivent être employés qu'avec la plus grande
réserve.
Caractères physiques. Les tiges de ce Dolic sont
menues, presque filiformes, persistantes, ligueuses à
leur base, volubiles , grimpantes, diffuses , et longues
de trois à quatre pieds. Ses feuilles sont composées de
trois folioles rhomboïdales , un peu pointues , assez
petites, ponctuées en dessous, glabres dans leur parfait
développement , trinerves à leur base et d'un vert gai.
Les pétioles sont un peu velus , ainsi que les pédoncules
et la partie supérieure des tiges. Les fleurs sont petites,
disposées en grappes axillaircs, îàcbes, peu garnies, sur
» des pédoncules grêles, un peu plus longs que les feuilles :
elles ont leur calice vert, ponctué, à quatre dents
courtes, et la cinquième presqu'en alêne*, leur étendard
jaune , et strié de brun sur le dos d'une manière remar-
quable j les deux ailes d'un beau jaune , et leur calice
pâle ou blanchâtre , avec une taclie presque violette à
son sommet. Les gousses sont à peine longues d'un
pouce, un peu en sabre, comprimées, acuminées,
velues , brunes dans leur maturité , et ne contiennent
le plus souvent que deux semences qui sont lisses, noi-
râtres et tachetées de blanc.
Analyse chimique. Ce Dolic contient , ainsi que le
précédent, un principe amer, tiès-purgatjf , nauséeux,
et dont l'ingestion inconsidérée peut devenir mortelle.
(89)
Propriétés délétères. Poup^e-Desportes ayant si-
gnalé ce Dolic comme très-vénéneux, je voulus en faire
l'épreuve sur une poule à laquelle je fis avaler deux
douzaines de semences. Elle éprouva au bout de deux
heures des anxiétés , une respiration accélérée , tomba
sur le flanc, se débattit beaucoup , et mourut en rendant
une quantité d'un liquide visqueux.
Secours et antidotes. On doit donner, comme dans
le cas de l'article précédent, les boissons acidulées et
gommo-acidules , ainsi que les clystères adoucissans.
Propriétés médicinales. Je ne lui en connais point.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOlXANTE-DIX,
La plante est de grandeur naturelle.
1 . Semence.
Nota. Je dois ajouter aux propriétés médicinales du
Momordique Nexiqueii , dont j'ai donné l'histoire ,
page 63 et Q5 de ce volume , que , d'après l'expérience
du D. Chomel , cette plante passe pour un si bon vul-
néraire , qu'on l'a nommée Balsamina par excellence.
Il est vrai , dit cet observateur , que l'huile d'amandes
douces , dans laquelle son fruit mûr , dépouillé de ses
semences , a infusé , est un baume incomparable. Cette
infusion se fait au soleil et au bain-marie -, c'est un bon
( 90 )
remède pour la piqûre des tendons , et pour ôter l'in-
flammation des plaies, pour les hémorroïdes, les gerçures
des mamelles , les engelures , la brûlure , la chute du
rectum : elle dessèche les ulcères ; et , injectée dans la
matrice , elle soulage considérablement les femmes qui
en ottt dans cette partie. (Plantes de Chomel , p. 4940
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( 9' )
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AMOME PYRAAJJDALE.
( Toxique corrosif. ^
Synonymie. Vulg. Alpinie rameuse. — Amomum pyramidale.
Amomum caulibus racemo erecto pyramidali terminatis ,
Lam. — Alpinia racemosa , Linn. , sp. pi., p. i. Mo-
nandrie Monogynie. — Jussieu, famille des Balisiers. —
Alpinia racemosa, alba , cannacori foliis. Plum. nouv.,
p 26, t. 2. — Paco-Seraca Brasiliensibus. Marco. Barrèrc,
p. 7. — Alpinia roy. pr. Leis , p. 12. — Zinziber syl-
vestre minus, fruetu è caulium summitate exeunte. Sloan.,
Hist. Jam. , t. 1 , p. i65, tab. io5, fig\ 12.
Caractères génériques. Corolle à six divisions, ven-
true*, trois lobes ouverts.
Caractères particuliers. Les fleurs en grappes.
(Vivace. )
Histoire naturelle. Cette plante est encore peu
connue', elle se plaît dans les endroits les plus humides
des bois de l'Amérique méridionale. Burman en a donné
une descriptioij d'après Plumier. Poupée-Desportiîs la
signale comme très-dangereuse à employer. Elle est
très-commune à la Martinique. ,
Caractères physiques. Les racines de l'Alpinie sont
noueuses, et garnies à chaque articulation de fibres
(94 )
W*WWV\ V\'WW*%V«.'\% t'%'VVWWW\'VWV\'W\A'\VVVWVV\'\WV'WVWVVVV W\'i WVWVWVV^ VVX VWVX VVW tlW
DE?^TELAIRE SARMENTEUSE.
( Toxique corrosif. )
Synonymie. Vulg. Herbe au diable. Plumbago seandens ,
Linn. Pentandrie Monogynie. — Tournef. , cl. 2, in-
fundib. — Jussieu , famille des Plombaginées. — Plum-
bago foliis petiolatis ovatis glabris, caule flexuoso scan-
dente (lobis corollarum obtusis , Lam.). — Plumbago
betae folio amplioii. Plum., cat. 3. — Touin. i4i. — Den-
tellaria lichnoïdes, svlvatiea seandens, flore albo. Sloan.
Jam. , bist. 1, p. 2H, t. i33, f. i. — Plumbago ameri-
eana, viticulis longioribus semper virentibus. Moris- hist. 3,
p. 199. — Niçois. St.-Dom. 246. — Plumbago tamni folio
et facie, floribus racemosis'albis , calice punctato et gluti-
noso. — Poup. Desp. — Tumba-codiveli Rbeed.
Caractf:res génériques. Feuilles simples et alternes*,
fleurs eu épi ou bouquet tei minai, remarquables par
leur calice hérissé et glauduleu?': ; corolle infundibuli-
forme •, étamines uou saillantes insérées aux écailles qui
forment la base de la corolle , cachent Fovaire , et
portent des anthères oblongues -, ovaire supérieur fort
petit, ovale, chargé d'un stvie de la longueur du tube
de la corolle , à stigmate quinquéiide. Le fruit est une
semence unie, ovale -, pointue par un bout , et enfermée
dans le calice de la fleur. (Encycî. Méth. )
J'Lzt;!
T'Annlore /iefci>t/7-ik/x T'onr
/'.'/■ff . l'cii//)j-i/
l>ENll^ï^4ïliE
(95)
CAuACTÈnES pAKTicuLiEKs. Feuilies pt'liolées, ovales,
glabres; tige tortueuse, grimpante. rVivnee. .loi.)
Histoire NATURELLE. Cette jolie plante, dont les tiges
faibles ont besoiri d'être soutenues , fleurit depuis aoùi
jusqu'en octobre. Il lui faut, en serre, une bonne terre,
dit Delaunay , l'exposition au plus fort soleil et un arro-
sement ordinaire. Il lui faut pour l'hiver une serre chaude.
On la multiplie par ses graines qui mûrissent dans la
serre. Le mot français Dentelaire a, dit-on, été doniK*
à cette plante parce que son fruit est terminé par des
dents. Elle est fort comnume dans les hallicis , où elle
croît à l'appui des citronniers et des orangers : on la
trouve aussi dans les ravins des monts liumides et des
bois escarpés.
Caràctèr^es physiqles. Les tiges de cette Dentelaiie
sont glabres , striées , un peu coudées en zig-zag ,
feuillées , sarmenîeuses et presque grimpantes : ses
feuilles sont pétiolées, ovales, pointues, glabres, légè-
rement ponctuées en dessous, à pétioles .amplexicaules .
et conformées à peu près comme celles de la Bette. Les
fleurs sont blanches, sessiles, en épi terminal^ elles ont
leur calice hérissé de pointes glutineuses qui soutiennent
des glandes visqueuses : ces pointes grandissent , et
prennent de la roideur après la floraison , de sorte que
le calice est alors hérissé et accrochant comme les fruits
de Trinuifetta et d'Urène. Le pistil devient un iVm't
mou, rempli de deux semences ^ -a tunique àcs graiues
est o])î(^iigne . et si lâche (fu'elle i-essemble à une cap-
su i e .
ANALYSE CHIMIOUE. Toutcs Ics partics de la plante ont
(9ti)
une snvcur acre et brûlante, et particulièrement la ra-
cine qui Iburnit à la distillation une huile épaisse et très-
âcrimonieuse.
Propriétés DÉLÏiTiiREs. Lorsqu'on mâche les racines
de la Dentelaire , on éprouve daîis toute la cavité buc-
cale une ardeur cuisante bientôt suivie d'une excrétion
salivaire considérable. Dans son état de fraîcheur, étant
introduite à la dose de deux gros dans Festomac, elle
agit comme les poisons irritans, mais elle perd beaucoup
de son énergie par la dessiccation.
Symptômes d'empoisonnement. Je fus appelé pour vi-
siter un malheureux nègre à qui un autre nègre avait
donné pour vomitif une once de suc de cette Dentelaire ,
et voici les symptômes que je remarquai : langue gonflée ,
saillante, et d'un rouge de feu; priapisme, agitation
convulsive, riie immodéré, évacuations supérieures et
alvines immodérées , et tous les autres symptômes pro-
pres à l'empoisonnement par une substance irritante.
Secours et ANTmoTES. L'inflammation étant parvenue
au tube intestinal , je me disj)ensai de faire vomir le
malade , qui se trouva bien d'un traiiemeru adoucissant,
tel que boissons mucilagineuses gommées , lavement au
lait, dans lequel on avait fait bouillir quelques fruits
verts de Gombo qui fournit beaucoup de mucilage.
Propriétés médicinalks. On a beaucoup vanté les
vertus de la racine de Dentelaire sarmenteuse comme
propre à remplacer ripccacuanha. Mais quel est le mé-
decin prudent qui serait assez téméraire pour indiquer
à l'intérieur un remède dont la causticité est évidente et
(97 )
si réelle, qu'on se sert du suc de la racine pour détruire
les porreaux et les vendues ? Il agit aussi comme vésicant.
Cependant les liippiatres emploient les branches infusées
dans le vinaigre pour remplacer FEllébore. La vertu de
cette plante est si active, dit Pou]^)ée-Desportes , quon
ne laisse Tonguent dans lequel elle entre que deux ou
trois lieures sur la plaie. Ce temps suffit pour enlever
et consumer les chairs baveuses d'un ulcèie. On lui
associe ordinairement l'Herbe à blé (\. Dur. Excit.
siSS) et la Mal nommée (Y. Alex. Ext. 22^). Poupée-
Desportes indique la formule suivante d'un onguent
égyptien fait avec les plantes coloniales :
Suc d'Herbe au diable , ) àà
de Mal nommée , f ft <>
de Citron , ) âa
d'Oranges sûres , j j^ j
Gros sirop , j^ jj
Vert-de-gris , ) .
Alun calciné , j ^ ^
Les guérisseurs d'Amérique prescrivent des topiques
de feuilles de Dentelaire contre l'engorgement des
glandes squirreuses. Mais que doit-on attendre de pareils
moyens contre l'alfection redoutable qui se montre si
souvent rebelle aux ressources de Fart et du traitement
le plus rationnel.^ On emploie cependant Ihuile où Ton
a fait bouillir la Dentelaire dans les cas de gale invétérée
et d'autres maladies de la peau. Ce irailcment a cela
d'avantageux, qu'il peut être employé sans préparation
préalable, et sans crainte de répercussion du virus.
Cette méthode agit en excitant une légère irrilaîion , et
provoquant une nouvelle irruption, suivie immédiate-
( 98 )
ment de la dessiccation des boutons. Il ne faut pas con-
fondre la gale avec le prurigo que l'usage de cette pré-
paration augnienteiait.
Mode d'admi>'istratio]N. On prépare l'huile iatralep-
tique de Dentelaire avec trois onces de la racine pour
une livre d'huile. On frictionne matin et soir, s'il ne se
développe pas trop d'irritation , et la maladie cède ordi-
nairement à la dixième friction.
EXPLICATIOIN DE LV PLAISCilE CE^T SOiXAlSTE- DOUZE.
1 . Fleur de grandeur naturelle.
2. Feuille et portion de la tige.
7 hnyt/iire DctTotm/ti/x /V/i.v
/Vfér Jrit/^> ■
.stbamoijxï: a'.i^i>:Kr.sE.
(99)
sV\vVVV'\'\vVVVVV»\»VV\\>\'VVVtVVV\'VVVVVVVVVVVVVV'V\\'X^*/VVVVVVVVi^/VV\\il'VVVVV«V>(VVVV^
STRAMOINE EPINEUSE.
(^Toxique nnrcotico-dcre.)
Synonymie, Vulgairement Pomme épineuse. Pomme-poison à
la Guadeloupe, l'iierbe à Sorciers. — Datura Stramonium j
pericarpiis spinosis , erectis , ovatis; foliis ovatis , glabris ,
Linn. Pentandrie Monogynie. — Jussieu , classe 8 , ordre 8 ,
famille des Solanées. — Stramonium fructu spinoso , rotun-
do , flore albo , simplici , Tournef. clas. 2 , secl. i , gen. 5.
— Datura capsulis ovatis , spinosis, erectis; foliis glabris,
ovatis, multangulis , Lamk. — Solanum fcetidum , Pomo-
spinoso , oblongo , flore albo, Baub. — Solanum mania-
cum Colpby , tab. 47-Icon. — Tatula, CamerEpitom. 176.
Icon.; en espagnol, Estramonio ; en ^otXm^3l\s ^ Estramonia ;
en anglais , Thorn-Apple.
Caractères génériques. Calice tubuleux , renflé à sa
base , à cinq angles , à cinq dents profondes \ caduc à
l'exception de sa partie la plus inférieure , qui persiste
et se renverse en deliors. Corolle très-grande , infundi-
buliforme \ tube à cinq angles \ limbe offrant cinq plis ,
qui se terminent supérieurement par cinq tubes très-
aigus. Cinq étamines incluses. Stigmate bilobé. Capsule
à quatre loges , communiquant deux à deux par leur
sommet \ à quatre valves -, graines très-nombreuses ,
réniformes , chagrinées, noires. Genre remarque ble par
la grandeur de ses fleurs. (Ricbard. )
Tome III. — 44^ Livraison. 8
( 100 )
Caractères particuliers. Péricarpes épineux , re-
dressés , ovales ^ feuilles ovales , glabres annuelles.
Amérique et Europe. ( Jol. )
Histoire naturelle. Cette plante, originaire d'Amé-
rique, se trouve dans tous les champs sablonneux d'Eu-
rope , où elle s'est parfaitement naturalisée. Les maken-
dals , ou prétendus sorciers des Colonies , procurent à
leurs malades cette espèce d'enthousiasme voluptueux ,
cfui leur fait oublier pendant quelques instans les maux
qui les accablent.
Breuvage assoupissant il adoucit leurs maux.
Le sommeil sur leurs jeux épanche ses pavots.
Tu fuis, tu disparais, image fantasticpie ,
L'homme calme succède au fougueux frénétique.
Delille.
C'est ainsi que certaines négresses galantes endor-
ment i'amant qui n'est point préféré , pour voler dans
les bras de leur vainqueur. Le feuillage sombre de cette
plante , son odeur vireuse et nauséabonde , sa saveur
amèie et narcotique , signalent ses propriétés délétères
au trop confiant observateur. Toutes ces Stramoines
flattent la vue par leurs formes , mais elles sont toutes
dangereuses à employer. Il y a une espèce à fleurs blan-
ches, et une variété à fleurs violettes, stramoniiun Aine-
ricamiTiî minus alkekengi folio. On croit à Saint-Do-
mingue , m'assure M. le colonel Deneux , que la décou-
verte des propriétés somnifères de la Stramoine est due
à un nègre, qui s'en servit pour assoupir un vieux pro-
priétaire 5 afin de lui voler ses abeilles.
Caractères physiques. Cette plante est herbacée ,
mais sa lige est forte et diffuse, glabre, droite, cylin-
( loi )
(îrique , épaisse , creuse en dedans , très-branchue, haute
de deux ou trois pieds ^ les rameaux en sont étalés , un
peu comprimés , tors ou légèrement cannelés , garnis de
feuilles amples , alternes , pétiolées , ovales , larges ,
glabres à leurs deux faces , vertes , molles, se flétrissant
dès que la plante est arrachée , anguleuses et sinuées à
leurs bords ^ les angles très-pointus , inégaux.
Les fleurs sont grandes , presque solitaires , latérales ;
les unes axillaires , les autres hors de l'aisselle de»
feuilles , soutenues par des pédoncules courts et épais.
Le calice est long, à cinq angles , étroit , tubulé , à cinq
dents aiguës ^ la corolle blanche et souvent violette , en
forme d'entonBoir , plissée , une fois plus longue que
le calice ; la capsule droite , ovale , marquée de quatre
sillons , hérissée de toutes parts de pointes fortes , roi-
des , très-aiguës , droites et piquantes , divisée inférieu-
rementen quatre loges , et seulement en deux à la partie
supérieure-, les semences noirâtres , nombreuses, ova-
les , réniformes , un peu comprimées. ( Encycl. )
Analyse CHIMIQUE. Cette plante, qui répandune odeur
narcotique et repoussante , fournit étant fraiche : Fibre
ligneuse 3,i5, — matière gommeuse o, 58 , — matière
extractive 0,6, fécule verte 0,64 , albumine o,i5 , —
résine 0,12 , phospate de chaux et de magnésie o,23 .
— eau 91,25 , et quelquefois nitrate dépotasse^ perte
1,28. (\irey Chimie organique. )
Propriétés délétères. Cette Stramoine est Tun des
plus puissans narcotiques que l'on connaisse, et d'après
son analogie avec le pavot, il peut remplacer l'opium dans
beaucoup de circonstances. Un gros de ces semences
infusées dans du vin produit un sommeil léthargique ,
dont certains malfaiteurs ont frappé leurs victimes avant
8*
( 'O'-* )
de leiir donner la mort. D'autres ]ei mêlent au tabac.
Ces mêmes graines, pernicieuses pour l'homme , ont, dit-
on , la propriété d'engraisser les codions en les faisant
beaucoup dormir.
Symptômes d'empoisonnement. Ivresse , délire fu-
rieux ou extravagant , soif , strangulation , météorisme
du ventre , chaleur vive , rougeur de la face, paralysie ,
tremblement , mouvemens convulsifs et sueurs , etc.
Secours et antidotes. Les vomitifs sont , de tous les
moyens, les plus convenables et les plus prompts pour
arrêter les progrès d'empoisonnement , et lorsqu'on pré-
sume que la substance délétère n'est plus dans les voies
digeslives , on fait succéder les boissons acidulées et les
sels volatils.
Propriétés médicinales. Storck a signalé les avan-
tages de l'extrait du Stramonium dans la cure des ma-
ladies désespérées , telles que les vertiges, la démence,
la folie, ! a fureur involontaire, l'épilepsie, etc. Son
usage donne une faim vorace , mais bientôt suivie de légè-
res coliques, de diarrhée ou de constipation. Il provoaue
aussi la sécrétion de la salive , de la transpiration, et le
flux urinaire. Son usage, trop long-temps prolongé,
donne des lassitudes douloureuses , une démangeaison
cutanée, une somnolence marquée. Il agit aussi sur le
cerveau comme stupéfiant, et développe des névroses
de l'organe visuel ^ enfin , il peut provoquer l'entérite ,
le narcotisme et la mort.
Il y a moins d'inconvénient à employer cette plante à
l'extérieur-, c'est pourquoi on l'applique soit en bains ,
injections,- soit en topiques sur les ulcères cancéreux
et carcinomateux , comme sédatif des souffrances de la
brûlure, des hémorrhoïdes , et autres tumeurs doulou-
( lo^-î )
leuses, dans la névrose sciatique, sur les mamelles, afin
de prévenir leur engorgement et diminuer leur sécré-
tion. En calmant la douleur, elle permet aux malades
de recouvrer le sommeil , et elle favorise la résolution
des engorgemens. Les nègres fument le Datura Siramo-
nium dans les spasmes nerveux de la poitrine -, ils em-
ploient les feuilles comme maturatives.
Mode d'administplAtion. Son extrait se prescrit inté-
rieurement depuis un grain* jusqu'à douze dans les né-
vroses les plus rebelles , mais on doit en suspendre l'ad-
ministration lorsqu'il donne des symptômes de conges-
tion cérébrale , ou qu'il dilate la pupille , que le pouls
devient petit et accéléré , qu'il y a soif et slrangulation.
Extérieurement , il est moins à craindre , et uni aux
oléagineux , on eu forme un liniment qu'on emploie
avec avantage pour calmer la douleur de la brûlure et
des bémorrlioïdes. Cette huile devient alors anodine,
résolutive et adoucissante.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-TREIZE.
La Plante est réduite à moitié grandeur.
1 . Fleur de la variété violette.
2. Fruit.
^
( "o4 )
kw vv'Mv'w vwwv vwvw wwwvvwvv «.w vwwvwvwvkArv www wvw\ www www VWW VVW VWWM vv»
STRAMOINE SARMENTEUSE.
( Toxique narxotico-dcre. )
Stnontmie. Vulgair. Trompette à Mari-Barou. — Datura
sarmentosa, Linn, Pentandrie Monogynie. — Juss. , et
Richard, famille des Solanées. — Toiirnef. , clas. 2, in-
fundibuliformes. — Solandra grandiflora , Swartz , Flor.
Ind. occid. , vol. i, pag. ^87, tab. 9. — Wilid. Spec.
Plant. , vol. i,p. 536. — Persoon , Sjnops. Plant., vol. 1,
pag. 218. — Datura capsulis, globoso-conicis, inermibus ;
caule fruticoso , sarmentoso, scandente, L<amk. , Illustr.
Gêner, vol. 2 , p. 9 , n" 2296.
Caractèues génériques. Corolle infundibuliforme ,
plissée \ calice tiibulé , anguleux . caduc -, capsule à qua-
tre valves.
Caractères particuliers. Fleurs d'une grande di-
mension \ plante sarmenteuse , grimpante , à fruits co-
niques sans aspérités.
Histoire isatup.elle. Ce très-bel arbrisseau sarmen-
teux , que Swartz a consacré à la mémoire de Solander,
croît à la Jamaïque , au Pérou , et dans beaucoup d'Iles
Antilles , dans les fentes des rochers , sur les grands
arbres auxquels il s'accroche comme une plante para-
site. On le cultive au Jardin des Plantes , à Paris , où
il demande beaucoup d'eau , et une bonne terre mê-
lée de terreau bien consommé. On en sème les graines
en mars , sur couche chaude et sous cloche , dit Delau-
nay , et l'on repique les jeimes plants dans des pots se-
//.Z7^.
TAeoJorc /7ejvo»/-uY\ /^otu-
l^lAz-l','/ •A-u//:
.STKA.MOI.^'F. .SAH3iU:.%'TKt^^a'> .
( «oS )
parés pour être placés autres-grand soleil quand ils sont
repris , ou être remis aussitôt sur la couche, si on veut
en liâter la floraison, et faire mûrir les s;raines. Avant
égaré pendant mes voyages les dessins du Momordica
Nexiquen et de cette Stramoine sannenteuse ^ M. Achille
Richard me remplaça cette perte , et je lui en témoigne
ici toute ma reconnaissance.
Rien de plus majestueux que les colonnades formées
pai- les liannes de toute espèce , au milieu desquelles on
remarque avec surprise les belles fleurs de ces Stra-
moines \ combien de fois je les admirai
Mariant leur verdure et leurs groupes de fleurs
En festons , près de moi suspendant leurs couleurs.
Chénedollé.
Il faut avoir été témoin du réveil de la nature , dans
ces beaux climats , pour en éprouver souvent de déli-
cieux souvenirs. Rien d aussi imposant que le lever du
soleil sur ces mornes frais et couverts d'arbres antiques
qui embaument Faii" de raille parfums.
La plupart des tributs de l'empire de Flore
Dans leurs habits ce fête accompagnert l'Aurore,
Célèbrent leur hymen au milieu des concerts
Dont les oiseaux ravis font retentir les airs.
Castel.
Caractères physiques. Les tiges de cette Stramoine
sont très-longues , rameuses , sarmenteuses , grimpantes,
ligneuses, glabres, cylindriques, garnies de feuilles
ovales , entières , glabres à leur surface supérieure , pu-
bescentes en dessous, ciliées à leurs bords, quelquefois
( .o6 )
entièrement glabres. Les fleurs sont latérales, solitaires,
grandes, pédoneulécs ^ le calice allongé, cylindrique,
se déchirant latéralement 5 la corolle très-grande, blan-
che , lavée d'une teinte pourpre , quelquefois un peu
jaunâtre, en forme d'entonnoir*, le tube long, étroit,
élargi en tête de clou vers son orifice ^ le iimbe divisé a
les bords en lobes non acuminés , crépus , frangés ^ les
capsules glabres , ^globuleuses , un peu coniques , sans
pointes ni aiguillons , partagées en quatre loges , conte-
nant des semences nombreuses. (Encycl.)
Analyse chimique. Cette plante produit une huile
volatile et un principe extractif. Son suc , réduit en ex-
trait, contient du nitrate de potasse , et a beaucoup de
rapports avec l'opium. Mais l'opium accélère la circu-
lation . et est fébrifuge, tandis que les autres narcotiques
ne le sont pas. Ces narcotiques vénéneux occasionent
une lésion plus ou moins profonde des forces sensitives.
Propriétés délétères. Cette plante , narcotico-âcre ,
possède au même degré les principes funestes de la pré-
cédente.
Symptômes d'empoisonnement. Délire avec loquacité^
glossite, et autres accidens que j'ai décrits dans le pré-
cédent article.
Secours et antidotes. Le docteur Récamier a confirmé
l'observation de feu M. Sage, que lorsqu'inie plante nar-
cotique ordonnée occasionait des pesanteurs d'estomac,
il fallait soumettre la plante à la vapeur d'eau bouillante
saturée de vinaigre qui lui enlève toute son odeur vi-
reuse. Alors ces narcotiques ne produisent plus d'acci-
dens nerveux , et pourtant ne perdent rien de leur
propriété calmante. L'opium , pour certains individus ,
ne devient calmant que lorsqu'il a été traité par le vinaigre.
( 1^7 )
Propriétés médicinales. -Le Stramonium a été vanté
contre le rhumatisme par ZollickoiFer , les érysipèles ,
la brûlure, les inflammations, les ulcères carcino-
mateux, etc. Les nègres traitent plusieurs affections
cutanées , particulièrement les dartres vives et les
ulcères ambulans , avec le vinaigre dans lequel on a mis
infuser un gros des graines par livre de liquide. L'ex-
trait s'emploie , par application , dans les douleurs de
dents et d'oreilles.
Mode d'admi3Sistratiois. Pour obtenir la teinture, on
met une once de ces semences macérer dans de l'alcool;
on y joint une once d'extrait d'opium, et deux onces
d'esprit de vin camphré aromatique. La dose est de huit
gouttes par jour. On l'augmente jusqu'à ce qu'elle pro- .
duise le vertige , alors on diminue la dose. On peut
aussi l'employer en frictions à l'extérieur. (Virey, Jour-
nal de Pharmacie, août 1822).
EXPLICATION de la PLANCHE CENT SOIXANTE-QUATORZE,
La Plante est réduite au tiers de sa grandeur nalurelle.^
1. Fruit entier réduit à moitié.
2. Le même ouvert transversalement.
3. Etamine.
( io8 )
. VVVVVVVX VVVVVVVVVVVV\ VVVV\ VV\ VVV VV\ VV\ VV\«/VVVVVVVVVVVVV\ VVV VVVX. VV\ VV VVVVVVVVV VVVVVV VVV ' V
STRAMOINE CORNUE.
{Toxique narcotico-dcre.^
Synonymie. Datura Ceratocaula, Orleg-. — Linn. , Pentan-
drie Monogjnie. — Jussieu et Richard, famille des Sola-
nées. — Tournef. , clas. 2 , infundibuliformes. — Datura
pericarpiis obovatis, inermibus , pendulis ; foîiis ovato-lan-
ceolatis , undulatis, subtico-tomentosis ; caulibus dicboto-
mis, corniformibus. Orteg., De Cand., p. 11. — Pers. ,
Synops. Plant., vol. 1, p. 216, n*> 7. — Datura (Macro-
caulis), foliis oblongis, rependis, subtùs sericeis; caule
berbaceo, infernè piloso , supernè g-labro, sub-inflato.
Rotb . , N. bot. , Beytr. , p. 1 69 , et Jacq. , Icon.
CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Caiicc tuhuîé , aiigulcux ^
une corolle infini dibiiliforme et plissée -, cinq étamines ^
un style ^ un stigmate à deux lames -, une capsule pres-
que à quatre loges.
Caractères particuliers. Fruits ovulaires , sans pi-
quans ^ feuilles ovales , lancéolées , ondulées , tomen-
teuses en dessous^ tiges dicliotomes.
Histoire naturelle. Cette plante élégante croît dans
beaucoup d'îles Antilles, et particulièrement à Cuba.
On la cultive au Jardin des Plantes de Paris. En Amé-
rique , on la rencontre au milieu des forets vierges , au
7'heottore ffcrcou/'/i/'^ T'ut^ .
da^rif^ t/r*'^ .
KSTKâA^âoâ^'i'. rtdSSArK
( 1^9 )
pied d'antiques Mapous ou de Baobabs garnis de plantes
grimpantes, donî les tiges, tapissant la forêt, s'élèvent
en serpentant , s'accrochent aux branches de ces arbres
monstrueux, et retombent, balancées parles vents , de
l'extrémité des branches en festons ou en colonnes de
toutes couleurs. La Stramoine cornue ne jouit de tout
son éclat que de grand matin ou le soir 5 ses belles
fleurs se fanent pendant la chaleur.
Après les feux d'i jour , ces plantes inclinées
Languissent tristement sur leurs tiges fanées;
Mais lorsque la fraîcheur a coulé dans leur sein ,
Leurs organes vaincus se raniment soudain;
On les voit reverdir, et pleines de souplesse
De leur tête à l'envi relever la noblesse.
Castel.
CaractèPlES physiques. Cette plante herbacée produit
plusieurs tiges droites étalées , épaisses , cylindriques ,
rameuses, dichotomes , à deux cornes , glabres , purpu-
rines , couvertes d'un nuage glauque , nues à leur sur-
face inférieure ; les rameaux situés à leur partie supé-
rieure, grêles, flexueux ; les feuilles alternes, longuement
pétiolées , ovales-lancéolées , inégales à leur base , si-
nuées , ondulées , veinées , tomenteuses en dessous ^
les inférieures ovales, lancéolées, aiguës.
Les fleurs sont solitaires , situées entre les feuilles et
les rameaux , soutenues par des pédoncules courts , uni-
flores , épaissis à leur partie supérieure , droits quand
les fleurs sont épanouies , réfléchies à l'époque de la ma-
turité. Le calice est tubulé , nerveux , un peu courbé ,
( 110 )
tiès-enlier , fendu latéralement -, la corolle trois fois
plus longue que le calice ^ le tube courbé, à cinq angles,
à cinq sillons , verdâtre -, le limbe grand , étalé , de cou-
leur blanche , les angles violets ^ dix dents au sommet
du limbe ; cinq filamens un peu plus courts que la co-
rolle 5 les anthères tétragones , à quatre sillons 5 le fruit
est une capsule glabre , ovale , obtuse , sans aucune
pointe ni aspérité , pendante , de la grosseur d'une forte
noix.
Analyse chimique. On reconnaît dans la préparation
de cette plante une odeur nauséabonde et vireuse , pro-
pre à toutes les plantes narcotiques , et particulière aux
Stramoines. Sa saveur est acre et amère. Elle est narco-
tico-acre , et plus dangereuse que les précédentes.
PpxOpriétés DÉLÉTÈPiEs. C'cst daiis les racines et les
fruits que paraissent résider les propriétés les plus acti-
ves et les plus dangereuses de la Stramoine cornue.
Les feuilles sont acres et narcotiques.
Symptômes d'empoisonnement. Ils sont les mêmes
que ceux de la Stramoine épineuse.
Propriétés médicinales. Les feuilles de ce Datura
appliquées chaudement , sans autre préparation , soula-
gent dans la sciatique. On maintient aussi quelquefois sur
la partie affectée des flanelles imbibées d'une forte décoc-
tion. La teinture employée prudemment peut remplacer
celle de digitale pourprée dans les palpitations , prise au
dedans et appliquée sur la région du cœur. On la fait avec
une once d'extrait pour six onces de taffia oud'éther sulfu-
rique. Elle se donne depuis une goutte jusqu'à huit. Il faut
en cesser l'usage s'il survient du délire. On prépare avec
cette teinture et la farine de patates un très-bon cata-
plasme anodin. Mais c'est principalement contre les ma-
( m )
ladies du système nerveux , les spasmes el autres mou-
vemens convulsifs , la cliorée , etc. , qu'on peut substi-
tuer cette plante à celles douées des mêmes propriétés ,
et plus souvent employées. Cette plante ainsi que la Jus-
quiame d'Europe agit d'une manière irritante sur le
cerveau , puis sur le canal intestinal.
Le docteur Huffeland m'ayant fait connaître le succès
qu'il éprouvait des injections des Stranioines et de la
Ciguë dans les engorgemens de l'utérus , je me plais à
rendre public le moyen précieux dont j'ai eu moi-même
occasion de reconnaître les avantages ; mais pour les
rendre plus certains, et ôter à ces plantes leurs qualités
vicieuses , je les soumets, avant leur application, à la
vapeur du vinaigre , qui détruit leur propriété délétère.
Alors les Stranioines ne sont plus que calmantes , et ne
sont plus susceptibles d'occasSoner de vertiges ni d'a-
gacement au système nerveux et au cerveau.
Mode d'administration. On fait seulement usage de
son extrait. La plante sèclie est mise à macérer pendant
trois ou quatre jours à une température de vingt degrés
dans de l'alcool à 22°. On choisit une partie de feuil-
les , fruits et racines pour quatre parties d'alcool ; on
filtre le produit de la macération ^ on soumet à la dis-
tillation , en en retirant les trois quarts \ on fait évapo-
rer le résidu au bain-marie. Cet extrait est d'une belle
couleur verte. Son extrait , pour éviter tout danger , se
donne progressivement depuis deux grains jusqu'à dix.
A l'extérieur les guérisseurs nègres emploient en fric-
tions riiuile dans laquelle on a fait macérer toute la
plante , dans les douleurs rhumatismales et ce qu'ils
appellent la maladie sacrée, et contre le prurit insuppor-
table des parties génitales. Ils écrasent les fruits verts
( "^ )
qu'ils saupoudrent de sublimé pour guérir les pustules
cliarbonneuses. Les graines sont somnifères à petite dose,
et peuvent au besoin remplacer T'opium ^ à haute dose
elles empoisonnent.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-QUINZE.
La Plante est rédui'e à moitié de sa grandeur.
1. Fruit.
2, Semence.
/V.y-(>\
TAeo(/orr /)e,rcourti/\ /'itijc ,
Pènv Jci///>
£a>3criKiEai .^âA.-vior.
( i'3 )
MÉDICINÎER A CASSAVE.
{Toxique narcotico-dcre.)
Synonymie. Vulgairement Manioc amer , Manioque blanc ,
Mag-noc, Manihot , Tapioca , Mauroë , Pain des nègres. —
JatropLa Manihot; foliis palmatis , lobis lanceolatis , inte-
gerrimis laevibus, Linn. , Spec. , pi. 5. Monœcie Monadel-
phie. — Juss. , famille des Eupborbiacées. — Arbor suceo
venenato, radice esculenta, Bauh. Pin. 90. — Manibot
Tbeveti, Juca et Cassavi. J.-B. Tournef. , Ricinoides ap-
pendix, — Plum. Cat. , p. 2omss., vol. 4jtab. 187. — Yucca
foliis Cannabinis, Pluken. — Jatropba foliis palmatis,
pentadactilibus, radice conico-oblongâ , carne sublacteâ,
Brown, Jam., p. iSg, etc. Maniiba des Brésiliens, Juka
des Caraïbes.
Caractères génériques. Plantes lactescentes ^ feuil-
les lobées ou palmées ; fleurs en grappes , monoïques ;
calice coloré à cinq divisions profondes , quelquefois
accompagné d'un caiicule quinquéparti. Dans les fleurs
mâles , dix étamines , dont les filets sont soudés par leur
base ; dans les fleurs femelles l'ovaire offre trois loges
uniovulées , et présente trois styles bifides Le fruit est
une capsule tricoqne. (Richard. )
Caractères particuliers. Feuilles palmées ; lobes
lancéolés, très-entiers, lisses^ dix étamines. (Vivace. )
Histoire naturelle. Le Manioc croit naturellement
dans les contrées chaudes de l'Afrique et de l'Amérique ,
( "4 )
et il y est cultivé pour l'utilité de sa racine , qui après
quinze ou dix-îiuil mois d'accroissement, soumise à
certaine préparation, fournit aux habitans du Nouveau-
Monde une nourriture substantielle et économique ^
mais il faut avant de l'employer extraire le suc vénéneux
de sa racine volatile, alors la partie féculente prend le
nom de farine de Manioc ou pain de Cassa ve. Pour le
préparer on use les racines fraîches , après en avoir en-
levé l'écorce, sur une feuille de fer-blanc trouée en forme
de râpe , ce qu'on appelle gragevj on soumet la pâte à
une pression fortement exercée pour en extraire tout le
suc, et on lave à plusieurs reprises cette pâte dans l'eau
pour obtenir la farine de Cassave , qu'on fait séclier , ou
dont on forme de larges et fragiles galettes très-minces,
et qu'on fait cuire sur une plaque de fer bien unie ^ la
cuisson détruit entièrement les principes vénéneux qui
ne sont que volatils. L'eau qui a servi à laver la farine
de Manioc précipite au fond des baquets une grande
quantité de fécule amilacéc , très-pure , qu'on fait sécher
et qu'on envoie en Europe sous le nom de Tapioka ou
Conaque. On s'en sert comme du Sagou , autre fécule
tirée du Palmier , et de FArrow-root , que foiunit la ra-
cine du Maranta Indica (\. classe des résolutives),
à faire des gelées, des potages , en la faisant cuire dans
du bouillon, du lait , ou de l'eau aromatisée. La Cassave
au contraire , quoique d'une odeur assez peu agréable,
est recherchée avec avidité par les naturels de ces riches
contrées ^ ils la préfèrent au pain , et nous voyons à Pa-
ris des repas somptueux convoqués par des Créoles pour
y faire manger d'un Calalou Gombo , d'un court bouillon
pimenté au poisson , avec la modeste Cassave , qu'on
s'empresse de trouver exquise , parce qu'elle reporte l'i-
(ii5)
magination aux beaux pays qui la fournissent. Il existe
plusieurs espèces de Maniocs amers ou vénéneux , parmi
lesquels on distingue : i° le Manioc rouge ou violet ,
blanc en dedans : Jatropha foliis laciniatis purpu-
ras centibiis ^ radice uiolaceâ \ i^ le Manioc gris^
Jatropha foliis digitatis , radice cinereâ \ 3^ le Ma-
nioc blanc \ Jatropha seu Manihot radice alhâ \ en-
fin 4° 1^ Manioc doux , Pain des nègres *, Jatropha fo-
liis magis laciniatis , radice dulci. Cette variété est con-
nue sous le nom de Canianioc ou Manioc doux, dont la
racine peut être mangée sans danger, et sans préparation
préalable , crue, bouillie , ou boucanée sous la cendre.
Deux onces de Cassave suffisent pour le repas d'un
homme, parce qu'on la met tremper dans de l'eau, avec
du bouillon de bœuf ou de petit-salé, et qu'elle s'y gonfle
prodigieusement. La Cassfive se conserve des années sans
se détériorer , pourvu qu'on la préserve de lliumidité.
Les naturels de la Guiane , au rapport d'Aublet , pré-
parent avec la racine du Manioc une boisson acidulée ,
qu'ils appellent Vîcou, tandis qu'ils donnent les noms de
Cachiri , Paya , Vouapaya , à la liqueur alcoholique pré-
parée avec le Taffia et la racine de Manioc j le Cachiri
passe, parmi eux, pour un diurétique très-puissant. La
fécule a reçu de la Guiane le nom de Cipipa. Selon
Loiseleur Deslongchamps , le suc du Manioc privé par
l'ébullition de son principe délétère , et réduit en con-
sistance de sirop ou de rob , devient un assaisonnement
d'un goût agréable qui excite l'appétit , et qu'on con-
naît à la Guiane sous le nom de Cabion ^ il sert de con-
diment aux rôtis et aux ragoûts. Le Manioc vient de graine
ou de bouture , comme les arbres à moelle , et se plaît
dans les terrains secs et bien exposés au soleil.
Tome IÏI. — /^4* Livraison, g
( "6)
Caractères physiques. Le Manioc est remarquable
par la grosseur de sa racine , qui est charnue , tubé-
reuse , blanche , pesant jusqu'à trente livres , et remplie
d'un suc blanc et laiteux d'une extrême acre té. De cette
racine part une tige dressée , haute de six à huit pieds ,
cylindrique , pleine de moelle et revêtue d'une écorce
verte ou rougeàtre , noueuse , garnie dans sa partie su-
périeure de feuilles alternes, longuement pétiolées , pro-
fondément digitées en trois, cinq ou sept lobes, ovales,
lancéolés , très-aigus , un peu onduleux sur leurs bords,
d'une couleur verte foncée à leur face supérieure , glau-
ques et blanchâtres inférieurement. Quelques-unes sont
simples , ovales, lancéolées j celles qui ont cinq ou sept
lobes sont ombiliquées. Les pétioles sont glabres , rou-
geâtres , accompagnées de deux petites stipules lancéo-
lées , pointues et caduques. Les fleurs forment des es-
pèces de grappes lâches à l'aisselle des feuilles supé-
rieures. Elles sont alternes et munies de petites bractées.
Ces grappes se composent de fleurs mâles et de fleurs
femelles. Les premières offrent un calice subcampanulé ,
à cinq divisions , d'un jaune rougeàtre , velues intérieu-
rement , et dix étamiues. Dans les fleurs femelles , les
incisions du calice sont beaucoup plus profondes. On
voit , dans les deux sortes de fleurs , une glande dépri-
mée , qui occupe le centre des fleurs mâles , et qui en-
toure annulairement la base de l'ovaire dans les fleurs
femelles. L'ovaire est à trois côtes, et se change eu une
capsule tricoque. Ce fruit est glabre , légèrement ridé
à l'extérieur , composé de trois divisions renfermant
chacune une sem.ence luisante de la forme de celles
de ricin , d'un gris blanchâtre , avec de petites taches
un peu plus foncées.
117 )
Dans quelques pays de FAmérique , on mange les
feuilles du Manioc hacliées et cuites dans l'huile.
AisALYSE CHIMIQUE. J'ai répété l'expérience faite à la
Guiane par le docteur Fermin , et j'ai obtenu , en dis-
tillant à un feu gradué dix livres de suc récent de Ma-
nioc , pour premiers produits , un liquide très-limpide ,
d'une odeur détestable et d'une volatilité extrême. Il
avait la vertu terrible de l'acide hydrocyanique , et
produisait d'aussi prompts elfets. Le docteur Fermin en
fit l'essai sur un nègre empoisonneur , qui mourut en
dix minutes au milieu de convulsions horribles et de
hurlemens affreux.
Propriétés délétèr.es. Les mauvaises qualités des Mé-
diciniers résident particulièrement dans l'embryon des
graines , tandis que le périsperme, nullement vénéneux,
offre au contraire une huile douce , saine et agréable au
goût. Le suc du Manioc fait mourir promptement et
l'homme et les animaux , dont l'agonie est précédée
d'anxiétés . de convulsions , de salivation , d'évacuations
excessives d'urine et de matière fécale. Ce poison paraît
avoir l'acre té des euphorbiacées.
Symptômes d'empoisonnement. Enflure du corps ,
nausées , vomissemens , cardialgie , évacuations alvines
abondantes, avec ténesme , céphalalgie intense , suspen-
sion ou cessation des fonctions visuelles, froid des extré-
mités , défaillances , collapsus général et la mort. Pi son
a le premier observé ces symptômes , indiqués par le
docteur Orfila , et dont j'ai eu occasion d'apprécier la
vérité.
Secours ET antidotes. Le sucre donné à grande dose^
Vesax de mer , remède indien pour les hommes , en v
ajoutant pour les bestiaux des feuilles récentes du Rou-
( "«8 )
couyer {Bixa orellana pi. iv , vol. i«') , sont , dit-on , les
contre-poisons assurés contre Fempoisonnement par le
Manioc , mais il est plus prudent de recourir aux moyens
avoués par Tart , et d'associer les mucilagineux et quel-
quefois les antispasmodiques dont on fait usage avec suc-
cès dans Fempoisonnement par les substances acres.
Autopsie. L'ouverture des cadavres ne fait voir au-
cune trace d'inflammation de l'estomac , souvent même
on y retrouve le suc qui n'a subi aucune altération ; l'es-
tomac seulement se trouve rétréci de moitié.
Propriétés médicinales. La râpure toute fraîche de
la racine est estimée résolutive , et employée par les na-
turels dans le traitement des ulcères extérieurs.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-SEIZE.
La Plante est réduite à moitié de sa grandeur naturelle.
1. Racine.
9.. Fleur mâle.
3. Fleur femelle.
/V. /■
7'/ii-oi^<irf /V.<-,v>///-///\ Pinj-
/Vrr/" ■ frii/p
a^îCLLA9MKVK A VVXnA.V.^ Ï)K NSrOTlA.^
( 1^9 )
^vvv^^vY^lV\'vvv\ vvvvv\\ vvvvvvv\'vvvv\\ i\\vv\ vx^/vxx'vvv vx^x vv\ vx'vvx \ i'\'vv\'\ vx'vvvx tvvvv\\vvvv\\^;Vvv>i
BELLADONE ARBORESCENTE,
A FEUILLES DE NICOTIANE.
( Toxique narcotique. )
Synonymie. Atropa arborescens. Lin. Pentandric Monogjnie.
— Tournef. Campanif., seci. i. — Juss., famille des Sola-
nces. — Atropa caule fruticoso foliis ovato-oblongis. Pou-
pée Desportes. — Belladona frutescens , flore albo nico-
tianae foliis. Plum., spee. i. Icon. 4^, f. i. En anglais :
Deadly Night-Shade , Deadly Dwale. — En espagnol :
Belladama.
Caractères génériques. Genre de plantes ou arbris-
seaux dont les feuilles sont simples , alternes ou radicales,
et les fleurs en forme de cloche, ayant beaucoup de rap-
port avec les Coquerets et les Morelles , mais en diffé-
rant en ce que leurs baies ne sont point enfermées dans
un calice vésiculeux , et des Morelles , en ce que leur
corolle n'est point en roue, et que leurs étamines ne sont
point réunies ou conniventes. Type du genre : Calice
monopétale persistant , à cinq divisions \ corolle mono-
pétale à cinq lobes égaux *, cinq étamines moins longues
que la corolle '-, étamines non réunies ^ anthères
Tome III. — 45* Livraison. lo
( I20 )
épaisses et montantes ; ovaire supérieur ovoïde , sur-
monté d'un style aussi long que les étamines , un peu
incliné , terminé par un stigmate en tête -, baie globu-
leuse entourée à sa base par le calice de la fleur -, à deux
loges , renfermant beaucoup de semences ovales ou ré-
niformes.
Caractères particuliers. Tige sous-ligneuse , pédon-
cules serrés *, corolles retournées ^ feuilles oblongues.
( Vivace ).
Histoire naturelle. Le nom de Belladone, ou Belle-
Dame , a été donné à ce genre , parce que son eau dis-
tillée, employée comme cosmétique, conserve la fraî-
cheur de la jeunesse , et répare des ans l'irrénarable ou-
trage : tandis que , par ses vertus , on lui donne le nom
redoutable de l'inexorable parque ( Atropos) chargée de
couper le fil de nos jours. Les peintres en miniature pré-
parent un fort beau vert avec le suc des baies , qui
d'abord donne une couleur pourpre recherchée par les
teinturiers.
L'homme impie , toujours prêt à accuser le Créateur
des objets qu'il croit inutiles , parce qu'il n'en peut
comprendre l'emploi , a fourni une idée juste et phi-
losophique à M. Marquis, professeur de botanique à
Rouen , dans une idylle sur les Solanées. Son héros ,
après avoir murmuré de l'existence des poisons , dit :
Me souvenant alors que du cancer rongeur
Ces poisons redoutés ont cahné la douleur,
Qu'à leur vertu souvent on vit céder l'ulcère;
J'ai reconnu partout l'attenlion d'un père,
Et des biens et des maux j'ai compris le lien ;
J'ai béni V Eternel , et j'ai dit : tout est bien.
( 121 )
Caractères physiques. Ce petit arbre , qui ressemble
au pommier, a le bois blanc , tendre et plein de m.oelle ,
recouvert d'une écorce ridée et blanchâtre. Ses rameaux
sont garnis de feuilles alternes , ovales-lancéolées, très-
entières et portées sur des pétioles fort courts. Les pé-
doncules sont courts, simples , ramassés en faisceau dans
les aisselles des feuilles, et soutiennent chacun une fleur
blanchâtre , à corolle tubuleuse , dont les découpures
sont réfléchies en dehors *, les étamines sont saillantes
hors de la corolle. Les baies sont sphériques, pendantes
et enveloppées, à leur base , par le calice.
Analyse CHIMIQUE. Le célèbre Vauquelin a démontré
que cette plante narcotique et toutes celles qui produi-
sent des effets analogues , sont riches en charbon , en
hydrogène et azote , tandis que les substances très-oxi-
génées produisent des effets contraires. Il résulte de
cette analyse , dit le D. Roques, que le suc de Belladone
contient une substance amère, nauséabonde, soluble dans
l'alcool, formant avec le tannin une combinaison inso-
luble , et fournissant de l'ammoniaque par Fa décomposi-
tion au feu; plus du nitrate, muriate, sulfate, oxalate et
acétate de potasse : c'est cette substance amère qui con-
tient la vertu narcotique , ou alcali végétal, découvert
par M. Brande, et auquel il a donné le nom d'yétropin.
Propriétés délétères. La vertu narcotique de cette
plante m'engagea, étant privé d'opium, à en mêler à du
taffia pour engourdir les nègres chargés de ma garde jus-
qu'au moment du massacre des blancs : c'est un moyen
que j'employai pour moi et plusieurs compagnons d'in-
fortune , afin de tromper la surveillance de nos satellites
qui devaient nous conduire à la mort. Plusieurs ani-
maux broutent impunément le feuillage. Je perdis l'usage
10*
( 1^2 )
de la parole, et ma langue s'enfla prodigieusement pour
*. en avoir dégusté à Saint-Domingue, en herborisant sur
les belles montagnes de Plaisance.
Symptômes d'empoisonnement* Véritable ivresse ,
loquacité 5 délire accompagné de ris sardoniques, ver-
tiges, soif ardente, nausées, chaleur d'entrailles , fai-
blesses , mouvemens convulsifs -, grincemeus de dents ^
dilatation et immobilité des pupilles ; rougeur et gonfle-
ment du visage et trismus. Dans le second temps , on
observe un état soporeux , soubresauts des tendons , pâ-
leur mortelle , pouls petit , dur et fréquent \ frisson
universel , enfin la mort , si le malade n'est point se-
couru. Ij'autopsie ofï're des taches gangreneuses, et des
érosions aux organes de la digestion \ le foie et les pou-
mons enflammés , des plaques bleuâtres sur le dos ou
aux jambes ^ de l'écume à la bouche. Le corps enfle et se
putréfie de suite.
Secours et antidotes. On donne , dès qu'on est ap-
pelé , une bonne dose d'émétique , car l'estomac a été
frappé d'insensibilité par la présence de ce narcotique.
Si ce moyen ne suffit pas , on provoque le vomissement à
l'aide d'une plume introduite dans l'arrière - bouche.
Les boissons acidulées conviennent ensuite. Si on est
appelé long-temps après , et qu'on soupçonne inflamma-
tion de l'estomac , on se garde bien de donner l'émé-
tique qui aggraverait les symptômes , mais on recom-
mande les boissons mucilagineuses, celles émulsionnées,
puis acides , enfin toniques. Le lait augmente les accideus
de rempoisonnement.
Propriétés médicinales. Quelques praticiens des co-
lonies , à l'exemple des médecins allemands . ont cher-
ché à utiliser la partie narcotique de la Belladone , et
( 123)
Tont, disent-ils, employée avec un certain succès dans plu-
sieurs cas de manie , mélancolie, d'épilepsie et autres
névroses -, on lui attribua même une prétendue vertu
anti-hydropliobique , que la raison doit repousser, dans
la crainte d'une sécurité qui pourrait devenir funeste y
la décoction de la Belladone remplace avantageusement
les têtes de pavots pour les clystères qu'on prescrit
au début des dyssenteries si communes aux colonies.
Son succès le mieux constaté , et dont le docteur Marc
parait avoir été le premier observateur, eut lieu dans un
cas de coqueluche rebelle qui céda promptement à ce
moyen. L'application des feuilles en topique sur les pau-^
pières dispose les yeux à l'opération de la cataracte. Ces
mêmes topiques soulagent les personnes affectées de
cancers , de tumeurs scropliuieuses et autres engorge-
mens glanduleux.
L'utilité des bains et des fumigations est incontestable
dans le traitement du tétanos traumatique si fréquent
aux colonies, si l'on veut éviter l'opération. Après avoir
dilaté la plaie et saigné le malade , si le pouls n'est pas
trop faible , on cautérise , puis on applique des cata-
plasmes de feuilles de Belladone 5 on donne à l'intérieur
des potions anti-spasmodiques, opiacées, graduées. On
met le malade dans un bain composé avec une forte dé-
coction de la plante. Huit grains de camphre , autant
de musc , et vingt grains d'opium dissous dans un verre
d'émulsion, se donnent en trois fois. On augure bien de ces
moyens si la sueur qui termine heureusement la maladie ,
et qui est symptomatique , commence par la tête et les ex-
trémités. Elle se forme au contraire sur la poitrine et le
bas-ventre, si elle est critique. Dans tous les cas il faut
éviter l'humidité.
( «^4 )
Alors on substitue aux cataplasmes anodins , des li-
nimens volatils , et à Fémulsion une tisane amère et laxa-
tive. Les frictions huileuses , d'après la remarque du
D. Larrey , sont inutiles, celles mercurielles dangereuses
et aggravantes.
Elles peuvent même produire la folie , des hépatites -,
le tabac, tant recommandé, est peu utile ainsi que
les alcalis ; les vésicatoires même ne suspendent pas la
marche effrayante et rapide de cette terrible maladie.
Le moxa et le cautèie actuel qu'on recommande ne
réussissent pas toujours. En thèse générale , il faut te-
nir les blessés dans une température chaude , égale -, ex-
traire les corps étrangers , panser doucement au moyen
de compresses fenêtrées , ne panser les plaies récentes
que lorsque la suppuration est bien établie , afin d'éviter
une trop grande irritation. Le régime doit être doux , le
repos absolu. En cas de résorption , on applique le vési-
catoire le plus près possible de la plaie. La cessation
subite de la suppuration est du plus sinistre augure.
J'ose espérer que le lecteur me pardonnera cette di-
gression sur le traitement du tétanos dans les pays
chauds en faveur de mon motif, et ce livre étant particu-
lièrement consacré aux praticiens et aux chefs de
famille.
ÎMoDE d'administration. On emploie quelquefois les
baies , mais plus souvent les feuilles et les racines, pour
en f;\ire un sirop. Ces mêmes parties étant séchées à
l'ombre , et réduites en poudre , s administrent à la
dose d'un à six grains par jour , suivant làge du malade
et la nature de la maladie. On fait un extrait avec le suc
épaissi de ses feuilles , et une teinture alcoholique , qui
se prescrit par gros. Les bains formés avec la décoction
( 1^5 ;
des feuilles de Belladone sont évidemment anti-spas-
modiques.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-DIX-SEPT.
1. Calice ouvert.
2. Etamine.
3. Baie entière.
4- Baie coupée perpendiculairement.
( '^6)
k^lVt\VVVVVV\^VVVVVVV\ltVMX'VVV\lVVVVVVVVVvVVVVVW\/\V\^/VVVVVV«/VVvVVi/VVVV\^(VVvVVUVVVVVVV^
FRANCHIPANIER BLANC.
(^Toxique narcotico-âcre.)
Synonymie. Vulgairement Bois de Lait. Plumerîa alba. Linn.
Pentandrie Monogynie. — Tournef., Appendix. — Juss.,
famille des Apocjnées. — Plumeria arborea, foliis oblongis,
revolutis, pedunculis supernè tuberosis. Jacq. Amer., 36,
tab. 174, f. 12, et Plot., p. 235t. 38. — Plumeria flore niveo,
foliis longisangustis et acuminatis, Plum., spec. 20. Tourn.,
669. — Burn. Amer., t. 23i. — Apocjnum amerieanum
frulescens, longissimo folio, flore albo, odoratissimo. Comm.
Hort. 2, p. 47, t. 26. — Nerium arboreum, altissimum, folio
angusto , flore albo. Sloan. Jam. Hist. 2, p. 62. — Quaub-
Tlepatli , Chupireni , Arborignea de Hernandez.
Caractères génériques. Fleurs monopétalées , de la
famille des Apociués , ayant des rapports avec leCaméner
et IcLaurose , arbrisseaux laiteux, à cime lâche , médio-
crement rameuse, à feuilles simples, éparses,etramassees
au sommet des rameaux, à fleurs pédonculées , terminales,
fort belles , répandant communément une odeur très-
agréable. — Fleurs à calice court, presque entier^ co-
rolle monopétale infundibuliforme , à limbe ample ,
contourné avant son épanouissement , et partagé en cinq
découpures ouvertes , obliques , plus longues que le
/y. j-s.
JTtevflore Dea-couffz7\. Pai,x'
/i^rée ,r,'u//'
Flf^ANCTîîPAr^^lEU BL.\>:C'..
( 127 )
tube ] cinq étamines enfermées dans le tube , insérées
sur lui , portant des anthères oblongues , pointues ,
conniventes j ovaire supérieur , bifide , surmonté d'un
style bifide à stigmates pointus. Le fruit est composé de
deux follicules longs , s'ouvrant d'un seul côté , conte-
nant des semences nombreuses , aplaties , ailées d'un
côté , embriquées sur un placenta libre , auquel elles
adhèrent par leur aile. (Enc. )
Caractères particuliers. Feuilles lancéolées , rou-
lées, pédoncules tubéreux supérieurement. (Jamaïque.)
Histoire naturelle. Cet arbre élégant dont on pare
les jardins des colonies , transporté de la Terre-Ferme
par le marquis d'Angène, et dédié au père Plumier, croît
naturellement à la Martinique , à la Guadeloupe , à
Cuba , à la Jamaïque , à Saint-Domingue , et autres îles
Antilles , aux lieux pierreux des rivages de la mer, où il
fleurit dans les mois de janvier et de février. Les bos-
quets qui le recèlent émanent une suave odeur , com-
parable à celle de la tubéreuse ^ et la jeune vierge , aux
jours de fête , orne avec les guirlandes qu'elle com-
pose , les autels du dieu qu'elle implore , et se couronne
de cette fleur embaumée.
De tes bouquets la pénétrante odeur
Vient ranimer la vieillesse étonnée;
La jeune fille, aux autels d'hjménée ,
En pare encore sa mourante pudeur.
Campenon , Maison des champs.
Les parfumeurs recherchent cette odeur fugace , qu'ils
savent fixer dans leurs pommades et leurs huiles cosmé-
( .28 )
tiques. Le suc laiteux qui découle de toutes les parties
de l'arbre lorsqu'on en casse les branches , lui a fait
donner le nom de Bois de lait. Il vient en Europe en
serre chaude , et on le multiplie par boutures.
Caractères physiques. Cet arbrisseau , qui n'est
qu'une variété de l'espèce à fleurs rouges que je décris
dans la classe des Plantes béchiques ^ s'élève à environ
quinze pieds de hauteur \ sa cime est lâche et peu ra-
meuse , et abonde en suc laiteux. Ses rameaux sont longs,
nus, marqués des cicatrices des anciennes feuilles qui
font paraître leur superficie comme réticulée et rabo-
teuse -, ils se terminent chacun par une touffe de feuilles
presqu'en rosette, pétiolées , oblongues, à bords réflé^
chis ou roulés en dessous \ ces feuilles sont longues
d'un pied , larges de deux pouces environ , un peu poin-
tues, vertes et luisantes en leur face supérieure, nerveuses
et vert-pomme en dessous. Il nait du milieu des feuilles
un , deux ou trois pédoncules , divisés à leur sommet , à
ramifications épaissies et tuberculeuses , et qui portent
des corymbes de fleurs blanches , ayant le centre jau-
nâtre, et répandant une odeur très-suave. A ces fleurs
succèdent des follicules longs , d'environ six pouces ,
d'un demi-pouce d'épaisseur, coriaces , noirâtres , et
lisses en leur superficie.
Analyse chimique. La tige et les feuilles du Franchi-
panier fournissent un suc laiteux , caustique et gommo-
résineux. Les fleurs étant mâchées , sont d'une saveur
acre et brûlante.
Propriétés délétères. LesucduFranchipanier, donné
à haute dose , produit les mêmes accidens que les Eu-
phorbiacées.
Symptômes d'empoisonnement. Clialeur acre à la
( 1^9 )
bouche, à l'œsophage , à l'estomac, aux intestins-, nau-
sées et vomissemens ^ ventre balonné , horripilations ,
sueurs froides et visqueuses , syncopes fréquentes et au-
tres accidens nerveux.
Secours et antidotes. On ne peut employer rien de
plus efficace , après avoir fait vomir le malade , que le jus
d'orange à haute dose , ou toute autre boisson acidulée.
Propriétés médicinales. Suivant Hernandez , le lait
du Franchipanier est caustique , et les Indiens , avec une
dose de quatre oboles , purgent les sérosités des cachec-
tiques , des hydropiques et des nègres affectés de pians.
Il avoue néanmoins que ce remède est fort dangereux , et
qu'il est plus prudent , si on l'emploie comme purgatif,
d'en appliquer une petite quantité sur l'ombilic. Mais il
dit aussi que ce lait est un grand remède contre les af-
fections cutanées , dartres , gales , etc. ^ qu'enfin , les
Indiens en prennent au poids de deux dragmes contre
les fièvres de rechutes, mais qu il pensa en crever
pour s'en être servi.
Mode d'administration. A l'exemple des Indous, les
naturels des Antilles font usage contre le flux de sang
du remède suivant, que M. le aocteur Leschenault de
la Tour avait déjà fait connaître : Prenez semences
de Franchipanier , girofles , muscades , macis , demi-
once de chaque *, on torréfie le tout à vaisseau clos , on
pile le mélange , qu'on imbibe de suc de fleurs de Bana-
nier , et l'on ajoute , opium, une once ] ou laisse évaporer
l'humidité de la pâte , qu'on divise ensuite en pilules du
poids de dix grains. La dose est d'une pilule trois lois
le jour, en buvant après une demi-verrée d'infusion de
Simarouba. On évite, pendant le traitement , le laitage ,
( i3o )
les corps gras et les acides , et Ion est ordinairement
guéri en kuit ou dix jours.
Ces moyens me semblent bien incendiaires !
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-DIX-AUIT.
I. Fruit.
ZAn/t/on" /f^n\t//f-///K.J^u'
Pfre^- J'cfi/.
i;a L ¥. i\ A S o VE vyi
( r3. )
VVVVVVVVVVVVVVVII%VVV\VVMWVVVVVVVVV\A'VVVVVVV\A/VVVA'VVVVV\'\^«\>lVVVVVVVVVVVVV\'ViVVVV\ VVM VWVW
GALEGA SOYEUX DES ANTILLES.
(^Toxique narcotico-âcre.)
Synonymie. Vulgairement Bois à enivrer, Lavanèze, Mort à
Poissons. Galega sericea. Linn. , Diadelphie Décandrie ;
Jussieu, Légumineuses; Tournef., Papilionacées. Galega
foliis subquindecemjugis, foliolis oblongis subtùs sericeo-
candicantibus j racemo terminal!. Lamark. — Galega fru-
tescens, flore purpureo , foliis sericeis. Plum. Spec. 8. Burm.
Amer, 1. 135. Surian. Herb., n® 333.Herba fruticosatoxica
astragalo afEnis leguminosa et tomentosa , folio subineano
sericeo , flore purpureo spicato. Vaill. Herb. Cat. mss. 706,
683. — Ouaboubuc. Surian. i44- En anglais, Goat^s-Rue ;
en espagnol , Rut a de Cabra.
Caractères génériques. Plantes à fleurs polypétalées
de la famille des Légumineuses , et qui ne diffèrent des
indigotiers que par leurs gousses comprimées \ on les
dislingue par leur calice campanule , à cinq dents aiguës ,
presque égales, parleurs gousses droites allongées , un peu
comprimées , souvent bosselées par la saillie des se-
mences , munies sur chaque valve de stries transverses
ou obliques.
Caractères particuliers. Tige ligneuse, fleurs pa-
pilionacées ^ dix étamines , souvent diadelphiques ^
ovaire supérieur , oblong , grêle , se terminant en un
style court , montant , à stigmate simple , un peu glo-
buleux.
( i3. }
Histoire naturelle. Ce joli arbrisseau , abandonné
à la végétation naturelle , se fait promptement remar-
quer dans les forêts vierges , tandis qu en juillet et août ,
il fait rornement des bosquets , si Fart est chargé de sa
culture. Il aime une terre grasse et humide. On le mul-
tiplie de graines et de pieds éclatés 5 c'est même ce der-
nier moyen qu'on préfère en Europe -, il ne craint pas
la gelée. Le nom Galega lui a été donné par les Italiens.
Les naturels donnent son feuillage aux bestiaux-, et cer-
tains habitans des colonies mangent les feuilles de
Galéga en salade , ou cuites comme anti-méphy tiques! !
On amorce le poisson avec la râpure de la racine ,
mêlée avec de la mie de pain, et on en fait des boulettes,
qui ne manquent pas leur effet. Cette même poudre dé-
truit la vermine des enfans -, mais ce moyen n'est pas
aussi sûr que l'application de la cévadille.
Aublet assure qu'à la Guiane , cette plante est culti-
vée sur toutes les habitations , parce qu'on en fait usage
pour enivrer les poissons.
Caractèues physiques. La racine du Galéga soveuxest
épaisse, presque napiforme, rameuse , ligneuse , blanche,
garnie de fibres, etmunie d'uneodeurforte et nauséabonde.
Elle donne naissance aune tige droite , de l'épaisseur d'un
doigt, haute de trois ou quatre pieds, ferme, contenant
de la moelle, striée , anguleuse , et couverte d'un duvet
court et cotonneux dans sa partie supérieure. Les feuilles
sont alternes, longues presque d'un pied, ailées avec
impaire , et composées d'environ quinze paires de fo-
lioles oblongues , presque linéaires , un peu obtuses , et
chargées , principalement en dessous , de poils soyeux et
couchés qui les font paraître blanchâtres. Les stipules
sont en alêne. Les fleurs viennent en une grappe droite
( '33 )
et terminale , avec quelques ébauches de grappes lalé-
, raies, situées dans les aisselles supérieures,- elles sont
pédicellées , nombreuses , purpurines , et ont une grande
tache jaune à la base de leur étendard. Les pédoncules .
les calices et les fruits sont couverts d'un duvet soyeux
et blanchâtre. Ces fruits sont des gousses linéaires,
étroites, comprimées, longues de trois pouces, et qui
contiennent des semences réniformes , panachées de
brun et de blanc.
Analyse chimique. Le feuillage est insipide et inodore
étant sec. La racine contient une huile volatile, — P^ésine
molle , d'une saveur acre et brûlante ; extractif astrin-
gent , gomme , bassorine , fibre ligneuse et eau.
Propriétés délétères. Ainsi que les narcotiques , le
Galéga soyeux jouit d'une propriété vénéneuse très-éner-
gique -, cependant il exerce une action locale peu in-
tense ^ mais à peine absorbé , il porte le trouble dans
le système nerveux, et particulièrement sur le cerveau.
L'action de l'extrait qu'on obtient par une évaporation
lente , est beaucoup plus intense , si on l'a injecté dans
les veines, qu'appliqué sur le tissu cellulaire. Pris àFin-
térienr, il agit peu sur l'estomac, mais également sur
l'homme et les animaux.
Symptômes d'empoisonnement. Engourdissement, pe-
santeur de tète , somnolence , assoupissement , vertiges ,
délire gai ou furieux , mouvemens convulsifs , faiblesse
des membres , ciiîatation de la pupille , vomissemens ,
pouls plein et fréquent.
Secours et antidotes. Doux vcmitifs , boissons aci-
dulées.
Propriétés médicinales. On a cru cet arbrisseau doué
de vertus alexitères; mais je douttî de cette assertion,
( i34)
n'étant point aromatique. Les mëdicastres recomman-
dent la décoction de ses feuilles dans les fièvres exan-
thématiques , la cliorée , l'épilepsie , et certaines affec-
tions vermineuses. Je ne puis m'arrèter à ces prétendues
propriétés de la tige ^ mais il me semble qu'on pourrait
employer le snc de la racine dans tous les cas où les
narcotiques sont indiqués, c'est-à-dire contre les con-
vulsions , la goutte , comme résolutif sur les engorge-
mens , les tumeurs scrophuleuses , les squirrlies ^ le suc
de la racine et de la partie corticale passe pour éméto-
cathartique , mais il est dangereux. On l'applique exté-
rieurement sur la morsure des bêtes venimeuses , sur
les bubons syphilitiques , le sarcocèle commençant ; on
prescrit le feuillage en bains et fumigations.
Mode d'àdmiîiistration. Le suc des feuilles se donne
conune purgatif à la dose d'une à deux onces , et à celle
de quatre onces dans une infusion vineuse. La teinture
de la racine produit de la narcotine.
EXPLICA.TION DE LA PLANCHE CENT SOIXANTE-DIX-NEUF.
1. Graine.
yv.y/^o
y/u'ot^ore J3eieoaurtii<. /'mr
JVref licu^Bji/.
/UaAâivajJs ecahlatk.
( i35 )
vvvvvvvx^vvvvvvvvvvx^-.^/v^vvvvvvvvv\^vvvx^^-v^vvv^^A/vvv.v^^,vv^.^^i^^^^
AMARYLLIS ÉCARLATE.
{Toxique narcotico-dcre.)
Synonymie. Vulgairement Belladone. Lis rouge. — Ama-
ryllis Punicea. Linn. Hexandrie Monogynie; Jussieu, fa-
mille des Narcissoïdes. Tournefort, Liliacées. — Lilium
americanum, puniceo flore, Belladona dictum. Herm. Par.
194, t. 194. — Lilium rubrum. Mérian. Surin. 22. Ama-
ryllis. Mill. Dict., tab. 23.
Caractères génériques. Plante unilobée de la fa-
mille des Narcisses , ayant beaucoup de rapport avec les
Hémantes et les Panerais , offrant pour caractères : une
fleur sans calice , enfermée lors de son développement ,
soit seule, soit avec d'autres, dans une spatlie mem-
braneuse s'ouvrant par le côté et se divisant en deux
parties. Corolle campanulée , divisée en six pièces lan-
céolées, munie dans son bord intérieur de six petites
écailles pointues. Six étamines dont les filamens , sou-
vent inclinés , soutiennent une anthère oblongue ^
ovaire inférieur , ovale , arrondi , surmonté d'un style
filiforme terminé par un stigmate à trois divisions. Cap-
sule ovale , à trois loges , s'ouvrant par trois valves , et
contenant plusieurs semences.
Caractères particuliers. Spatlie multiflore. Corolles
Tome IIl. — ^5^ Livraison. 11
( 136 )
campanulées égales , réfléchies sur l'onglet-, sexes incli-
nés. Les feuilles sont radicales. (Vivace).
Histoire naturelle. Cette superbe plante se trouve
dans les bois ombragés , à Surinam , à Cayenne et aux
Antilles. On la cultive en Europe dans les jardins des
curieux, où elle fait le plus bel ornement de la saison.
Le mot Amaryllis est dérivé du verbe A'MAPïSSf2 qui si-
gnifie je brille. Elle se multiplie par les cayeux. On la
conserve dans de la terre de bruyère médiocrement ar-
rosée , et on la tient à l'exposition du soleil , abandon-
née aux soins de la nature , au milieu des plantes de
toute espèce dont elle est environnée
Oh ! combien chaque fleur , en ce riant dédale ,
Enivre l'odorat des parfums qu'elle exhale I
Boîs JOLIN.
Caractères physiques. La lige de l'Amaryllis écar-
late est une hampe nue , haute de douze à quinze pou-
ces Il portant à son sommet une ombelle magnifique de
deux à quatre fleurs campanulées, évasées, teintes d'un
beau rouge écarlate , et ayant leur fond d'une couleur
pâle ou d'un blanc jaunâtre plus ou moins abondant.
Lorsque la plante est en fleur ,^ elle se dépouille de ses
feuilles, mais elles sont remplacées par d'autres qui
bientôt se fanent et se détachent de l'oignon qui les
nourrissait pour faire place à de nouvelles fleurs. Ces
feuilles ressemblent à celles des Narcisses. Les fleurs
paraissent en septembre ou octobre.
Analyse chimique. Les pétales contiennent une ma-
tière colorante , rouge , résineuse ^ une partie cxtrac-
( 13, )
live, de la gomme et de la fibre ligneuse*, roiguoii , un
principe volatil , et une matière extractive , acre et
amère , de la bassorine et beaucoup d'amidon.
Propriétés délétères. L'oignon fournit un poison
irritant qui peut donner la mort en deux ou trois heures
de temps à la dose de trois gros. Il est émétique , il en-
flamme les membranes avec lesquelles il est mis en con-
tact , et est plus facilement absorbé et porté dans le
torrent de la circulation. Il agit particulièrement sur le
système nerveux , en détruisant la sensibilité , et sur la
membrane muqueuse de l'estomac qu'il enflamme.
Symptômes d'empoisonnement. Constriction à la
gorge , chaleur acre et mordicante , douleur buccale , du
pharynx , de l'estomac et des intestins ^ nausées, vomis-
semens de couleur variable, mêlés de stries sanguino-
lentes ; ne faisant point eifervescence , et ne verdissant
pas le sirop de violette^ diarrhée coUiquative , déjec-
tions sanguinolentes , rapports fétides , hoquet , pouls
accéléré , dyspnée , soif insupportable , dysurie , cram-
pes , froid des extrémités , convulsions , face hypocra-
tique.
Secours et antidotes. Vomitifs doux , boissons aci-
dulées.
Propriétés médicinales. L'infusion des belles fleurs
de l'Amaryllis est estimée anti - spasmodique , et
quelquefois employée avec avantage dans les maladies
nerveuses et la coqueluche. Quelques-uns recommandent
le sirop d'Amaryllis dans la dyssenterie ; mais je n'en
ai pas fait usage. Les bulbes sont acres et provoquent le
vomissement.
Mode d'administration. L'infusion, le sirop, ou l'ex-
trait, se donnent à des doses variées selon l'àgc du ma-
( >38 )
lade et le caractère de la maladie. L'extrait étant nn
poison, doit s'administrer avec la plus grande circons-
pection.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT,
1. Etamine.
2. Fruit.
7'/.j/iy
7'/'it-i>iJorr /^e.ri*/ur/i/\ Paui
FATUNIE AILKE,
( '39 )
\\IVV\IV\'WV'VVV>^VWk'VVW'V i^W VWWV VWvW WVWVV\^/W\ WWWVWVWVW VWV\A>W^V\'V\'W wv vv\ vw
PAULLINIE TERNEE.
{Toxique narcotique.)
Stnontmie. Vulgairement Liane à scie, ou Curaru. — Liane
à empoisonner les flèches. — PauUinia Gururu, Linn. Oc-
tandrie Trig-ynie , famille des Savonniers. — PauUinia foliis
ternatis, petiolis marginatis ; foliolis cuneiformibus , oblu-
sis, subdenlatis. Lin. Spec. plant. 2, p. 524. — Mill., Dict.,
n. 3. — PauUinia foliis ternatis ; foliolis obtusis , vix denti-
culatis , glabris, desinentibus in petiolum proprium. Hort.
Cliff. i5i. — Gururu scandens , tripbyUa. Plum., gen. 34?
ic. 111, fig. 2. — Paullinia*foliis ternatis, petiolis margina-
tis. Jacq., Observ. bot., p. 5, pag. n, tab. 6i, fig. 4- —
PauUinia (Gururu) capsulis pyriformibus, obtusis; foliis
ternatis; foliolis oblongis , dentato-serratis, subacuminatis;
petiolis alatis. Scbumacher. Act. Hist. nat., haf. 5, p. 2,
p. 121. — Wild. Spec. Plant., vol. 2, p. 460 ( Vivace ). —
Kaka. — Toddaly. — Malab. — Espino do Ladrao. Espag.
— Gururu. — Ape. — Garaib.
\>-
Cahâctèhes GF,?fÉRiQUES.. Plaute à fleurs polypélalées,
de la famUle des Savonniers , à tiges grimpantes, sarmen-
teuses , les feuilles binées , ternées , ou ailées avec im-
paire ou sur-composées *, les fleurs disposées en grappes,
dont les pédoncules sont solitaires , axillaires , munis
dans leur milieu de deux vrilles.
Tome IIL ■ — 4^* Livraison, 12
i9
r î4o )
Caractères particuliers. Calice à quatre folioles ;
quatre pétales glanduleux à leur base; trois capsules py-
riformes , sans ailes membraneuses. Feuilles ternées ;
pétioles marginés. (Amer, mérid.)
Histoire naturelle. Ce genre a été consacré à un bo-
taniste suédois; la singularité de son feuillage toujours
vert , de sesfleuis et de ses fruits qui produisent un joli
contraste avec la verdure , fait rechercher cette liane
pour Tornement des jardins et la garniture des cour-
tines de verdure. En Europe elle vient très bien en terre
substantielle , à une exposition méridionale ; on la mul-
tiplie de marcottes , boutures , rejetons , et aussi de grai-
nes qu'on sème au printemps , et qu'il faut repiquer dans
des pots séparés. Les jeunes plants fleurissent la seconde
année , s'ils sont exposé- à Fombre , et surtout s'ils sont
fréquemment arrosés. En Amérique la Paullinie porte ses
fruits en août et septembre. *
Caractères physiques. La liane h scie se distingue par-
ticulièrement par ses feuilles simplement ternées. Elle a
des tiges flexibles , sarmenteuses , grimpantes , lisses ,
garnies de vrilles qui sortent de i'aisseîle des feuilles.
Ces dernières sont alternes, ternées, munies de longs
pétioles ailés dans toute leur longueur. Les folioles sont
presque sessiles , oblongues, assez grandes , obtuses à leur
sommet , quelquefois aiguës . munies . excepté à la basé ,
de dentelures écartées , acuminées ; les grappes de fleurs
sortent avec les vrilles de l'aisselle des feuilles ; elles res-
semblent , ainsi que leurs fruits , à celles du Paullinia
Curassavica ,• mais les fruits ont la forme d'une poire
plus fortement prononcée. (Encycl. méth.)
\
( ■4- )
Analyse chimique. Toute Ja plante produit un priii-
eipe extractif amer gommo-résineux , comparable à To-
pium ; plus un alcali véa^étal d'une odeur erapyreuma-
tique volatile.
Propriétés délétères. Ce sont les semences que les
nègres pécheurs emploient de préférence pour enivrer
les poissons. On les prépare en les écrasant . puis en les
malaxant avec du moussa (farine de maïs) , ou de la cas-
save (farine de Manioc.) Prises à une forte dose , ces se-
mences produisent les mêmes résultais funestes que les
stramoines dont il a été parlé plus haut. Les sauvages de
la Guiane enduisent du suc venimeux de cette plante le
bout de leurs flèches , afin d'en rendre les plaies mor-
telles.
Symptômes d'empoisonnemeist. Les malades éprou-
vent des étourdissemens , des vertiges , une ivresse d'a-
bord gaie , et remplacée bientôt par un délire frénétique;
ils deviennent furieux , menacent , frappent ceux qui les
environnent, puis tombent dans un affaissement suivi
d'un écoulement involontaire d'urine et de matières fé-
cales , de convulsions et de la mort.
Secours et antidotes. On doit administrer à ces
malheureux le traitement le plus convenable pour l'em-
poisonnement par les narcotiques , c'est-à-dire de doux
vomitifs , s'il n'y a pas trop d'irritation , des lavemens
laxatifs, si le poison a franchi l'estomac , et est parvenu
au tube intestinal ; enfin des boissons acidulées.
Propriétés médicinales. On emploie comme stupé-
12*
( i4->. )
iians les racines , et Tliuile où Fou a fait bouillir les
fruits, comme linimenl anodin. Les naturels recomman-
dent l'usage des bains du feuillage de cette Paullinie
dans les cachexies dont les nègres surtout sont si souvent
affectés aux colonies. Ils les estiment non moins utiles
dans l'anasarque, la bouffissure et l'enflure des pieds.
Mode d'admi]mstratiow. La dose pour les lotions est
d'une forte poignée pour deux livres d'eau réduites à
moitié. Pour les bains six poignées pour une voie d'eau.
Les racines et les fruits se font bouillir dans l'huile , à
la dose d'une demi-livre de chaque pour deux livres
d'huile. Cette préparation remplace le baume tranquille
dans les névralgies.
£XPLICATIO]N DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-T N.
La plante est réduite au tiers de sa grandeur.
1. Fleur entière.
2. Fruit coupé transversalement, dont les valves sont
écartées, et les cloisons opposées aux sutures des
valves.
3. Semences.
/y, y/Î2
^m.KISA.SSIKI! A Fi^.llU.KS LAKGE5.
( i4:^ )
VVVVVV«VVVVVVVVVV\V\VVVVlVVVV\'VV\v\VV\^VWWVvWv\\lVVVV\l\\l\\VV\V\\VVVV\\VV>VX\VV\VVW«'\V\V
CALEBASSIER VEAEAEUX.
( Joxique narcoiico-dcre. )
Syn "NYMiE. Calebassier à feuilles larges. Arbre à Couis. —
Crescentia latifolia cucurbitina. Linn. Didynamie Angyo-
spt;rmie. — Juss., famille des Solanées. — Crescentia foliis
ovitis petiolatis alternis , fructu ovato acuminato ; semini-
bus orbiculatis compressis. Lam. — Cujete latifolia , fructu
putamine frag-ili. Plum. Gen. 23. Burm. Amer., tab. 109. —
Crescentia foliis alternis, lato-ovatis, obtusis, râmis laevibus
erectis ; fructu ovato, subtrigono , acuminato. Tussac.
Caractères génériques. Fleurs niouopétalées , per-
sonnées , à feuilles simples et alternes , ou par paquets.
Calice eu deux parties , égal -, corolle gibbeuse ; baie pé-
diculée à une loge ; contenant beaucoup de semences
en forme de cœur , biloculaires et nichées dans une
pulpe.
Caractères particlliers. Feuilles alternes , larges,
ovales , obtuses ^ rameaux relevés -, fruit ovale , presque
triangulaire et acuminé. (\ivace.)
Histoire katurelle. Ce Calebassier. bon à signaler,
pour qu'on puisse se mettre eu garde contre sa dange-
( 44 )
reusc influence, et le détruire toutes les fois qu'on le
rencontre , habile les lieux ombragés des lagons maréca-
geux, ou le bord des rivières-, tandis que les autres ca-
lebassiers ne réussissent que dans les terrains secs. Les
fruits des calebassiers se nomment machamona en Gui-
née ^ cohjne ou cuiefé , ou hjguero dans la Nouvelle-
Espagne . et couis dans les colonies françaises. On voit
aux colonies cet arbre des lagons révéré par les nègres
empoisonneurs qui Fentourent t^n certains jours de fête,
dansent en marmottant leurs imprécations, et extraient
des fruits la pulpe qui doit donner la mort. Les nègres
policés ont renoncé depuis long-temps à ces jongleries 5
mais on doit tout redouter des nègres africains , qui ne
savent point oublier leurs coutumes superstitieuses.
Caractères physiques. Le Calebassier à feuilles lar-
ges diffère beaucoup du Calebassier à feuilles longues ,
par la forme de ses feuilles , et par celle de ses fruits
beaucoup plus petits et jdus mous. C'est un arbre dont
la cime , fort ample et bien garnie , donne beaucoup
d'ombrage. Son tronc , sans être fort baut, ni droit , est
beaucoup plus épais que le corps de l'homme. Son bois
est solide et recouvert d'une écorce d'un gris roussàtre.
Il pousse des branches nombreuses , ramifiées , feuillées
et très-ouvertes. Les feuilles ne viennent point par pa-
quets, comme dans l'espèce à feuilles longues. Elles sont
alternes , pétiolées , ovales , entières, très-glabres, assez
semblables à celles des citronniers , et ont eriviron six
pouces de longueur sur une largeur de trois pouces. Les
rameaux, au lieu de végéter horizontalement , sont rele-
vés, et ils sont unis au lieu d'être noueux. Les fleurs sont
plus blanches que dans les autres Calebassiers. Elles
( 145 )
produisent des fruits ovalair es de la forme de nos citrons ,
mais plus gros. Leur coque est souple , mince et fragile,
renfermant, dans une pulpe blanchâtre, beaucoup de
semences orbiculaires comprimées , d^ la grandeur d'une
pièce de cinq sous de France , et qui semblent formées de
deux reins joints ensemble par leur côté intérieur. Ces
semences sont brunes, se divisent en deux lobes , et ont
■s,
la chair amère. (Encycl. )
Analyse chimique. La pulpe des fruits de cette es-
pèce dangereuse nous a produit une huile grasse , une
matière semblable à la cétine -, du tannin très-styptique,
rnatière animale particulière , mucilage , albumine ,
acide acétique -, Acétate d'ammoniaque , phosphate de
potasse et de l'eau.
Propriétés délétères. M. Tussac , dans sa belle
Flore , cite , au sujet des qualités délétères de ce fruit ,
un événement malheureux arrivé au Mirbalais , île de
Saint-Domingue , dans le temps que ce canton a été en la
possession des Anglais. « Cinq soldats , dit-il, avant ren-
contré des fruits de ce Calebassier, eurent l'imprudence
d'en goûter , ils leur trouvèrent le goût de concombre ,
et en mirent plusieurs dans la chaudière où ils faisaient
leur soupe ^ ils péiirent tous les cinq. »
Symptômes d'empoisonnement. Coliques , flatuosités ,
vomissemens et déjections alvines involontaires-, mouve-
mens convulsifs , frissons , pouls intermittent , sueurs
colliquatives et la mort.
( "46)
Secouus et antidotes. Vomitifs doux au début, puis
boissons gommeuses et acidulées.
Propriétés médicinales. Je ne lui en connais aucune.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-DEUX.
i. Graine.
//./.yj.
y^A^ot/a^r jOf,rfr*tj/'/f/\ /^in.i
yv/'f*'
'r KFii I? o .^ F. vf;>^e :vF;r.sE.
( '47 )
\^/VVVV^WVVVVVV\VVVVVVi/VVVVVVV\VVVVVVVVVVV\\VVVVVVVVVVVVV\A^
* r
TEPHROSE VENENEUSE.
( Toxique narcotique. )
Synonymie. Tephrosia toxicarîa. Tussac, vol. i, p. i44« —
Linn., class. 17, ord. 4« Diadelphie Décandrie. — Juss.,
class. i4j ord. 2. Légumineuses.
Caractères GÉNÉRIQUES. Calice tubuleux inégal à cinq
dents \ corolle papilionacée irrégulière *, dix étamines
monadelphes. Légume comprimé , un peu arqué ,
coriace.
Caractères particuliers. Racines tubéreuses-, tige
herbacée , cannelée , villeuse \ feuilles pinnées égalemenlj
folioles oblongues lancéolées, villeuses en dessus, gar-
nies de longs poils argentés par-dessous^ stipules distin-
gués du pétiole 5 grappes de fleurs terminales.
Histoire naturelle. Cette plante a, dit-on, été appor-
tée d'Afrique aux Antilles par les nègres ; elle ne s'y est
que trop bien naturalisée , dit Tussac , par l'iibus que
font quelquefois les Créoles de ses mauvaises qualités.
Les nègres pécheurs recherchent la Téphrose dont ils
mêlent les feuilles à leurs appâts , après les avoir pilées
entre deux pierres. Cet appât peut enivrer , et même
( '48 )
faire périr le poisson dans les rivières. Ils mêlent cette
espèce de pâte avec de la cassave. Le poisson , quoique
mort par ce moyen, ne fait aucun mal à ceux qui en
mangent. Les chèvres broutent avec avidité les feuilles
de celte plante, que l'on cultive dans presque toutes les
habitations, sous le rapport d'utilité et d'agrément, car
elle mérite; une place dans les parterres.
Caractères physiques. Cette plante , selon Tussac ,
a des racines tubéreuses vivaces, d'où sortent des tiges
annuelles d'environ deux pieds et demi à trois pieds au
plus. Ces tiges sont épaisses, cannelées, couvertes de
poils fauves ; elles sont garnies de feuilles alternes, pin-
nées, dont les folioles oblongues , lancéolées, bordées
de jaune, sont couvertes sur la surface supérieure de
poils courts, grisâtres , et par-dessous de longs poils ar-
gentés. A côté de chaque pétiole , il y a deux stipules en
forme d'alêne. Les fleurs , de coulrur pourprée , sont
disposées sur une grappe terminale, garnie de stipules.
Le calice des fleurs est tubuleiix, à cinq dents inégales.
La corolle est composée d'un étendard ouvert , pourpré,
ayant à sa base une tache jaune ^ les ailes sont oblongues,
et la carêue arquée. Les étamines monadelphes sont au
nombre de dix. Le germe , posé obliquement sur son
réceptacle , est plat , oblong , velu , surmonté d'un style
recourbé à stigmate pointu. Le fruit est une gousse
oblongue comprimée, un peu arquée, couverte d'un,
duvet grisâtre: les graines sont un peu réniformes-,
marquées de points noirs et de points blancs. Cette
plante se trouve en fleurs pendant une grande partie de
1 été. Les tiges périssent tous les ans. Elle se plaît dans
les terres arides et exposées au soleil.
( i49 )
Analyse chimique. Cette plante, qui a beaucoup de
rapport avec le galéga soyeux , contient beaucoup d'acide
carbonique \ une eau jaune acidulé , saturée d'am-
moniaque ; une huile visqueuse noire , du charbon et de
la cendre.
Propriétés délétères. Les noirs , infidèles à leurs
maîtres , exercent contre eux une vengeance inhumaine,
en versant dans les mets qu'ils leur ont préparés , le suc
vénéneux de la Téphrose. L'effet du suc mortifère de la
Téphrose est plus prompt s'il est injecté dans les veines,
ou mis en contact avec le tissu cellulaire sous-cutané de
la partie interne de la cuisse. Il agit promptement sur le
système nerveux par sa vertu stupéfiante.
Symptômes d'empoisonnement. Ardeur et spasme de
l'œsophage , de l'estomac et des intestins 5 ventre bal-
lonné , somnolence ; frissons , ris sardonien , sueurs froi-
des et visqueuses , syncopes fréquentes , symptômes
nerveux.
Secours et antidotes*. Doux vomitif, boissons muci-
lagiueuses et acidulées. "
Propriétés médicinales. Les racines , d'une odeur
nauséabonde , sont indiquées par les naturels comme
anti-psoriques par excellence. On a vu des galles invété-
rées qui avaient résisté à tous les moyens , céder aux lo-
tions réitérées d'une décoction rapprochée de ses racines.
Mode d'administration. On ne 1 emploie qu exté-
rieurement. La dose est d'une poignée par pinte d'eau
bouillante réduite à moitié. Le suc de la plante a plus de
( -So )
vertu , et peut remplacer la cévadille , ce terrible agent
destructeur des Sarcoptes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-TROIS.
La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur.
1. Calice.
2. Une des ailes détachées, montrant son long onglet.
3. Tube formé par les filets des étaraines.
4. Ovaire.
yy. /<94.
TTu^étr*' /M»^cotrrft/x. Pt^»**- •
Pflr-rt' Sr€t/n .
IIArVOLFE F.I-ANniATME*
( i5i )
, V\\WVVVV\VVVVVVVVVVVVVV\VVVVV\VVVVVVVVVVV\'VV\VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\^VVVVVVVVVVVVVVVVVV%\^|\^
RAUVOLFE BLANCHATRE.
( Toxique narcotico-âcre . )
Synonymie. Bois laiteux à feuilles longues et étroites. —
Rauwolfia canescens. Linn, Pentandrie Monog"ynie. —
Juss. , famille des Apocvnées. — Rauwolfia foliis quater-
nis, oblongo-ovatis , acuminatis, pubescentibus ; floribus
terminalibus axillaribusque. Wilden. Spec. Plant., vol. i,
p. 1218, n.2. — Rauvolfia subpubescens. Linn. Spec. Plant.,
vol. i,p. 3o3. — Rauwolfia birsuta. Jacq^ Amer. Aj^n. 1.
— Rauwolfia fructîcosa, foliis verticillatis, tenuissimè vil-
losis. Brown. Jam. 180. — Rauwolfia tetraphjUa, angusti-
folia. Plum. Gen. 19. Icon. 236, fig. 2. — Solani fructufru-
ticosa , foliis laurinis oblongis , integris , subtus hirsutis.
Sloan. Jam. 173. Hist. 2, p. 107, tab. 211, fig. 1. — Arbor
Svcopbora Jamaïcensis , foliis minoribus. Pluk. Phytogr.
266, fig. 2.
Caractères génériques. Plantes dicotylédones , à
fleurs complètes-, monopétalées , de la famille des Apo-
cynées , à tiges droites •, feuilles verticillécs ou quater-
nées, les fleurs souvent terminales , ou en corymbe \ ca-
lice fort petit , h cinq dents -, corolle infundibuliforme \
drupe globuleux à deux semences. (Encycl.)
Caractères particuliers. Fleurs contournées ; baie
succulente, disperme^ feuilles comme pubescentes. (Vi-
vace. )
( >à'- )
Histoire naturelle. Cet arbrisseau , qui croit eu
Amérique aux lieux secs , el parmi les broussailles , se
rencontre assez fréquemment à la Jamaïque , à Cuba , à
St.-Domingue et autres îles Antilles. On a soin de le dé-
li^uire sur les habitations , car il y offre aux malfaiteurs
un objet de tentation qui peut les porter à commettre
quelque crime. Je l'ai remarqué en Europe dans plusieurs
jardins de curieux, où il se plait exposé à un demi-so-
leil , en terre fraîche de bruyère , et il se propage par
graines et par l'éclat de ses racines.
Caractères physiques. Cet arbrisseau, selon le sol
où il est exposé, varie de proportions , car on en ren-
contre depuis la taille d'un pied jusqu'à celle de huit.
Ses jeunes rameaux, médiocrement velus, sont garnis
de feuilles quaternées , ovales, rétrécies à leur base, ai-
guës à leur sommet, entières à leur contour , rugueuses,
velues , supportées par des pétioles cylindriques et velus.
Les fleurs sont fort petites , rougeàtres et sans odeur :
«lies sont disposées en grappes sur des pédoncules com-
muns, rameux, qiiaternés , terminaux; leur calice est
composé de cinq petites folioles lancéolées: les décou-
pures du lymbe de la corolle sont presque carrées , un
peu échancrées à leur sommet, à peine obliques. Les
poils qui en garnissent l'orifice sont confus et sans or-
dre. Le fruit est un drupe presqu'à deux lobes , d'abord
de couleur rouge , et qui devient ensuite presque noire ;
il renferme deux noix rugueuses , planes d'un côté , con-
vexes de l'autre , à deux loges , contenant un seul noyau ,
rarement deux.
Analyse chimique. Le suc laiteux du Rauvolfe con-
( «53 )
tient une résine cassante et dure , du caout-chouc, une
matière exlractive , une substance glutineuse , un acide ,
de Talbiimine et de Teau.
Propriétés délétères. J ai observé que les quabtés
malfaisantes de cet arbrisseau sont plus exaltées lorsqu il
a pris son accroissement au milieu des rochers exposés
à un grand soleil , que lorsqu'il végète dans un bas-fond,
et lorsqu'il est abrité par les grands arbres des foréîs.
On m'a assuré que ses émanations seules , après une on-
dée , suffisaient pour causer les plus graves accidens à ceux
qui s'en approchaient alors , et se reposaient sous son om-
brage. Comme ce fait ne ma été attesté qu'à l'époque de
mon départ pour l'Europe, et que je n'ai pu vérifier
cette assertion , je ne me prononce point à cet égard. Ce
que je puis affirmer, c est que toutes les parties de l'ar-
brisseau sont lactescentes et vénéneuses.
Symptômes d'empoisoknemewt. Douleur buccale , cons-
triction du pharynx , ardeur cuisante à l'estomac et aux
intestins ^ nausées , vomîssemens de matières qui ne font
point effervescence sur le carreau, et ne verdissent point
le sirop de violettes. Constipation ou diarrhée sanguino-
lente -, rapports nidoreux . hoquet , dyspnée; pouls accé-
léré , petit, serré et souvent intermittent: soif ardente ,
dysurie , convulsions, froid des extrémités et la mort.
Secouks et antidotes. Les doux vomitifs convenant
au début dans tous les cas d'empoisonnement, lorsqu'il
n'y a pas trop d'irritation , je leur fais succéder le jus des
oranges , du citron , et quelques boissons émollientes ,
mucilagineuses ou aromatiques , suivant les cas.
C t54 )
Propriétés médicinales. Les principes acres de ce Rau-
volfe Féloignent du formulaire pliarmaceutique des pré-
parations à employer à l'intérieur -, mais il offre des res-
sources à la méthode iatraleptique , et son extrait com-
biné avec riiuile de licin, forme un liniment qu'on peut
prescrire, et qui réussit presque toujours dans les affec-
tions chroniques de la peau , ΀ ptiriase, les dartres et
autres maladies rebelles.
Mode d'administration. Un gros de l'extrait de Rau-
volfe sufiit pour quatre onces d'huile de Ricin.
explication de la planche cent quatre-vingt-quatre,
La plante est réduite à moitié de grandeur naturelle.
1. Corolle ouverte pour laisser voir l'insertion des éta-
mines.
2. Le calice et le pistil.
JV. jSS
27i*ot/orf Demtrur/i/x J'enj-
V'Jwi? Scu/p .
^^HôllElJ.E. .S033BI1K
( -55 )
^VVVWVVVVVWVWWVVVWVWVVVVWVVW«WVWVWVWVkrV\ vwvvvvvwwwvwvvwv\^awvww> VW vw
MORELLE SOMBRE.
{Toxique naixotîque.)
Synonymie. Vulgairement Amourette francLe ou Tabac mar-
ron. Solanum triste , Linn, Pentandrie Monogjnie. —
Tourn. Ljcopersicon, cl. 2, infundibul. — Juss., famille des
Solanées. — Solanum caule inermi frutescente ; foliis lan-
ceolato-ovatis, subrepandis, glabricymis , brevibus , late-
ralibus, Lam. Jacq. Amer., p. 5o, tab. 4oj f- 2. Solanum
non aculealum de Nicolson. — En caraïbe Onléonmelé ,
Aguaraquja. — En espagnol, Hierba mora. — En portu-
gais, Herva moura. — En anglais, Black nightsbade. —
Nellen-tsjunda , en malabarois. — En créole, Bredes-mo-
relles.
Caractèties génériques. Calice subcanipanulé à cinq
divisions, persistant^ corolle rotacée *, tube très-court:
limbe à cinq divisions étalées. Les anthères sont allon-
i^ées , conniventes , s'ouvrent par un petit trou pratiqué
au sommet de chaque loge , et forment une espèce de
petite pyramide centrale. Baie à deux loges , entourée à
sa base par le calice persistant.
Caractères particuliers. Tiges sans épines sous-
ligneuses -, feuilles lancéolées, oblongues, glabres-, grap-
pes presque en cime.
Histoire naturelle. Cet arbrisseau de peu d'éclat ,
la Morelle aux grains d'or, aux longs bras sinueux,
croît aux Antilles sur le bord des rivières vi parmi les
broussailles. Il y fleurit en mai. Ce genre , type de la
famille des Solanées, fournit des plantes suspectes. Les
propriétés calmantes et narcotiques des espèces de cette
Tome III. — 47* Livraison. l'S
( '56 )
olasse lonr ont fait donner , dit Mordant De Lannay , le
nom de Solaiumi, de solare ^ consoler (adoucir les dou-
leurs). Selon rhorlicnlteur , 4e nom français Morelle dé-
riverait de la couleur noire des fruits de l'espèce la plus
commune \ Mos elle serait en ce cas le féminin de Tad-
jectif wo/'c^^w , qui sert à indiquer la couleur noire d'un
cheval. En Europe on multiplie la plupart des Morelles
par leurs graines semées sur couche au printemps ; Tan-
née suivante ce plant donne fleurs et fruits , si l'on a soin^
de Farroser et de l'exposer au soleil.
Cakactîi'res physiques. Cet arbrisseau s'élève à pvès
de douze pieds. La coideur noire-verdàtre de ses liges et
de ses feuilles lui donne un aspect triste et désagréable.
Ses feuilles sont pointues , alternes , longues de sept à
huit pouces sur deux pouces et demi de large : elles sont
lisses, entières, aiguës à leurs deux extrémités, se ré-
trécissent à leur base en forme de pétiole. Ses fleurs sont
des grappes latérales , portées d'abord sui- un pédoncule
comuîun , épais, long , qui se divise en pédoncules pro-
pres , formant uîie cime presque ombellée. Les fleurs^
sont petites, blanches, nombreuses. Les piemières
fleurs se détachent facilement sans mûrir, ce qui fait
que le pédoncule commun parait comme couvert de
cicatrices. Les baies sont globuleuses , d'un jaune sale ,
renfermant une pulpe glaireuse sucrée , et contenant
beaucoup de petites graines plates et arrondies. Il y a
une variété à fleurs violettes.
AîiALYSE CHIMIQUE. Lcs fcuillcs dc ccttc plautc , frois-
sées entre les doigts , répandent une odeur vireuse et
nauséabonde. Elles fournissent de Fhuile volatile et
de l'extraclif légèrement amer. On doit à M. Desfosses,
( i57 )
pliarmacien à Besançon , la découverte de la Solanine.
C'est dans les baies principalement qu elle se trouve en
abondance ; elle v existe à Fétat de nialale. Pour Fob-
tenir, on traite par Fammoniaque le suc iiltré de ces
baies ^ on détermine par ce moyen la précipitation d'un
dépôt grisâtre. Ce dépôt reçu sur un filtre , lavé et traité
par l'alcool bouillant , donne par Févaporation la base
salifiable qui se trouve assez pure , si on a opéré sur des
baies parfaitement mûres. Mais si on traite le suc des
baies encore vertes , la Solanine reste unie à une certaine
■fruantité de cloropliylle dont on a beaucoup de peine à
ia débarrasser. Etant pure , la Solanine ollre une poudre
blancbe , opaque , nacrée, sans odeur, légèrement amère
et nauséabonde. Son amertume se développe par sa dis-
solution dans les acides , surtout l'acide acétique. Les
sels qu'elle forme avec eux sont incristallisables. Leur
solution offre une masse gommeuse , transparente et fa-
cile à pulvériser. La Solanine est insoluble dans l'eau
froide. L'eau chaude n'en dissout pas 1/8,000; l'alcool
en dissout une petite portion. Elle ramène au bleu ; le
papier de tournesol rougit par les acides ; elle s'unit
même, à froid , avec les acides, propriété que partagent
les alcalis végétaux.
Propriétés délétères. Deux ou quatre grains de
Solanine introduits dans l'estomac d'un chien ont excité
des voniissemens violens , suivis d'un assoupissement qui
a duré plusieurs heures. Si Fhomme avale une petite
quantité de Solanine il éprouve à la gorge un senti-
ment très-vif d'irritation. Portée dans la bouche, elle
offre une saveur nauséabonde , amère , et qui le devient
beaucoup plus , si on dissout la substance dans un peu
d'acide acétique. i3*
( i58 )
Symptômes d'empoisonnement. Voniissemens , ver-
tiges , affaiblissement de la vue , le narcotisme , etc.
Secours et antidotes. Les acides végétaux et bois-
sons mucilagineuses. Dans le cas d'affection soporeuse ,
on fait frictionner tout le corps avec du vinaigre.
Propriétés médicinales. Les Morelles exercent sur
les propriétés vitales du système nerveux une action
sédative comparable à celle de la ciguë et de la jusquiame.
Leur usage prolongé réussit dans le traitement du rliu-
matisme chronique et de Flijdropisie. On n'emploie que
Tacétate à la dose d'un quart de grain. Il produit des
nausées , mais point de tendance au sommeil. Ses pro-
priétés vomitives paraissent plus développées que celles
de Fopium ^ tandis que ses propriétés narcotiques le sont
évidemment moins. On l'emploie pour remplacer l'ex-
trait de Morelle. Le naturels estiment la décoction des
racines dans les fièvres, catliarrcs , strangurie , et en y
ajoutant le cardamoiue''^ ils l'ordonnent comme carmi-
native. Selon eux , le suc des feuilles ou des racines dans
du vin guérit les défaillances et le prurit incommode
qui Hffecle certaines parties du corps. Ils s'en servent à
petite dose pour arrêter les vomissemens , tandis qu'à
rrande dose ils sont excités par cette plante héroïque.
Appliqué extérieurement en cataplasme , le feuillage est
utilement employé dans le gonflement atonique des
glandes et des articulations.
Mode d'administration. La dose de l'extrait est d'un
à cinq grains*, celle de la Solanine d'un à trois grains.
EXPLICATION DK LA PLANCHE CENT QUATRE VINGT-CINQ,
La njynle csi icprtsontée denii-grandt'ur naturelle.
P/. u9Û.
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3ÏOKELLE MA>011F03i3li^. .
( 1% )
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MORELLE MAM^^lIIORME.
( Toxique jiaj'CoUque. )
Synonymie. Vulgairement Morelle molle , Amourelte bâ-
tarde. Pomme -Poison , Pomme-Teton , ou Poire de Ba-
chelier, Mérian Surin., 27, t. 27. — Solanum mammosum ,
Linn. Pentandrie Monogynie. — Tournef , infundibuii-
formes. -Juss. , famille des Solanées. — Solanum caule
aculeato , lierbaceo ; foliis cordalis , angulato-lobatis , utrin-
que villosis , aculeatis, Vir. Cliff. i5, Hort. 4^5. — Sola-
num barbadense, spinosum , annuum; fruetu aureo, ro-
tundiore , pyri parvi inversi forma et magnitudine, Pluck.
Pbjt., tab. 2 25 , f. 1. — Solanum foliorum nervis et acuîeis
flavescentibus , fruclu mammoso. Plum. V. iv, p. 3y.
. Caractères physiques. Corolle en rosette ; antlières
comme coalisées , ouvertes par le sommet par deux pores *,
baie à deux loges.
Caractères particuliers. Tige aiguillonnée . herba-
cée ^ feuilles cordi formes , à angles et lobées, velues
des deux côtés, aiguillonnées. (Annuelle.)
Histoire naturelle. Le dessin de cette plante , re-
marquable par son port et les beaux aiguillons jaunes
dont le dessous des feuilles est armé, me rappelle l'en-
droit fatal , en sortant du Cap ( ile Saint-Domingue ) ,
appelé la Fossette^ où tant de blancs furent impitoya-
blement égorgés par les nègres révoltés. Cette Moreliey
croît en abondance auprès des tanneries et le long des
vieux murs détruits partie par le temps et partie par
rincendie. On Temploie beaucoup en médecine. (Jn la
( 'fio )
cultive en Europe où elle demnndc les mêmes soins que
la précédente.
CarActèties physiques. Cette plante , à nervures et
aiguillons jaunes , s'élève , avec une tige garnie de longs
poils , aiguillonnée et herbacée , à la hauteur de trois à
quatre pieds. Ses épines sont fortes , jaunâtres ^ les unes
droites , d autres un peu recourbées vers leur pointe.
Elle pousse des rameaux peu nombreux. Ses feuilles
sont grandes, la plupart plus larges que longues, en
forme de cœur, divisées en lobes inégaux, anguleux^
velues des deux côtés , garnies de quelques piquans sur
leurs côtes. Ses fleurs naissent éparses sur les tiges et
les branches ; le pédoncule se divise dès sa base en deux
parties. Tune ordinairement uniflore, et l'autre réuni-
fiée de nouveau, et formant un corvmbe. Le calice est
à cinq dents étroites, linéaires, inégales , sans picj[uans ,
chargé de longs poils blanchâtres. La corolle est d'un
bleu pâle , petite ^ il lui succède des fruits jaunes de la
grosseur d'une forte corme renversée.
Akalyse chimique. Cette Morelle exhale une odeur
légèrement fétide, comme tous les narcotiques, et fait
éprouver à la dégustation une saveur fade et herbacée.
Elle fournit une matière amère , nauséabonde , soluble
dans l'alcool , et donnant de l'ammoniaque par la dé-
composition au feu.
Propriétés délétères. Tous les fruits des Solanées
ont une vertu froide et narcotique , ce qui constitue cette
Morelle sédative , anodine et répercussive.
SvMPTÔMrs d'kmpoisoinnemeint. Assoupissement , dou-
leurs du pharynx , inappétence ^ au réveil , ivresse et fu-
rcm , manie avec penchant au suicide. Yeux hagards et
( i6i )
immobiles , visage riant. Paralysie de Tœsopliage. Agita-
tion avec soubresauts, perte de connaissance pendant
vingt-quatre heures. Convulsions en avalant. Excrétion
de sang par le nez et l'anus. Le troisième jour on remar-
que des vomissemens sanguins et purulens , des aphtes
au palais , perte de la vue et de la, parole. Enfin la mort
devient le terme de ces souiTrances , si on néglige d'em-
ployer les moyens avoués par l'art.
Secours et antidotes. Les acides végétaux sont le
contre-poison de toutes les Morelles. C'est ainsi qu'on
peut prescrire une limonade de citrons ou de tamarins ,
une eau miellée avec le sirop de Ketmie acide ( oseille
de Guinée ).
Propriétés MÉDICINALES. Je l'ai administrée avec succès
à dose fractionnée , dans de violentes cardialgies , dans
plusieurs autres douleurs nerveuses, et dans beaucoup
d'affections locales douloureuses , dans la cure des dar-
tres rongeantes, et des autres maladies de la peau , re-
belles aux moyens ordinaires. C'est par sa vertu sédative
qu'elle convient en topiques dans les cas d'ischurie spas-
modique , la strangurie et les douleurs néphrétiques. On
en recommande les topiques contre les brûlures et pour
le soulagement des hémorroïdes.
Mode d'administration. On applique le feuillage de
cette plante calmante , soit en bains , soit en fomenta-
tions ou en cataplasmes sur les abcès douloureux , les
furoncles et les panaris , et particulièrement la décocyon
dans les pansemens des ulcérations doulouieuses des
seins, et dans ceux des ulcères cancéreux. J'ai calmé par
son usage les douleurs atroces de l'ulcération utérine.
J'employais de préférence la décoction du fruil. La dose
( i62 )
à rinlérieur est d'un à deux grains de la poudre sèche
des feuilles. .i
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-SIX.
La plante est au tiers de grandeur naturelle.
1. Fruit coupé verticalement.
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MORELLE MÉLONGÈjNE.
( Toxique naicotique. )
Synonymie. Vulgairement Méloiigène , Aubergine , Mayenne ,
Méringeanne , Béringène , Bréhème. Plante à œuf, plante
qui pond. — Solanum melongena , Lin. , Pentandrie Mono-
gynie. — Tourn. Lycopersicon arborescens, cl. 2. Infun-
dibul. — Juss. , famille des Solanées. — Solanum caule
inermi , herbaceo; foliis ovatis , sinuatis , tomentosis;
ealycibus rariter aculeatis. Lam. illust. Gen. , n. 2348.
Solanum caule inermi , herbaceo ; foliis ovatis tomentosis ,
pedunculis pendulis incrassatis ; ealycibus inermibus. Lin. ,
Syst. veg. 188. — Solanum pomiferum fructu oblongo.
Baub. Pin. 167. — Pluck. Pbyt. 226 , f. 2. — Pjra insana
Caesal. — Melongena ( ovigera ) fructu ovato albo. Hort.
Paris. — Melongena fructu oblongo violaceo. Tourn. inst.
R. h. i5i. En italien , Melanzana^ de malè insana. — En
portugais, Belingela. — En congo , Mecumba. — En mala-
barois , Nila-Barudena.
Caractères génériques. Corolle en roue ^ les anthè-
res souvent réunies, s'ouvrant au sonnnet par deux
trous ^ calice persistant à cinq divisions, ainsi que la
corolle^ ovaire supérieur, arrondi, surmonté d'un style
filiforme, plus long que les étamines^ le stigmate est
obtus. Le fruit est une baie arrondie, quelquefois ovale,
glabre , à deuï loges, entourée à sa base par le calice de
la fleur. Le réceptacle des semences est convexe, charnu,
adiié à la cloison de chaque côté: chaque loge renferme
un grand nombre de semences arrondies , comprimées ,
éparses dans la pulpe.
Caractères particuliers. Tige sans épines, sous-li-
( '64 )
gueuse^ feuilles ovales, velues; pédoncules pendans,
épaissis; calices hérissés d'épines. (Annuelle.)
Histoire naturelle. Le nom ds plante à œuf, piaule
qui pond, a été donné à la Mélongène, à cause de la
ressemblance de son fruit avec celui de la poule. Ce
fruit fonrnit une nourriture très-recherchée dans les
colonies , où il s'en fait une jurande consommation. Il ne
devient préparation culinaire, qu'autant qu'il est par-
faitement mûr ; autrement il est très-acre et astringent ,
ce qu'on reconnaît à la couleur noire qu'acquiert le fruit
coupé et exposé au contact de l'air et de la lumière ; on
prévient cet inconvénient en partageant les fruits en
deux , dans leur longueur, et eu les saupoudrant de sel,
puis en les pressant une heure après , pour eu exprimer
l'eau saturée. Originaire de l'Amérique méridionale,
l'Aubergine se culti.ve dans tout le midi de la France ;
elle conserve ses diverses variétés. On sème les graines
sur couche , dès le mois de mars, ou on repique les plants
dans des pots qu'on enterre dans une couche modéré~
ment chaude. L'Aubergine aime la chaleur et de fréquens
arrosemens ; dans les colonies et dans le midi de l'Eu-
rope , on mange les Aubergines en salade, ou cuites
comme des concombres ; quelquefois coupées par tran-
ches minces, trempées dans l'huile et cuites en pa-
pillotte; d'autres foi^ on fait un hacliis de sa chair, de
champignons, de mie de pain, de lait; on fait cuire cet
amalgame au four de campagne, dans la peau même du
fruit, qui est très-coriace : c'est ce qu'on appelle, dans le
pays, Béringène fai^cie. Les noirs les font bouillir après
les avoir pelées, ou bien ils les font cuire simplement sur
le gril, puis les coupent par quartiers, et les mangent
avec de l'huile et du beurre , du se! et du poivre; cepen-
( i65 )
danl cet aliment, froid et insipide, ne convient pas à tous
les estomacs, il est aussi difficile à digérer que le cham-
pignon, et donne des vents, des indigestions et des fièvres.
Caractères physiques. L'Aubergine a une racine fi-
breuse, peu profonde-, sa tige s'ëlève de douze à dix-
huit pouces de hauteur^ elle est cylindrique, cotonneuse,
surtout vers le haut , roussàtre , quelquefois violette ,
rameuse et herbacée. Ses feuilles sont ovales , termi-
nées en pointe , quelquefois obtuses , entières , sinuées
sur leurs bords , marquées de fortes nervures , et soute-
nues par de longs pétioles. Elles sont plus ou moins
cotonneuses , mais toujours davantage en dessous qu'en
dessus , qui est d'un beau vert foncé ^ les fleurs naissent
sur les branches tantôt solitaires , tantôt portées sur un
pédoncule commun , qui se divise en deux ou trois au-
tres , garnis d'un duvet très-épais et blanchâtre , qui se
voit également sur le calice et sur la corolle. Le calice a
cinq divisions obtuses, linéaires, garnies de quelques
épines rares et courtes. La corolle est d'un bleu pour-
pre , quelquefois rose ou blanche, divisée en cinq. Les
étamines ont leurs anthères grosses et courtes , un peu
rapprochées. A m.esure que le fruit mûrit , les pédon-
cules s'inclinent et se renflent , particulièrement vers
leur sommet. Ce fruit est une baie pendante, très-
grosse, allongée, cylindrique, lisse, kiisanlCj douce au
toucher, un peu ferme , dont la peau est ordinairement
violette, blanche ou jaunâtre. La chair est blanche, et
renferme des semences arrondies ou réniformes , placées
en serpentant.
Analyse chimique. Les fruits de l'Aubergine donnent
les mêmes résultats que l'espèce précédente , si ce n'est
que j'y ai trouvé de plus une certaine quantité d'acide
( '66 )
gallique. Le principe vénéneux qu'ils renferment a une
saveur désagréable qui pourtant est sans danger , puis-
qu'on l'emploie dans les sauces et dans les mets.
PROPraÉTÉs DÉLÉTÈRES. L'Auberginc est évidemment
narcotique, et son suc, pris à l'intérieur, cause des ver-
tiges et tous les symptômes qu'offrent les synoptiques.
Propriétés médicinales. L'usage médical de la Bé-
ringène se borne à des cataplasmes anodins et résolutifs ,
contre les cancers , les hémorroïdes , les brûlures , les
plilogoses externes , enfin dans tous les cas où Ion fait
usage des solanées. Cœsalpin l'appelle Pyro insana, par-
ce qu'il la croyait difficile à digérer, et susceptible de
causer des flatuosités ^ mais cette vertu pernicieuse n'est
point redoutée des créoles qui en mangent à presque
tous les repas , sans en ressentir aucune incommodité.
J'ai vu le suc de l'Aubergine instillé dans ]'oreilIe , ou
fixé sur les dents, au moyen d'un peu de coton, calmer
les douleurs atroces de l'otite etde l'odontalgic. Fockius
a écrit de la Béringène :
Fj'uctibus in patriâ solani narcotica vis est :
India at è contra solanum producit edule ;
Destituunt medicum sic medica mala saporem;
Naturamque nouam Europea in sinibus illa.
O quoque sit jttinam ! vehimur quum per mare ad Indos
Longum iter; infâmes liceat deponere mores !
Mode d'administration. Les feuilles , anodines et ré
solutives, s'emploient en forme de cataplasme.
explication de Ll PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-SEPT
La plante est au tiers de sa grandeur naturelle.
1. Fruit de la variété violette.
2. Graine.
F/.jSS.
Tn«>dore Dcffourfi/x / mu-
J^e^v SciiJp .
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Mfi?ï!Eî.l.K A FKl^ïi;i.>:.S l>'ArAXTïlE.
( ^6; )
xxvvvv\^AA/vv•*vvv\A'\'vvv%^vv\\vvvv\/vvvvwvv\'VVv\^vv'^•vvvvv^«.vvvvvvv^(vvvvvvv\\».^\vv^'v\^v\'vv^'»
M0RELLE A FEUILLES D'ACANTHE.
( Toxique narcotique. )
Synonymie. Amourette blanche épineuse. Roquesie. — Sola-
num arborescens spinosum acantlii folio tomentoso. Fi.?,
p. 3o , vol. \v. — Solanum fructicosum , aculeatum, acantlii
folio, floribus albis, fructu coccineo , vel luteo. Poupée
DespOites. — Solanum Roquesianum, ramulis dicboto-
mis , acantbi foliis petiolatis tomentosis suprà glabris , flori-
Lus albo-roseis, fructibus luteo-coccineis , foliis, caule ,
petiolisque aculeatis. L.
CaractèPvES génériques. Calice suljcampanulé à cinq
divisions , persistant \ corolle en roue \ tube liès-court ^
limbe en étoile -, les anthères conniventes, plus courtes
que le pistil, s'ouvrant par un petit trou pratiqué au
sommet de chaque loge , et formant une espèce de py-
ramide centrale ^ baie à deux loges , entourée à sa base
par le c alice persistant.
Caractères particuliers. Fruit charnu bacciforme \,
tige, feuilles et pétioles garnis d'épines aroites, roides
et jaunâtres.
Histoire naturelle. Qu'il me soit permis de consa-
crer cette espèce peu connue au docteur Roques , eu
reconnaissance des services qu'il a rendus à l'art de gué-
rir. C'est un hommage que j adresse publiquement au
savant auteur de la Phytographie médicale. Cette Mo-
relle élégante se trouve dans les halliers, auprès des an-
ciennes murailles, et sur un sol aride, où la variété de
ses couleurs la fait bientôt remarquer. On la cultive
pour les propriétés médicinales qu'on lui a leconnucs,
( .6S )
et elle exige les mêmes soins que ses cod génères.
Cependant on ne doit point l'employer inconsidéré-
ment.
CàPvâctères physiques. La Morelle à feuilles d'acan-
the offre à l'œil une tige tortueuse de deux pit^ds de
hauteur, dure, ligneuse, quoiqu'annuelle , et hérissée
de piquans jaunes ] ses larges feuilles sont pourvues de
longs pétioles garnis de pointes cordiformes , entières
et divisées en plusieurs loLes obtus, à la manière des
feuilles d'acanthe, vertes dessus, et d'un vert glauque ,
cotonneux en dessous , traversées dans leur longueur par
des côtes garnies de piquans jaunes ou bruns, selon
leur exposition au soleil. Les fleurs portées sur des pé-
doncules étalés , dichotomes , sont latérales , presque
simples. Les fleurs sont d'un blanc mat, glacé de rose,
en forme a'étoiles, à cinq pétales droits-, les étamines
réunies en faisceau, caractère des solanées , sont plus
courtes que le pistil qui les surmonte. Les pédoncules
trui portent les fruits se bifurquent et se recourbent^
ils sont garnis de cinq à sept baies succulentes, passant
du jaune au rouge, à deux loges contenant des graines un
peu aigrelettes.
La racine est moyennement grosse, légèrement velue,
et de couleur brune.
Analyse chimique. La saveur de cette Morelle est
amère , puis douceâtre -, ses baies sont légèrement aci-
dulés , ce qui corrige leur qualité narcotique et la neu-
trahse en partie*, les feuilles ont une odeur fétide et une
saveur herbacée. L'odeur cesse par la dessiccation, mais
le principe amer devient plus prononcé.
Propriétés délétères. Cette plante , donnée à trop
( ^^9 )
tbrte dose, pourrait devenir vénéneuse, et entraîner de
graves accidens qu'on peut prévenir dès les premiers
symptômes de rempoisonnement.
Symptômes d'empoisonnement. Vomissemens, spas-
mes, convulsions , délire , stupeur ])rofonde, sueurs co-
pieuses , salivation opiniâtre , etc.
Secours et antidotes. Le plus sûr moyen de remédier
aux effets délétères de cette Morelle , est d'employer au
début les vomitifs , puis les boissons acidulées.
Propriétés médicinales. On peut trouver dans cette
Morelle un moyen auxiliaire pour combattre les affec-
tions cutanées, mais c'est au médecin à déterminer son
usage , les maladies de la peau devant être traitées d'a-
près Fidiosyncrasie de l'individu et l'état présent de
raffection. Les praticiens des colonies font le plus grand
cas , dans le traitement des rhumatismes , de l'huile
anodine et résolutive que voici :
Prenez : fruits de Morelle à feuilles d'acanthe , une
livre ^ fleurs du INIartynia et du Québec, de chaque,
demi -once ^ huile d'Arachide-, deux livres.
On obtient, en traitant selon l'art, une huile que les
naturels recherchent contre les douleurs arthritiques.
Poupée -Desportes et Chevalier anciens médecins à
Saint-Domingue, prescrivaient souvent, comme résolu-
tive , la tisane de racines d'amourette épineuse à fleurs
blanches, et de quelques feuilles d'avocatier, comme
spécifique des fluxions de poitrine du pays. Je suis loin de
vouloir critiquer cette prescription, mais il me semble
que cette tisane merveilleuse ne peut être employée
dans tous les temps de la maladie. Ils recommandaient
aussi l'application de cataplasmes faits avec les baies de
( 170 )
cette Morelle , et qu ils regardaient comme d'excellens
maturatifs. Cette Morelle peut être remiplacée par le
Solanuni arborescens foliis anguslis et aculeatis, Plum.,
t. IV, p. 3i.
Mode d'administration. On prescrit quatre gros des
tiges, pour deux livres d'infusion ou de décoction^ on
peut ajouter à la boisson un nuage de lait qui la rend
plus agréable. L'extrait se prescrit à la dose de quatre
grains qu'on augmente graduelle oient.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-HUIT.
1. Baie ouverte parle milieu.
P/. iS,^.
J'erce %lcal.
( '7' )
«'l'WWV'V\ WW\^ VWVWWVVVVW\*VWV»VWWVVV> WX VVVvWWVWVWW^'VVW VVVVWWI VW^VWV\4t«KiW
APOCIN A FRUIT HÉRISSÉ.
{^Toxique narcotico-âcie,)
Synonymie. Apocin épineux, Apocvnuni fructu spinoso. —
Liiin. Pentandrie Digynie. — Tourn. Campanif. — Juss.
famille des Apocynées. — Apocynnm scaru.ens siliquis to-
menlosis et aculeatis. Plum. 69. vol. 11. — Apocjnuiïî
scandens siliquis ovatis, aculeatis, foîiis ovato-cordatis. D.
En anglais Milky-Dogsbam.
Caractères génériques. Herbes et arbrisseaux lac-
tesceas ^ feuilles opposées ou verticillées ; sans stipu-
les -, calice à cinq divisions ; corolle monopétale ré-
gulière , ayant l'entrée de son tube unie ou garnie
d'appendices de formes variées ^ cinq étamines libres et
distinctes , tantôt monadelphes et recouvrant l'ovaire ;
le pollen tantôt pulvérulent , tantôt réuni en masses
solides *, pistil géminé ou unique , provenant de la
soudure des deux ovaires ^ le fruit est un follicule sim-
ple ou double , plus rarement une baie. Dans les pre-
mières , le fruit est unilocuîaire et contient un grand
nombre de graines imbriquées , souvent ornées d'une
aigrette soyeuse qui part de la base. Les graines ren-
ferment un embryon plane , avant la radicule supé-
rieure.
Cara'ctères particuliers. Tige grimpante et lactes-
cente ; feuilles opposées, cordifornies.
Tome HI. — 48^ Liçf raison. i4
( l-o )
Histoire naturelle. Pour exprimer le caractère mal-
faisant d'une plante vénéneuse (dit le séduisant auteur
de Paul et Virginie), la nature rassemble des opposi-
tions heurtées de formes et de couleurs qui sont des si-
gnes de malfaisance ^ telles que les formes rentrantes et
hérissées, les couleurs livides , les verts âtres, et frap-
pés de blanc et de noir, les odeurs virulentes. Cepen-
dant au milieu de ces écarts apparens, la nature est tou-
jours bonne mère puisqu'elle place partout le remède à
côté du mal : le sol offre à chaque pas des antidotes
propres à neutraliser les effets délétères de ces plantes
suspectes. La reproduction de cette classe est curieuse :
dans les Apocins le fruit s'ouvre , les graines se diver-
gent en aigrette et le vent les emporte , ce que Castel a
très-bien décrit dans son poëme sur les plantes, où il dit
avec grâce :
L'une a pour s'élever des panaches mobiles,
L'autre ,
Une aigrette plumeuse ou des ailes agiles.
On se sert du duvet cotonneux qui adhère aux se-
mences , quoique très-court , dans la fabrication des
chapeaux et des étoffes , en le mêlant au coton et à la
laine, etc.
Caractèires physiques. Cet Apocin a une tige grim-
pante dont les feuilles sont en forme de cœur , peu
épaisses , opposées , blanchâtres , cotonneuses en des-
sous, et vertes en dessus. Les fleurs disposées par bou-
quets sont rougeàtres. Les fruits , deux à deux, sont de
forme ovoïde , revêtus d'aspérités et renfermant des se-
mences aigrettées. Le fruit est couvert de deux écorces ,
( '73 )
îa première est verte et membraneuse *, la seconde est
mince , unie et de couleur jaunâtre ^ elles contiennent
Un duvet cotonneux adhérent aux semences , et qui est
peu susceptible d'être filé parce qu'il est trop court.
Analyse chimique. Le suc laiteux de cet Apociii con-
tient de la résine dure , du caoutchouc , une matière ex-
tractive , une substance glutineuse , de l'aibumine et un
peu d'acide tartrique : eau 60,9 parties sur cent. Les
graines , racines et écorces sont amères et fournissent
du tannin et un extractif particulier.
Propriétés délétères. Les apocynées eu général ont
un principe acre et stimulant ^ ces plantes lactescentes
ont beaucoup de rapport avec les Cerbera. Dans les
premiers temps de l'envahissement de Saint-Domingue
par les flibustiers , ils employaient le fruit comme
épreuve judiciaire sur les individus accusés de crimes
non prouvés ^ s'ils ne succombaient pas à l'action de ce
breuvage mortel, ce qui dépendait de la quautité et delà
disposition de l'accusé, il était alors déclaré innocent. Ce
suc agit en déterminant une phlogose intense des or-
ganes avec lesquels il est mis en contact , et par suite
une excitation vive du système nerveux : il agit plus
sûrement étant ingéré que par l'absorption.
Symptômes d'empoisonnement. Le suc de cette plante
obtenu en triturant les feuilles avec de l'eau , étant in-
troduit dans l'estomac, enflamme toutes les membranes
qu'il atteint ^ Tanière -bouche est rouge seulement, mais
les désordres sont plus effrayans si l'on examine les vis-
cères où ce suc caustique a séjourné -, c'est pourquoi on
y observe des ecchymoses formées par du sang extra-
«4*
( '-4 )
vase du tissu sous-muaueux j quelquefois de véritables
eschares gangreneuses ; quelquefois il Y a perforation de
l'estomac , comme je l'ai observé chez un jeune nègre
qui avait été victime sinon de sa gourmandise, au moins
de sa curiosité. L'estomac et le rectum sont toujours le
siège de l'inflammation , tandis qu elle n'offre aucune
trace dans les intestins grêles.
Secours et ain^tidotes. Vomitif doux s'il n'y a point
trop d'irritation et si l'on soupçonne le poison d'être
encore dans Tistomac. Boissons gommeuses et acidu-
lées.
Propriétés médicinales. D'après la dose plus ou
moins forte de ce suc 1 liteux, il agit comme vomitif ou
comme catliartique, mais son emploi laisse toujours des
traces brûlantes de son passage sur les membranes qu'il
plilogose : c'est donc un véritable poison à une dose un
peu élevée , à dix ou douze grains par exemple. Le suc
laiteux des Apocins, appliqué extérieurement, est dépila-
toire. Les vieux nègres des colonies regardent comme
un puissant diurétique la décoction des feuilles, de l'é-
corce et de la racine dans les liydropisies désespérées.
Ils pi éparent ainsi la racine de cette plante après l'avoir
mise en poudre. Prenez : raciues sèclies d'Apocin, une
once, oxiniel , une livre ; la dose est d'un gros tous les
matins. Les feuilles pilées et appliquées en cataplasmes
sont regardées comme résolutives et recommandées par
les praticiens contre Tengorgement des glandes lympha-
tiques.Quelques médicastres préparentdesbains généraux
avec le feuillage de cet Apocin et celui du Tahernœmon-
tana îactescens, décrit au premier volume de cette Flore ,
dans les douleurs rhumatismales ou arthritiques.
(.75)
Mode d'administration. La dose de l'oxiinel apociné
est d'un gros. A l'extérieur , uue poignée des fleurs ,
feuilles et racines.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-NEUF.
I. Graine. .
Nota. -—Depuis l'impression de la quarante-septième
livraison , M. Bonastre m' ayant communiqué l'analyse
récente du Solanum manimosinn faite par B. Morin ,
pharmacien à Rouen , et indiquée dans le Journal de chi-
mie médicale , pharmacie et toxicologie -, je m'empresse
delà transcrire. (Février iS^S, p. 84.)
Selon M. Morin la Morelle mammiforme contient :
i". De l'acide malique libre ^
2°. Du malate de solanine \
3°. De l'acide gallique ^
4*. De la gomme ;
5°. Une matière colorante jaune -,
6°. Un principe nauséabond ayant quelque analogie
avec le principe nauséeux des légumineuses 5
7". De l'huile volatile en petite quantité 5
8*. De la fibre ligneuse 5
9"^. Enfin quelques sels minéraux.
( '76)
VV%VVVVVV'.V>A/VVvVVvVVlVVVWVVVVk/VVVVVi\<VVVV«AfVVVVVVVVVVVVVtVV vvvvvvvvv^vv vwvwtwvwwx «v^wtr
APOCIN TACHETÉ.
(^Toxique narcotico-âcre.^
)
Synonymie. Vulgairement Corne-Cabrît. Liane à Cabrit. —
Apocynum maculatum, Linn. Pentandrie Digjnie. — Juss»
famille des Apocynces. — Apocynum scandens silicis ma-
culosis et fructu maculoso. Plum. vol. 2, p. 74.
Caractères génériques. Plantes à fleurs monopéta-
lées , ayant beaucoup de rapports avec les Asclépiades ,
les Echiles, les Périploques , dont les fleurs sont dispo-
sées par bouquets presque corynibi formes, petites, mais
agréables à la vue ^ calice monopliylle, petit, persistant
et à demi divisé en cinq parties \ corolle monopétale ,
campanulée , courte , dont les cinq découpures sont
quelquefois roulées en dehors \ cinq corpuscules ovales
qui entourent les ovaires -, cinq étamines à filets courts
et soutenant des anthères oblongues, droites , pointues,
conniventes \ stigmates plus grands que les ovaires. Le
fruit est composé de deux follicules longs, acuminés ,
unilocul aires , s'ouvrant chacun d'un seul côté par une
fente longitudinale, renfermant des semences très-pe-
tites , nombreuses, ornées d'une longue aigrette soyeuse
et attachées autour d'un placenta libre et en alêne.
Caractî:res particuliers. Fruits débiscens , quel-
quefois solitaires , mais ie plus souvent réunis deux à
deux par la base.
^y- <y"
J'en fi e J'.itJp .
( >77 )
HiSTOiuE 2SAT1TRELLE. L'Apociii Come-Cabrît croît
aux lieux incultes , sur les mornes arides où l'on remar-
que ses tiges flexibles et tortueuses, se détachant des ro-
chers caverneux et pendantes en festons balancés par
Tair, attirer les chèvres légères qui les saisissent adroite-
ment au milieu de leurs oscillations.
D'autres aux trônes mousseux, à la branche légère,
Ont confié l'espoir d'un mutuel amour.
Tout le monde sait qu'on désigne sous le nom de Ca-
hrit une espèce de chèvre à poil ras et à petites cornes
recourbées, commune aux Antilles, où l'on en rencontre
des troupeaux immenses. La vaste habitation de M. Ros-
signol Desdunes père, aïeul de mon épouse, et appelée
l'Etable, canton de l'Artibonite, lie Saint-Domingue , la
plus richeen végétation que j'aie jamais rencontrée, offrait
d'immenses pâturages à des milliers d'animaux de toute
espèce : elle avait quatre lieues de superficie, et elle était
bordée parla mer, la rivière limoneuse de l'Artibonite,
la rivière limpide et profonde de l'Esterre , enfin par la
grande route. C'est là que je formai mes belles collec-
tions d'histoire naturelle dans les trois règnes , et c'est
là qu'on eut la barbarie de les livrer aux flammes à mes
pieds , après m' avoir attaché au fatal poteau où je devais
être massacré.
Caractères physiques. La tige de cette plante grim-
pante est ligneuse , les feuilles sont cordiformes et d'un
vert obscur , les fleurs sont blanchâtres et remplacées
par des fruits déhiscens , quelquefois solitaires , mais le
plus souvent attachés deux à deux par la base*, ils sont
de forme cylindrique, beaucoup plus longs que larges ,
recourbés , lisses , d'un vert glauque et poudreux, mar-
( '78 )
qués ça et là de taches différentes-, ils s'ouvrent en deux
dans toute leur longueur lors de leur maturité, et laissent
échapper des graines aigrettées et cannelées.
Pour toujours exilé , peut-être , de ces belles pro-
priétés, de ce paradis terrestre, séjour enchanteur pour
un peintre et un ami de la nature, je puis répéter d'après
Tityre :
Et vous chèvres, jadis mes compagnes heureuses ,
Je ne vous verrai plus sur la croupe des monts ,
Pendre du haut des rocs bérissés de buissons ,
Et tandis que je chante au bord d'une onde pure,
DeVjdpocin-Cabritéhrancher la verdure!!!
Delille.
Analyse chimique. Le suc laiteux contient une résine
acre , du caoutchouc , une substance extractive amère ,
une gomme jaunâtre, de l'albumine, de l'eau, delhuile
grasse , et de l'acide tartrique en petite quantité.
Propriétés délétères. Les anciens Caraïbes empoi-
sonnaient leurs flèches avec l'extrait des Apocins qui
sèche sur le fer et forme un enduit. Lorsqu'ils voulaient
se servir de ces flèches , ils humectaient le fer avec leur
salive. A petite dose le suc laiteux de cet Apocin paraît
enivrer ; à moyenne dose il cause un délire furieux ^ à
forte dose il donne la mort.
Symptômes d'empoisokkemeist. Fièvre violente , pal-
pitations, convulsions, perte de connaissance , au réveil
esprit aliéné, mort au bout de vingt-quatre heures.
Secours et antidotes. Deux jeunes négresses qui ,
par un dépit amoureux, voulurent s'empoisonner toutes
deux , prirent le suc d'Apocin qui devint mortel poui- la
plus jeune parce qu'elle ne voulut rien prendre, tandis
( '79 )
que je sauvai l'aînée au moyen d'un vomitif et d'une
infusion aromatique acidulée.
Propriétés médicinales. Les pharmacopées améri-
caines signalent la Liane à Cabrit comme émolliente et
relâchante. Les auteurs prétendent que le suc visqueux
et laiteux qui en découle, appliqué sur les piqûres, en
fait sortir les épines ou autres corps étrangers qui y ont
pénétré. Minguet, ancien habitant de Saint-Domingue
qui s'est occupé toute sa vie de l'étude des plantes
usuelles de cette colonie, recommandait l'application de
ce suc dans l'hémorragie des blessures.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATUE-VINGT-DIX.
La plante est représentée demi-grandeur naturelle.
1. Fruit coupé transversalement.
( >8o )
VV^;<*^XVVVV\VVVVV»VVVVVVVV»VV»VVVVV»VVVVVVVVVVVVVVVVVVVV»VVWV'VVVVVVVV**VVV\'VV\'V^
APOCm CITRON.
( Toxique narcotico-âcre. )
Synonymie. Vulgairement Tue-Chien. Apocynum citrifo-
lium , Linn. Pentandrie Digynie. — Juss. Apocjnées. —
Apocynum scandens majus siliquis citri-formibus. Pluni.
fig. B. A., pi. 73, vol. 2. — Periploca scandens foiiis con-
volvuli. Poup.-Dcsp,
Caractères génériques. Calice monophylle , petit ,
persistant et à cinq divisions ^ corolle monopétale , cani-
panuîée , courte , divisée en cinq parties roulées en de-
hors 5 cinq corpuscules glanduleux placés à la base in-
terne de la corolle •, cinq étamines dont les filets sou-
tiennent des anthères bifides et qui ne sortent pas de la
fleur ; deux ovaires supérieurs dont les styles ont leurs
stigmates bilobés-, le fruit est composé de deux folli-
cules longs , acuminés , uniloculaires , s'ouvrant par
une seule fente longitudinale, contenant des semences
fort petites, fort nombreuses, aigrettées et attachées au-
tour d'un placenta libre et en alêne. Toutes les parties
de cette plante donnent un suc laiteux vénéneux.
Caractères particuliers. Feuilles opposées, ovales,
auriculées *, fleurs stelliformes.
Histoire naturelle. Les Apocynées sont réputées
vénéneuses principalement pour les chiens s'il faut s'en
rapporter à l'étymologie qu'en donne M. Dclauiiay dans
son Almanach du bon jardinier, qu'il compose de yJpo ,
Longé , gare , Kjon , Canis , Chien , ce qui le fait ap-
/y
JOJ.
T'Â^*.^t\* Mej'countûi. /^ui .
J*i*ree Jru^'
AFOCIN riTltON
( i8i )
peler Tue-Chien. On cultive les Apocyuées dans les
bonnes terres un peu légères -, il faut les arroser à rap-
proche de la floraison , et pendant l'accroissement des
fleurs, elles demandent un moyen soleil de préférence à
une exposition en plein midi ^ on les multiplie de graines
semées en mars , ou par l'éclat des pieds après que la
plante a donné ses graines. Ces plantes demandent l'o-
rangerie.
Caractères particuliers. Cette espèce rampe comme
la précédente^ les tiges ont la même grosseur et la même
longueur ^ elles sont fort unies , dit Plumier, grises et
garnies à chaque nœud de deux feuilles opposées , de
même grandeur et figure , quoiqu'elles soient un peu plus
enfoncées vers le pédicule 5 les fleurs sont steliiformes ,
rougeâtres , et les fruits qui pendent au bout de quel-
ques branches fort courtes, sont jaunes et ressemblent
très-bien à des citrons raboteux , relevés par des arêtes
et composés d'une écorce mollasse , très-blanche , lai-
teuse en dedans et marbrée au dehors de vert et de
jaune, renfermant dans le milieu un amas un peu plus
grand qu'un œuf de plusieurs semences écailleuses roux-
tannées et ornées chacune d'une petite aigrette très-
blanche.
Analyse chimique. Mêmes principes que ses congé-
nères.
Propriétés délétères^ Les blessures faites par des
flèches chargées du suc des Apocins sont mortelles ,
tandis que la décoction des feuilles de la même plante
est seulement purgative. La mort est plus prompte en-
core si le venin est parvenu à la circulation par intUvS-
susception. Les chairs des animaux ne contractent au-
( 18^ )
cune propriété malfaisante pourvu qu'on enlève le mor-
ceau qui a été en contact avec le poison.
Symptômes d'empoisonnement. Mal de gorge , inap-
pétence ; au réveil , ivresse et fureur : yeux hagards et
immobiles , visage riant, paralysie de l'œsophage*, d'au-
tres fois agitation convulsive, perte de connaissance ; vo-
missemens et déjections sanguines.
Secours et antidotes. Si l'on est appelé à temps, on
doit d'abord recourir à un vomitif, puis à de la limo-
nade de tamarins , ou à toute autre boisson acidulée.
S'il y a afl'ection soporeuse , on fait frictionner le corps
avec du vinaigre. Les absorbans réussissent quelquefois
à l'intérieur.
Propriétés médicinales. Les végétaux vénéneux pris
à l'intérieur, avec une sage réserve, semblent entraver la
marche des maladies chroniques en emoussant la sensi-
bilité organique. C'est ainsi que Ton prévient par leur
usage les accidens qui déterminent plusieurs espèces de
phthisies. Le suc de cet Apocin, pris à l'intérieur, fait di-
later la pupille, ainsi que tous les narcotiques. On a re-
marqué que les espèces vivaces ont plus d'énergie que
les espèces annuelles, et qu'il faut les administrer à
moindre dose. Poupée-Desportes, médecin à Saint-Do-
mingue, et Minguet le naturaliste, faisaient infuser au
soleil une grande quantité de ces feuilles dans une bai-
gnoire : ils attribuaient à ces bains une vertu fébrifuge.
Mode d'administration. La dose du suc comme vo-
mitif est de lo à 12 grains en trois doses, à demi-heure
de distance , et celle des feuilles est de plusieurs poi-
gnées.
explication de la planche cent quatre-vingt-onze.
1. Graine.
T'Aeoaori' /h\i\-ou/-/t7\ y'r/t,r .
Y.Vin TE TOliliU Lie l/.SK
8?) )
«VWWVWvWvWiWV\'WWW^WV>VWV^^WV-. VXivV^WVWWW vWVVVvV\% \V.\WW«WbVV^VVi%V«>%^
ECHITE TORULEUSE.
( Toxique narcotico - acre, )
Synonymie. Vulgairement Liane Mangle. — Echites torulosa.
Linn. — Pentandrie Monogynie. Juss. Famille des Apocy-
nées. Echites pedunculis subracemosis , foliis lanceolalis,
acuminatis (folliculis torulosis.) Lin. Jacq. Amer. 33 t. 27,
Pict. 22, t. 34- — Apocynum scandens , foliis amygdali , si-
liquis emeri. Plum. Spec. 2 , Burm. Amer, t. 27 , f. 1 • —
Tournef. 92. — Nerium sarmentosum scandens , ramulis
tenuibus , folliculis gracilibus, torosis. Brown. Jam. iSi,
t. 16, r. 2. — Periploca siliquis angustissirais etlongissimis
scorpioidis. Poup.-Desp.
Caractères génériques. Plantes ligneuses, sarmen-
leuses et grimpantes, à suc propre laiteux, à feuilles
simples et opposées, à fleurs infundibuliformes, pédon-
culées et axillaires , auxquelles succèdent des follicules
géminés, longs, la plupart cylindriques, contenant des
semences à aigrettes \ calice à cinq découpures pointues;
corolle infundibuiiforme beaucoup plus longue que le
calice ; cinq glandes environnant les ovaires ; cinq éta-
mines non saillantes hors de la fleur, à filamens attachés
au tube de la corolle; anthères oblongues, convergentes ;
deux ovaires supérieurs surmontés d.\in seul style
pourvu d'un stigmate à deux lobes. Pour finit deux fol-
licules longs, grêles , uniloculaires , univalves et conte-
nant des semences aigrettées , imbriquées autour d'un,
placenta libre et longitudinaL
( i84 )
Caractères particuliers. Pédoncules presque à
grappes ; feuilles lancéolées , aiguës. Jamaïque. (Vi-
vace. )
Histoire naturelle. On a donné à cette plante le
nom de Liane mangle parce qu'elle se trouve au milieu
des mangles et des palétuviers qui bordent le rivage
de la mer. Elle s'y multiplie à profusion et ne souffre au-
tour d'elle aucune sorte d'herbes. Le coton de ses grai-
nes est court, mais en le mêlant à d'autres produits de
plantes à filature, il offre encore quelque avantage.
Cette plante cultivée en Europe demande un bon ter-
rain \ mais elle produit avec peu de terrain de quoi en-
semencer cent fois davantage. Les graines en Europe
sont mûres en août et s'ouvrent en septembre. Quelques
voyageurs prétendent que l'écorce et la partie ligneuse
de cette Ecbite sont semblables à celles du lin et du
chanvre , et qu'elles peuvent les remplacer en les fai-
sant rouir et en les préparant de même que ces plantes
d'Europe. La filasse que fournit cette écorce ainsi pré-
parée, est souple , fine et d'une blancheur qui lui per-
met d'être employée à faire des toiles. N'ayant pu véri-
fier ce fait, je ne le donne pas pour certain.
Caractères physiques. Cette espèce est remarquable
par ses fruits grêles, toruleux et comme noueux , à la
manière de ceux des Coronilles \ ses tiges sont ligneuses,
menues , cylindriques , volubiles et grimpantes ; ses
feuilles sont glabres, pétiolées, lancéolées, pointues,
longues d'un à deux pouces^ les fleurs sont petites , de
la figure d'une croix de Malte, elles naissent environ
six ensemble en bouquets ombelliformes , pédoncules et
axillaires. Les fleurs sont blanches ou purpurines et assez
( >85 )
semblables à celles du Jasmin , sinon que les pétales
sont tronqués. C'est au père Plumier que l'on doit
leur découverte. Les follicules sont presque filiformes et
ont plus de six pouces de longueur.
Analyse chimique. Les produits sont les mêmes que
ceux des Apocynées.
Propriétés délétères. Le suc concret de l'Echite
toruleuse est vénéneux à haute dose, et détermine une
violente irritation des organes avec lesquels elle est mise
en contact , et par suite une vive excitation du système
nerveux. Il est rarement absorbé , et agit plus tôt lors-
qu'il est introduit dans l'estomac.
Symptômes d'empoisonnement. Yomissemens , syn-
cope , délire et autres signes propres aux narcotiques.
Secours et antidotes. Eau gommeuse acidulée.
Propriétés médicinales. Quelques médjcastres font
entrer dans leurs compositions mystiques la décoction
des jeunes pousses et des jeunes rameaux de cette plante
pour la guérison des maladies vénériennes. L'Echite
offre une propriété émé tique ou purgative due au suc
propre laiteux et très-abondant, qui découle, à la moin-
dre déchirure, de la tige, ou à la trituration des feuilles.
Les nègres se purgent aussi avec les graines : elles sont
huileuses, d'une saveur d'amande*, mais elles deviennent
nauséabondes, provoquent des évacuations copieuses cl
accompagnées de coliques si la dose est trop forte.
Mode d'administr\tion. La dose du suc laiteux con-
crète est de 12 a i5 grains pris en trois doses , à demi-
heure de distance. L'infusion des feuilles à froid et à
( i86 )
petite dose est purgative; à moyenne dose elle est énrié-
tique.
EXPLICATION DE LA PLÀIVCHE CEINT QUATRE-VINGT-DOUZE.
/
La plante est réduite à moitié de g^randeur.
/'/f:-'**-/f/i' /?<VW/v/-///t /^t/t.V
( '8? )
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CAMÉRIER A FEUILLES LARGES.
( Toxique narcotico - acre. )
Synonymie. Cameraria latifolla. Lin. Pentandrie Monogjnie.
Juss. Famille des Apocynées. Cameraria foliis ovatis utrin-
què acutis transversè striatis. Lin. Mill. Jacq. Amer. 87,
lab. 182, f. 86. — Cameraria lato mjrti folio. Plum. Jen. 18.
Icon. 72, f. 1. — Cameraria arborea foliis ovatc-acumina-
tis,nitidis, rigidis, reflexis. Brown. Jam. 182 En anglais,
Camerary.
Caractères génériques. Feuilles simples et oppo-
sées •, fleurs contournées ; follicules géminées contenant
des semences munies d'ailes membraneuses. Calice mo-
nophylle , très-court et à cinq dents ^ corolle infundi-
buliforme , à tube renflé à sa base et à son sommet , à
limbe plane , partagé en cinq lobes lancéolés , tournés
un peu obliquement. Cinq étamines petites \ anthères
conniventes ^ ovaire supérieur à deux lobes , stigmate
bifide ou à plusieurs crénelures. — Follicules oblongs ,
comprimés , liastés , ayant deux lobes opposés à la base ,
écartés horizontalement l'un de l'autre , univalves , ren-
fermant plusieurs semences ovales , aplaties , terminées
par une aile membraneuse et embriquëe.
Caractères particuliers. Feuilles ovales, aiguës des
ToMR m. — 49*^ Livraison. i5
( .88 )
deux côtés, striées transversalement. Fruits folliculaires,
lancéolés , uni valves.
Histoire naturelle. Cet arbre suspect croît dans les
forêts humides de l'Amérique méridionale où il fournit
aux malfaiteurs un suc vénéneux dont souvent ils font
une dangereuse application. La couleur tannée de ses fruits
semble prévenir le voyageur de ses qualités malfaisan-
tes : aussi regrette-t-on de lui voir disputer le terrain aux
lianes bigarrées et utiles qui offrent tant d'avantages à
l'homme.
Tel un insecte impur , caché dans nos fontaines ,
De leurs plus belles eaux empoisonne le cours.
Chenedollé.
Les nègres marrons préparent avec le suc laiteux
qui transsude de cet arbre un poison dont ils endui-
sent la pointe de leurs flèches , et qui a beaucoup de
rapport avec le poisou apprêté par les Galibis de la
Guiane et appelé Woorara, dont ces sauvages arment
leurs sarbacanes pour abattre les singes qui peuplent
leurs forêts, ou dévastent leurs vergers. Les animaux
frappés de ces flèches empoisonnées éprouvent en tom-
bant des convulsions horribles qui prouvent que le poi-
son acre agit sur le système nerveux. Cependant on peut
manger la chair des animaux frappés de ces flèches , si
l'on a eu soin d'enlever la partie qui se trouve en con-
tact avec le poison. Les nègres marrons font un extrait
presque sec du suc du Camérier , qu'ils mêlent avec les
sucs de Cei bera Allouai des Antilles et des Mancenilliers ^
( -89 )
ils renferment dans des feuilles du balisier , et le trans-
mettent à leur famille pour des usages homicides.
Cette plante a été consacrée par Plumier , à Caméra-
ria , botaniste célèbre du seizième siècle , qui , le pre-
mier , a figuré dans ses écrits les détails de la floraison et
de la fructification.
Ca«actères physiques. Cet arbre élevé , rameux et
d'un aspect sinistre , abonde en un suc laiteux très-
blanc. Son tronc est droit et épais ; ses petits rameaux
sont la plupart fourchus *, ses feuilles sont opposées ,
pétiolées , ovales, acuminées , très - entières , un peu
roides , luisantes , et remarquables par des stries paral-
lèles et transversales. Les fleurs sont blanches, pédon-
culées , et terminent les rameaux. Les fruits , d'un jaune
tanné , sont posés horizontalement , à la base l'un de
l'autre , et ont la forme d'un gros gland strié , mais
aplati d'un côté et convexe de l'autre.
On trouve encore aux Antilles le Camérier à feuilles
linéaires , et celui à fleurs jaunes dont les propriétés
sont analogues. ,
Analyse chimique. Le Camérier donne par sa décom-
position les mêmes principes que les autres apocynées ,
c'est-à-dire le suc laiteux : résine dure , caoutchouc ,
matière extractive , substance gliitineuse , de l'albumine,
et de l'acide tartrique . enfin de l'eau.
Propriétés délétères. Il paraît , d'après des expé-
riences réitérées que j'ai été à portée de faire, que le suc
du Camérier porte spécialement son action sur le sys-
i5'
( 190 )
tènie nerveux , et particulièrement sur le cerveau ^ et
qu'il agit aussi par la voie de l'absorption.
Symptômes d'empoisonnement. Inflammation des mem-
branes muqueuses , etc. ^ autres signes propres aux apo-
cynées.
Secours et antidotes. Les boissons gommeuses et
acidulées.
/
Propriétés médicinales. Je ne lui en connais pas.
EXPLICATION PE LA PLAWCHE CENT QUATIIE-VINGT-TREIZE.
1. Gousse.
î?. Graine ailée.
/y. z<i4
2'^f»^re Z^krenuT'li^TL. J^inay .
K^rPiiOllBE ÀBMArTÉE.*^ KrAlILATES.
( -9' )
WVVVVV«VVVV«VVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVWVVVVVVVVVVVVVVViVVVVVVVV»VVVVVVVVVVVVV\M^«VVVVk'«VVVVVVVV
EUPHORBE A BRACTÉES ÉCARLATES.
( Toxique narcotico-âcre. )
Synonymie. Fleur de Feu. — Euphorbia Punicea. Jacquin ,
3 vol., p. 5, pi. 4^4- Icon. des PI. rares. — Linn. Dodécan-
drie Trigynie. Juss., classe des Euphorbes. — SwartzProd.
— Ait. Kew. 2, p. i43 — Euphorbia umbellâ quinquefidâ,
trifida, involiicellis ovalibus, acuminatis , coloratis , capsu-
lis glabris , foliis obovato-lanceolatis^subtùsg'laucis. Swartz.
Flor. Ind. Occid., 2, p. 873. — Smith, Icon. pict. 3, tab.3.
Jacq., Icon. Pvar. 3, tab. 484? etc., col. 2, p. 179.
Caractïeres génériques. Corolle de quatre ou cinq
pétales , assise sur le calice 5 calice nionopliylle , ventru *,
capsule à trois coques , pédicellée , élastique.
Caracter.es particuliers. Ombelle quinquéfide , tri-
tide \ involucelles ovales , acuminées , colorées \ capsules
glabres ; feuilles lancéolées cunéiformes, glauques par-
dessous.
Histoire naturelle. On rencontre cette Euphorbe
sur diverses montagnes de la Jamaïque , de Cuba , de
Saint-Domingue et des autres Antilles , au milieu des
broussailles et des lierres , où Féclat de ses fleurs la fait
( '9^ )
bientôt remarquer. Les fruits et les feuilles, jetés dans
l'eau , enivrent les poissons qui surnagent à sa sur-
face , comme s'ils étaient privés de la vie , ce qui laisse
aux peclieurs le temps de les prendre. On peut les man-
ger sans danger, après les avoir vidés.
Caractères physiques. Les tiges de celte Euphorbe
superbe sont ligneuses , et s'élèvent à quinze ou vingt
pieds , rameuses à leur sommet ^ l'écorce est d'un gris
argenté , portant ça et là les vestiges des anciennes feuil-
les. Les rameaux sont lisses , dicliotomes , étalés , ren-
flés à leur bifurcation ; ils portent , vers leur sommet ,
des feuilles agrégées , presque sessiles , ovales , lan-
céolées , à peine aiguës , pendantes , d'un vert foncé en
dessus, et marquées de nervures horizontales très- régu-
lières ^ glauques en dessous , souvent d'un rouge écarîate
à leur base ^ les ombelles droites terminales , à cinq
rayons trifides , pubescens -, les involucres partiels com-
posés de deux folioles sessiles , oblongues , acuminées ,
entières , d'un beau rouge -, les fleurs jaunâtres : le calice
ventru , pubescent , pileux en dedans -, cinq à six pétales
jaunes , tronqués , persistans , insérés sur les bords du
calice ^ douze à quinze étamines entremêlées avec des
filets nombreux ^ l'ovaire pédicelle , incliné , d'un vert
rougeâtre *, le style rouge, trifide à son sommet; les stig-
mates noirs , obtus \ les capsules glabres , arrondies , de
la grosseur d'une petite cerise \ les semences glabies et
brunes.
Analyse chimique. Cette Euphorbe répand un suc
laiteux qui fournit une résine acre \ un peu de caout-
chouc , une substance extractive , une gomme jaunâtre ,
( '93 )
de l'aJbumine , de l'eau , de l'huile grasse , et de l'acide
tartrique en petite quantité.
Propriétés délétères. Les semences de cette Eu-
phorbe doivent leur âcreté à un principe vénéneux qui
réside dans l'embryon , propriété que partage le suc lactes-
cent qui découle de toute la plante incisée , lequel est de
nature gommo-résineuse.
Symptômes d'empoisonnement. Inflammation de la
langue et de la cavité buccale ^ vésication , vomissemens
et superpurgation ^ convulsions , etc.
Secours et antidotes. Saignées , mucilagineux , opia-
cées, et surtout boissons acidulées.
Propriétés médicinales. L'Euphorbe rouge ainsi que
ses congénères est émélique , drastique et caustique. Sa
semence offre un violent purgatif aux nègres qui la re-
cherchent , malgré les dangers qui surviennent à son
imprudente administration. Le suc laiteux de la plante ,
appliqué sur les verrues , les ronge et les dissipe. Quatre
grains du suc de cette Euphorbe , malaxés avec de la
magnésie , sont ordonnés avec avantage dans la syphilis
par les praticiens du pavs. Comme topique , le suc lai-
teux de cette Euphorbe est administré , avec certain
succès , dans le traitement de la teigne , et contre cer-
tains cas d'odontalgie , comme épispaslique , car il est si
causlitjue qu'il sert souvent aux négresses de dépilatoire.
Mode d'administration. La dose des graines est de
une à quatre au plus , encore un médecin prudent doit-
( '94 )
il bannir de son domaine cette médication trop héroïque.
Leur teinture alcoolique se prescrit par gros dans Thy-
dropisie. On ne doit jamais employer ces graines qu'a-
près les avoir fait sécher ou torréfier.
EXPLICATION DELA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-QUATORZE.
Partie supérieure de la tige fleurie , moitié de grandeur
naturelle.
1. Une fleur.
OHFÏLÎE CKTADILLE .
Pffeu Scu/^.
95 )
vwv wvvww v%%vv\A\vvvvvv^\\^\^v^^'vvvvvvv\vvvvvvvvvvvv^/vvvvvvv'Vv'Vv vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv vvv
ORFILIE CÉVADILLE.
( Toxique corrosive. )
Synonymie. Vulgairement Cébadille, Poudre de Capucin.
Veratrum Sabadilla. Linn. Polygamie Monoécie. Jus s. Mo-
noeotjlédones , famille des Juncinées. — Colchicacées de
De Candolle. — Veratrum Sabadilla. — Veratrum race-
mo spicato , simplici , floribus secundis , pedunculatis ,
subnutantibus. Retz., Obs. bot., pars i, p. 3i, n. 107. —
Gmel.j Syst. nat., vol. 1, p. 689, n. 4- — Veratrum Saba-
dilla , racemo simplici; floribus secundis , subnutantibus.
Wild. Spec. Plant., vol. 4î P« 897, n. 5. — Orfilia racemo
simplici, floribus hermapbroditis , spicatis, secundis, sub-
nutantibus , fructibus tripbyllis. D.
CARACTiiREs GÉNÉRIQUES. Plante monocotylédoiie ,
à fleurs polygames, à feuilles ovales nerveuses^ des gai-
nes oblongues , entières ^ fleurs polygames disposées en
panicule ; calice (ou corolle) à six découpures égales,
colorées \ six étamines -, trois ovaires distincts ^ trois styles
courts :, trois capsules oblongues à deux valves -, plusieurs
semences membraneuses. (Encycl. )
CARACTi:RES PARTICULIERS. Flcurs hermaphrodites et
quelquefois mâles par avortement de Tovaire ; fruits à
trois loges , contCDant chacune tiois semeiKcs obtuses
( -96)
à l'une des exlrén}ités , et presque imbriquées , retenues
par un pédicule très-court à la suture intérieure.
Histoire naturelle. J'ai cru devoir rendre hommage
aux belles découvertes du docteur Orfîla , en lui consa-
crant cette espèce de Varaire qui n'a jamais été figurée ,
et que je me suis procurée, par de grands sacrifices , d'un
capitaine de navire marchand venant du Mexique. Les
événemens politiques de Saint-Domingue m'ont privé de
ces plants rares et précieux. En effet , il n'existe pas de
plante qui ait , plus que la Cévadille , éveillé- l'attention
des naturalistes, et qui , malgré leurs études , soit moins
connue. Les semences de ce végétal héroïque, étant
les seules parties employées en médecine , ont été regai-
dées par quelques observateurs comme provenant d'une
graminée , et d'après leur forme nommées Hordeolum
(petite orge), tandis que plusieurs autres, fondés sur
leurs propriétés , les rapportaient aux Delphinies , et les
rapprochaient des Staphisaigres. Quelques botanistes ,
ayant enfin mieux examiné la Cévadille , lui ont assigné
le rang qu'elle doit occuper dans la division naturelle , et
l'ont mise à sa véritable place, en la forçant d'augmenter,
comme espèce , le genre YarâipiE.
En effet , la Cévadille est réellement une espèce bien
caractérisée de ce génie. Elle croit en abondance au
Mexique, et presque sur toutes les côtes qui avoisinenl
le golfe de ce nom. Les Indiens , qui en font un certain
commerce , ont soin , pour éviter qu'on ne reconnaisse le
végétal qui la produit , de dénaturer le panicule par le
froissement ; et par une légère torréfaction , de faire
perdre aux graines leur faculté germinative. Je cultivais,
à Saint-Domingue , les deux plants qui m'avaient été
(^97)
cédés, sur uii sol humide , gai ni de Mangliers, et près de
la rade des Gonaïves , où ils paraissaient se plaire. Plus
heureux que mes prédécesseurs , je puis tracer les carac-
tères génériques de ce végétal , ayant eu plus d'une fois
Toccasion de les étudier avec soin sur des individus
vivans.
Caractères physiques. La Cévadille est une plante
herbacée qui s'élève à la hauteur de trois à quatre pieds.
Sa tige est simple , cylindrique , souvent légèrement sil-
lonnée à ses extrémités. Les feuilles sont nombreuses ,
toutes radicales , disposées en rosettes , droites sur le
pétiole qui est vaginant à sa base -, plantaginiformes ,
ovales , oblongues et décurrentes sur le pétiole , obtuses
à leurs extrémités , garnies de huit à quatorze nervures
simples , partant de la base de la feuille et se perdant à
son sommet en décrivant un demi-cercle. Leur couleur
est d'un vert terne , glauque en dessous , légèrement
luisant à leur face supérieure. La tige florale offre une
panicule ample , très -simple , et quelquefois rameuse;
alors les ramifications sont alternes. Les fleurs , en grand
nombre , sont réfléchies , presque pendantes , supportées
par des pédoncules très-courts , et réunies deux à trois
ensemble. Elles sont disposées , par séries, en spirales,
et sortent d'un point saillant^ lorsqu'elles se dessèchent,
1er. fleurs hermaphrodites se trouvent alors placées uni-
latéralement , et les points qui donnaient naissance aux
autres sont alors marqués par leur chute ou leur avorte-
ment, et laissent des empreintes granulées ineflaçables.
Les fleurs sont hermaphrodites , les unes mâles, et les
autres renferment les deux sexes.
Fleurs mâles. Calice à six divisions persistantes , très-
( '98 )
piofoiides 5 slellées , étalées , droites , ovales , lancéo-
lées , sans autres nervures que la médiane d'un noir
pourpre très-intense. Point de corolle ; six étamines
moins longues que les divisions du calice , et dont les
filamens , élargis à leur base , soutiennent des anthères
quadrangulaires , presque bilobées , trois ovaires rudi-
mentaires sans styles.
Fleurs hermaphp».odites. Calice et étamines comme
celles des fleurs mâles. Les filets antliérifères entou-
rant trois ovaires oblongs , réunis, obtus à leur sommet
qui est surmonté de trois styles aigus , quelquefois élar-
gis et à stigmate simple.
Le fruit est composé de trois capsules qui , par la for-
me , se rapprochent des fruits des Deiphinies. Elles s'ou-
vrent par le haut , et sont déhiscentes à l'intérieur ^
leur suture donne naissance à de légers filets ou pla-
centas , servant d'attache , qui , au nombre de trois dans
chaque valve , sont disposés par imbrication.
La semence est contournée , obtuse à une de ses ex-
trémités, pointillée d'un noir de suie, d'un goût fade ,
puis aussitôt amer, mais par suite acre et nauséeux.
Cette plante babite les bois humides du Mexique et
de quelques lies Antilles.
Analyse chimique. Les graines contiennent un prin-
cipe résineux extrêmement actif, à base salifiable , que
les chimistes ont nommé Yératrine. Ce sel , sous la
forme d'une poudre blanche inodor»;, est peu soluble
dans l'eau froide ^ l'eau bouillante dissout un millième de
son poids, et lui donne une càcreté simsiblc. 11 est très-
soluble daijsl'éther. et plus encore dans l'alcool. Il
( 199 )
est insoluble dans les alcalis , et soluble dans tous les
acides végétaux ^ il salure tous les acides , et forme
avec eux , selon Magendie , des sels incristallisables , et
qui, par son évaporation, prennent l'apparence de gom-
me. Le sulfate seul présente des rudimens de cristaux
quand il est avec excès d'acide. La Yéralrine ramène au
bleu le papier de tournesol rougi par les acides. Elle se
liquéfie à une chaleur de cinquante *, elle ressemble alors
à la cire , et prend une couleur ambrée par le refroidis-
sement , etc. La Vératrine tirée de la Cévadille produit,
suivant MM. Dumas et Pelletier, carbone ^G^'jS, azote
5,o4^ hydrogène 8,54, oxigène 19,60, vératrine 99,93.
L'acide cévadique se trouve dans les semences j il cris-
tallise en aiguilles blanches nacrées , fusibles à 20° ^ se
sublimant à une température plus élevée. Il est soluble
dans l'eau et l'alcool.
D'après une analyse plus récente , faite par MiNL Pel-
letier et Caventou , la Cévadille contient une matière
grasse composée d'élaïne , de stéarine , et d'acide céva-
dique ^ cire , gallate acide de vératrine ^ matière colo-
rante jaune -, gomme et débris ligneux. Les cendres sont
composées de sous-carbonate de potasse , de sous-carbo-
nate de chaux , de chlorure de potassium et de silice.
{^Journal de Pharmacie^ août 1820.)
Propriétés délétères. La Vératrine, prise à la dose
seulement de quelques grains , donne la mort au milieu
des plus violentes convulsions , en enflammant les mem-
branes muqueuses. Elle possède une saveur acre, et tou-
tes les Vératrines exercent sur les animaux une action
sembable. Suivant Magendie, ils doivent cette propriété
à un alkali.
( 1>.00 )
Symptômes d'empoisonnement. Sensation brûlante à
la bouclie , au larynx , à Foesopliage , à l'estomac et aux
intestins ; vomissemens et déjections copieuses , accélé-
ration du sang et de la respiration ; ventre tuméfié , roi-
deur taténique, sueurs froides et visqueuses , et autres
symptômes propres aux poisons acres. ( Voyez les Man-
cenilliers, page i6 de ce IIP volume. )
Secours et antidotes. Boissons mucilagiiieuses et aci-
dulées , après un doux vomitif, si l'on est appelé à
temps.
Propriétés médicinales. La Cévadille est un végétal
précieux dont on ne saurait trop étudier et bien appré-
cier les propriétés : à dose ordinaire et graduée par un
médecin habile , elle offre tour à tour : i^ un médica-
ment intraleptique très-employé pour la destruction des
animaux parasites de l'homme -, 2^ un vermifuge puis-
sant ; 3° un spécifique contre le toenia , en lui associant
l'éther et l'huile de Ricin-, 4° m^ vomitif*, 5° et à plus
haute dose un poison redoutable.
Depuis quelques années nombre d'essais ont été faits
sur cette plante. Peu ont réussi , parce que souvent des
doses trop faibles à l'extérieur ne causaient que des ver-
tiges, et à lintérieur que des nausées ^ souvent aussi la
plante entière , avariée par la traversée ou par une des~
siccation mal combinée, ne produisait aucun effet.
L'Orfilie Cévadille est un médicament très -employé
aux Antilles dans les maladies rebelles. Extremis mor-
bis , extrema remédia exquisitè optima. Celse. Les nè-
gres , qu'une grande habitude rend cisconspçcts sur
l'emploi de certains végétaux, usent de celui-ci sans
( 20I )
crahue et sans danger. Il serait à désirer qu'un séjour
prolongé aux lieux où croit la Cévadille pût donner à de
bons observateurs la facilité de faire une analyse exacte
de cette plante, et par suite les amener à rendre plus
utile à riiomme un des remèdes les plus énergiques et
les plus précieux que lui ait accordés la nature.
La Vératrine excite la salivation et réternuemenf, à
un quart de grain en clystère , elle détermine des éva-
cuations copieuses ; à dose plus élevée , elle provoque
des vomissemens. Magendie l'a donnée à deux grains en
viïigt-quatre heures à un vieillard frappé d'apoplexie
quelque temps auparavant , ce qui prouve que Tétai du
système neiveux influe beaucoup sur la manière d'agir
des médicamens.
La Vératrine convient dans les cas où il est nécessaire
d'exciter promptement de fortes évacuations alvines ^
chez les vieillards dont le ventre est paresseux, et chez
lesquels il existe une accumulation de matières fécales.
La Cévadille en poudre est un violent sternutatoire ^ les
nègres l'emploient pour faire périr leurs dragoneaux,
leur vermine, et dans les battes pour déterger les ulcères
des bestiaux remplis de vers crinons. C'est aussi un spé-
cifique contre la tœnia.
Mode d'administration. Dans l'emploi de l'Orfilie
Cévadille , comme anthelmentique , on dispose le malade
par des laxatifs tels que la rhubarbe , le tamarin , ou le
sulfate de soude ^ le lendemain à jeun on lui donne de-
puis vingt-quatre grains jusqu'à trente-six de la pondre
de Cévadille , avec une demi-once d'huile de ricin et un
gros d'éther. On fait boire pendant l'eflet d'une infusion
de racines de grenadier. Le malade vomit presque tou-
( 202 )
jours le ver s'il occupe Festomac. On répète ce traite-
ment pendant quatre jours si le ver n'est point rendu,
mais on divise chaque dose par moitié qu'on fait prendre
le matin et le soir. On purge le cinquième jour avec
inuriate de mercure doux, scammonéc d'Alep , de chaque
douze grains^ gomme gutte , trois grains.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-QUIN:&E.
La plante est réduite au tiers de sa grandeur.
1 . Feuille au trait.
'1. Portion d'une panicule gr. nat.
3. La même chargée de capsules.
4. Capsule détachée.
5. Coupe transversale de la même.
6. Une des trois capsules séparée et ouverte.
7. Semences.
8. Organes sexuels hermaphrodites.
9. Les mêmes, maies.
/'Af*^/f9/ne lf^.-r$>*t/'f.'i\ /"V,
P<PfV*' »/(V7(^.
noi s-a viiA^^'T KiiVTii Hi>'E
( 2o3 )
%%\VM\v«vv\A^/«\iv^vv«vv\vvvvv*vvvvv\vvvvvvv\Avvvvvvvvvvvvvv«vvvvv^vvvvvvvv\vv\^^
BOIS-IVRANT DE LA JAMAÏQUE,
( Toxique narcotique. )
Synonymie, Vulgairement Mort à Poissons. — Piscidia Erj-
thrina. Linn. Diadelphie Décandrie. Juss. Famille des
Légumineuses. — Piscidia foliis ovalis. Linn. Jacq. Amer.
209. — Icttlijomathia foliis pinnatis ovatis , racemis ter-
minalibus, siliquis quadrialatis. Brown. Jam. 296. Coral
arbor polypliilla non spinosa, fraxini folio, siliqua alis fo-
liaceis extantibus rotae molendinariaefluviatilis aucla. Sloan.
Jam. Hist. 2, p. 39, tab. 196, f. 45. — Pseudo-Acaeia sili-
quis alatis. Plum. Spec. 9. Burra. Amer., t. 233, f. 2.
Caractères génériques. Fleurs polypétalées , ayant
des rapports avec les Rohinia, des feuilles ailées avec
impaires , et produisant des gousses remarquables par
quatre ailes longitudiïiales et membraneuses dont elles
sont munies à l'extérieur.
Caractères particuliers. Folioles ovales ; stigmate
aigu*, légume ailé sur quatre rangs.
Histoire naturelle. Cet arbre croît à la Jamaïque et
aux Antilles , où les nègres l'emploient pour enivrer les
poissons, qui surnagent et peuvent être pris à la main
dès qu'ils ont avalé des fruits ou des feuilles écrasés
Tome IIL — 49® Livraison. 16
( M )
qu'on leur jette. Cette propriété est commune à beau-
coup de plantes de l'Amérique. On peut manger le pois-
son sans crainte. Le nom d'Erytlirine est , selon M. De-
launay, dérivé de Fadjectif grec erythros qui signifie
rouge , ce qui exprime la belle couleur écarlate des fleurs
de cette famille. En Europe on tient cet arbre en serre ,
et on le perpétue en semant ses graines sur une couche
tiède recouverte de son cliâssis. La plante fleurit mieux
quand on lui donne de la chaleur. Dans le premier âge
cet arbre a besoin de la tannée.
Caractères physiques. Le Bois-Ivrant est un arbre
d'environ vingt-cinq pieds de hauteur, droit, de peu
d'ornement , et qu'on reconnaît facilement à son port
singulier et négligé. Les feuilles tombent tous les ans;
elles sont ailées avec impaire , et ont leurs folioles ovales
et très-entières. Les fleurs viennent en grappes rameu-
ses , et produisent des gousses qui , selon Sloane , res-
semblent par leurs ailes aux roues de moulins à eau.
La fleur a un calice monophylle , campanule et à cinq
dents inégales ; une corolle papilionacée dont l'étendard
est échancré et relevé ou réfléchi en dessus , et qui a ses
ailes aussi longues que l'étendard , et sa carène en crois-
sant et montante *, dix étaniines dont neuf ont leurs filets
réunis , dans leur partie inférieure , en une gaine qui en-
veloppe le pistil, le filament de la dixième étant libre j
un ovaire supérieur , oblong , comprimé , pédicule ,
chargé d'un style en alêne , ascendant , et dont le stig-
mate est aigu.
Le fruit est une gousse oblongue , linéaire , pédicu-
lée , un peu comprimée , uniloculaire , à valves presque
réunies dans les interstices des semences , et munie ex-
( 205 )
térieurement de quatre ailes longitudinales larges el
membraneuses. Les semences sont oblongues et un peu
ré ni forme s.
On trouve aussi très-fréquemment aux Antilles une
nuire espèce d'Erythrine qui jouit des mêmes propriétés :
c'est VErythrina corallodendi on folio singulari oblongo ,
siliquâ pland de Plumier. Eryllirine à gousses planes.
Analyse chimique. La dissolution aqueuse du prin-
cipe amer de FErythrine forme des précipités avec les
sulfates de fer et de cuivre -, il est soluble dans l'éther j
son amande buileuse devient bleuâtre par les acides, et
d'un brun rougeâtre par les alcalis.
Propriétés délétères. Le suc du Bois-Ivrant sert à
enduire les flèches et les poignards des sauvages. Le gi-
bier atteint de ces armes meurtrières ne contracte aucune
propriété vénéneuse. Il paraît qu'il agit directement sur
le cerveau et sur le système nerveux.
Symptômes d'empoisoknemekt. Voyez ceux de la plante
précédente.
Secours et antidotes. Même secours que pour l'em-
poisonnement par la vératrine.
Propriétés médicinales. Je ne lui en connais pas.
Nota. On peut consulter pour le complément des
toxiques les classes des Epispastiques et des Tactiles exci-
tantes ^ les Alpina , les Dracunculus , les Emerus , les
Plumeria, les Astragalus , les Belladona , plusieurs Bi-
gnonia^ les Galega, les ]Nicotiaiia, les Phaseolus , les
( 206 )
Plumbago , les Ricinoïdes , les Solanées , lesSpigelia,
les Cameraria , les Tabernsemontana , les Valdia , les
Aroïdées , TUrcéole élastique , etc.
EXPLICATION DE LA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-SEIZE.
La plante est représentée demi-grandeur naturelle.
1. Etamine.
2. Silique.
3. Semence.
( 207 )
¥■= CLASSE.
DES SUBSTANCES VEGETALES REPUTEES, AUX ANTILLES,
PROPRES A SERVIR d'aNTIDOTES AUX POISONS PRIS
INTÉRIEUREMENT. PLANTES DITES ALEXITERES IN-
TERNES.
Xjes anciens donnèrent le nom d'antidotes aux remèdes
capables de neutraliser les poisons minéraux , végétaux ,
ou animaux. Ils n'étaient autre chose que des excitans
plus ou moins diffusibles , susceptibles de pénétrer dans
les routes de la circulation , par suite de leur ingestion
dans Testomac. Le mot latin alexiterius ^ formé du grec
aXtluv , chasser , et é^p , animal sauvage et venimeux ,
était consacré à toute substance qui servait de remède à
la piqûre des insectes venimeux , ou à la morsure des
serpens , comme on donnait le nom d'alexipbarmaque ,
dérivé du grec ecxduv , chasser , et ÇupfiUKov , poison , à
toute substance douée de la vertu d arrêter les ravages
de l'empoisonnement. Maintenant les deux noms sont
indifféremment usités dans l'un ou l'autre cas.
On employa d'abord ces médicamens , peut-être trop
préconisés ou trop dépréciés , dans tous les cas d'empoi-
sonnement interne ou externe, et depuis, quelques an-
ToME III. — 5o^ LtWaisoTï. 17
( 208 )
ciens praticiens (onservent encore ce nom aux substan-
ces qu'ils croient capables de détruire les principes
morbifiques , de régénérer les humeurs vicieuses et cor-
rompues , qui causent , disent-ils , les fièvres putrides ,
malignes , et de mauvais caractère.
Quoi qu'il en soit, la plupart des alexîpharmaques con-
tiennent des principes amers , acres , volatils , extrême-
ment diffusibles , et susceptibles de pénétrer tous les
systèmes , et d'exciter vivement les propriétés vitales.
Leur action immédiate est de fortifier les organes , d'ac-
célérer la circulation , et de provoquer la sueur. D'après
ces propriétés reconnues , le médecin instruit doit sa-
voir quand il faut les éloigner ou les prescrire. On con-
çoit que les alexipbarmaques aromatiques peuvent être
funestes dans la période inflammatoire , ou dans les fiè-
vres ataxiques , annoncées par le désordre tumultueux
des propriétés vitales , dans les congestions du système
capillaire , dans celles du cerveau et des poumons. Ils of-
frent moins de dangers dans les fièvres adynamiques , où
les forces abattues ont besoin d'être relevées.
Les hommes de l'art qui fout encore la médecine des
symptômes, appliquent, dans les cas d'empoisonnement ,
de syncopes, de défaillance, d'évanouissemeus , les
préparations appelées cordiales ou alexilères, comme
propres à rétablir les fonctions troublées delà circulation,
et à neutraliser les effets vénéneux , ou à s'opposer à la
contagion des maladies endémiques et pestilentielles 5
mais on conçoit que les cordiaux ne peuvent avoir d'ac-
tion prompte et directe que sur l'estomac , et non sur le
coeur que le vulgaire confond toujours. En général, il
faut être très-réservé sur l'emploi répété de ces remèdes
incendiaires, sous un climat où tout tend à l'exaltation
( '-^'09 )
et à la dégénérescence , parce qu'ils troublent souvent
les intentions de la nature. Il vaut mieux , par un traite-
ment doux et non pertuibateur , l'aider dans ses efforts,
que de tenter des transpirations forcées, des éruptions
incertaines , et des sueurs qui, souvent même, ne sont
pas critiques.
Le but que nous nous proposons dans la classe des
alexitères , est de signaler aux médecins , aux pharma-
ciens, et aux insulaires des belles contrées de FAméii-
que , des végétaux dont une longue expérience a cons-
taté l'utilité contre les empoisonnemens , propriétés
qu'on voudrait en vain contester, puisque journelle-
ment, aux Colonies , on trouvo l'occasion d'en apprécier
les avantages.
Ce n'est donc pas sans fondement que les naturels des
Antilles accordent des vertus réelles etprédses à certai-
nes plantes dont ils ont fait mille fois l'heureuse appli-
cation en faveur de l'humanité souffrante. Des faits
avérés font taire des suppositions imaginaires , et M. Bo-
nastre vient de confirmer la possibilité d'une vertu
alexitère dans plusieurs fruits de l'Amérique , justement
célèbres par leurs propriétés , tels que ceux du Nan-
dhiroba , de l'Acacie à grandes gousses , dont il a bien
voulu me communiquer les analyses soignées avec tout
le talent et toute la précision dont il est capable. Cet in-
fatigable chimiste a trouvé dans les amandes de ces deux
fruits , entre autres , une quantité étonnante d'albumine;
et l'on sait quelle est la vertu neutralisante de l'albu-
mine dans l'empoisonnement par le sublimé corrosif et
les sels cuivreux. L'albumine se trouve encore dans les
crucifères, le papaver, le café et plusieurs autres aro-
matiques. Youii une découverte (jui, sert à apprécier le
'7'
( 2I« )
tact naturel dont îa Providence a cloué ces insulaires
exposés à vivre au milieu des substances vénéueuses ,
afin de pouvoir s'en préserver, ou d'en arrêter les efl'els
par ces antidotes qu'ils rencontrent , le plus souvent ,
auprès des plantes suspectes et vénéneuses.
Or , les nègres , privés des ressources de l'analyse ,
ont surpris , par un instinct naturel , des antidotes dans
certains fruits amandes \ d'autres dans le suc des citrons
et des oranges ^ ceux-ci dans la partie corticale et aroma-
tique de plusieurs fruits \ c'est tout ce qu'on peut dési-
rer de la classe des alexitères , puisqu'on y trouve des
émulsions , des huiles , de l'albumine et des substances
aromatiques.
Ces réactifs , étant modifiés d'après les différens temps
de l'empoisonnement , émoussent les sucs caustiques du
mancenillier , du québec , de la spigélie , des dolics et
autres plantes d'une nature acre et corrosive.
On emploiera , au contraire , la saignée , les bains , la
tbériaque , les infusions aromatiques et sudorifiques ,
contre les qualités vénéneuses , narcotiques et mortifè-
res des sucs du maniliot , des bell adonnes et des sola-
nées. La racine tant renommée de la sensitive épineuse
doit en partie sa vertu alexitère à sa propriété vomitive.
(Voyez classe des émétiques , vol. 2.)
Toutefois, responsables envers la société des accidens
qui peuvent résulter d'une intempestive application des
antidotes généraux qui ne réussissent pas toujours , et
qui pourraient jeter dans une sécurité funeste ceux
qui en feraient un usage exclusif , les médecins ne doi
vent pourtant point rejeter des moyens avoués par des
siècles d'une expérience positive et concluante.
T/.
I7t^i!,ifreJJe,n-<>ur/TÏ%. Ahj-
/{'ree Jeti^ ■
MIRA^^IE G-1L4C
( ^'' )
WWVV \V%\^^IA\ VWVWWV'VX'VlWVWVWVWVWVVX WWX^WWWWWWWWWVWWVtVl VWWWVW^ÏVVVV
MIKANIE.
( Alexitère interne. )
Synonymie. Vulg-. Guaco de la Nouvelle-Grenade. Eupalo-
rium Mikania. Lin. Syngénésic polygamie. — Touroef.
Cl. 12. Flosculeuses. Sect. 3. Juss., famille de Corymbifères.
— Willdenow Spec. PI. lom. 3 , pag. 1742.
Cahactères génériques. Réceptacle nu ^ aigrette plu-
meuse ; calice imbriqué , oblong , style demi - bifide
long.
Câractîîres paplTiculiebs. Fleurs en corymbes \ ai-
grette pileuse \ calice à quatre ou six folioles , contenant
autant de fleurs ; tige grimpante -, feuilles opposées ,
ovales , dentées , marquées sur les bords par des courbu-
res peu sensibles , prolongées en ai\gle aigu sur le pétiole,
pointues au sommet.
Histoire naturelle. Cette plante précieuse , origi-
naire delà Nouvelle-Grenade , a été naturalisée aux An-
tilles où on la rencontre assez fréquemment. Elle mé-
rite 5 par ses propriétés bien constatées , d'être placée
dans le sanctuaire d'Hygie. Le botaniste qui travaille
autant pour l'humanité que pour la gloire , sourit , lors-
qu'au milieu de la riche végétation de l'Amérique , il
peut découvrir
Ces puis.sans végétaux
Qui de l'avide Parque émoussent les ciseaux.
(Castel.)
( -il 2 )
M. Zéa , qu'une mon prématurée a enlevé à la science,
se plaisait à cultiver, dit le docteur Alibert , le guaco de
ses propres mains , et il le conservait connne une de ses
possessions les plus précieuses , parce qu'il lui a servi à
défendre beaucoup d'hommes contre les serpens qui in-
festent le royaume de Santa-Fé. Ces serpens, continue
l'Arcliiàtre , sont en une telle abondance dans ces lieux ,
et les effets de leurs atteintes sont si terribles, que -,
malgré l'atlrait de For , on a été forcé d'abandonner plu-
sieurs villages. C'est surtout au Ghoco ^ si célèbre par le
platine dont il est la patrie, que se rencontrent les
serpens les plus venimeux, et c est laque, depuis long-
temps , on employait le guaco pour en guérir les morsu-
res. Quelques nègres se transmettaient ce secret, auquel
ils mêlaient des prières , des cérémonies et autres actes
superstitieux. Aussi le vulgaire , frappé des effets dont
il ignojait la cause , croyait qu'il y avait de la magie.
M. Mutis , à force d'adresse, parvint à le découvrir, et
à faire de nombreuses expériences sur son application ,
qui furent couronnées de succès. Personne ne meurt à
présent de la morsure des serpens •, les animaux eux-
mêmes guérissent , quand on est à portée de leur faire
boire le suc de guaco.
Le genre Mihania a été établi par Willdenow , et c'est
le célèbre Mutis, de Santa-Fé, qui a fait Ife premier
connaitre ses propriétés médicales , dans la Flore de Bo-
gota, comme antidote contre la morsure de certains ser-
pens. M. le baron de Humboldt et M. Bonpland ont
confirmé les vertus de ce puissant végétal.
Caractères physiques. La racine de la Mikanie est
viyace , très-rameuse , s'enfonçant profondément dans la
( ^'3 )
terre. La tige est herbacée , cylindrique , grimpant sur
les arbres à trente pieds de hauteur. Les rameaux sont
opposés , couverts dans leur partie supérieure d'une lé-
gère pubescence. Les feuilles sont également opposées ,
ovales , longues de quatre à six pouces sur deux ou trois
de largeur ; marquées sur les bords par des courbures
peu sensibles , et légèrement dentelées ^ prolongées en
angle aigu sur le pétiole ; pointues au sommet, rarement
acuminées ^ glabres en dessous , marquées de veines peu
saillantes , âpres en dessus , très-minces , membraneu-
ses ^ pétioles grêles , longs d'un à deux pouces , embras-
sant en partie la tige , et presque réunis par leur base ,
convexes en dehors , et marqués intérieurement d'un
sillon peu profond.
Corymbe terminal composé d'un grand nombre de
fleurs , et situé à l'extrémité des jeunes rameaux^ fleurs
d'un blanc terne , rassemblées par petits faisceaux
pédicellés ^ calice composé de quatre folioles , renfer-
mant quatre fleurs ou fleurons hermaphrodites -, folioles
lancéolées membraneuses.
Fleurons. Tube grêle , cylindrique , de même lon^
gueur que le calice ^ limbe en forme de cloche , divisé eu
cinq parties égales.
Etamines. Au nombre de cinq renfermées dans la co-
rolle. Anthères réunies en tube.
Pistil. Ovaire linéaire^ style simple^ deux stigmates
blancs écartés l'un de l'autre.
Gj^aine. Cunéiforme , couronnée par une aigrette ses-
sile , rougeàtre , et composée d'un grand nombre de
rayons couverts de poils courts. (Willdenow^ , Humboldt.)
( 2.4 )
AisALYSE CHIMIQUE. Toulc Ja plante exhale une odeur
forte , pénétrante et nauséabonde , mais je n'ai pu m'en
procurer l'analyse, quoique ayant rencontré plusieurs
fois la plante dans mes voyages.
Propriétés médicinales. M. Mutis , dans l'intérêt de
la science et de l'numanité , dit encore le D. Alibert ,
voulait recherclier si l'inoculation du ^z^aco rend l'homme
inaccessible à la morsure des serpens pour toute la vie ,
ou seulement pour quelque temps , comme les nègres le
prétendent ^ mais il fut troublé dans ses belles expérien-
ces par le refus qui lui fut fait par la haute-cour de jus-
tice , siégeant à Santa-Fé , de les faire sur des criminels
condamnés à mort.
Il parait certain qu'on peut porter impunément sur
soi les serpens les plus venimeux , et provoquer leurs
blessures , moyennant le procédé suivant. Les nègres
pratiquent sur l'adepte six incisions , deux aux pieds ,
deux aux mains , et une à chaque côté de la poitrine. On
exprime le suc des feuilles de guaco , qu'on verse sur
les incisions , comme lorsqu'on veut inoculer la variole.
Avant l'opération , on fait avaler deux cuillerées du suc
à celui qui va être initié. On l'avertit qu'il doit prendre
le même suc chaque mois , pendant l'espace de cinq à
six jours \ car , s'il néglige de le faire quelque temps , la
vertu du suc s'évanouit , et il aura besoin d'une nouvelle
inoculation. C'est à cette précaution que M. Mutis et
le savant Corrégidor de Zipaquira attribuent les effets
préservatifs du guaco. Toutefois , l'usage le plus ordi-
naire est de porter sur soi des feuilles de cette plante ,
dans les lieux infestés des serpens, pour s'en délivrer ;
car l'odeur seule leur imprime un état de stupeur ou
( 2l5 )
d'engourdissement. (AlILert. Nouv. Elem. de Thérap. ,
t. 2 , p. 5oo.)
Mode d'administration. Le suc de giiaco ou sa décoc-
tion se donnent à une dose indéterminée. On applique
extérieurement le marc sur les blessures.
EXPLICATION DELA PLANCHE CENT QUATRE-VINGT-DIX-SEPT.
Le rameau est réduit aux deux tiers de sa grandeur natu-
relle.
1. Fleurons renfermés dans un calice imbriqué.
2. Fleuron séparé.
3. Semence.
( ^'6 )
VVVVVVvV\VVV\VVi'VVVVV%/VVVV%VVVVVVVVVVVVVVVVVWVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV^'^VVV%VVVVVV^
' €V ' ' ' Cet,
NA.\DHIROBE A FEUILLES DE LIERRE.
( Alexitere interne. )
Synonymie. Vulg. Liane contre-poison ; Boîte à savonnette ;
Coucourout. Noix de serpent. En caraïbe, Avila. — Ghandi-
roba. Marcg. Brasil. 46 — Sloan. Jam. 84- Hist. i , pag.
200. Fevillea cordifolia. Lin. Diœcie pentandrie. Juss. ,
famille des Cucurbitacées. — Adanson , les Bryones. — Fe-
villea foliis cordatis, integris , subtriangulatis. Poiret. Fe-
villea foliis cordatis , angulatis. Sjst. végét. 7/}3 — Nan-
dhiroba scandens, foliis hederaceis angulosis. Plum. genr,.
20, ic. 109. — Fevillea foliis crassioribus glabris , quando-
que cordatis , quandoque trilobis. Brown. Jam. 374.
Caractères génériqites. Tiges grimpantes: feuilles
alternes, en cœur ou trilobées, munies de vrilles dans
leurs aisselles avec des fleurs axillaires. Le caractère es-
sentiel du genre est d'avoir les fleurs dioïques , le calice
et la corolle divisés en cinq; dix étamines , dont cinq
stériles \ une baie à demi-inférieure , à trois loges.
Caractères particuliers. Fleur maie. Calice quin-
quéfide ; cinq étamines ; nectaire^ cinq filets connivens.
— Fleur femelle. Calice quinquéfide -, trois styles ;
pomme dure, à trois loges, corticée ; feuilles cordifor-
mes , anguleuses , et quelquefois trilobées comme dans
le lierre.
JV. z^.f
J/tèoilore /i^jrvur/t/x. Pai-X"
finie %jSruùt-
-NANIHIlOliE AFKril,LES l>K l.iEllïiK.
( ^I? )
HisTOïKE NATURELLE. La liaiiC grimpante du Naudhi-
lobe offre à Foeil une riche verdure, et d'autant plus
agréable , qu'elle est entremêlée de fleurs et d'un grand
nombre de fruits dont cette liane est tout à la fois
cliargée. Elle se tresse en guirlandes entre les arbres ,
ou tapisse , en serpentant , l'ajcupa de l'habitant des Co-
lonies , et lui fournit des berceaux pour ombrager sa
tète^ elle a du rapport avec la bryone d'Europe pour les
caractères botaniques. Le Nandhiroba ou Ghandiroba est
un nom brésilien , qui désigne , selon Marcgrave , une
liane à feuilles de lierre , qui grimpe à la manière des
grenadilles. On en distingue trois espèces qui ont les
mêmes propriétés. Les feuilles sont tantôt en cœur , tan-
tôt à trois lobes sur le même pied. C-tte liane croit na-
turellement dans l'Amérique méridionale , à la Martini-
que , à Saint-Domingue , aux Antilles , d'où l'on en rap-
porte en Europe les fruits qui, selon Yirey, faisaient
partie des anciennes pharmacies du temps de Lémery .
mais dont on néglige maintenant le commerce , ce qui
fait qu'on n'en trouve plus en Europe que d'anciennes ,
par conséquent rances et privées de leurs vertus évi-
demment alexitères. Pendant mes fondions de médecin
du gouvernement à Saint-Domingue , j'eus à traiter d'un
empoisonnemient le général en chef des noirs, Dessali-
nes , et il fut parfaitement guéri par l'usage de cette
précieuse amande du Nandhirobe. A l'époque de l'arri-
vée de l'expédition du général Leclerc , les blancs qui se
trouvaient alors dans File , avant tous été condamnés à
mort, je trouvai, dans l'épouse de cet homme cruel,
une protectrice puissante qui , plustard , me sauva plu-
sieurs fois la vie , ainsi que j'ai eu plaisir à le déclarer
dans le troisième volume de mes f^oyages d'un Natura-
( 2i8 )
liste. Il me semble encore entendre dire à cet ange tulé-
laire qui clierchait à apitoyer sur mon sort son farou-
che époux : Epargnez votre médecin -, a\fez-vous oublié
que vous lui devez la vie , et que
Ces végétaux puissans qu'ici l'on voit éclore ,
Bienfaits nés dans ces champs de l'astre quon adore ;
Par les soins de Phradate , avec art préparés ,
Firent sortir la mort de vos flancs déchirés ?
( Voltaire.)
Les fruits tombés au pied des arbres en sont entraî-
nés par les grandes pluies ou avalanges , et cbariés par
les rivières qui les disséminent sur leurs rivages.
Caractères physiques. Le Nandliirobe est une plante
dont la tige est sarmenteuse et grimpante *, elle est gar-
nie de vrilles simples et roulées en spirales qui naissent
dans l'aisselle des feuilles opposées aux pédoncules des
fleurs. Les feuilles sont en cœur ou trilobées sur le même
individu. Elles sont alternes , épaisses , un peu charnues;
grandes, ovales, très-arrondies à leur base , plus larges
que longues \ divisées vers leur sommet en trois angles
écartés -, plus ou moins prononcées \ vertes , lisses , lui-
santes et glabres des deux côtés ; portées sur de longs
pétioles tendres et cylindriques. Les fleurs en roue , de
couleur isabelle, paraissent en décembre et janvier. Elles
naissent dans Faisselle des feuilles , en opposition avec
les vrilles portées sur de longs pédoncules , et disposées
en grappes. Les fleurs mâles sont stériles -, les fleurs fe-
melles sont portées sur un embryon qui se change en
un fruit sphérique de cinq pouces de diamètre , revêtu
d'une écorce verte , recouvrant ime enveloppe ligneuse,
( ^'9 )
cassante et réticulée. Ce fruit est divisé , dans le milieu
de sa largeur , par lui petit bourrelet troué à plusieurs
distances , et à la faveur duquel il s'ouvre lors de sa ma-
turité. Ce fruit , qu'on appelle boîte à savonnette ^ à cause
de sa partie inférieure et de son couvercle , contient, au
milieu de sa pulpe , huit à dix noix fauves , convexes
d'un côté et concaves de l'autre , épaisses d'un doigt.
L'amande qui se trouve sous l'enveloppe fauve est d'un
goût amer et otFre un souverain contre-poison.
Analyse chimique. Il résulte, d'une analyse récente
faite par M. Bonastre dont on connaît l'exactitude, que
l'amande du jN andhirobe , étant vieille, est privée de l'al-
bumine qui constitue sa vertu anti-vénéneuse , et qu'en
se desséchant , la substance grasse ou huileuse se rancit
tellement, qu'elle décompose les autres parties. On y
trouve une substance appelée par M. Vauquelin colo-
cynthine , ce qui explique la vertu purgative de cette
amande à haute dose. Elle est très-amère , mais ni rési-
neuse , ni gommeuse , et elle laisse déposer chaque fois
qu'on l'évaporé des flocons blancs qui sont solubles dans
l'alcool et dans l'eau. Ils sont d'une amertume extrême,
La matière grasse est si rance et a tellement absorbé
l'oxigène de l'air, qu'on a beaucoup de difficulté à la
dissoudre , même dans l'éther. Dissoute dans la potasse
caustique , elle est en partie soluble dans l'eau. On la
précipite par un acide; sa rancîdité est excessive. Une
dissolution de colocynthine précipite par une infusion
de noix de galle , ce qui est commun avec l'albumine *,
mais , d'un autre côté , l'albumine est insoluble dans
l'alcool , ce qui , par conséquent , l'en éloigne. M. Bo-
( ^IfJ )
nastre regrelle de n'avoir pas opéré d'après des fruits
encore récens.
M. Drapiez (Journal de Pliarm. , août 1820) vient de
* prouver , par de nombreuses expériences , que le fruit
du feviUea cordifolia est un puissant antidote contre
les poisons végétaux. Cette opinion avait été , depuis
long-temps , émise par les naturalistes.
M. Drapiez a empoisonné des chiens par le Rhas toxi-
codendron ^ la ciguë et la noix vomique. Tous ceux qui
furent abandonnés à Peffet du poison moururent , tan-
dis que ceux à qui on "administra le fruit du fewillea cor-
difolia recouvrèrent la santé après une courte indispo-
sition.
Il s'assura également que cet antidote n'agissait pas
seulement dans l'estomac ; il en appliqua extérieurement
dans des blessures préalablement empoisonnées , et il
blessa deux jeunes chats avec deux flèches qui avaient
été trempées dans le jus du mancenillier. On appliqua
à l'un d'eux un cataplasme formé avec le fruit du feuil-
lea cordifolia, et l'autre fut laissé sans application. Le
premier n'éprouva d'autre inconvénient que celui de sa
blessure , et guérit promptement ; tandis que l'autre
tomba en convulsion au bout de très-peu de temps , et
mourut. -
Il semble , d'après ces expériences concluantes , que
l'opinion entretenue des vertus de ce fruit , dans les
contrées où il est produit, est bien fondée. Ou doit dé-
sirer, en conséquence, qu'il soit introduit en pharma-
cie, comme un médicament très-important^ mais il est
nécessaire de connaître s'il perd ses propriétés et s'il se
conserve plus de deux ans après avoir été récolté.
L'analyse que vient de faire M. Bonaslrc , de graines
,( 22 1 )
tiès-aiicienues, juge la question , en prouvant que cette
amande a besoin d'être employée h l'étal de fraiclieur ,
pour être douée de ses propriétés -, car au lieu d'albu-
mine que doune le fruit du mimosa scandens , celui du
\\eux fei^illea n'a donné à M. Bonastre qu'une matière
rance , un principe amer, et aucune trace d'albumine
( antidote du sublimé ) qu'on y trouve lorsque ie fruit
est encore récent , et qu'ii n'a subi aucune altération.
Propriétés médicinales. Les amandes du Nandhirobe,
étant très-amères , sont employées comme contre-poison
de la morsure de tous les serpens en Amérique; de-là
leur nom de noix de sejpent. On les pèle et on les ap-
plique en topique sur la blessure. On en prend aussi in-
térieurement à liante dose. Cette amande devient purga-
tive.
Selon Minguet , on exprime l'amande du Nandhirobe
pour en extraire l'huile qu'on administre aux personnes
enîpoisonnées. Elle entre aussi dans la composition des
onguens. On regarde l'amande comme fébrifuge , et,
dans ce cas , les Espagnols en préconisent l'émulsion
qu'ils préparent après avoir pilé l'amande récente. Les
flibustiers en portaient toujours avec eux dans leurs
croisières pour la guérison de leurs blessures reçues à
l'abordage. L'émulsion se prescrit aussi dans les gonor-
rhées. On regarde les semences comme de dangereux
emménagogues.
Mode d'admitvistratiois. Une graine privée de l'en-
veloppe et râpée suffit pour une émulsion. La dose de
riiuile est d'une cuillerée. Quelquefois on râpe l'amande
( 222 )
dans du vin de Madère pour obtenir plus sûrement une
polion cordiale.
EXPLiCATIOK DE LA PLANCHE CEKT QUATRE-VINGT-DIX-HUIT>
Rameau réduit à moitié grandeur.
1. Fruit dont on a enlevé l'opercule au-dessus des im-
pressions calicinales.
2. Semence dont la partie spongieuse de l'extérieur
est enlevée en partie.
3. Fleur maie.
4* Une des étamines séparée.
5. Une des écailles alternes avec les étamines,
6. Fleur femelle.
7. Un des styles détaché.
/'/■^i'y.
J /leoJofe 7)ej'Ci'7/rfz/x. ./^-^•^'
JVrée Scjt/p
IIIG.\ONE A GlilFFES.
( 223 )
<IAi\ (V\A ^(VWVV> <VVVVV\(VV^'VVWVV\^(VVVVVVVVVV> VV^♦A/VVV^'VV\A/V ^/V VV» %V /VV»(VV^A/V ^/v\^
BIGNONE GRIFFE-DE- CHAT.
(^Alexitère interne.)
Synonymie. Vulg. Liane à cliat. Lierre de Saint-Domingue.
Bignonia unguis Cati. Lin. Didynamie angiospermie. —
Tourn. Personnées. • — Juss. Bignones. Bignonia foliis eon-
jugatis ; cirrho brevissimo arcuato tripartito. Lin. mill,
Dict. no 5. Bignonia Americana, capreolis aduncis donata ,
siliquâ longissimâ. Tournef. 164. — Gelseminiim indicum
hederaceum tetraphyllum , folio subrotundo , acuminato.
Sloan. Jam. 90, Hist. 1 , p. 208. — Clematis quadrifolia ,
flore digitalis luteo, claviculis aduncis. Plum. Amer. 80,
t. 94. — Clematis mjrsinites , amplioribus foliis , Ameri-
cana, tetrapbyllos. Pluk. Alam. 109, t. i63, f. 2. — En
caraïbe Reremouly , Céresé.
Caractères génériques. Fleurs monopétalées , per-
sonnées , à feuilles opposées -, calice quinquéfîde , en
forme de godet 5 corolle à gorge campanulée , quinqué-
fîde , ventrue en dessous ^ silique ou capsule siliqueuse
à deux loges 5 semences membraneuses , ailées.
Caractères particuliers. Feuilles conjuguées , vrilles
très-courtes , arquées en trois parties.
Histoire naturelle. Cette Bignone croît dans les îles
de Bahama , aux Antilles et à Cayenne ^ on la cultive
assez facilement en Europe. Elle se perpétue deboutn-
ToME in. — 5oe Livraison. i8
( ^^4 )
Tes ou de butlage , c'esl-à-dire en amoncelant une cer-
taine quantité de bonne terre autour des jeunes rejetons
qu'auront produits les racines d'un vieux tronc coupé
rez-terre. Le genre Bignonia a été consacré par Tourne-
fort à M. l'abbé Bignon , savant distingué. Ce génie
renferme de belles espèces. Cette liane , garnie de vrilles
ou mains qui ressemblent à des griffes de chat , et par
lesquelles elle s'accroche aux arbres voisins des forêts ,
et aux rochers , est recherchée en Amérique pour ses
propriétés alexitères et apéritives.
Caractères physiques. Cette Bignone pousse des sar-
mens fort menus , de couleur cendrée , entrecoupés par
des nœuds assez près les uns des autres , et qui s'atta-
chent sur les rochers ou sur les troncs des arbres , de la
même manière que nos lierres. Ses feuilles sont oppo-
sées 5 et leurs pétioles , qui ont à peine un pouce de lon-
gueur , portent chacun deux folioles ovales , pointues ,
vertes , glabres et nerveuses. Le pétiole commun , qui
soutient chaque paire de folioles , se termine en une
vrille courte , et communément divisée en trois parties
courbées en crochet. Les fleurs sont jaunes, sans odeur,
et viennent dans les aisselles des feuilles , portées sur
des pédoncules simples , longs d'un pouce , ou un peu
plus. Elles produisent des capsules qui ont près de deux
pieds de longueur, sur environ un pouce de large , sont
pointues , fort aplaties , et de couleur tannée , étant
mûres.
Analyse chimique. Cette Bignone contient une ma-
tière colorante ^ un principe doux , gommeux , qui pré-
domine \ une matière amilacée j un acide malique \ du
tannin et de Thydrochlorate de potasse.
( 225 )
Propriétés médicinales. Le sage praticien Poupée-
Desportes recommande Fusage de cette plante , toutes
les fois qu'on doit employer les apéritifs. Les naturels
font entrer dans leurs antidotes, contre les substan^.'^s
vénéneuses , et surtout la morsure des serpens , toutes
les parties de cette Bignone liane à chat , dont ils combi-
nent l'action avec celle des cressons de savanes , grand
et petit , dont j'ai donné l'histoire. (Vol. \" ^ classe des
anti-scorbuliques , pag. igB.)
Mode d'administration. On emploie le suc des feuil-
les à la dose d'une cuillerée , et la décoction des racines
et des autres parties de la plante à celle de quatre onces.
On préfère la teinture alcoolique lorsqu'il n'y a point de
symptômes inflammatoires.
explication de la planche cent quatre-vingt-dix-neuf.
La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur na-
turelle.
1. Portion d'une silique.
2. Semences imbriquées dans une moitié de silique,
3. Semence.
( 226 )
/«/\'«WWV\'WVVWW\V»VWMW<>VV\ VVVfVV\IVV»iVV\'VV\'VV»'VVN'VV»(VV\'VV»'V\'V'V%''V\,<iVVVVWWVVV^*V>W* 'iV»
ACACIE A GRANDES GOUSSES.
( Alexitère interne. )
Synonymie. Vulg. Cacone grimpante, Liane à bœuf; châtai-
gnes de mer , ou cœur de St. -Thomas. — Mimosa scandens.
Lin. Polygamie monœcie. Tournef. Cl. 20. Arbres mono-
pétales. Sect. 2. Acacia, id. Jussieu , famille des légumi-
neuses. Acacia scandens flore subviridi racemoso , siliquis
magnis. Plum. 2^ vol. Perim-Kaku-Valli. Rheed. Mal.
8, t. 32, 33 et 34. Rumph. Vol. V , tabl. 4. — Pluck.
Tab. 211.
Caractères génériques. Calice double : l'extérieur à
cinq dents", Tintérieur plus grand , monosépale, régulier
et tubuleux. Etamines en nombre variable , monadel-
plies. Fleurs généralement petites , disposées en épis ou
en têtes globuleuses. Végétaux herbacés ou ligneux,
ayant en général les feuilles décomposées. (Richard.)
Caractîlres particuliers. Feuilles doublement pin-
nées, conjuguées sans épines , terminées par une vrille *,
folioles bijii-uées. Tige grimpante à la hauteur de plus
de cent pieds.
Histoire NATURELLE. Le genre Mimosa., comme l'ob-
serve judicieusement M. Delaunay , encore très-nom-
breux, a été cependant restreint par Linné. Les Grecs ,
dit-il , avaient donné , par antiphrase , le nom d'akakia,
qui signifie innocence , à la première espèce qu ils ont
y/tcotiiy/-c />e^fc<.'(tr/l7\ /i/i.v
/*e/-f<? iPrn^ .
ATACIE A €RAX1>ES GOr^SES
( 2^7 )
connue et qui était très-épineuse. Linné a changé ce
nom en celui de mimosa , qui exprime mieux une qua-
lité m,ime , commune à tous _, celle de fléchir sous les
doigts qui les touchent , comme la sensitive , etc. , ou de
marquer leur sommeil en abaissant ou rapprochant leurs
rameaux et leurs folioles. Ce dernier nom du grec mimos,
comédien , est dérivé du verbe mimeomai , imiter, faire
des gestes.
Cette liane , très-grosse , dit Chevalier , se développe
rapidement si les racines pivotent dans un lieu humide ;
elle court d'arbre en arbre , quelquefois plus d'une
demi-lieue. Elle se plait et fait l'ornement rustique de
ces belles et silencieuses forêts que la hache a toujours
respectées , et où souvent
Ni bergers , ni chasseurs égarés dans leur course ,
De ces asiles frais n'ont troublé les gazons.
Elle croit dans les montagnes, et rapporte des semen-
ces farineuses renfermées dans d'énormes légumes de
trois à quatre pieds de longueur sur quatre pouces de large,
et qui servent de nourriture à beaucoup d'Indiens ou de
naturels des Antilles. Les nègres appellent les fruits
tombés de leurs gousses châtaignes de mer , parce
qu'au milieu des ouragans , ces fruits , transportés par les
avalanches ou par les torrens qui descendent des mon-
tagnes , se mêlent aux eaux des rivières , en garnissent
les rives , puis , à la première crue , sont chariés vers
la mer.
A flots impétueux , les fleuves débordés
Précipitent leur cours sur les champs inondés.
Ils entraînent troupeaux, bergers, arbres , cabanes.
(de Saint -Ange.)
( 228 )
Les amandes de ces fruits sont recherchées par les co-
chons marrons et les boeufs.
Les nègres vident ces graines qu'ils appellent caconeSy
et après avoir enlevé en entier l'amande , ils en font
des bourses à escalins en adaptant à l'ouverture du haut
un liseré de bois d'acajou ou de citronnier , qui ferme
l'entrée au moyen d'une coulisse. Les dames créoles,
passionnées pour leur pays , ne dédaignent pas ces bour-
ses où elles renferment des pièces d'or. Les amandes ,
quoique amères , se mangent avec plaisir lorsqu'on les
fait bouillir ou boucaner.
Cab^actères physiques. Les tiges de cette liane sont
cylindriques , épaisses , fort longues , sarmenteuses
et grimpantes ; le pétiole commun de chacune de ses
feuilles fournit une couple de pinnules chargées , l'une
et l'autre , d'une ou deux paires de folioles , et se ter-
mine par une vrille simple ou bifide -, les folioles sont
ovales-obloDgues , obtuses , quelquefois échancrées ,
avec une très-petite pointe dans leur échancrure , vertes,
lisses et un peu coriaces. Les fleurs sont petites , blan-
châtres , polypétales , décandriques et disposées en épis
grêles. Les fruits sont les plus grands de tous ceux des
plantes légumineuses que l'on connaît. Ce sont des gous-
ses longues de deux ou trois pieds, larges de trois à
quatre pouces , aplaties , enflées aux endroits où sont
les semences, coriaces et entourées par un cordon li-
gneux qui naît du pédoncule auquel elles sont attachées.
Ces gousses énormes renferment chacune sept à neuf se-
mences larges de deux pouces , un peu aplaties sur les
côtés , arrondies en rein ou en coeur , et d'un rouge brun
comme les châtaignes , au moins lorsqu'elles sont sèches.
( 229 )
Analyse chimique. Ce n'est pas sans fondement que
les naturels ont , de tout temps , proclamé les vertus
anti-vénéneuses de l'amande de ces fruits, à l'état de fraî-
cheur. M. Bonastre , dont les talens en cliimie sont con-
nus , vient tout récemment de me communiquer l'ana-
lyse suivante , qui sert à prouver que l'albumine qu'on
y trouve en grande quantité peut servir à neutraliser la
plupart des poisons. Ses reclierclies lui fournirent :
lo considérablement d'albumine ; 2" de la fécule ^ 3o de
la gliadine ; 4° ^^ ^^ gomme acide ; 5" de la résine acre
très-blanche ^ 6° une huile grasse incolore j ^o une ma-
tière extractive ^ «8° des traces d'acide gallique ^ 90 un peu
de sucre ^ 10° de la fibre blanche.
Propriétés médicinales. La Cacone grimpante est re-
cherchée comme alexitère. L'écorce verte des siliques est
estimée vulnéraire , et contient une résine diaphane
blanche et gommeuse , laquelle durcit en se séchant.
Mode d'administration. On râpe l'amande qu'on
donne en substance à une dose indéterminée, pulvéri-
sée et infusée pendant une nuit. Elle convient aux fébri-
citans. Il serait à souhaiter qu'on pût en garnir les offi-
cines européennes j elle mérite , dit le D. Jourdan ,
de figurer dans nos pharmacies à plus juste titre que tant
d'inutiles drogues qui les encombrent , sans utilité pour
l'humanité.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENTS.
La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.
1. Chaton.
2. Semence dont une portion corticale est enlevée pour
laisser voir l'amande.
T/ifoifcre Jff.rcotfy/i/x /''n.
VMWAIW. Li^lXE A i; 0^:111
( 23l )
PAREIRE A FEUILLES RONDES.
( Alexitère interne. )
Synonymie. Liane à cœur. Liane à serpent. Liane quinze
jours. Pareira brava. Caapeba butua; bcrbe Notre-Dame.
— Gissampelos ( Pareira ) foliis peltatis , cordatis , emar-
ginatis. Lin. , Diœcie Monadelpbie. — Jussieu, Class. i3 ,
ord. 17, famille des Ménispermes. — Gissampelos scandens,
foliis peltatis , orbieulatis , cordatis , villosis ; floribus mas-
culis , racemosis ; femineis spicatis , spicis folialis. Brown ,
Jam. , p. 357. — Gissampelos foliis margine petiolatis.
Burm , Amer. 5 p. 5G , tab. 67, fig. 2. — Gaapeba folio or-
biculari , ncn umbilicato. Plum. , Gen., pi. 33 , t. 29. —
Glematis baccifera , glabra et villosa , rotundo et umbili-
cato folio. Sloan. , Jam., 85. Hist. 1 , p. 200. — En espa-
gnol , Pareira hrava, — En portugais , Pareira hrava do
BrasiL — En anglais , Gissampelos , iVild-Vine, — En
brésilien, Caapeba membrocq. — Natsjatam, Rheed. Hort .
mal., vol. 7, p. 1 , tab. 1.
Caractères génériques. Fleurs pol3^pétalées , de la
famille des Ménispermes -, plantes grimpantes , à feuilles
alternes-, fleurs très -petites et disposées en grappes
axillaîies, latérales ou terminales-, fleurs dioïques. Dans
les mâles , un calice à quatre folioles , point de corolle *,
quatre étamiues dont les filets sont réunis et attachés
sur un disque dans le centre de la fleur. Dans les fe-
melles ^ un calice d'une seule pièce \ trois stigmates , une
baie globuleuse, monosperme. (Encycl.)
Caràctîsres particuliers. Feuilles cordiformcs , pres-
que orbiculaires , velues en dessous \ fleurs mâles et fe-
melles en épis , et garnies de bractées.
Histoire naturelle. Cette racine fameuse, rapportée
en France en 1688 par Ameîot , à son retour de l'am-
bassade de Portugal , fut mise ensuite en réputation par
Locbner , en Allemagne. Elle croît aux lieux montueux
Tome III. — 5i^ Lii^raison, 19
( 23l )
de rAmérique , au Brésil , à Saint-Domingue , à Cuba ,
à la Jamaïque , à la Martinique et dans les autres îles
Antilles , où les nègres en font le plus grand cas comme
remède et comme alexitère. Pareira hrava • en portu-
gais , signifie vigne sauvage ou bâtarde \ butua , en in-
dien, signifie bâton. ,
Cahactères physiques. C'est à tort qu'on a confondu
dans l'Encyclopédie le Pareira hrava avec le Menisper-
mum coculus c\m fournit la coque du Levant. Les fruits
et les feuilles diffèrent essentiellement, puisque les fruils
comprimés à une seule loge du Pareira braua sont ac-
compagnés de bractées sessiles , tandis que ceux du 3Ie-
nispermuTTL coculus sont en grappes lâches, à trois coques
dépourvues de bractées. ( Voy. Flore du Dict. des Se.
médicales, 35* livr. )
Les racines du Pareira brava sont dures , tortueuses ,
et rugueuses, brunes à l'extérieur , jaunes à l'intérieur;
inodores et très-amères , et marquées par beaucoup d'an-
neaux concentriques. ^
Les tiges sont ligneuses , grimpantes, cylindriques,
striées, pubescentes, pourvues de feuilles alternes, pé-
liolées , presque orbiculaires , écliancrées en cœur, en-
tières , mucronées à leur sommet, vertes et glabres en
dessus, velues , soyeuses et blanchâtres en dessous ; re-
marquables par sept nervures divergentes et rameuses.
Les fleurs mâles sont petites , disposées en panicules
courtes , latérales , pédonculées , solitaires ou géminées,
à peine de la longueur des pétioles; leurs rnmifications
velues , dicho tomes , presque capillaires ; de très-petites
bractées velues , à peine sensibles.
Les fleurs femelles sont réunies en grappes plus allon-
gé<îs , lomenieuscs et pendantes , plus longues que les
, ' ( 233 )
feuilles , réunies d'une à trois dans l'aisselle des pétioles,
accompagnées de bractées sessiies de même forme, mais
plus petites que les feuilles. Les fruits sont des baies
rougeàtres comprimées , un peu gibbeuses , à une seule
loge , bérissées de longs poils caducs, amincies et ridées
à leurs bords. (FI. du Dict. des Se. méd. )
Analyse chimique. La racine du Pareira brava ana-
lysée par Neumann lui a produit plus du quart de son
poids d'un extrait alcoolique, et une petite quantité d'ex-
trait aqueux. Son infusion aqueuse noircit légèrement par
le sulfate de fer.
Propriétés MÉDICINALES. Les vertus de cette racine ,
quoique contestées par les réformateurs systématiques
et impitoyables de la médication végétale , n'en sont pas
moins réelles et mille fois reconnues aux colonies dans
les népliriles calculeuses et les dysuries. Elle divise évi-
demment les matières visqueuses qui engouent les bron-
cbes des poumons , et elle facilite l'expectoration d'une
manière prompte et sensible. On l'emploie aussi dans la
gonorrbée et pour arrêter certaines bémorragies. Pou-
pée-Desportes , praticien célèbre , instruit par une ex-
périence consommée , proclame comme supérieure à
toute autre , dans les gonoribées , une tisane faite avec
les feuilles de cette liane à cœur, l'écorce de la liane à
savon , les racines du petit balisier , du Marcgrave à
ombelles , de la malnommée et de la verveine puante -,
mais les racines de Vlierhe à colet , infusées à froid ,
l'emportent , dit-il, sur toutes les autres. Certes Tasser-
lion véridique d'un médecin aussi distingué peut bien
aussi l'emporter sur les suppositions exagérées des par-
tisans de la doctrine du docteur Sangrado , qui , par es-
prit de contradiction , n'écrivent dans leur cabinet î'bis-
19*
( 234)
toire des plantes que pour les décrier et pour en renier
les propriétés. Quoi qu'il en soit , j'ai éprouvé, pendant
six ans , dans les hôpitaux que je desservais, la liane à
cœur, et j'ai toujours eu à me louer de son usage. Je
dirai de même de l'utilité des feuilles appliquées sur les
plaies et sur les ulcères dont elles accélèrent notablement
la cicatrisation. Que ces mêmes détracteurs osent renier
au suc de cette liane sa faculté de neutraliser incontinent
les morsures des serpens venimeux ! J ai mille faits
exacts et bien observés qui m'autorisent à publier la
propriété de ce précieux don de la nature , observations
faites dans tous les cas surtout où les moyens généraux,
quoique rationnels , avaient échoué , et où la perte des
malades était assurée , malgré la cautérisation pratiquée
dans un temps opportun, et dont cet antidote végétal
triompha. Sur cinq nègres mordus par des serpens , et
entrés à l'hôpital de Saint-Pierre ( Martinique ) , trois
furent guéris en employant le Pareil a bi'auaj les deux
autres périrent en quatre heures de temps pour n'avoir
puleleur administrer. On conçoit que de l'Europe on ne
peut se permettre de traucber aussi brusquement sur une
semblable question, et qu'il est téméraire de vouer inexo-
rablement à l'oubli des plantes précieuses qu'on n'y a
point employées. Studio doctor , expeiienliâ rnedicus,
INioDE d'admikistfxAtiok. Cette racine se donne en
poudre depuis une dragrae jusqu'à deux gros. Trois gros
suffisent pour deux livres d'eau qu'on fait réduire à
moirié. La dose de la teinture alcoolique est d'un ^ros.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT UN.
1. Portion du rameau d'un individu maie. — 2. Fleur raale.
— '». Fruit. — 4- Fleur femelle.
/y. joj
y7n\'iiare JA'j'iViif/fJ-K /'i/>.v
yi'rvc >.firi/^ .
AlUKSTOI^OriFK A":^^Gl^ïril>K
( 235 )
^(^A'v\^(vv»lVV^^/vvvv\vv^'vv^^'V^^^^'vv*^\'»<vv^vv/vvvvvA^^^lVv^<vvvvv>^(V»»vv^A,\vvt;^'vvvvv^'vx^
ARISTOLOCHE AjNGUICIDE.
(^Alexitère inteime.)
Synonymie. Vulg. Liane à corbillon. — Manarou. Arislolo-
chia anguicida. Lin. Gynandrie Hexandrie. — Tournefort,
classe des Personnées. — Jussieu, famille des Asaroïdes.
— Aristolochées de Rictard. — asaroïdes. Aristolochia
foliis cordato-acuminatis , caule volubili fruticoso , pedun-
culis solitariis , slipulis cordatis. Jacq. , Amer. 282, tab.
i44« — Aristolocbia mexicana , flore acutiore. Moris. Hist.
3 , p. 609 , sect. 12, t. 17, f. 7. — Aristolochia scan-
dens , foliis ad basim auriculatis. Pliim. — Carelu-Vegou.
Malab. — Aster fusi-lusit. — Kokerlingen Belg-. — En
espagnol, Aristoloquia. En anglais, long-rooted-Birthwort.
— Apinel au Brésil.
Caractères génériques. Calice lubuleux à la base -,
limbe irrégulièrenieiii conformé , soit en oreille d'âne ,
soit en corne d'abondance -, six étamines soudées et con-
fondues au centre de la fleur avec le style et le stigmate^
capsule obovoïde , inférieure , à six côtes et à six loges
polyspermes \ semences aplaties. (Richard.) Tiges grim-
pantes qui s'entortillent autour des arbres ou arbrisseaux
qui se trouvent près d'elles.
CarActî:res particuliers. Feuilles cordiformes, ai-
guës j tige volubile , sous-ligneuse -, pédoncules solitaires y
stipules cordiformes. (Vivacc. )
( '.36 )
Histoire NATURELLE. Le nom de cette plante, suivant
Cicéron et d'après Delaunay, est dû à un certain Aris-
tolochus qui , le premier , fît usage de T Aristoloche.
D'autres le composent de deux mots grecs, u^iu-roç ^
excellent , et Xolia , îocliies , pour indiquer contre cruelle
uialadie la médecine emploie plusieurs espèces. Quoi
qu'il en soit, ou dans les forêts vierges ou dans les bois
d'agrément, on observe toujours avec plaisir le feuillage
singulier de toutes les espèces de cette famille. C'est ici
le cas de dire avec Poiret que « tout ce que le Créateur
des mondes expose aux yeux de riiomme , son être
privilégié , il l'embellit , il en fait pour nous autant
d'objets de jouissance, tandis qu'il semble avoir refusé
l'élégance à tout ce qu'il dérobe à nos regards. En effet,
quelle différence entre la cime fleurie et verdoyante
d'un bel arbrisseau ou d'une liane élégante et la masse
grossière de ses racines divisées en rameaux informes ,
tortueux et charités d'une chevelure en désordre ! »
Quant à la culture de ces plantes exotiques , elles de-
mandent le plein air , une bonne terre et l'exposition
au soleil. On les multiplie facilement, soit de couchages
faits au printemps et qu'on peut lever l'automne sui-
vant , soit de semences quand elles mûrissent.
Caractères physiques. Cette espèce , qui a beaucoup
de rapport avec l'Aristoloche odorante , soit pour les
formes , soit pour les propriétés , est cependant d'ail-
leurs , dit Jacquin , désagréable et nauséabonde. Ses ra-
cines sont cylindriques et rameuses, contiennent une
moelle blanchâtre pleine d'un suc amer, fétide, et d'une
couleur orangée , et sont recouveries par une écorce
brune et subéreuse. Ses tiges sont ligneuses , subéreu-
( '3, ) ^
ses et persistantes dans la partie inférieure ^ la supérieure
est striée , presque glabre, s'entortille autour des arbres
et grimpe jusqu'à environ dix pieds de hauteur. Les
feuilles sont alternes , pétiolées , en cœur allongé et
pointu 5 glabres des deux côtés , munies de veines ré-
ticulées en dessous , et ont leur pétiole pubescent. On
observe à leur base des stipules en cœur qui embrassent
la lige. Les fleurs sont axillaires , solitaires, et portées
chacune sur un pédoncule plus ou moins long. Elles
sont d'un vert jaunâtre , avec des stries et des veines
pourpres , et ont leur languette lancéolée , pointue ,
canaliculée ou oonnivcnte postérieurement.
Analyse chimique. Geoffroy a observé le premier
que le suc des racines des Aristoloches rougit le papier
bleu , et Bergius , que l'infusion aqueuse n'est point al-
térée par le sulfate de fer^ ce qui explique îa propriété
alexitère. On obtient aussi de ces racines un extrait
gommo-résineux très-amer. Si on les traite par l'eau ,
l'extrait est peu abondant , d'une saveur salée et peu
amère. On y trouve aussi une huile volatile , un prin-
cipe amer, jaune ^ un extrait gommo-résineux, de l'a-
midon , de l'albumine ^ un peu d'acide malique et phos-
phoriquc , combinés avec la potasse.
Propriétés médicina.les. Les Aristoloches se trouvent
en abondance dans les bois et dans les halliers de l'A-
mérique, où l'on en observe un grand nombre d'espèces
dont la plupart sont employées en médecine par les na-
turels du pays qui sont autorisés à en louer les proprié-
lés. Cependant les feuilles de l'espèce sarmenteuse à
vrilles , très-commune sur les bords de la mer de la
partie sud-ouest de Saint-Domingue ; produisent un suc
( 238 )
causlique très-dangereux pour les bêtes cavalines. L'es-
pèce qui nous occupe ici n'a que des vertus précieuses ,
surtout pour remédier à la morsure des serpens et in-
sectes venimeux. Il suffit d'introduire deux ou trois
gouttes du suc de sa raciue dans la gueule d'un serpent,
pour l'enivrer au point de pouvoir le manier impuné-
■s.
ment , et le laisser reposer sur son sein sans avoir rien
à en craindre , au moins pendant quelques heures. C'est
ainsi que les jongleurs d'Amérique étonnent le peuple
crédule 5 tout en l'instruisant des moyens cju'ils doivent
employer poiîr se garantir des blessures nriortelles de ces
reptiles dangereux dont leurs contrées sont infestées.
Si on lui fait avaler une plus grande quantité de ce suc ,
tout-à-coup son corps entre en convulsion , et il meurt
en peu de tem.psf Le suc parait avoir plus de vertu
étant combiné avec la salive de Fliomme par la mastica-
tion. L'odeur seule de cette racine , au rapport de Jac-
quin , fait fuir ces animaux immondes. L'homme même
peut avaler quelques gouttes de ce suc sans en être in-
commodé. A plus haute dose , il occasionerait néan-
moins des vomissemens. Quant aux propriétés extérieu-
res de l'Aristoloche anguicide , il est certain , et je le
répète d'après ma propre expérience, que ce même suc
appliqué sur la morsure récente d'un serpent venimeux,
ou pris même à l'intérieur , guérit infailliblement et
presque subitement , ce qu'on ne peut attendre de tout
autre moyen ordinaire. J'ai neutralisé en peu d'instans ,
au moven de cette plante, le virus venimeux introduit par
la piqûre dangereuse des araignées crabes , des scorpions,
des scolopendres et de l'araignée à cul rouge , espèce
de tarentule, qui avait excité de vives douleurs et
plusieurs accidens propres aux substances vénéneuses.
Je dois aussi la signaler comme diurétique, sudorifique
et difficile à remplacer dans les afFections muqueuses de
la vessie, la chlorose, les fièvres intermittentes, la leu-
coplilegmasie , l'asthme humide , lanorexie glaireuse.
Les Indiens remploient journellement en lotion ou eu
topique contre l'arthrodynie chronique. Dans certains
cas d'atonie de la matrice , les insulaires prescrivent
cette Aristoloche pour provoquer l'expulsion du fœtus
et des lochies supprimées. Cette plante acre et amère
agit alors comme emménagogue excitante. C'est aussi un
détersif excellent qu'on peut employer avec avantage
dans le pansement des ulcères atoniqucs. Poupée-Des-
portes recommande la poudre de racine dans les diar-
rhées chroniques , et en forme tin opiat qu'il appelle
anti-cachectique .
La décoction des feuilles, tiges et racines, est évi-
demment alexitère et anti-syphilitique par excellence.
Les racines s'emploient de préférence contre les cé-
phalées rebelles , certains frissons symptomatiques , et
contre les tumeurs vénériennes et autres.
Mode d'administration. Les feuilles et les tiges se
prescrivent par poignées.
La dose de l'extrait résineux et de la poudre est d'un
gros. Celle de la teinture alcoolique est de trente à
quarante gouttes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT DEUX.
i. Racine.
N
( ^4" )
•VV\V\A'\A/%'VV»VV\\A/%VV%\>V\\/VVVVVV\>\\^/VV»iV»,'S\A*VV'VV»V\rt**'VVV>VV'»V\A/VV»'VV^>*IVVVVV\'» VVVi^^
EUPATOIRE AYA-PANA.
( Alexitère interne, )
Synonymie. Eupatorium Aya-Pana. Vent. — Lin. , Syngé-
nésie Polygamie égale. Tourn. , cl. 12, flosculeuses. Juss.^
famille des Corymbifères. — Eupatorium foliis lanceolatis,
integerrimis ; inferioribus oppositis, superioribus alternis ,
calicibus inaequalibus , multifloris. Vent. hort. Malm. 1 ,
p. 3 , tab. 3 , et Galend. Tubing. i8o3 , p. 196. — Trat-
tenick, Thesaur. , tab. 16. — Willd. Spec. plant. 3, pag.
176g.
Caractères gékériques. Involucre cylindrique, formé
d'écaillés unisériées , linéaires \ réceptacle plane ^ fleu-
rons du centre réguliers, mâles ou imparfaitement her-
maphrodites -, demi-fleurons de la circonférence femel-
les , fertiles, tantôt ligules , tantôt tubuleux , et à cinq
dents inégales -, fruit terminé par une aigrette simple ou
sessile. Les capitules sont tantôt solitaires au sommet
d'une hampe simple , tantôt disposés en épis. ( Ri-
chard. )
CARACTÎiRES PARTICULIERS. FcuillcS SCSsilcS , laucéo-
lées , glabres à leurs deux surfaces , et d'une odeur de
menthe , opposées inférieurcment , les supérieures al-
ternes -, fleurs purpui incs.
jv. o„:r
y/ieoJore /Je./'<-our/r/\. Z'i-ftti- .
yîv'r'i» ,Cl4^-
Ki'rATOlliK AVA-i*AXA-
( 24i )
Histoire naturelle. Les liabitans du Brésil , dit
Aubert Du Petit-Thouars , ont donné le nom d'Ava-
Pana à une plante de leur pays , à laquelle ils attri-
buent de grandes propriétés. Elle fut transportée en
T'jgi à l'ile de France par Augustin Baudin , qui la dé-
roba adroitement à un Brésilien qui la lui avait refusée.
Cette plante , regardée comme une panacée , était mise
en usage contre les empoisonnemens par les minéraux ,
par les végétaux et par les animaux. On l'applique avec
avantage à l'Ile-de-France , où il n'y a point de reptiles
dangereux , à guérir les empoisonnemens occasionés
par la chair de plusieurs espèces de poissons pêcliés sur
certaines plages et dans certaines saisons. L'Aya-Pana
V remédiait efficacement , et produisait des merveilles
dans les affections tétaniques. Mais ou lui accorda peut-
être des éloges trop fastueux , puisque dans l'entlicu-
siasme général on l'appliquait à toutes les maladies in-
ternes et externes , ce qui la fit bientôt discréditer
parce qu'elle ne répondit pas dans les résultats à l'at-
tente qu'on s'en était formée. Quoi qu'il en soit , elle
a conservé une partie de son crédit. Elle est indigène du
Brésil -, elle se trouve non loin du fleuve des Amazones.
On la rencontre actuellement aux Antilles , où il est à
croire qu'elle a été propagée par quelque main bien-
i'aisante. On l'y perpétua d'abord de marcottes. Elle
s'y multiplia avec une promptitude extraordinaire. Tou-
tes les boutures qu'on ficlie en terre sont chevelues au
bout de quinze joui»s , et propres à être transplantées.
11 suffit même de recouvrir les branches d'un peu de
terre ^ elles ne tardent pas à faire des racines à toutes
les articulations , et on peut les détacher du plant
sans qu'elles en éprouvent d'altération.
( ^4^ )
Caractères physiques. L'Aya-Paua est un peîit ar-
brisseau dont les tiges sont droites , fermes , presque
simples ou un peu rameuses , brunes , grêles , hautes
de trois pieds. Les rameaux garnis de feuilles presque
sessiles , lancéolées , très-entières , longues de deux ou
trois pouces , à peine larges d'un pouce , d'une odeur
de menthe , glabres à leurs deux surfaces , très-aiguës à
leur sommet, rétrécies en pétiole à leur base , à nervures
un peu saillantes en dessous, lâchement réticulées , pres-
que longitudinales ^ les feuilles inférieures opposées ,
les supérieures alternes. Les fleurs sont purpuri-
îies , disposées en un corymbc terminal ; les calices
presque simples , à folioles inégales , à fleurs nom-
breuses.
Analyse chimique. Le docteur Alibert ayant confié
des feuilles d'Aya-Pana à M. Cadet, il résulta de l'exa-
men de ce dernier, que la décoction des feuilles a fourni
un extrait brun d'une odeur herbacée , légèrement aro-
matique 5 que la saveur est assez analogue à l'odeur ;
que cette décoction précipite en vert sombre la disso-
lution de sulfate de fer , mais qu'elle rie trouble pas
la solution de gélatine , ce qui prouve , continue l'ar-
tchiàtre , que le principe astringent qu'elle contient est
de l'acide gallique et non du tannin.
Propriétés médicinales. La saine pathologie ne pou-
vant épouser l'erreur des enthousiastes qui ont fait de
l'Aya-Pana une plante miraculeuse , il y aurait néan-
moins de l'exagération à lui refuser des propriétés que
des expériences exactes, répétées sans prévention, ont
constatées. Je l'ai employée avec succès comme stimu-
lante dans plusieurs affections scorbutiques.
( 243 )
Le suc récent de la plante étant employé contre la
morsure des animaux venimeux peu de temps après Fac-
cident , guérit soudain le malade et fait cesser tous
les symptômes alarmans. J'ai eu la satisfaction de voir
confirmer mes expériences par une anecdote citée dans
les Elémens de Thérapeutique du docteur Alibert. Il
ajoute aussi , d'après la communication de M. Siéber ,
naturaliste envoyé au Brésil , que lorsqu'on tarde à
employer ce moyen , on ne peut prévenir la suppu-
ration ^^ quoique le suc neutralisant fasse céder l'inflam-
mation et l'enflure. Le traitement alexitère par l'Aya-
Pana est d'en administrer l'infusion éminemment sudo-
rifique en même temps qu'on applique sur les bles-
sures des feuilles contusées , recouvertes d'une
compresse imbibée d'une forte décoction de la même
plante.
Mode d'administuation. L'infusion des feuilles d'Aya-
Pana paraît devoir être préférée à toute autre prépara-
tion. Je l'obtenais en jetant une livre d'eau bouillante
sur deux onces de feuilles vertes. Cette boisson , légè-
rement aromatique, est fort agréable , surtout lorsqu'on
la sucre et qu'on l'acidulé agréablement avec le suc
du limon. On obtient , en augmentant la dose des
feuilles , un sirop purgatif dont les effets sont très-
doux.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TROIS.
1. Fleur entière.
2. Un des fleurons sépares.
C M4 )
fV\^VVV\V\'VV>VV\\\'>^/VVVV\VVVV\VVVVVV^iVVl\/V\\AA'VV^'V\^\\^/V^
>
BIGNONE A ÉBÈNE.
( Alexitere interne. )
Synonymie. Vulg. bois d'ébène vert. — Bignonia leucoxilon.
Lin. , Didynamie Angiospermic. Tournefort, classe des
Personnées. — Jussieu , famille des Bignones. Bignonia
foîiis digitatis , foliolis integerrimis , ovatis , acuminatis.
Lin. — Leucoxjlon arbor siliquosa , quinis foliis , flori-
bus nerii , alato semine. Pluch., Alm. 2i5 , tab. 200, f. 4-
— Bignona Leucoxjlon fruticosa , lloribus luteis. Lœfl.
Amer., p. 36i, n" 186. — i*"^ variété. Bignonia arbor
hexaphyllà , flore maximo luteo , ebenus vulgô vocata.
Barr. fr. Equin. 22 , vulgairement Vébène verte ou le bois
à'ébène vert. — 2^ variété. Bignonia arbor hexaphyllà, ligno
citrino. Barr., ibid. Vulgairement Yébêne jaune. — Qua-
raïba Pison. Bras. , p. i65. — Guira-Pariba. Marcg. Bras.
1 18. ( Encycl. )
CARACTÈrLES généPlIques. Plantes à fleurs monopéta-
lées, de la division des Pei sonnées, ayant du rapport
avec les Digitales et les Gratioles -, arbrisseaux dont les
feuilles sont communément opposées , et dont les fleurs
campanulées ou infundibuliformes ont un aspect agréa-
ble , et d'assez belles couleurs ; calice quinquéflde en
forme de godet ; corolle à gorge campanulée , quin-
quéflde , ventrue en dessous^ silique ou capsule sili-
queuse à deux loges : semences membraneuses ailées.
Caractères particuliers. Feuilles digitées 5 folioles
très-entières, ovales, aiguës *, calice à deux lèvres ^ lèvre
inférieure bifide. (Vivacc.) Jolyc.
7"/. --.../.
m
yVli'o.^ore J>c<f<'attrfi/\ /'nt.r
J'i'f\>i' iJi'tt^ .
iiï€>:o]:%:k a ikiskne.
I
( ^45 )
Histoire naturelle. Ces arbres , du plus bel as-
pect lorsqu'ils sont cliargés de leurs fleurs d'or, éton-
nent trois fois par an les yeux du voyageur curieux qui
aime à s'enfoncer dans les belles forets du Nouveau-
Monde , où ils se font remarquer par la beauté et
par la multiplicité de leurs fleurs ^ et quoique les feuil-
les tombent tous les ans , ce qui n'est pas ordinaire
aux arbres des colonies , ils se trouvent enveloppés par
une végétation si belle , si persistante , qu'à peine on
s'en aperçoit , car on ne peut dire des forêts de l'Amé-
rique comme de celles de l'Europe qui , pendant l'hiver,
portent le deuil de la nature :
Arbres dépouillés de verdure ,
Malheureux cadavres des bois ,
Que devient aujourd'hui celte riche parure
Dont je fus charmé tant de fois?
( J.-B. Rousseau.)
L'espèce que nous décrivons et qui se trouve aux An-
tilles et si communément à Saint-Domingue dans les
forêts solitaires et silencieuses du morne inhabité de
la Gonave , situé au milieu du canal du Port-au-
Prince , a tant de rapport avec les deux variétés que
j'indique dans la synonymie , qu'il est inutile d'en dé-
tailler les descriptions. Outre les vertus médicinales ,
que je ne puis cependant attester , les fleurs fraîches
jetées dansTeau lui communiquent une odeur agréable.
On se sert de cette eau pour arroser les temples le ma-
tin , et en purifier l'air croupissant. Le bois est recher-
ché par les tourneurs et par les ébénistes.
CarActï:res physiques. Cette espèce de Bignone, qui
a beaucoup de rapports avec la Bignonia Pentaphylla ,
s'en distingue cependant facilement par la forme des
( '46 )
folioles de ses feuilles , qui sont terminées en pointe ,
et par la belle couleur jaune de ses fleurs. C'est un
arbre qui quitte les feuilles tous les ans : ses feuilles
sont opposées, pétiolées, digitées et composées de cinq
folioles ovales-oblongues , pointues , entièrement gla-
bres et inégales. Les variétés i et 2 sont remarquables
en ce que leurs feuilles ont la plupart six folioles , et
qui sont beaucoup plus grandes que celles de la pre-
mière. ( Encycl. )
Analyse chimique. Cette Bigiione donne un principe
amer et de la résine. Elle fournit aussi beaucoup de
tannin. Le principe amer cristallise en aiguilles d'un
blanc jaunâtre.
Prophiétés MÉDiciiVÀLEs. Lcs uaturcls u' attribuent pas
tous à cette plante la propriété alexitère que certains
raédicastres lui reconnaissent. Je n'ai point eu occasion
d'en observer les effets , aussi me contcnterai-je de ré-
péter qu'on emploie la décoction de ses fleurs et sa ra-
cine contre la morsure des serpens ^ mais je conseille
aux médecins prudens de ne point se fier à un prétendu
antidote dont Felïicacité n'est point assez reconnue. On
conçoit de quelle importance il est de ne pas rester dans
une sécurité funeste, lorsque la mort d'un homme dé-
pend de quelques momens perdus sans agir.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE.
4. Silique.
2. Tronc fendu pour laisser voir les nuances cfu bois,
//.i'^.;,
yirviû'rv ûeMvu7-ti/%. /tnu-
JffVf ,*fyifyi.
Zi:i>OAIRK.
C a47 )
/VV»^^^ VV»W> VV> W>\V\ VV% W\VV> VV> VV^WlVW W\W»VV» V>AVV^V\i'»VV'\'VV»VV»VV»'VV\VV\'VV»\'WVV\VV»
ZÉDOAIRE.
( Alexitere interne. )
STrfONTMiE. Vulg. Herbe à Kœmpfer. — Herbe à mal d'esto-
mac. — Kœmpfer rotunda foliis lanceolatis petiolatis.
Linné , Monandrie monogynie. Jussieu , classe 4» ordre 2 ,
famille des Balisiers. — Zedoaria radice rotunda. Rai.
append. , p. 648. — Colchicum Zeylanicum , flore violœ
odore et colore ephemero. Herm. Prod. , pag. 324. Burm.
Zeyl. , pag. 67. — Colchicum Zeylanicum Hermanni.
Breyn. Prod., pag. 76. — En anglais, Zedoary. — En
portugais et en espagnol, Zedoaria. — En malabarois,
Malan-Kua. Rheed. Hort. mal.
Catiactères géwériqtjes. Plantes monocotylédones :
fleurs complètes, monopétales , irrégulières, solitaires,
qui s'élèvent immédiatement des racines \ feuilles toutes
radicales. Corolle monopétale à double limbe ^ l'inté-
rieur partagé en trois découpures étroites. L'intérieur
irrégulier, à quatre découpures , une droite , étroite, les
trois autres fort larges , celle du milieu bifide ^ une an-
thère géminée , un stigmate à deux lames -, une capsule
à trois loges.
Caractères particuliers. Feuilles radicales lancéo-
lées , vertes en dessus , et violettes en dessous.
Tome HT. — 52® Livraison. 20
( ^4B )
HisToiHC NiTURELLE. Je parle ici de la Zédoaire , non
qu'elle soit indigène aux Antilles , mais parce qu'elle y
a été naturalisée , et qu'on l'y rencontre en pleine terre
dans plusieurs jardins. La Zédoaire dont le pourpre du
dessous des feuilles relève l'éclat de leur verdure , est
originaire des Indes-Orientales. Les habitans de Ceylan
et de l'Ile Saint-Laurent font confire au sucre la racine
encore verte de la Zédoaire , et en font usage comme du
gingembre. Toute la plante , distillée avec l'eau com-
mune , fournit une huile essentielle , dense , épaisse ,
qui se fige , et prend la forme du camphre le plus fin ;
on l'emploie contre les poisons et la morsure des ani-
maux venimeux.
Caractères physiques. Les racines de la Zédoaire ,
ainsi que toute la plante , sont très-odorantes , blanches
en dedans , revêtues d'une écorce cendrée , composées
de -bulbes ovales, arrondies, quelquefois deux à deux,
lisses et fibreuses» Les feuilles , longues de sept à huit
pouces , sont toutes radicales , d'un vert gai en dessus ,
lancéolées , aiguës , glabres , très-entières , violettes en
dessous , et s'emboitant les unes les autres par une base
rétrécie en un pétiole vaginal.
Les fleurs sortent immédiatement des racines , hors
d'une spatlie divisée en deux portions. Leur corolle est
bleue , quelquefois mélangée de pourpre , de rouge et
de blanc , d'une odeur très-agréable , et comparable à
celle de 1^ violette. Son tube est grêle , allongé , divisé
à son limbe en trois découpures extérieures , allongées ,
( M9 )
fort étroites , souvent réfléchies en dehors -, les trois in-
térieures larges , ovales , mucronées ^ Vinteruiédiaire bi-
fide, ( Encycl. )
Ai^ALYSE CHIMIQUE. Lcs racincsde la Zédoaire sou-
mises à Pexanien par M. Morin , pharmacien à Rouen ,
lui ont donné les mêmes produits que le gingembre,
c'est-à-dire que, traitées par ralcohol,il y a reconnu une
matière résineuse, une huile volatile, de l'acide acé-
tique libre , de l'acétate de potasse , de l'osmazôme, de la
gomme, une matière végéto -animale, du soufre, du
l'amidon , du ligneux ; les cendres lui ont fait découvrir
du sous-carbonate , de l'hydrochlorate et du sulfate de
potasse -, du phosphate de chaux , de l'alumine , de îa
silice , de Foxide de fer et de l'oxide de manganèse.
Propriétés médicinales. N'écrire l'histoire des plan-
tes que pour refuser de croire à leurs propriétés , c'est
vraiment inconcevable , et pourtant d'après l'analyse ci-
dessus on voit qu'on est fonde d'attribuer à la Zédoaire ,
comme aux autres espèces aromatique:! , une vertu alexi-
tère, ou, si on l'aime mieux, stimulante , peu importe le
mot. Car si ces mêmes détracteurs modernes accordent
des vertus puissantes et alexitères à la Serpentaire de
Virginie, je ne sais pourquoi ils la refusent à la Zédoaire
qu'ils n'ont probablement pas éprouvée ni analysée. Or,
pourquoi accuseraient-ils d'ignorance des lois de V écono-
mie animale , d'imposture et dune ai'eugle crédulité , des •
praticiens instruits et véridiques , dont le talent supé-
20*
( 9,5o )
rieur et la sagesse d'observation ne peuvent être contes-
tées , et qui riraient de pitié en entendant dire à ces
docteurs ( studio ) que la Zédoaire n'a pas la propriété
d'arrêter les progrès d'une blessure envenimée , parce
que \qs anciens , forts de leur pratique , ont pour eux
une expérience sans cesse renouvelée , et contre laquelle
doivent se briser toutes les suppositions? Quoi qu'il en
soit, il est reconnu aux colonies par les naturels, et
confirmé par les praticiens de rx\mérique, que les raci-
nes de Zédoaire étant douées des vertus aromatiques les
plus diffusibles , doivent être recommandées dans l'inap-
pétence , et l'atonie des premières voies , dans les affec-
tions vermineuses , les flatuosités , la chlorose et l'hypo-
condrie , dans l'aménorrhée et l'hystérie asthéniques ,
dans l'asthme humide et les engorgemens muqueux des
poumons , et tous les cas où les toniques sont indiqués \
dans les affections lymphatiques, chez les personnes
grasses, dent les digestions sont lentes et laborieuses ^
mais son usage est contraire aux tempéramens pléthori-
ques, aux sujets maigres , délicats et d'une susceptibilité
nerveuse très-e:altée. C'est un très-bon sudorifique , un
bon anti-scorbutique \ les marins peuvent le certifier.
On la recommande aussi lorsqu'il s'agit de ranimer la
circulation. Quelques personnes ont arrêté , par son
usage, des vomissemens excessifs. Les nègres font avec
toute la plante un onguent qui sert à réunir en vingt-
quatre heures les blessures récentes. Ils emploient le
suc des racines contre l'anasarque.
Mode d'admiisistration. On administre la poudre de
la racine depuis quatre jusqu'à douze grains ^ en décoc-
fi
( ^5i )
lion on en infusion, à la dose d'un gros pour deuxlivres
d'eau ^ en teinture , depuis un gros jusqu'à deux.
EXPLICATION DE LA PLAîSCHE DEUX CENT CINQ,
La planche est représentée demi-grandeur.
( 25^>. )
VALÉRIANE PATAGONELLE.
( Alexitère interne. )
Synonymie. Vulg. Patagon tassole-gloiiterone velue. Boerhaa-
via caulens laevi, diffuso ; foliis ovalis. Lin. , Monandrie
monog-ynie. Jussieu, famille des Nictages. — Philantropos
villosa, foliis subtùs argenteis. Burm. Valerianella , foliis
subrotundis subtùs argenteis. PI. V, IV, p. i48. — Vale-
riana bumilis flore rubente, folio rotundo subtùs argentée.
Poup. Desp, — Boerbaavia dififusa, foliis ovatis ; eaule dif-
fuso, glabro ; fluribus subumbellatis ; fructibus clavatis ,
sulcatis , muticis. Swartz , Obs. , p. lo. — Valerianella fo-
folio subrotundo, flore purpureo ; semine oblongo, striato ,
aspero. Sloan. Jarn. 91. liai, suppl. , 244* — En espa-
gnol et en portugais , Valeriana Patagone. — En anglais,
Valerian.
Caractères génériques. Fleurs incomplètes de la
famille des Nictages , ayant beaucoup de rapports avec
les Valérianes; plantes, la plupart glutineuses , dont les
feuilles sont opposées , et les fleurs presque disposées en
ombelle. Les fleurs ont un calice très-petit, d'une seule
pièce , resserré à son orifice , où il s'élargit en un limbe
campanule \ point de corolle -, une à trois étamiues ; une
semence recouverte par !a base anguleuse du calice. Ces
espèces sont pourvues d'un périanthe sur lequel la co-
rolle est entée. Ce périanthe est anguleux, à gorge ou-
verte et peisislante , et qui , renfermée ensuite , forme
une croûte sur la semence.
// .■.'II.
J n^oj€^ré Pf^ctfurit/\ /^rrju'
jPA-^^ Jct^fff'
VAi,Ji;ilfA^'ELLK
( 253 )
(.AHACTÈRES PARTICULIERS. Tige lisSC OU VeluC , (llf-
fuse \ feuilles ovales, feuilles blanches en dessous. Fleurs
pourprées et monandriques.
Histoire naturelle. On donne à cette plante le nom
vulgaire de Patagon , parce que ses feuilles sont argen-
tées et rondes comme cette espèce de monnaie. Ces
feuilles sont employées comme comestibles , et on les
associe aux plantes potagères dont on fait les calalous.
Cette plante , selon Plumier, a des rapports avec le
Caapomonga , ou Ema Dovina de Marcgrave , liv. I ,
chap. XIII , mais sa racine a un tout autre goût. Les
Martiniquais l'emploient contre la morsure desserpens.
Caractères physiques. La Patagonelle a une racine
pivotante de cinq à six pouces de longueur , et de la
grosseur d'une rave moyenne •, elle est grisâtre au de-
hors, et blanche en dedans^ d'une odeur aromatique et
pénétrante. Elle jette cinq à six tiges tantôt droites ,
tantôt couchées à terre , rondes , rougeâtres , épaisses de
deux à trois lignes , toutes velues d'un duvet blanc \ elles
sont garnies de plusieurs nœuds tuméfiés , et de plu-
sieurs branches noueuses de même -, à chaque nœud se
développent des fouilles opposées , attachées à des pédi-
cules de plus d'un pouce de longueur , et velues , ainsi
que les tiges; rondes ou cordiformes, d'environ deux
pouces d'étendue, fort tendres , charnues , ondées , ve-
lues à l'entour , unies et d'un vert foncé par dessus , ar-
gentées par dessous , chargées de quelques côtes obli-
ques et velues.
Il naît de l'extrémité des branches et des tiges d'au-
tres plus petites , fort courtes , et de celles-ci d'autres en-
( 254 )
core plus menues , et garnies au bout d'un bouquet eu
forme d'ombelle , de très - petites fleurs purpurines ,
composées de cinq pétales et d'une à deux étamines. Le
fruit est presque ovale , peu anguleux et couvert de
petits tubercules glutineux^ il est taillé à cinq angles ,
et il s'attache aussi facilement aux îiabits que le Gloute-
ron d'Europe.
Analyse chimiotje. La racine de la \alérianelle con-
tient beaucoup d'humidité ; mais étant sécliée elle a
produit un principe aromatique soluble dars Fcau , in-
soluble dans l'alcohol et dans l'éther , que la gélatine ne
peut précipiter 5 de la fécule ; un extrait gomm.eux , et
une huile volatile et aromatique.
Propriétés médicinales. La natuie aiomatiquede la
lacine de cette plante prouve quelle peut être son action
directe sur notie économie. Flic pénètre promptenient
tous les appareils de la vie or:;anique et de la vie ani-
male. Administrée à haute dose , elle peut provoquer le
vomissement en excitant trop la membrane muqueuse
de l'estomac , qu'elle corrobore , si on l'administre à des
doses fractionnées. Alors elle est tonique et vermifuge ^
elle provoque par la même raison la sueur, les règles et les
urines, ^iais son action la plus directe est celle qu'elle
exerce sur le système nerveux , comme étant douée d'une
vertu anti-spasmodique par excellence. On l'a souvent
administrée avec succès contre cerlaines épilepsies , sur-
tout celles produites par les affections morales, ou celles
causées par la présence des vers. On n'a qu'à se louer de
son usage dans l'hystérie, lachorée, la colique saturnine,
lu névralgie facialti et la contracture des membres, dan-.
( 255 )
la paralysie , riiéiiiicranie , la leucoplilegmasie et les
névroses de la rétine. Nous devons la considérer ici
comme propre à remédier à l'action des substances vé-
néneuses , ou à la morsure des animaux venimeux.
Mode d'administration. La dose en poudre est de-
puis dix grains jusqu'à un scrupule, soit délayée dans
du vin , ou en électuaire en lui associant le miel ou le
sirop de fleurs d'oranges. Son infusion , que l'on fait à
vaisseau clos , à cause de la subtilité de son arôme , se
prescrit par once de la racine fraîclie pour deux livres
d'eau bouillante ^ l'iiuile volatile se donne à la dose de
cinq à dix gouttes dans une tassée de son infusion.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SIX.
La plante est représentée de grandeur naturelle.
1. Fleur.
2. Coupe du fruit.
f 256 )
^lVtVV>'VV\VV>VV\VV't'VV\VVVVV>^AAV\AlVV>%^JVV\'V\AVV^VV\VV\^/V>VV^VV\\A>^JVV^/V\A<VVVVVVVV^VV^/^^
DORSTÈNE A FEUILLES DE BERCE.
( yilexitère interne. )
Synonymie. Dorstenia Contrayerva, scapis radiatis, foliis
pinnatifido-palmatis , serratis , receptaculis quadrangulis.
Lin. , class. 4- Tétrandrie Monogjnie. — Jussieu , clas. i5 ,
ordre 3 , Orties. — Tournefort , cl. i5 , Apétales. — Dors-
thenia sphondjlii folio , dentariœ radiée. Plum. Gen., 29.
Burm. Amer., t. 119. — Cjperus longus odorus peruanus.
Bauliin Pin. , i4. — En anglais , Contrayerva. En espa-
gnol, Contrayerba.
Caractères génériques. Plantes à feuilles péliolées ,
ordinairement radicales \ à fleurs incomplètes , situées
en grand nombre sur des réceptacles communs , charnus,
aplatis et pédoncules. Fleurs quelquefois hermapliro-
dites. Les mâles sessiles , nombreuses sur un réceptacle
commun, pédoncule, charnu , orbiculaire ou elliptique.
Calice à quatre divisions obtuses , et quntre étamines
fort courtes. — Les femelles également sessiles , nom-
breuses sur un réceptacle charnu , aplati , orbiculaire
ou quadrangulaire , ou quelquefois lacinié. Ovaire supé-
rieur , ovale , paraissant frangé au sommet , et chargé
d'un style court, à stigmate simple. — Le fruit consiste
en plusieurs semences arrondies, acuminées, solitaires ,
piquées , ou enfoncées dans la chair pulpeuse du récep-
tacle commun qui les porte.
/y. 20/
J%Bmdrrr ^Mvur^ZilPmjr
Pém. Sevjff ■
l>ORSTElVE CONTRAYERVA.
( ^57 )
Caracïèiies particuliers. Scapes à raciDes ; feuilles
pinnatifides, palmées, dentées en scie -, réceptacle à qua-
tre angles , ouvert , au lieu d'être fermé comme dans les
figuiers (vivace). Mexique, Antilles.
Histoire naturelle. Cette plante fameuse, originaire
du Pérou , fut remise par le célèbre Drake , à l'Ecluse
qui donna à cette racine le nom de Drakena. Plumier ,
qui de son côté l'avait découverte aux Antilles, lui consa-
cra le nom du botaniste Dorsten , d'où il fît le nom
Dorstenia , que conserva Linné , ainsi que le mot es-
pagnol Contrajerba , qui veut dire : contre-poùon.
Différens voyageurs ont aussi rencontré cette plante
curieuse au Mexique , à l'ile Saint-\incent et aux Antil-
les. On cultive maintenant cette plante en Europe ,
dans plusieurs jardins de curieux. Elle aime une terre
un peu humide et l'abri du soleil.
Caractères physiques. La Dorstène est très-remar-
quable par ses fleurs réunies en grand nombre sur un
réceptacle épais , charnu , élargi et quadrangulaire ,
semblable à celui de la figue , si ce n'est qu'il est plane
et très-ouvert , au lieu d'être fermé.
La racine du Contrayerva est Ionique de deux à trois
pouces, un peu tubéreuse, très-noueuse, comme écail-
leuse , garnie de fibres longues et rameuses qui s'éten-
dent de tous côtés , et ressemblent un peu à celle de la
Dentaire , ou à celle du sceau de Salomon -, elle pousse
de son collet cinq n six feuilles pélioîées, pinnatifides ,
presque palmées, à découpures ovales, lancéolées, poin-
tues, légèrement et inégalement dentées dans leur con-
tour. Ces feuilles sont d'un vert foncé , chargées de
( 258 )
jtoils courts un peu rares, légèrement âpres au toucher,
et longues de cinq à sept pouces , en y comprenant leur
pétiole. Elles ressemblent, au premier abord, à celles
de la Berce -, mais elles sont beaucoup plus petites. Les
rampes naissent de la racine entre les feuilles *, elles sont
nues, longues d'environ quatre pouces, et portent cha-
cune un réceptacle ou placenta quadrangulaire , onde,
sinueux ou anguleux en ses bords , aplati en dessus ,
large d'un pouce et couvert de petites fleurs sessiles.
Analyse chimiole. La racine de Contiayerua , com-
posée de troncs noueux et tubercules , et jetant de
toutes parts des filets rameux , est d'un rouge brun à
l'extérieur , et d un blanc pâle intérieurement , d'une
odeur aromatique, d'une saveur amcre et acre qui laisse
pendant long-temps à la bouche une sensation brûlante.
Elle contient tant de mucilage que la décoction aqueuse
peut à peine s'échapper du filtre. On en retire un ex-
trait aqueux et un extrait alcoholique qu'on doit pré-
férer au premier. La dissolution de sulfate de fer ne
reconnait aucun principe astringent dans cette racine.
Propriétés médicinales. Sans vouloir être toujours
en guerre avec les antagonistes de ïa médication végétale
des naturels du Nouveau-Monde , j'affirmerai pourtant
avec vérité , et pour Kavoir éprouvé moi-même plu-
sieurs fois , que cette racine employée fraîche guérissait
subitement et comme par miracle les morsures des ser-
pens si nombreux à la Martinique, en neutralisant leur
influence délétère. On l'emploie aussi comme diapho-
rétique, cordiale, dans certaines circonstances de fièvres
lentes nerveuses ^ on y a recours lorsqu'il est besoin
d'activer la circulation , de stimuler l'estomac et les in-
( 259 )
testins ^ elle agit alors comme stomachique et carmina-
tive. Elle favorise puissamment aussi l'éruption languis-
sante des affections cutanées-, elle arrête, employée en
gargarisme , les progrès de l'angine gangreneuse , si
souvent funeste. Quoique les praticiens des Antilles la
recommandent à la fin de la dyssenterie, j'engage à n'en
point faire usage dans une maladie où les excitans sont
contraires.
Mode d'admiivistpvAtion. La dose de la poudre de
cette racine est depuis trente grains jusqu'à deux gros.
On en prescrit pareillement l'infusion. La teinture al-
coholique est de trente à quarante gouttes.
EXPLICATIOTî DE LA PLANCHE DEUX CENT SEPT.
La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.
1. Coupe verticale du réceptacle.
2. Semence.
( ( 26o )
STRUMPFIE xMARITIME.
( Alexitere interne. )
SyNONYivnE.Vulg. faux Romarin. — Strumpfia maritima. Lin.
Syngénésie monogaraie. Jussieu. Plantes d'un siège in-
certain. — Strumpfia follis linearibus , subverticiiîalis,
ternis, pcdunculis axillaribus , multifloris. Laraark. —
Strumpfia maritima. Lin. Spec. Plant., voL 2, pag. i3i6.
— Jacquin. Slirp. Amer., p. 218. — Juss. Gêner. , p. 436.
— Willd. Spec. Plant., vol. i, pag, 1162. — TLjmelea
frutescens, Rosmarini folio , flore albo. Plura. Spec. Plant,
amer. , pag. 17. Et Rurm. Amer., tab. 261 , fig. i.
Caractères génériques. Plantes dicotylédones , à
fleurs complètes , polypétalées , dont la place dans l'or-
dre naturel n'est point encore reconnue *, arbrisseaux
exotiques à l'Europe , à feuilles étroites , presque verti-
ciliées , munies de stipules \ fleurs axillaires presque en
grappes.
Caractèr^es particuliers. Calice persistant, supé-
lieur, à cinq dents \ cinq pétales \ cinq étamines réunies
par leurs anthères ^ un style ; un stigmate ;, une baie
monosperme.
Histoire naturelle. Cet arbrisseau, d'un port assez
élégant et peu commun pour ses formes , croît dans les
contrées méridionales de l'Amérique , où son odeur forte
mais peu agréable le fait chercher au milieu du feuillage
P/. -'ofi.
T/téoJore J/escaurûk. Jvur
J\'rvt- <y.-»/f>
^TIU^li'FiK MAKITl^iE .
( =«61 )
des forêts où il se plaît , pour les vertus alexitères que
l'expénence lui a reconnues. Quelquefois on rencontre
la Strumpfie sur des monticules renfermant des mines
qui bordent les rivages de la mer. On le prendrait de
loin pour un buisson de Romarin.
Caractères physiques. Cet arbrisseau s'élève à la
hauteur de trois pieds environ, a une tige droite qui se
divise en rameaux cylindriques, de couleur cendrée, et
qui paraissent comme articulés parles impressions circu-
laires qu'y laissent les attaches des feuilles. Celles-ci
sont ternées , assez semblables à celles du Romarin , li-
néaires, presque verticillées .^ munies de stipules petites ,
aiguës, noirâtres, alternant avec les feuilles.
Les fleurs sont axillaires, réunies en petites grappes,
sur un pédoncule commun fort court , deux fois moins
long que les feuilles ^ chaque fleur portée sur un pédi-
celle fort court. La corolle est blanche , petite , à cinq
pétales. Les fruits sont des baies molles, blanchâtres,
de la grosseur d'un petit pois.
Analyse chimique. La Strumpfie maritime fournit
à l'examen une huile aromatique jaune, d'une saveur
acre, et qui donne avec l'acide nitrique une résine jaune ^
plus, une matière extractive gommeuse, de la fibre li-
gneuse avec une matière analogue à la Bassorine.
Propriétés médicinales. Les expériences des prati-
ciens du pays s'accordent pour reconnaître dans la
Strunipfie une efficacité incontestable dans le traitement
des blessures venimeuses , celui des fièvres ataxiques et
adynamiques. C'est assez faire connaître que cet arbris-
seau a^it comme excitant. On doit en recommander
( 262 )
l'emploi dans les fièwes de mauvais caractère, si la stu-
peur est cousidérahle , lorsque le pouls fuit sans le tou-
cher, et s'il est à peine perceptible , en cas de délire et
de pétéchies.
Mode d'admikistration. La poudre des feuilles se
prescrit depuis dix grains jusqu'à un gros. On l'associe
avec avantage au quinquina , au camphre et à l'anmio-
niaque. Dans certains cas, on en ordonne l'infusion ou
la décoction en y ajoutant une eau spiritueuse.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEL'X CEKT HUIT.
La planche est demi-grandeur naturelle.
1. Calice.
2. Etamines et pistil.
3. Fruit.
4. Coupe du même.
M. ^.
Tlieodore Ji&rcouritZK. J'rruc ■
Peree Jcit^-
llEinVïC; IF. BALJ4AM 1 l^'E RE .
( 263 )
A/VX W«V\'«^'VWWWWV> WtW^ VWMAVW^MkWX VV^^VV «. VVWVWA W\ V\A/VWW\VV« WW» %X>VVVV« W» W>
HEDWIGIE BALSAMIFÈRE.
( Alexitère aromatique. )
Synonymie. Vulg. Sucrier de montagne; Bois Cochon. Hed-
•wigia balsamifera Swartz. Lin. Hcxandrie monog-ynie. Jus-
sieu, famille des Térébinthacées. Burscra balsamifera. D.
— Arbor excelsa aromatica, terebinthi foliis et facie , flori-
bus racemosis albis , fructu cordiformi , lignoso , ex viridi
nigricante. — Fruita sanctae Belgae en espagnol.
Caractères génériques. Calice triphille-, corolle de
trois pétales-, capsule charnue, à trois valves, mono-
sperme.
Caractères particuliers. Cette plante varie par son
calice quinquefide , par cinq pétales, huit étamines, un
stigmate triûde. Feuilles longues et étroites rangées
par paires, fort éloignées les unes des autres, et termi-
nées par une impaire. Fruits en grappes.
Histoire naturelle. Le genre Hedwigie, créé par
Swartz, dans sa Flore de t Amérique ^ vol. 2 , p. 6^2,
classé par Jussieu parmi les Bursera et les Icica^ a été
rappelé sous le nom de Bursera gummi fer a par Persoon,
Synopsis plant. 1 , pag. 5^4* Palisot-Beauvois le rap-
ToME m. — 53*" Lii'raison. 21
( î64 )
porte kVIcica. Je croîs , au contraire , d'après la distinc-
tion évidente des espèces , qu'on doit conserver le nom
de Bursera gunimifera au Gommier blanc et à sa variété
à écorce rouge , qui habitent les plaines et quelquefois
les côtes, et consacrer particulièrement le nom d'Hed-
-wigia hahamifera à l'arbre appelé , par les naturels ,
Sucrier de montagne^ Bois Cochon j car, en effet, on ne
le trouve que dans les mornes qui servent de retraite
aux cochons qui ont quitté l'état de domesticité pour
vivre à l'état sauvage. Les principaux caractères servant
à faire distinguer le Gomart de î'Hedwigie balsamifère
consistent en ce que les sept folioles de ce dernier
sont lancéolées comme dans le saule ou l'olivier, et
non ovales et acuminées comme dans le Gomart. (Voyez
t. II , pi. 97.)
La confusion qui a régné jusqu'ici entre les trois es-
pèces suivantes, 1° l'Hedwngie, 2" le Gommier rouge
ou Gomart.^ 3° et le Gommier blanc à fruits en grappes,
nous a déterminé à établir les caractères sensibles qui
les font distinguer. 1°. Dans I'Hedwigie de Swartz ,
Bursera balsamifera, on remarque sept folioL s longues ,
étroites, lancéolées et éloignées^ les fruits sont pyri-
formes , cannelés , verts et noirâtres en mûrissant.
2". Dans le Gommier rouge ou Gomart d" Amérique, Bur-
sera gunimifera , on observe seulement cinq folioles
grandes et larges^ les rameaux sont disposés en croix;
les fruits sont triangulaires, à côtes saillantes, ovales,
plus larges à la base, et d'un vert rougeâtre. 3°. Enfin ,
dans le Gommier blanc à fruits en grappes, Bursera fo-
liis angustiorihuSy etc. , les cinq folioles sont infiniment
plus petites-, les fruits ne sont pas plus gros que des
groseilles ^ à grappes sphériques et crochus à leurs extré-
( i65 )
mites -, ils sont d'un brun noirâtre à l'état de maturité.
J'ai remarqué que le nombre des noyaux dans chaque
fruit, et celui des divisions de la fleur, sont souvent
variables.
Le nom de Bois Cochon a été donné à cet arbre pré-
cieux, par la découverte qu'en fit un nègie poursuivant
un cochon marron qu'il avait grièvement blessé , et qu'il
surprit entamant l'écorce résineuse pour en couvrir
ses blessures.
Tout ressent son pouvoir, quand le cabrit blessé
Emporte au fond des bois le trait qui l'a percé,
Suivant et le besoin , et son instinct pour maître.
Parmi les végétaux il sait le reconnaître.
Delille , traduct. de l'Enéide , liv. xn.
Ce suc résineux en coulant a la consistance du miel ;
mais il devient solide et même friable par le contact de
l'air, et passe au jaune. Alors
L'ambre de leurs rameaux distille en larmes d'or.
Ce suc contient une huile ambrée, jaune, volatile , qui
remplace la gomme élémi et le taca-mahaca. Les boar-
geons entrent aux colonies dans l'onguent populeum.
On emploie souvent aux Antilles cette résine pour
remplacer Tencens.
L'encens qui de Saba fit l'antique opulence ,
Comme un nuage au loin qui dans l'air se balance,
S'élevait lentement, et planait sur les champs.
Caractères physiques. L'Hedv\'igie est un arbre aro-
matique qui s'élève à soixante pieds environ , ressem-
ai*
( 266 )
Liant beaucoup aux térébinthes par ses feuilles , par ses
fleurs blanches , rameuses , et par ses fruits ligneux
d'un vert noirâtre. Sa tige est très-élevée , droite et co-
lossale , quelquefois de cinq à six pieds de circonférence.
Son écorce est unie , d'un roux cendré ^ l'enveloppe cel-
lulaire verdâtre \ le liber rougeâtre et très-gommeux. Le
bois, dîl Poupée Desportes, est solide, fendant, rou-
geâtre , flexible sans être incorruptible \ cependant très-
utile pour bâtir et faire des barriques à sucre. Le tronc
se partage en plusieurs branches et a des feuilles un peu
plus longues et plus larges que celles du térébinthe , et
d'un vert jaunâtre , comparables à celles du saule ou de
l'olivier. Elles sont rangées par paires le long d'une
côte et fort éloignées les unes des autres ; il y en a une
qui termine rextrémité. Les fleurs blanches ont un ca-
lice à trois divisions ^ un calice à cinq pétales , six à huit
étamines. Le fruit vient en grappes, et acquiert la gros-
seur d'une aveline à trois côtes, de la forme d'une poire
renversée. L'enveloppe est charnue, verte, coriace, et
renferme trois noyaux oblongs qui contiennent une
amande de la même figure , amère et huileuse.
Analyse chimique. D'après l'analyse toute récente
que M. Bonastre vient de faire de la résine du Sucrier et
qu'il a eu la bon té de me communiquer, ce suc résineux ,
de couleur rouge foncée, de consistance tenace, molle,
et adhérant fortement aux mains, d'une odeur térébin-
thacée, mais point aussi agréable que celle du baume de
tacamaque, donne , par la distllation dans l'eau et avec
assez de difficulté , une huile essentielle d'un jaune am-
bré, fluide, transpareiUe , plus légère tjue l'eau, d'une
saveur âci e et forte. Les propriétés particulières de cette
( ^«7 )
huile sont que si Ton vei se quinze à vingt gouttes d'acide
sulfurique sur six de cette huile, elle prend de suite une
couleur jaune safranée très-foncée. Si, au contraire, c'est
de l'acide nitrique , il se développera une couleur rosée,
puis cramoisie, enfin une autre d'une couleur amaranthe
superbe, et telle qu'on pourrait l'obtenir avec la plus belle
laque carminée possible. C'est à tort qu'on a donné le
nom de baume à la résine du Sucrier de montagne , puis-
qu'il ne contient pas d'acide benzoïque. Il est composé
d'une résine soluble brune -, d'une sous-résine pulvéru-
lente ^ d'un extrait amer contenant des sels*, et d'une
huile essentielle.
Propriétés médicinales. Le Sucrier de montagne
jouit aux colonies d'une réputation méritée quoiqu'un
peu exagérée. On l'emploie peut-être quelquefois in-
considérément dans trop de maladies. Comme on ne
peut croire à l'existence d'une panacée, je me contente-
rai d'indiquer les cas où son usage est de quelque utilité.
Poupée Desportes recommande son écorce comme fébri-
fuge *, l'ordonne dans les tisanes pectorales et apéritives ,
ainsi que l'huile tirée des noyaux du fruit, qui remplace
l'huile d'amandes douces. Dans les coliques bilieuses et
celles du poitou , après les saignées, le vomitif, les bains
et lavemens mucilagineux et oléifères , si les douleurs
continuent , on doit recourir, dit ce praticien , au baume
de Sucrier qui , uni à l'eau de casse et à l'opium , pro-
duit des merveilles. Quelques-uns obtiennent un baume
acoustique en mettant digérer au bain de sable , dans un
matras, deux onces d'huile de ben ( i®^ vol., pi. 27,
pag. i3i ) et quatre gros de résine de Sucrier. On l'in-
troduit dans l'oreille , au moyen d'un peu de ouate,
( 268 )
dans les otites provenant de transpiration interceptée.
J'ai vu des efi'ets surprenans des vapeurs de cette résine
dissoute dans Téther et aspirées fréquemment dans la
phtliisie laryngée, deuxième période. On en fait aussi des
fomentatiojis dans les douleurs d'estomac par dispepsie
ou digestions lentes et laborieuses , dans les coliques
venteuses , contre le vomissement 5 dans les maladies de
la peau , il remplace le baume de tolu , dans toutes les
préparations pour les maladies de poitrine. Certains mé-
dicastres recommandent les bains d'une décoction de ses
feuilles dans les affections rliumatismales , les érysipèles et
le plitliiriase. On emploie avec succès dans certaines ma-
ladies calculeuses, bilieuses, dans la graveîle , les ulcères
des reins, de îa vessie et du vagin , et à la fin des blen-
norrhagies , la mixture suivante : prenez alcohol rectifié
^iij^ mêlez avec buile essentielle de Sucrier ^ viij.
Remuez avec soin , et ajoutez peu à peu acide nitrique
concentré deux onces. Distillez à une douce chaleur pour
retirer moitié du mélange. Cette préparation se prend
par gouttes intérieurement, de vingt à quarante, dans
du miel ou un jaune d'œuf. On s'en trouve très-bien
dans les calculs biliaires , l'ictère, l'engorgement du foie;
et à l'extérieur, contre les rhumatismes. Enfin cette
même préparation prise intérieurement est alexitère ,
tandis qu'à l'extérieur on en couvre les blessures enve-
nimées au moyen de plumaceaux de charpie. C'est aussi
un excellent vulnéraire. Le docteur Chevalier a guéri en
peu de jours plusieurs nègres dont les mains avaient été
écrasées par des moulins à sucre , avec du tafia où l'on
avait mis de cette résine en digestion. Et à ce sujet , il
me souvient qu'étant inspecteur-général des armées des
noirs , parmi lesquels j'étais retenu prisonnier, un nom-
( ^^î) )
mé Sangsouci ^ l'un dc« premiers inûrniieis de nos am-
bulances, envieux de porter un unifoiine brodé comme
le mien , insinua au soupçonneux Dessalines que je de-
vais l'empoisonner dans un breuvage que je lui avais
préparé à la suite d'une commotion iboracique qu'il
avait éprouvée en descendant d'un bastingage. Le géné-
ral , méfiant, refusa de boire la potion que j'avalai de-
vant lui. La vérité étant reconnue, le général fit subir à
Sangsouci la peine du talion. Il fut fusillé à ma place.
Mode d'administration. La dose du sirop est d'une
cuillerée dans une infusion d'herbe au charpentier. Celle
de la teinture est de vingt à vingt-cinq gouttes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT NEUF.
1. Calice,
2. Fleur entière.
3. Graine coupée transversalement.
4- Coupe du tronc et larmes de la résme.
( 270 ')
)VMW«^A/WVVVV\%AAWWWV\AAAA'MA'VV« 'VV\«/VVVVVVV< WMWVWX WV<W^<WMIMl« W\>WVWVVWVVWWVV«
HOUMIRI BAUMIER ROUGE.
( Alexitère aromatique. )
Synonymie. Faux Styrax. — ArLre à brai. — Bois rouge.
Houmiri balsamifera. Lin. Penlaiidrie polyandrie. — Juss. ,
famille des Térébintliacées. — Houmiri balsamifera. Aublet
Guiane , 564 j t. 225. Terebinthus procera balsamifera ru-
bra. Barr. , France équinoxiale. — En espagnol, Arbol
a Brea.
Caractères génériques. Ordre douzième de la classe
des Dicotylédones polypétales , à étamines périgynes de
Jussieu. Calice découpé en plusieurs divisions \ corolle
polypétale ;, étamines définies : ovaire supère \ un ou
plusieurs styles \ autant de stigmates ; une baie ou une
capsule multiloculaire \ feuilles alternes , ordinairement
composées sans stipules -, fleurs petites 5 point de péri-
sperme: tiges ligneuses. (Térébintliacées.)
Caractères particuliers. Calice à cinq divisions -,
corolle à cinq pétales attachés au réceptacle \ vingt
étamines périgynes \ ovaire supère , ovoïde \ style sim-
ple , velu; fruit à cinq loges.
HisTOii.F. naturelle. Oii Tcncontre à Cayenne , à la
p/.l
'ja.
T/uvt^ûr^ J%^\xnfrù/i J'i.ij'
J\:ré^ Jcii/p .
HOF^iflti ilAr.MIEil itorcK.
( 271 )
Guiane et dans les forêts des Antilles cet arbre résineux,
et il est nommé Bois rouge par les Créoles -, Houmiri
parles Garipous, et T'oun* par les Coussaris. Frappé par
la hache impitoyable , il coule de toutes ses parties un
liquide épais rouge balsamique , d'une odeur fort agréa-
ble et qu'on peut comparer à celle du Styrax. Cette li-
queur se concrète promptement par le contact de l'air ,
et durcit en se séchant , pour former une résine rouge ,
cassante, transparente , et d'une agréable odeur , si l'on
en répand sur les charbons. Les sacrificateurs parmi les
infidèles , et les ministres de nos autels en parfument,
aux colonies, leurs temples, et dès que le jeune aspirant
a répandu sur des charbons consaciés cette poudre odo-
riférante ,
Des nuages d'encens dans les airs sont perdus.
Celte liqueur balsamique n'est point acre, et peut
remplacer intérieurement, à dose fractionnée , le baume
du Pérou dont son parfum la rapproche. Les nègres
emploient l'écorce de cet arbre précieux à faire des tor-
ches pour s'éclairer la nuit. Afin d'obtenir plus de ré-
sine du Houmiri , les indigènes ont soin d'allumer auprès
un grand feu , ce qui facilite l'écoulement de cette ré-
sine. On répète deux fois par année cette manœuvre
qui n'endommage aucunement l'arbre. On prépare avec
cette résine un brai qui se durcit à l'air , résiste à l'eau
et au frottement , et par conséquent est fréquemment
employé pour calfater les vaisseaux et enduire les
caisses d'emballage qu'on transporte en Europe , et
( ''v^^ )
dont le conlciiu ciaiiil riiuniidilé el les avaries de la
traversée.
Cauactèhes physiques. Cherchant toujours à rendre
hommage aux découvertes de ceux qui ont observé avant
moi , loi sque leurs descriptions sont exactes , je vais
transcrire ici celle d'Aublet. Le tronc de cet arbre , dit-
il , s'élève à cinquante et même soixante pieds ou plus,
sur deux pieds de diamètre. Son écorce est épaisse ,
rougeàtre , ridée et gercée. Le bois est dur et d'un
rouge brun : il pousse à son sommet plusieurs grosses
branches qui s'étendent en tout sens , et se partagent en
rameaux feuilles. Ses feuiUes sont alternes , semi-am-
plexicaules , ovales , oblongues , pointues , glabres ,
vertes et entières. Les feuilles naissantes sont rougeà-
tres , et ont leurs bords roulés en dedans. Sur les jeunes
arbres , les feuilles ont six pouces de longueur el deux
pouces de largeur ; mais sur les arbres de haute futaie,
elles n'ont que deux pouces et demi de longueur sur
une largeur d'un pouce et demi. Les fleurs sont blan-
ches , très-petites, naissant aux extrémités des rameaux,
en corymbes terminaux et axillaires un peu serrés.
Chaque ramification du corymbe et chaque fleur ont
à leur base une petite écaille.
Chaque fleur a : i® un calice divisé profondément en
cinq découpures pointues ^ 2^ cinq pétales lancéolés ,
attachés au réceptacle et plus gnmds que le calice ^
30 vingt étamines dont les filamens , aussi attachés au
réceptacle, sont libres, et portent des anthères arron-
dies et à deux loges ^ 4*^ ^^ ovaire supérieur , ovoïde ,
( ^73 )
surmonté J'im style simple, velu, plus long que les
étamines, à stigmate à cinq rayons. Le fruit n'est point
complètement connu : l'ovaire coupé en travers pré-
sente cinq loges monospermes. (Encycl.)
Analyse chimique. Les produits du Houmiii sont
semblables à ceux de la résine élémi , c'est-à-dire
deux substances résineuses bien distinctes, l'une soluble
à l'alcobol froid , et l'autre à Falcohol bouillant seule-
ment.
Propriétés médicinales. Quelques praticiens ont
employé à l'intérieur la résine Houmiri dans certains
cas dephthisie •, mais son usage le plus habituel est pour
la confection des onguens , baumes , emplâtres , etc.
C'est un stimulant qu'on prescrit dans les catarres,
les gonorrliées et les diarrhées chroniques -, mais
lorsqu'il n'y a plus de symptômes inflammatoires. Ap-
pliquée sur la peau et maintenue pendant quelque
temps , elle excite la rubéfaction , ainsi que la poix de
Bourgogne ^ c'est pourquoi plusieurs rhumatisans se
sont bien trouvés de son application. L'huile essentielle
qu'on en retire a été préconisée comme avantageuse
dans le traitement du tœnia ^ mais à une dose de plu-
sieurs onces qui , irritant violemment la muqueuse
intestinale , occasione des coliques et des déjections co-
pieuses qui ordinairement entraînent lever, mais quel-
quefois le malade : aussi ne doit-on l'employer qu'avec
réserve et circonspection. Dans l'épilepsie on la prescrit
jusqu'à la dose de deux onces. Je n'ai jamais vu de succès
( '-74 )
de son usage dans cette terrible maladie , mais je puis
vanter ses propriétés comme alexitère. On fait avec ,
une eau qui remplace celle appelée eau de goudron.
\
EXPLICATION DE LÀ PLANCHE DEUX CENT DIX*
La plante est représentée demi-grandeur.
1. Fleur.
PI. :i
zn.
77i<\i,/orc 7K\>\-4}ur-f//\./'mw
J'eri'e Jl'it^ ■
AL.SAMiSi:n 11013 BK ilO^K.
( 275 )
I
BALSAMIER DE LA JAMAÏQUE.
( ^lexitère aromatique. )
Synonymie. Vulg. Bois de roses , Bois de Rhodes de la
Jamaïque. — Amjris balsamifera. Lin. Octandrie mono-
gynie. — Juss. , famille desTérébinthacées. — Amyris foliis
bijugis. L. Amyris arboreus, foliis bijiigatis ovatis glabris,
racemis Iaxis terminalibus. Brown. Jam. 208. Lauro affinis
terebinthi folio alato, ligno odorato candido , flore albo.
Sloan. Jam. List. 2, p. 24- Tab. 168 , f. 4i- — Lucinium,
Pluck. Alm. 228. Tab. 201 , fig. 3.
Caractères GÉ^'ÉRIQUES. Arbres ou arbrisseaux dont
le suc est ordinairement coloré ou résineux, tantôt bal-
samique et d'une odeur agréable \ dans d'autres espèces ,
très- acre et caustique. Feuilles alternes ou simples,
le plus souvent ailées avec impaire; fleurs petites, poly-
pe talées et disposées en grappes ou en panicules com-
munément terminales; calice à trois ou six décou-
pures régulières ; trois à six pétales égaux en rose ou en
étoile ; trois ou dix étamines lorsqu'elles sont herma-
phrodites ou mâles ; l'ovaire supérieur est surmonté
d'un à cinq styles courts lorsqu'elles sont hermaphro-
dites ou femelles. Le fruit varie, et dans le plus grand
nombre c'est une baie ou noix uniloculaire , caractère
qui dislingue les Balsamiers des Iciquiers , dont les fruits
contiennent plusieurs osselets.
( ^76 )
Caractères particuliers. Fruit ou baie di upacée ,
ovale , arrondie et renfermant un seul noyau ^ feuilles
bijuguces.
Histoire naturelle. On donne dans le commerce le
nom de Bois de roses ou de Rhodes à des morceaux de
bois compactes , longs et tortueux, extérieurement blan-
châtres , intérieurement jaunâtres \ d'une saveur amère ,
d'une odeur de rose, provenant, dit-on, d'un arbrisseau
qui croit dans File de Barancas ( Convohidus ScopariuSy
Lin. Pentandrie monogynie) -, d'autres le rapportent au
Genisla Canarlensis -, ceux-ci au Con^^ohidus Jloridus ,
ceux-là au Cordia Gerascanlhus, Ce n'est point de ces
plantes qu'il est question ici-, le bois de Bliodes pro-
venant de ces espèces , ainsi que son huile volatile , est
plutôt employé comme parfum que comme médicament.
Le Balsamier de la Jamaïque , au contraire , croit spon-
tanément aux Antilles dans les bois et les lieux pierreux.
Il répand en brûlant une odeur extrêmement agréable
que la sensualité asiatique des créoles se plaît à prolon-
ger. Cette odeur parfume lair, et l'on croit respirer des
roses. Il diftere essentiellement du bois de Rhodes ou
de Chypre que fournit un arbre du Levant , sur la na-
ture duquel on n'est pas généralement d'accord. Le nom
de Rhodes a été donné à ces bois , à cause du mot grec
fohv -, qui veut dire rose.
Caractï:res physiques. Ce Balsamier s'élève à environ
vingt pieds de hauteur. Son bois est blanc , assez solide,
résineux, d'une odeur agréable, et il est recouvert
d'une écorce brune phis ou moins foncée. Ses rameaux
sont garnis de feuilles ailées ^ composées de deux ou
( ^77 )
trois paires de folioles ovales , avec une petite pointe
-.souvent énioussce ou échancrée j lisses , glabres . et sou-
tenues chacune par un pétiole court. Ses fleurs sont
blanches , petites -, elles ont presque l'aspect de celles du
Sureau ^ elles sont terminales au sonruct des ramaux , et
disposées en grappes courtes , lâches et paniculées.
Analyse chimique. On obtient par la distillation de
ce Balsamier une huile essentielle , volatile , d'abord
dorée , puis jaunâtre *, d'une odeur pénétrante et suave.
Le principe résineux et acre de ce bois le rend propre ,
lorsqu'il est pulvérisé, â irriter la membrane pitui-
taire. Les naturels s'en servent ainsi que d'un certain
Qiiamoclit,
Propriétés médicinales. Le Balsamier de la Jamaïque
jouit des mêmes piopriétés que tous les baumes naturels.
Leur huile essentielle, étant acre et irritante, pro-
duit en général une vive excitation sur la membrane
muqueuse du canal intestinal et des voies urinaires ,
ce qui rend souvent leur action purgative et surtout diu-
rétique. Souvent même ils excitent l'inflammation de la
membrane muqueuse de la vessie. Ils stimulent puissam-
ment les tissus capillaire , dermoïde et muqueux , sur-
tout celui de l'estomac et des poumons, en favorisant les
exhalations de cet organe. Leur influence aromatique
ranime l'énergie du système nerveux. On ne les emploie
plus avec enthousiasme comme autrefois pour la cure
des plaies et des ulcères, qui le plus souvent n'ont besoin
que d'être soustraits au contact de l'air , ainsi que l'a
prouvé la saine chirurgie moderne, qui néanmoins ne
désapprouve pas la prescription de certaines préparations
( 278 )
balsamiques daus la cure des ulcères atoniques et sordi-
des, et dans les dégénérescences gangreneuses. Il faut
aux colonies être très-avare de ces moyens incendiaires qui
réussissent mieux sous un climat froid et humide. Sans
les proscrire de la thérapeutique, on peut v recourir
dans les affections nerveuses accompagnées d'une débi-
lité marquée , et dans les paralysies. Mais on doit les
employer avec la plus grande circonspection dans les af-
fections chroniques de Forgane pulmonaire, de la vessre
et du canal intestinal , surtout s'il y a de la fièvre , de la
douleur , une toux sèche et de riiémoptysie 5 au com-
mencement de la formation des tubercules seulement ,
on peut permettre les fumigations sèches chez les per-
sonnes lymphatiques et d'un tempérament muqueux ,
parce qu'ils peuvent ranimer l'énergie du poumon
affaibli, agir comme anti-spasmodique en aidant la res-
piration, et faciliter la résolution des tubercules. Je
n'ai point éprouvé les propriétés alexitères du Balsa-
mier de la Jamaïque , que d'autres praticiens ont van-
tées -, je laisse à l'expérience à prononcer à cet égard.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DELX CENT ONZE.
Le dessin est demi-grandeur naturelle.
1. Fleur.
2. Baie entière.
3. Baie coupée pour laisser voir l'amande.
//.-v_-
J'e/'e^ J'cu/c ■
( ^79 )
BALSAMIER ÉLÉMIFÈRE.
( Alexitère aromatique. )
Synonymie. Vulg. Gomme Elémi. — Elemnî. — Arayris ele-
mifera , foliis ternatis quinato-pinnatisque subtùs tomento-
sis. Lin. Octandrie monogynie. — Jussieu, famille des
Térébinthacées. — Cornus racemosa, trifolia et quinquefo-
lia. Plum. Icon. loo. — Frutex trifolius resinosus , floribus
tetrapetalis albis racemosis. Catesb. Carol. 2 , t. 33, f. 3..
— Amyris elemifera. Wild. 2 , p. 333.
Caractères génériques. Fleurs hermaphrodites ^ ca-
lice à quatre dents et persistant \ corolle de quatre
pétales 5 huit ëtamines \ ovaire à trois loges monosper-
mes , surmonté d'un style et d'un stigmate simples ;
drupe légèrement charnu , contenant ordinairement
un seul noyau monosperme par avortement. Arbris-
seaux exotiques , ayant les feuilles trifoliolées ou im-
paripinnées. (Richard.)
Caractères particuliers. Feuilles ternées et pinnées
par cinq, velues en dessous. ( Antilles , Caroline.)
( VivRce. )
Histoire naturelle. Le Balsamior élémifère , oricîi-
naire de la Caroline , s'est parfaitement naturalisé aux
Antilles. Le suc de cet arbre n'étant point gommeux,
mais résineux , c'est donc mal à propos qu'on l'appelle
Gonmie Eléîui, Quelques auteurs ont aussi confondu ce
Tome III. — 53® Livraison. 22
( 28o )
Balsamier avec Vlclcariba des Brésiliens , arhor hrasi-
liensis , gummi Elemi simile fundens , foliis pinnatis ,
JJosculis verticillatîs , fiuctu olwœ Jîgurâ et magnitu-
dine f Rai, Hist. i546. — D'autres l'ont pris pour le
Terehinlhus major ^ Betulœ cortice, friictu triangulari^
de Sloan , Jamaïq. — On trouve en effet chez les dro-
guistes deux espèces de résine Elémi, l'une apportée
d'Ethiopie en gros morceaux cylindriques enveloppés de
feuilles , d'un blanc verdâtre , mollasse , d'une saveur
désagréable, d'une odeur de fenouil, s' enflammant faci-
lement , et se dissolvant dans les huiles comme les
vraies résines. La seconde espèce qui vient de TAmé-
rique , des Antilles, de la Nouvelle -Espagne et des
Indes-Occidentales , coule abondamment du Balsamier
élémifcre et ressemble beaucoup à celle d'Ethiopie. On
fait avec la résine Elémi et le baume de tolu des pastilles
pour embaumer l'air des appartemens.
Tel l'encens d'Hyémen , dans un jour solennel ,
Touche à peine le feu qu'on présente à l'autel ,
Que des mains du lévite à la voûte brillante
On le voit s'élever en nuée odorante.
( Castel , les Plantes , cb. XI. )
Caractères physiques. Le Balsamier élémifère , Cor-
nus racemosa de Plumier , est un arbrisseau dont les
rameaux portent des feuilles alternes et qui sont compo-
sées de trois à cinq folioles situées par paires sur un
pétiole commun , à l'exception de la foliole qui les ter-
mine. Ces folioles sont ovales, pointues, légèrement
crénelées , velues en dessous , et pointillées ou perfo-
rées, selon Plumier. Les fleurs sont petites et disposées
en panicule an sommet des rameaux. Elles produisent
( 28. )
des baîes globuleuses qui cou lie mi eut un noyau arrondi
i^t osseux.
Analyse chimique. On doit à M. Bonastre une ana-
lyse très-bien faite et très-détaillce (Journ. de pharma-
cie, août 1822) de la résine Élémi. Comme notre plan
ne nous permet pas de la transcrire , nous y renvoyons
le lecteur. Selon ce célèbre chimiste , cette résine est
particulièrement remarquable par la phosphorescence
de la sous-résine. Cent parties de résine Elémi sont
composées : i^ résine claire , soîuble à froid dans Tal-
cohol, 60. — 7.^ Matière résineuse blanche, opaque, so-
îuble dans Talcohol bouillant, 2.^. — 3^ Huile volatile,
12 -5o. — Extractif amer , 2. — Impureté, i-5o.
Total 100, 5o.
On sophistique la résine Elémi avec celle du Pimis
ausfralis , mais la fraude est reconnaissable , dit M. Bo-
nastre , en ce que la véritable résine Elémi donne
par l'alcohol deux espèces de résines , et la fausse est
entièrement soluble à froid. La vraie , traitée par la
soude caustique , forme un savonule d'une pâte ferme ,
tandis que la fausse en donne un très-mou.
Propriétés médicinales. On accorde généralement
des propriétés fondantes à la résine Elémi , lorsqu'on
l'emploie pour ramollir et résoudre les tumeurs des ar-
ticles , pour remédier aux piqûres des tendons •, on la
prescrit aussi comme détersive , contre les contusions ,
surtout pour les blessures de la tête , et fortifier les
nerfs après les luxations. Pison l'ordonnait en topiques
dans les douleurs internes , contre les maux d'estomac
et contre les flatuosités. Les hippiàtres y ont recours
dans les piqûres des pieds des chevaux. Je l'ai souvent
( 28î )
vu administrer anx Antilles, à l'extérieur, comme alexi-
tère-, mais je n'ai pu recueillir assez d'expérience en
faveur de sa vertu neutralisante , pour me prononcer et
la signaler comme un remède infaillible. On l'emploie
rarement intérieurement, parce (|u'elle ne peut être dis-
soute par le suc gastrique. Elle est recommandable en
fumigation sèche dans les catarres chroniques du va-
gin , dan.s la stérilité causée par la sur;ïbondance des
mucosités de cet organe-, dans les gonorrhées, les fluenrs
blanches et la suppression ( hroniquc des règles ; dans
les cas de rhumatismes opiniâtres. On l'administre alors
en frictionnant la partie avec la teinture tirée de cette
résine par l'alcohol.
Mode D'ADMiis'isTPtATiojv. Trois livres d'axonge , et
une livre et demie de térébenthine de Venise et de
résine Elémi, traitées par la chimie , procurent un
excellent digestif.
EXPLICATION DE L\ PLAKCHE DEUX CI-NT DOUZE.
Le dessin est fait demi -grandeur natu'^elle.
1. Fleur renversée.
2. Baie.
3. Graine
P/.:ij3
Tfi.\t^rv Jf'if'vriilx. ycnJ-
J'fjre.e Je ■
LAliUEÏi PEC au itIN
( ^83 )
IV\*V\AS^/VVV^VV*VVVVVVVVVVVVVVVVV»VV»'VVVVVVVVVVV»'VVVVVVVV\VVV(>*(VWVVVV^
LAURIER PECHURIM.
( Alexitere aromatique. )
Synonymie. Fève de Péchurim. — Laurus Pechurim. Lin.
Ennéandrie Monogynie. — Laurus Pechurim. Richard.
Laurinées. — Ocotea Pechurim de Humboldt. — Jussieu ,
famille des Laurinées.
Caractères génériques. Fleurs unisexuées ,• calice à
quatre ou six divisions plus ou moins profondes ; étami-
nes de six à douze , ayant les filets appendiculés à la
base \ anthères biloculaires \ ovaire ovoïde 5 stigmate un
peu creusé en gouttière : drupe enveloppée à la base par
le calice persistant» (Richard.)
Caractîîres particuliers. Fleurs disposées en pani-
cules*, fruit renfermant une seule graine dont l'embryon
dépourvu d'endosperme est renversé^ ses deux cotylédons
sont très-épais. Feuilles alternes , coriaces , luisantes ,
veinées et persistantes. Celles des jeunes rameaux sont
de couleur rose jaspée de jaune.
Histoire naturelle. J'ignore pourquoi le célèbre
do Humboldt a donné le nom d^ Ocotea à cet arbre qui
Tome III. — 54° Livraison. îi3
( '-84 )
a les caractères des Laurinées , ne fût-ce que par le
fruit qui ne renferme qu'un noyau bilobé , tandis que
le caractère des fruits des Ocotea est : une capsule
arrondie , à quatre , cinq ou six loges enfermées dans
le calice , et contenant un très-grand nombre de semences
fort petites. Ce laurier de l'Amérique méridionale est
encore peu connu , et n'a jamais été décrit que par
M. de Humboldt qui Fa observé proche de Cumana ,
dans les missions d'Ariba. On le trouve rarement aux
Antilles -, mais il croît naturellement le long des ruis-
seaux qui versent leurs eaux dans 1 vjrenoque. On dis-
tingue dans le commerce deux espèces de fèves Péchurim,
la grande et la petite. M. Bonastre , d'après le rapport
de certains voyageurs , voulut s'assurer si l'on pourrait
fabriquer du chocolat avec la fève Péchurim; mais voici
ce qu'il rapporte de sou essai. « J'ai voulu vérifier si les
fèves Péchurim torréfiées , broyées et réduites en pâte
avec la quantité convenable de sucre , pourraient imiter
le véritable chocolat ; mais il est facile de prévoir \
d'après l'examen chimique , combien ce prétendu cho-
colat doit être désagréable au goût , et l'est en effet •, la
saveur amère , piquante et empyreumatique de la
résine, l'arôme camphré de l'huile essentielle, le peu
de liant de la pâte , quand on veut l'unir avec le ^ucrp ,
forment du tout un chocolat très-imparfait et d'une
saveur détestable. Laissons donc aux habitans du Para-
guay et des bords de l'Orénoque le chocolat Péchurim ,
si toutefois ils l'emploient à cet usa^re , et contentons-
nous de celui du Theobroma cacao aromatisé avec la can-
nelle et la vanille. » * '
M. le Breton , pharmacien distingué de la rue de
( 9M )
Richelieu , n° 98, a fait le premier une leinlure avec
la fève Pécliurim qu'on applique en médecine comme
iatraleptique, et dont il a composé une liqueur.
Caractères physiques. Le laurier Pécliurim est un
arbre d'une assez haute stature. Les rameaux sont
glabres , feuilles , divisés , un peu roides , tuberculeux
et raboteux avec une écorce grisâtre sur le vieux bois.
Les feuilles sont alternes, k pétioles rouges, ovales,
lancéolées , glabres aux deux surfaces , veinées, un peu
luisantes en dessus , larges de deux pouces environ , sur
cinq à six de longueur. Les feuilles terminales sont d'un
jaune mat nuancé de rose. Les fleurs sont petites , her-
maphrodites , verdàtres , disposées en panicuîe courte ,
axillaire et terminale , assez peu garnie ^ les pédoncules
sont rameux , veloutés dans leur jeunesse , et munis
sous leurs divisions , ainsi qu'à la base des fleurs , de
petites bractées oblongues , concaves , veloutées et ca-
duques. Les fruits, de la grosseur d'un œuf, offrent une
pulpe verdàtre contenant un novau aromatique bran ,
à écorce lisse , qui se divise en deux lobes ou osselets ,
qui, étant râpés, ont l'odeur de sassafras, d'où leur vient
le nom de noix de sassafras. Ces lobes sont convexes
extérieurement et recouverts d'une coque ou pellicule
rugueuse , d'un brun foncé. Intérieurement ils sont
concaves , lisses et de couleur marron clair.
;iT Tiia.
Ajnalyse chimique. D'après le travail soigné fait ré-
cemment par M. Bonastre et inséré dans le journal de
Pharmaiu'i«î (j^nvipr ïB?5) , on VQit que la fève Péchu-
rim donne par la distillation dans l'eau une huile essen-
tielle d un blanc sale , brunissant par le contact de l'air.
■ I
( oM )
Elle est acre et amère, et se concrète à une température
moyenne -, son arôme est un composé de l'odeur de lau-
rier et de sassafras. Une portion de cette huile est so-
luble dans Falcohol , et c'est la partie la plus aromatique;
l'autre partie est insoluble dans Talcohol froid. Le résidu
épuisé par Talcoliol et traité par certains réactifs produit
une matièri3 colorante d'un rouge brun d'hyacinthe.
L'incinération produit un liquide très-aîkalin.
5oo parties ont produit : huile volatile concrète, i5.
— Huile fixe butyreuse , 5o. — Stéarine , i lo. — Ré-
sine glutineuse , i5. — Matière colorante brune, ^o.
— Fécule ,55. — Gomme soluble , 60. — Gomme qui
a rapport avec l'adraganthe , 6. — Acide uni à une
substance étrangère , 2. — Sucre incristallisable , 4*
— Résidu salin , ^ et demi. — Parenchyme , 100.
Humidité, 3o. — Perte , 6.
Propriétés médicinales. Quoique je n'aie pas eu
l'occasion d'employer le laurier Péchurim à l'état frais ,
cependant je me suis assuré qu'il possède à un très-haut
degré les propriétés des Laurinées. On peut consulter
les articles suivans des myrtes , et l'on y trouvera les
mêmes propriétés médicales que posssède le laurier
Péchurim.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TREIZE.
La plante est réduite à moitié.
i . Portion de la graine , de grosseur naturelle.
1^1.224
77i,'o,f^rf Jfejarti/-ti7t J'mje ■
3îmTE A FEUILLE S PE LAFIIIER.
( '.8, )
HAA V\^ VO'VVMWWVX'VV\<V'VXW«W\^(W'VVVVV% VV»/WVV\A VV\^iV^W^ W\V\A'WVW>'\Aj><V\A VXA'WVWWWW»
MYRTE A FEUILLES DE LAURIER.
( Alexiière aromatique . )
Synonymie. Vulg. Bois d'Inde, bois haut-goùt. — Mjrtus ca-
ryopHillata. Lin. Icosandrie Mono^ynie. — Tourn. Arbres
rosacés, — Juss. Famille des Myrtes. — Mjrtus aromatica
foliis obovatis , pedunculis axillaribus compositis ; floribus
alternis. Lam. — Acbourou des Caraïbes.
Myrtus arbor odoratissima , foliis Lauro-Cerasi rigidis , triste
viridibus ; floribus albis et mag^nis ; baccis nigris et crassis.
Poupée-Desp. — Myrtus arbor pereximia Lauro-Cerasi fo-
liis rigidis et triste viridibus , aromatica , floribus albis co-
rymbosis. — Myrtus arborea aromatica , foliis laurinis.
Solan. Jam. i6l. Hist. 2. p. 76. t. 191, fig^. 1.
Cahactères GÉNÉB.IQUES. Fleurs polypétalées avant
beaucoup de ressemblance avec les Goyaviers et les Jam-
boisiers ; feuilles simples, opposées ^ fleurs pédonculées
latérales ou terminales, disposées en corymbe ou en pa-
nicule , mais quelquefois solitaires dans Faisselle des
feuilles. Ces dernières sont perforées comme dans le
Mille-Pertuis.
( 288 )
Caractères particuliers. Calice supérieur divisé en
cinq parties, avec bourrelet à l'insertion des étamines:
la corolle de quatre à cinq pétales insérés sur le calice *,
étamines nombreuses ^ anthères arrondies -, ovaire infé-
rieur surmonté d'un style simple avec stigmate obtus 5
baie à deux ou trois loges :, semence réniforme. — Pé-
doncules 3-fides, mulddores ^ feuilles comme ovales
non ponctuées.
Histoire naturelle. Ce Myrte , que Von confond
souvent avec le suivant , en diffère cependant ^ mais iî
a les mêmes propriétés. Il exhale une odeur des plus
agréables. On trouve dans ses feuilles , dit Nicolson ,
un goût qui semble être un mélange de l'aromaticité du
clou de girofle , de la noix muscade et de la cannelle.
C'était l'épicerie des premiers habitans de Saint-Do-
mingue et des Caraïbes *, ils en mettaient dans toutes
leurs sauces. Ces baies produisent le meilleur effet
lorsqu'on les associe aux substances qu'on met confire
dans le vinaigre , et qu'ils aromatisent d'une manière
fort dgréable. On en fait aussi une liqueur très-suave
connue aux lies sous le nom de bois d'Inde. Cet arbre
ne se trouve que dans les mornes. Ce Myrte est doué
plus que toutes les autres espèces de propriétés aroma-
tiques. Outre les avantages des feuilles et des fleurs du
Myrte, on se rappelle toujours avec intérêt qu'il sert de
couronne aux amans heureux et à la déesse de la beauté ,
dont les temples étaient ornés de guirlandes de Myrte.
Caractères physiques. La tige du bois d'Inde est
droite, haute et peu grosse. Son écorce est d'un noir
cendré. Le bois est dur , pesant, gris et incorruptible.
( ^89 )
Il se divise en rameaux dont les tiges , surtout les jeunes ,
sont à quatre angles bien prononcés , avec une membrane
dëcurrente sur chaque angle. Les feuilles sont opposées,
entières, ovales, presque elliptiques, mais en général
plus rétrécies à leur base qu'à leur sommet , qui est obtus
et élargi. La substance des feuilles est très-épaisse , dure,
membraneuse , finement ponctuée , glabre des deux
cotés. Les pétioles sont très-courts , un peu élargis , se
prolongeant dans le milieu de la feuille sous la forme
d'une très-grosse nervure arrondie, et qui forme sur le
dessus de la feuille un sillon longitudinal. Les feuilles
sont axillaires , placées vers l'extrémité des rameaux ,
portées sur des pédoncules d'abord opposés , qui se di-
visent ensuite plutôt en rameaux alternés et presque
simples, que par bifurcation , ce qui forme une panicule
étalée. Le calice est campanule, divisé en cinq petites
dents larges, obtuses. Les fleurs sont blanches, composées
de cinq pétales et d'un très-grand nombre d'étamines.
Le fruit est une baie d'un noir bleuâtre , arrondie et
ombiliquée.
Analyse chimique. Les baies et les feuilles soumises
aux expériences ont produit une huile volatile d'une
saveur piquante , du tannin , de la gomme , des sels à
base de chaux et une matière colorante jaune.
Propriétés médicinales. Les baies et feuilles de ce
Laurier sont stomachiques, antiseptiques et astringentes.
On en retire une huile essentielle aromatique. Les dé-
coctions qu'on prépare avec le Myrte sont utiles dans
beaucoup de circonstances , et lorsqu'il s'agit de resser-
rer les sphincters trop relâchés. On emp'oie son eau
( 290 )
distillée comme cosmétique. On recommande les bains
de Myrte à feuilles de laurier dans l'anasarque et dans
les affections œdémateuses.
Mode d'administration. L'huile essentielle se pres-
crit par gros, et on la combine avec d'autres substances
iatraleptiques pour être employée au dehors. La décoc-
tion des feuilles depuis une once jusqu'à quatre.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATORZE.
La plante est réduite à moitié.
1. Fleur.
2. Baie entière.
3. Baie coupée transversalement.
ÏTn'ixftyre J^ej-cîmrfi/x. J'ma^ .
Per<>^ Jr
MYRTFa ahomatiofe
( ^91 )
l^^<VVV«VVV\VVVVVVVVVVVVV\'VV«<V\AVV%'VVX%V«ltM\lVV\>^l%>VV«'VV«^A/\^A/«VV\AA'«(V\AA/VVV\A'VVWV^ IVV«
MYRTE A FEUILLES DE CITRON.
( Alexîiere aromatique, )
Synonymie. Vulg. Poivre de la Jamaïque. Myrte Piment ,
Myrte tout-épice. — Bois d'Inde ; bois z' amour. — Myrtus
Pimenta. Lin. Icosandrie Monogynie. — Juss. Dicotyledon
Polypet. Ordre VIL Famille des Myrtes. — Mirtus arbo-
rescens citri foliis glabris , fruetu racemoso earyopliilli sa-
pore. Poup. Desp. — Laurus aromaticus. Claris. Rob. — •
Piper jamaicensis. D. — Myrtus altissima fruetu caryophilli
sapore. Plum. — Myrtus citri-folia. Lam. — Caryophillus
aromaticus americanus, Lauri acuminatis foliis, fruetu or-
biculari. Pluck. Alm. 88. tab. i55. f. 4« Caryophillus foliis
oblongo-ovatis , alternis , racemis terminalibus et latera-
libus. Brown. Jam. 247.
Caractères génériques. Calice à cinq dents \ cinq
pétales, baies à trois loges. — Semences réniformes.
Caractères particuliers. Feuilles opposées-ovales.
Histoire naturelle. L'analogie qui existe entre les
familles des végétaux a fait reclierclier les feuilles nom-
breuses de ce Myrte pour le tannage des cuirs. L'espèce
qui nous occupe croît naturellement aux Antilles , dans
les Indes -Occidentales, ainsi que dans les bois septen-
( ^9^ )
trionaux de la Jamaïque , et principalement sur les re-
vers des collines auxquelles ces arbres , toujours verts ,
donnent un aspect sombre et silencieux , si recheiché
par les amans qui ont consacré le Myrte à Vénus.
Sous le simple lambris
Des myrtes verts et des rosiers fleuris
Entrelacés par la main du mystère ,
L'Amour conduit les enfans de Cypris.
(Ma.i.f\i.â.tke. Narcisse, ch. i.)
Lorsque cet arbre est en fleurs, il est d'une blancheur
éblouissante ^ les fruits qui leur succèdent étant parve-
nus à leur maturité , on en fait la récolte pour les faire
sécher au soleil. Ils perdent en se desséchant la couleur
verte qu'ils avaient primitivement, pour en prendre
une d'un roai^e clair , ou rouge-brun ponctué de gris.
Ainsi que ses congénères, le Myrte Piment exhale une
odeur suave, et il suffit de loucher son feuillage pour se
parfumer les doigts. Tous les Myrtes se multiplient et se
cultivent de même, c'est-à-dire de graines, de mar-
cottes , de boutures et rejetons. Il leur faut une terre
substantielle et meuble. Ils aiment le soleil et l'eau ,
qu'on doit leur prodiguer pour qu'ils conservent leur
feuillage. En Europe , ce Myrte demande la serre chaude.
Ses feuilles opposées, grandes, ovales et lisses, répan-
dent une odeur très-aromatique de girofle, et ses baies
font partie des épices et sont employées par les parfu-
meurs. Le mot Myrtos, en grec, &i§mûe parfum. Les
ramiers sont friands des baies de cet arbre, qui donnent
à leur chair une qualité exquise.
Caractères physiques. Cet arbre est très-beau, re-
marquable par ses larges et belles feuilles , et par Todeur
(293 )
infiniment agréable de ses fleurs. Il se divise en rameaux
quadrangulaires ailés , d une couleur brune , couverts de
leuilles ovales lancéolées, terminées en pointe aiguë,
très-eniières , vertes et luisantes en dessus , ternes et
pales en dessous, glabres. longues de six pouces envi-
ron, sur deux de largeur, portées sur des pédoncules
fortement colorés d'un brun rougeàtre, d'environ quatre
lignes de long , plats en dessus , arrondis en dessous.
Les grappes de fruits ou baies sont terminales , noires ,
spliériques et ombiliquées. Chaque pédoncule commun
en supporte d'autres qui sont alternes et de différentes
grandeurs. Cette panicule est très-étalée, et contient un
très-srand nombre de fleurs.
Les fruits sont des baies dispermes, recouvertes d'une
coque épaisse , rugueuse , partagée en deux loges pres-
que égales , et contenant chacune une amande.
Analyse chimique. Les végétaux qui composent la
famille des Myrtes , d'après les savantes recherches de
M. Bonastre, abondent principalement en acide gallique,
en tannin et en huiles essentielles , dont plusieurs sont
plus pesantes que l'eau , ainsi qu'en d'autres produits
immédiats moins importans, il est vrai, mais qui ont entre
eux la plus grande analogie. ( Vovez son excellent Mé-
moire inséré dans le Journal de Pharmacie. Avril iSi5,)
Propriétés médicinales. Toutes les parties de l'arbre
étant aromatiques et astringentes , on les applique avec
succès dans les syncopes qui surviennent après la morsure
des serpens venimeux, dans les ménorrhagies , î'épis-
taxis, le flux excessif des hémorroïdes, et dans les der-
niers temps d'une diarrhée chronique , mais avec tir-
( ^94 )
conspection. On fait avec ses feuilles simplement ré-
cliautfées des fomentations dans les cas de luxations. L'eau
distillée du Myrte Piment est déteisive , astringente
et utilement employée pour fortifier les parties et raf-
fermir les gencives. On la prescrit en gargarisme dans
certaines angines. Le vin où l'on a fait bouillir des
feuilles et des fleurs de cet arbre est, dit-on, stomachique,
et propre à prévenir les aigreurs du pvrosis , à arrêter le
hoquet , à remédier au relâchement de la luette , à la
chute du fondement et de la matrice. L'huile qu'on
obtient par la macération des baies est très-recomman-
dable pour les onctions de l'épigastre dans la dyspepsie ,
et comme iatraleptique. On en a vu de bons effets inté-
rieurement et extérieurement dans la îeucophlegmasie.
Mode d'administration. Le sirop du suc des fruits
se prescrit à la dose d'une demi-once à une once, dans
une infusion d'une des plantes alexitères. Le rob s'admi-
nistre à moitié dose.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUINZE.
Le dessin est réduit à moitié.
1. Fleur.
2. Grappe de baies.
3. Baie entière.
4- Baie coupée transversalement pour faire voir les
loges.
pr jij6\
2/l^»Jf*^rr*' J^é'^rkTU^t// X J^àta- -
Per^e ScK^
A]:vto>es:me al ex itère
(295)
<s/vv vv% v\^^/v« vvvv>AAAA vv« vv\ vxAiMA/vvxMMM/vx^^A A/v« v\AA^/^^^lVVV\^\^lVV\^'v^AA^lV^
ANTIDESME ALEXITERE.
( Alexitère aromatique. )
Synonymie. Antidesma alexitaria. Lin. Dioécie Pentandrie.
Jus. Siège incertain. Antidesma foliis ovato-oblongis ; spicis
foliis brevioribus ; baccis cjlindraeeis. Noeli-Tali. Rbeed.
Mal. 4j p« 1^5. tab. 56. Bestram. Bram. et anc. Encycl.
Berberis indica aurantiae folio. En espagnol, Cordoreira.
Caractèues GÉNÉPiiQUES. FlouFs iiicomplètcs ^ ar-
bres ou arbrisseaux dont les flr;urs , disposées en épis ,
ressemblent à des (liàtons. Fleurs toutes unisexuelles ,
les mâles séparées des femelles sur des pieds différens.
Fleurs mâles. Calice à cinq folioles concaves -, cinq éta-
mines dont les filets déliés dépassent le calice , et sup-
portent des anthères arrondies et semi-bifides. Lin. —
Fleurs femelles. Calice très-petit et à cinq divisions 5
ovaire supérieur, ovale, chargé de trois styles courts,
mêmes stigmates. Baie ovale ou cylindrique contenant
une seule graine ovoïde. La pulpe de ce fruit est un brou
succulent plus ou moins épais.
Caractères PARTICULIERS. Fleur mâle. Calice 5-phylle;
corolle nulle ; anthères bifides. Femelle. Calice S-phylle-,
( 296 )
corolle nulle ; 5 stigmates ^ baie cylindrique monos-
perme.
Histoire naturelle. Cet arbre, toujours vert, croit,
naturellement sur la côte de Malabar et dans l'Inde. On
le rencontre actuellement assez souvent aux Antilles,
où il paraît se plaire, et où la couleur rouge de ses fruits
le fait distinguer , et appelle le désir du voyageur altéré
qui trouve dans sa pulpe un acide légèrement astrin-
gent propre à étancber sa soif. Son écorce est employée
aux Indes pour faire des cordes, et y remplace le chan-
vre. Ses fruits y sont recherchés par les naturels, et
sont aussi rafraîcliissans que ceux du Vinettier. Ses
feuilles passent pour Pantidote de la morsure du serpent
appelé Hérétimandel par les Malabares. Cette morsure
ne fait pas mourir sur-le-champ, mais les chairs se cor-
rompent peu à peu, tombent en sphacèle , et le malade
succombe après des douleurs atroces et continuelles. On
ne guérit de cette horrible maladie qu'en buvant Teau
d'une décoction de ses feuilles , à laquelle on a ajouté le
fruit du Mangien mariné au sel. (Encyl. méth.)
Caractères physiques. L'Antidesme alexitère est un
arbre de grandeur moyenne , dont le tronc est médio-
crement épais. Le bois blanc est recouvert d'une écorce
cendrée , elles rameaux sont nombreux et verdàtres. Ses
feuilles sont alternes , ovales, oblongues, pointues, très-
entières , un peu épaisses, glabres, lisses et d'un vert
noirâtre en dessus, munies en dessous de quelques ner-
vures latérales qui partent de leur côte moyenne , et
portées chacune sur un pétiojç très-coyrt. ]Les fleurs
sont pje|;ites, d'une couleur herbacée j çans ,odeur, et
( 297 )
naissent en petits épis axillaires , plus courts que les
feuilles qui les accompagnent.
Les fruits sont de petites baies oblongues, presque
cylindriques , d'uii beau rouge lorsqu'elles sont mûres ,
comparables à celles de TEpine-VinetJ^e , d'une saveur
acide un peu astringente, et monospérmes. (Encycl.
méth. )
Analyse chimique. L'acide du fpui^, rougit les cou-
leurs bleues végétales , l'acide concentré les brunit. La
décoction offre beaucoup de tannin , d'où lui vient en
partie sa vertu alexilère.
Propriétés médicinales. L'Antidesme n'est pas seu-
lement alexitère , l'écorce de sa racine est astringente et
détersive *, on l'emploie dans les décoctions pour les cours
de ventre et la dysenterie. Le fruit est recliercbé dans
les mêmes maladies , et dans celles bilieuses. On en met
une poignée pour chaque pinte de liquide. Le rob fait
avec ses fleurs convient dans les caîharres chroniques
adynamiques. Le suc des baies , combiné avec le ni-
trate de potasse , convient dans la dysurie et la gastro-
entérite.
Mode d'administration. On confit les fruits au su-
cre , on en fait un sirop , des gelées qu'on ajoute aux
juleps astringens et rafraîcliissans. Le rob fait avec une
décoction rapprochée de ses fleurs , se prescrit à la dose
d'une once. La décoction des feuilles par verrées. J'y
faisais ajouter le sirop des fruits , ces principes acides et
saccharins convenant dans beaucoup de cas d'empoison-
nement.
( 298 )
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SEIZE.
La plante est réduite à moitié.
1. Branclie chargée de fruits.
2. Fleur femelle décomposée.
3. Baie entière.
4* Baie ouverte.
5. Fleurs mâles en grappe.
6. Fleur mâle de grandeur naturelle.
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CONISE OBOIIAXTK
( 299 )
CO^'YSE ODORANTE.
{yllexitère interne.)
Synonymie. Vulg. Grande-Sauge. Conyza odorata. Lin. Syn-
génésie polygamie superflue; Tournef. Glas. 12. Floscul.
— Jussieu, famille des Gorymbilères. — Conyza fruticosa,
foliis ovatis petiolatis subdentatis tomenlosis , floribus co-
rymbosis aggregatis , calvcibus hemispbaericis. Lara. — Go-
nyza arboreseens purpurea, verbasci folio unduiato. Phim.,
spec. 9. Burm. Amer., t. 97 , folium separatum. Tourn. 455.
— Gonyza major odorata, S. Baccbaris floribus purpureis
midis. Sloan. Jam. Hist. 1 , p. 258, t. i52 , f. 1.
CAriACTÈrtES GÈNÉuiouEs. Flcurs composées, de la di-
vision des Flosci'Jeuses Corymbi fores ^ herbes, arbustes,
ou arbiisseaux à feuilles simples et alternes, et dont les
jfleurs viennent communément en corvmbe termin '.1. La
fleur est composée d'un calice commun , oblong ou ar-
rondi, et embriqué d'écaillés pointues. Fleuioiis beima-
plirodites , lubulés , quinquéfîdes , nom'nrcux , placés
dans son disque, et de fleurons femelles k limbe trifide,
situés à la circonférence. Ces fleurons sont posés sur un
réceptacle nu, et entourés par le calice commun. Le
fruit consiste en plusieurs petites semences oblongucs,
chargées chacune d'une aigrette simple et sessile.
Tome IÎL — 55^ Li\^raison. 24
( 3oo )
Caractères particuliers. Tige ligneuse , feuilies
ovales, dentées en scie, comme duvetées, aiguës : tisre
en corymbe ; coi olles comme globuleuses. (Amer, mérid.)
HiSToniK^NATURELLE. Lcs Conjses , suivant l'auteur
de cet article dans rEncyclopédie par ordre de matières,
ne diiTèient des Bacchantes qu'en ce que leurs fleurons
ne sont point mêlés parmi les liermaplirodites ; mais ce
caractère est si mal établi, que peut-être serait-il plus
convenable de réunir ces deux genres. On les distingue
des Giiaplialiuîn par leur calice non scarieux, et dont
les écailles ne sont point arrondies^ et des Eupatoires,
en ce que tous leurs fleurons ne sont point hermaphro-
dites. Cet arbrisseau , dont Todeur est forte . mais agréa-
ble , se plait dans toute T Amérique méridionale , dans
les endroits humides, et fait partie des espèces odorantes
qui garnissent les lagons ou le bord des rivières. On
rencontre encore souvent aux Antilles la Conyse en
arbre, la Conyse à feuilles de Coignassier, la Conyse
lobée, la Conyse Alopecuroïdes , et la Conyse en épis.
Certains nègres de Guinée offrent la Conyse odorante à
leurs dieux, et en brûlent en se prosternant. Ils jonchent
de leurs feuilles les tombeaux de leurs amis.
Caractî^res physiques. La Conyse odorante forme un
arbrisseau de quatre ou six pieds de hauteur , dont la
tige est droite, de Tépaisseur du pouce, à écorce gri-
sâtre , et à rameaux cotonneux et feuilles. Ses feuilles
sont ovales, ou ovales-oblongues, pétiolées^ les unes
entières , les autres légèrement dentelées -, molles , co-
tonneuses , particulièrement en dessous , et d'un vert
cendré ou blanchâtre. Elles sont longues de quatre ou
( 3oi ;
cinq pouces, sur plus de deux pouces de largeur. Les
fleurs sont purpurines, disposées en corymLes denses,
composés et terminaux, sur des pédoncules courts et
cotonneux. Les calices sont iiémispliériques , embriqués
d'écaiîles cotonneuses , courtes et un peu obtuses. Les
fleurons liermaplirodites occupent le disque de la fleur,
et les femelles sont en assez grand nombre à sa circon-
férence.
Analyse chimique. Le suc exprimé de la Conysc
odorante , à l'époque de la floraison , a produit une cire
résineuse, une matière extractive avec malate de potasse,
un extractif gommeux , un principe colorant, de l'al-
bumine , une substance glutineuse dans la fécule verte ,
et un peu de nitrate de potasse.
PROPPaÉTÉs MÉDICINALES. Sou odcuF aromatiquc , com-
parable à celle de la Sauge d Europe, la fait employer
dans les mêmes circonstances. Les nègres recherchent
la Conyse odorante pour Futiliscr en cas de blessures
faites par les animaux venimeux. On l'emploie aussi dans
les bains chauds et clans les fomentations contre les pa-
ralysies. L'infusion de ses feuilles est stomachique , et
les sommités , mêlées aux alimens , excitent l'appétit et
facilitent la digestion. En général, et comme l'observe
judicieusement Virey, les plantes aromatiques doivent
être employées comme alexitères.
On rencontre aussi;, aux Antilles, la Conyse lobée, vul-
gairement appelée Herhe à Piques , et qui est estimée
comme aîexitère. Sa saveur est amère, aromatique^ son
extrait contient de l'acide acétique libre , autant de
chaux et de potasse \ elle convient dans les affections
24*
( 302 )
séreuses du bas-ventre, dans les obstructions , dans les
engorgeniens squirieux du mésentère, dans les pâles
couleurs et les anorexies. Elle est fort commune à la
Guadeloupe.
Mode d'administrations'. La Conyse odorante se pres-
crit au dedans par infusion tnéïforme , et au dehors par
décoction. On fait avec les fleurs et les graines une li-
queur alcoholique qu'on administre par cuillerée à café.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEL'X CENT DIX-SEPT.
La plante est réduite à moitié.
1 . Fleuron ouvert.
M. ^^.
T'AxvJ'are /fe^courM'^ J'iftur
(rairu^ ScuA ■
sArGK A ri.Ern^ Bi.A.^rfOi.s
( 3o3 )
(vvx vv^'VV>w\vv>vv%:Vv\ vv»wvvv%vvvw»ivvw».'*w^x'v»'Vv*v\A vvvvwv^A■vww^'W^w^'VV^\v^ ■.v\'vv»**^
SAUGE A FLEURS BLANCHES.
(yilexitère interne.)
Synonymie. Salvia Leucantha. Cavan. Lin. Décandrie Mo-
nogynie. — Jussieu , famille des Labiées. — Tourn. Clas.
4. Labiées. — Salvia foliis lanceolatis , longis , rugosis ,
crenulatis ; floribus spicatis, calicibus tomentoso-vioiaceis.
Cavan. Icon. Rar. Page 16, n" 22, tab. 24. — Salvia foliis
lanceolatis , serratis , rugosis , subtùs incavis 5 calicibus
densissimè incano-violaceo-tomentosis. Vabl. Enuni., Plant,
vol. 1, pag. 252, n'' 71. — Salvia foliis lineari-lanceolatis ,
crenulatis , rugosis j floribus verticillato-spicatis, calicibus
tomentosis. Willd. Spec- Plant, vol. 1 , page 12g , n" 5.
En espagnol , Salvia. — En portugais- Salvetta. — En an-
glais , Sage.
Caractères géjsériques. Plantes dicotylédones , à
fleurs complètes , monopétalées , irrégulières , de la la-
mille des Labiées , lierbes ou sous-arbrisseaux à feuilles
opposées , entières et cjuelquelois pinnatifides ^ fleurs
verlicillées en épis, munies de bractées. Calice à deux
lèvres -, corolle en gueule -, les filamens des étamines al-
tacliés transversalement sur un pédicule , et comme
( 3o4 )
fourclius ^ ovaire à quatre divisions ; quatre semences
souvent muciiagineuses.
Caractères particuliers. Tige quadrangulaire, feuilles
crénelées, cotonneuses en dessous ^ fleurs également to-
menteuses.
Histoire naturelle. Toutes les espèces de cette fa-
mille nombreuse jouissent plus ou moins des propriétés
toniques , diaphorétiques et alexitères. La Sauge à fleurs
blanches, originaire du Mexique, se rencontre dans
plusieurs lies Antilles, où elle est préconisée comme
alexitère. Les nègres l'emploient comme condimeiit ,
et la mélangent quelquefois aux herbages , ou brèdes
qui servent à former leurs calalous. Ils la recherchent
aussi pour fumer leurs aiguillettes de bœuf, de cabri et
de cochon marron. Les feuilles de cette Sauge rempla-
cent celles du Thé , et sont tout aussi agréables. On
veut toujours ce qu'on n'a pas, et c'est bien le cas d'ob-
server ici que les Chinois donnent deux caisses de Thé
vert pour une seule de Sauge.
CARiCTÈRES PHYSIQUES. Scs tigcs soiit quadraugu-
laires , droites , rameuses , hautes de cinq pieds environ,
garnies de feuilles opposées , pétiolées , étroites, lancéo-
lées, longues, ridées, crénelées à leur contour , blan-
châtres, et tomenteuses en dessous, d'un vert foncé à
leur face supérieure, supportées par des pétioles courts,
presque connivens , munis à leur base de glandes très-
petites, semblables h des points bruns.
( 3o5 )
Les fleurs sont disposées en longs épis terminaux,
interrompus, composés de verticilles à plusieurs fleurs
couvertes d'un duvet lomenleux, lanugineux, violet.
Le calice est de même couleur, très -velu, à deux lè-
vres j la lèvre supérieure aiguë , entière *, l'inférieure
légèrement bifide. La corolle est blanche, une fois plus
grande que le calice -, sa lèvre supérieure en voûte vers
son sommet, plissée , entière, velue ^ l'inférieure a trois
découpures arrondies , presqu'égales , qui offrent en des-
sous une petite bosse courte. (Encycl. méth.)
Analyse chimique. La Sauge blanclie conîieîit une
huile volatile , un extrait résineux, une substance gom-
meuse , de la gomme, une autre sorte de gluten, de la
fibre ligneuse, du nitrate de potasse ^ et quelques ma-
tières azotées.
Propriétés médicinales. On attribue tant de pro-
priétés aux Sauges oihcinales , que l'école de Salerne
trouvait étonnant qu'on pût mourir quand on en pos-
sédait un pied dans son jardin.
Cur moriatur homo , cui Saluia crescit in horto.
Cette plante héroïque est douée, il est vrai, de pro-
priétés incontestables \ c'est pourquoi on la recom-
mande comme tonique pour rappeler l'appétit , activer
la circulation dans la chlorose et les syncopes ner-
veuses. Elle produit de bons eiiets dans l'asthme hu-
mide et la toux catarrhale. Lifusée dans du vin, elle
modère les sueurs débilitantes qu'éprouvent les conva-
( 3o6 )
îescens. Eu gargarisme , elle guérit les aphllies et
autres ulcérations de la bouche , et fortifie les gencives.
La poudre des feuilles séchées offre Un très-bon ster-
nutatoîre. Appliquée en sachet dans les infiltrations du
tissu cellulaire et dans les échymoses, elle agit comme
tonique et résolutive. Les nouveaux fumeurs préfèrent
cette Sauge au Tabac. J'ai guéri , par ce moyen et par
la seule infusion de cette plante , un ancien militaire
qui 5 par suite de campement dans des endroits humi-
des , était affecté d'un asthme tellement intense , qu'il
lui était impossible de conserver la position horizontale.
La décoction des feuilles et des fleurs fortifie les nerfs,
ramollit les tumeurs et dissipe les enflures. Cette plante,
ainsi que les Labiées , excite l'action des organes, et dé-
veloppe momentanément les fonctions de la vie. On em-
ploie aussi cette plante comme emménagogue pour sti-
muler l'utérus. On conçoit que, d'après ces propriétés sti-
mulantes , il serait inconvenant de prescrire cette plante à
des tempéramens irritables ^ et même en cas de paralysie
et de tremblemens musculaires, elle ne doit être indi-
quée que si le sujet est lymphatique , ou peu impres-
sion uable ^ il en est de même si l'on a à traiter une
leucorrhée invétérée , ou une ménhorragie rebelle, ainsi
qu'un rhumatisme errant. On apprécie ses vertus contre
les poisons, et dans le cas de maladies contagieuses et
quelques fièvres d'accès.
Mode d'administration. On prépare avec les fleurs
de Sauge une conserve et une eau distillée. La dose de
la poudre est d'un gros, soit en suspension dans une
infusion , soit en pillulcs ou en opiat. La teinture aï-
( 3o7 )
coîiolique se prescrit par un gros. L'huile essentielle se
donne depuis cinq jusqu'à dix gouttes dans un jaune
d'oeuf.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT DIX-HUIT.
La plante est dessinée demi-grandeur naturelle.
1 . Calice.
2. Corolle.
( 3o8 )
^V\\AA'VV>iVV«A/V>'VV\<VV\A/V>\'VX\/V«^iV%iVV't'VVX VVVVV>A/V'^VV\^V«'VVIVV%VV\/VV\IVVVVV\VV\V\A'VVX^
ORANGER A FEUILLES DE MYRTE.
(^udlexitere interne.^
Synonymie. Aurantium mjrtifolluni. Lin. Polyadelpîiie ico-
sandrie. — Tournefort. Clas. 21. Arbres rosaces. Sect. 6.
— Juss. , famille des Orangers. En espagnol, Naianj'o/ en
: portugais , Tarangeira; en anglais, Orange-tree.
Caractères génériques. Calice à cinq divisions ; cinq
pétales -, environ vingt étamines -, les filamens comprimes,
réunis inférienrement en cylindre, divisés en plusieurs
faisceaux antliérifères ; un style 5 un stigmate en tête ^
une baie celluleuse, partagée en plusieurs cloisons mem-
braneuses, longitudinales, entourée d'une écorce épaisse,
ridée et glanduleuse j ses semences sont cartilagineuses.
(FI. d. D.)
Caractères particuliers. Feuilles très-petites et très-
rapprochées. Epines courles et dures.
Histoire r;ATURELLE. Il suffit de prononcer le mot
Oranger pour que Fimagination se reporte au milieu des
belles forêts du Nouveau -Monde , où les pommes d'or
de cet arbre enchanteur contrastent si bien avec la riche
( 3o9 )
verdure de leur feuillage et la blaucîieur de leurs fleurs j
car on y voit toujours ensemble les progrès de la végé-
tation. L'Oranger qui nous occupe a toutes ces pro-
priétés, et ne diiTère de TOranger de la Chine que par
quelques caractères botaniques , tels qu'un feuillage plus
serré et des feuilles très-petites-, par des épines courtes
et des fleurs moins développées , ainsi que par des fruits
infiniment plus petits-, aussi la stature de l'arbre est-elle
beaucoup moins élevée. Il n'atteint guère que laliauîeur
de dix à douze pieds-, son bois est également dur, d'un
blanc jaunâtre , d'un grain compacte, fin et uni. Par une
sage prévoyance, le Créateur, selon l'observation juste
de Virey, a garanti les germes des semences des végé-
taux en les entourant d'un périsperme oléagineux -, car
toutes les huiles fines des végétaux se trouvent dans
cette partie presque uniquement : de même l'épiderme
de tous les animaux terrestres est naturelleuient huilé
par cette merveilleuse prévoyance. C'est daprès cela que
le D. \ irey a reconnu aux huiles volatiles la propriété
de préserver les plantes de la moisissure. On sait que
lorsqu'il se forme des moisissures sur la surface des grais-
ses , ou des huiles, c'est lorsque ces dernières contiennent
encore des substances mucilagineuses, ou gélatineuses,
capables de passer à la fermentation acide et à la putré-
faction : mais quand les corps gras sont parfaitemicnt
purs, ces végétaux ne s'y développent pas. Suivant le
même chimiste , plusieurs parties fort délicates des végé-
taux souffrent , et même périssent par l'application des
huiles volatiles. Celles que les fleurs et d'autres parties
des plantes forment et recèlent naturellement sont ren-
fermées toujours dans de petits utriculcs particuliers qui
(3io)
les isolent du parenchyme. Ainsi, dans les semences des
Ombellifères , dans Fécorce du fruit des Hespéridées ,
riiuile volatile est séparée de l'embryon de la semence ,
car son contact immédiat ferait périr le germe. Le doc-
teur Mac-Cullocli , d'Edimbourg , empêche l'encre de
moisir en y jetant un peu de Gérofle ou de son huile
volatile. Le Camphre produit le même effet. On confit
les jeunes fruits avant leur maturité-, les cuisiniers re-
cherchent Fécorce comme condiment.
Caractères physiques. On a déjà reniarqué , diiPoi-
ret, que même dans les individus sauvages il y avait très-
peu de différence entre les Orangers et les Citronniers ^ à
plus forte raison parmi les variétés produites par Fart ou
par la nature. L'Oranger à feuilles de Mvrle offre à l'as-
pect un feuillage diffus, serré, sans ordre, partie opposé,
partie alterne. Les feuilles sont persistantes , ovales, ai-
guës, lancéolées , et petites comme celles du Myrte , lé-
gèrement dentées, très-proches les unes des autres-, les
fleurs sont blanches comme celles de l'Oranger ordi-
naire , très-odorantes , et par bouquets à l'extrémité des
rameaux. Les fiiamens sont réunis en faisceau par une
membrane , qui ensuite se déchire en plusieurs segmens
chargés chacun d'un certain nombre d'étamines. Les
fruits sont de la grosseur et de la forme d'une pomme
d'api moyenne, le plus souvent sessiles, d'un jaune doré
à l'extérieur et pointillé , et blanc en dedans , divisés en
plusieurs loges par des cloisons membraneuses et trans-
parentes, renfermant chacune des semences sans pcris-
permc.
(3ii )
Analyse chimique. Les Hespéridées de Des vaux, ou
Orangers, offrent abondamment un acide citrique fort
agréable, quelquefois ccmibiné à un principe amer,
comme dans la Bigarade, ou à un principe colorant
rouge , comme dans l'Orange de la Chine , mais plus
souvent contenant une matière sucrée dans une pulpe
vésiculeuse. L'enveloppe extérieure de ces fruits est em-
preinte d'une huile volatile suave , dans un parenchyme
fongueux , amer. Les feuilles et les fleurs des Orangers ,
selon Boullav, contiennent aussi une huile essentielle
volatile cj[u'on obtient facilement par la distillation. La
fleur surtout, indépendamment de cette huile, produit
de l'acétate de chaux , de l'acide acétique en excès , de
l'albumine , un principe jaune amer , soluble dans
l'alcohol, insoluble dans l'éther, et une matière gom-
meuse.
Propriétés MÉDicmALES. D'après Fexamen chimiifue
des parties constituantes du feuillage , des fleurs et des
fruits des Orangers qui offrent un acide, de l'albumine,
du tannin, etc. , il est facile de concevoir pourquoi les
naturels les emploient contre les empoisonnemens. L'eau
distillée des fleurs est cordiale , hystérique et vermifuge.
Elle fortifie l'estomac, active la circulation, fait mourir
les vers des enfans, et apaise les contractions de l'uté-
rus. Son usage journalier dans les maladies nerveuses
sert à prouver qu'elle est éminemment anti-spasmodique.
Poupée-Desportes recommande comme détersive, dans
la gonorrhée et la leucorrhée , une tisane faite avec une
once de limaille d acier, un demi-gros de sel ammoniac,
une pincée d'écorce d'orange-myrthe, de liane à savon,
( 3i.. )
de gommier et de bois marie ^ une demi -pincée de
verveine puante pour trois chopines d'eau réduites à
deux.
Mode d' administration. Les naturels recommandent
la poudre d'écorce sèclie de Torange-myrte à la dose
d'un gros dans une infusion hystérique contre les tran-
chées des nouvelles accouchées. Ils préparent aussi avec
une pincée de safran introduit dans une bigarade qu'on
fait cuire sous la cendre, et qu'on met infuser dans une
bouteille de vin blanc, un remède i^mménagogue dont
ils font le plus grand éloge. Ils appliquent aussi sur le
nombril des jeunes enfans attaqués de vers une orange
creusée et remplie de deux gros de thériaque et bou-
canée sous la cendre chaude. Les médecins prescrivent
Veau distillée à la dose d'un à quatre gros. Poupée-Bes-
portes donne encore la composition des bols fébrifuges
suivans. Prenez écorce d'orange-myrte et de citronnier
pulvérisés , un gros de chaque*, sel ammoniac et limaille
de fer porpliyrisée , de chac[ue un scrupule 5 sirop de
fleurs d'orange , quantité suffisante.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT DIX-NELF.
La planche est dessinée de demi-grandeur.
jy. 22i
T%eo€/at^ De^rour^h/K, J*ù^œ
(^èfie/ Sett^ -
OHAIVGËR PA^n^EÎ.MOrS'K -rilADEi^ .
3i3 )
^/v»vv>vvvvv^%v^v\.^\'V'^'VV\v\'»'vv\vv^lVV^vv»vi'»vv^^AAvv\xv\^/v>vv*vv\^,v'/vv*'Vv^vv^vv^'vv\vv*/vv-\ w»
ORANGER PAMPELMOUSSE.
{Alexitère interne.)
Synonymie. Vulg. Chadec , ou Citron des Barbades. Chadock,
ou ScLaddeck , tête d'enfant. — Citrus Decumana. Lin.
Polvadelphie icosandrie. Tournef. — Arbres rosacés. —
JussieUj famille des Orangers. — Citrus petiolis alatis ,
foliis obtusis emarginatis. Lin. , sjst. reg. 58o. — Malus
Aurantia fruclu rotundo maximo pallescente caput buma-
num excedente. Sloan. Jam. 212. Hist. 1 , p. 4i ? tab. 12,
fol. 2,3. Limo Deeumanusj Pampelmoes. Rumpb. Amb. 2,
p. g6 , t. 24 , f. 2. — Aurantium fructu omnium maximo
Pampelmus dicto. Burm. Zeyl. , p. Sg. -— Citrum arbor
eximia, foliis majoribus, fructu maximo et acriori. Poupée-
Desportes.
Caractères génériques. Calice 5-fîde, cinq pétales
oblongs ^ antbères à vingt filets connés en divers corps ^
baie à neuf loges-, loges vésiculeuses.
Caractères particuliehs. Pétioles ailés-, feuilles ob-
tuses , émarginées.
( 3.4 )
HisTOiiiE NATURELLE. L'Omiiger Pampeimoussc diffère
de l'Oranger par ses feuilles et par ses fruits plus grands,
par ses fleurs plus en grappes, et par ses grappes ve-
lues. 11 a été apporté des Indes par le capitaine Clia-
dock ou Schaddeck , auquel les liabitans des Indes oc-
cidentales Font consacré par reconnaissance. Cet arbre
parait avoir dégénéré par la culture. On lui reconnaît
pour variétés: lo le Pampelmousse des Barbades , ou
Schaddeck sans épines, dont les feuilles sont épaisses,
ovales-, les fruits, ainsi que les feuilles, ont le talon
très-large -, i^ le Pampelmousse , ou Pampelnioës du
Levant j 3^ le Pampelmousse d'Amérique : le fruit est
aigre et sa chair d'un jaune pàle^ ^o le Citronnier de
Combara , ou Citron à la grecque , dont les feuilles sont
presque rondes, crénelées ; l'aile des pétioles est plutôt
ovale qu'en cœur, aussi grande et souvent plus longue
que la feuille. Les épines sont plus fortes.
Le port de l'Oranger des Pampelmousses est majes-
tueux ; il joint la noblesse des formes à la riche dimen-
sion des feuilles et des fruit'S qui sont énormes. La vue
et l'odorat sont également satisfaits à la rencontre d'un
de ces arbres dans les jardins enchantés des Hespérides.
Le parfum qu'il exhale embaume nos vallées;
Toujours blanchi de fleurs, il ajoute à leur prix
Le vert des fruits naissans à l'or des fruits mûris.
(ROSSET.)
On multiplie cet oranger par greffe. Il se propage
aussi de marcottes faites comme celles du Grenadier.
( 3i5 )
Les branches prennent difficilement de bouture ^ le se-
mis et la greffe sont donc les plus sûrs moyens de le re-
produire. Les semences de Bigarades doivent être pré-
férées parce qu'elles donnent des sujets plus vigoureux,
et qu'on peut greffer beaucoup plus tôt les sujets qu'on
en obtient. Le meilleur terreau pour ce genre de cul-
ture se compose avec parties égales de fumier de coucbe
et de moutons, de marc de raisin et de feuilles pour-
ries. Ce terrain étant bien consommé, on le mêle avec
quatre parties de terre franche et douce.
Le quartier des Pampelmousses est ainsi nommé à
rile-de-France , belle patrie de Paul et Virginie , par la
quantité des arbres de cette espèce qu'on y rencontre.
Ce souvenir aimable qui ne peut vieillir, et sera de tous
les âges , conserve à cet épisode , modèle inimitable
de grâces et de sentiment, des lauriers que la basse ca-
lomnie voudrait en vain ternir. Cette couronne , tressée
par le bon goût , doit rester éternellement sur la mo-
deste tombe de l'illustre auteur des Harmonies de la
Nature.
Caractères physiques. Cet Oranger diffère des autres
par ses pétioles ailés, et par ses fruits d'une grosseur
monstrueuse, ordinairement plus forts que la têie d'un
enfant. L'arbre est d'une grandeur médiocre. Il se di-
vise en rameaux étalés avec ou sans aiguillons. Les
feuilles, parsemées de points transparens comme dans
tous ses congénères , sont dentées , éparses , ovales ,
Tome III. — 55* Lh'raison. 25
(3,6)
quelquefois obtuses et échancrées à leur sommet ^ les
pétioles sont garnis d'une aile cordiforme d'une gran-
deur remarquable. Les fleurs sont disposées en grappes
légèrement tomenteuses et plus longues que dans les
autres espèces. La corolle est blanche, très- odorante ,
composée de cinq pétales réfléchis. Son fruit est une
Laie sphéroïde d'un jaune verdàtre , divisée intérieu-
rement en douze loges et plus ^ la pulpe est rouge ou
blanche, aigre ou douce. L'écorce est excessivement
épaisse , très-peu volumineuse et fongueuse, d'une sa-
veur très-amère. Les semences sont ovales , presqu ai-
guës , au nombre de deux ou trois dans chaque loge.
Analyse chimique. Le suc du fruit contient un prin-
cipe amer, de la gomme, de l'acide malique , de l'acide
citrique , et beaucoup d'eau..
PROPraÉTÉs MÉDICINALES. La poudre des feuilles étonne
quelquefois les praticiens par ses effets dans le traitement
des maladies nerveuses, de l'hystérie, del'hypochondrie,
ajouterai-je de Tépilepsie? La décoction des feuilles a guéri
plusieurs enfans affectés de convulsions et de catalepsie ,
et uti homme d'un certain âge , qui avait perdu l'usage
de ses facultés intellectuelles , et particulièrement sa
mémoire. Deux onces de la décoction, dit Alibert, chan-
gèrent sa situation , et dans l'espace de six jours tous
les accidens se dissipèrent. Or les produits des feuilles
des Orangers divers étant les mêmes , j'ai préféré étayer
(3i7)
mon assertion de faits curieux qu'affirme rarclnàlre que
de faire des citations de faits qui me sont personnels ,
et parfaitement identiques avec les premiers. Ranoë ,
médecin danois, a soulagé promptement une femme de
trente ans dans ime violente hémorragie utérine , avec
une forte décoclion d'écorce d'Oranger. On peut faire
le chocolat et le café avec cette décoction , et dans d'au-
tres cas la rendre vineuse. Le suc acide des Oranges
sures et des Schaddecks convient pour neutraliser la
vertu narcotique des alcalis végétaux. C'est pourquoi
l'on^ peut faire usage sans inconvénient de la morelle
tomate, qui joint à la propriété narcotique des solanées
un acide qui en devient le correctif. L huile essentielle
de l'écorce, que Ton obtient au moyen de râpes, et le
tabac vert combinés avec l'huile de Sésame se prescri-
vent en embrocations sur l'épigastre dans la cardialgie
et la dispepsie.
Mode d'administration. La dose de la poudre est
depuis un scrupule jusqu'à deux dans de la coniiture ,
ou en suspension dans un liquide \ celle des feuilles ,
une pincée pour une infusion d'une pinte. Le sirop des
fleurs est principalement employé dans les affections
nerveuses. On sait que l'eau distillée de fleurs d'o-
ranges est préférable lorsqu'on n'a choisi que les pé-
tales ^ le calice et les autres parties nuisent à la déli-
catesse de son parfum, et lui communiquent une odeur
vireuse^
* (3'8)
EXPLICATIOT* DE LA PLANCHE DEUX CETÎT VIKGT.
La figure est au quart de sa grandeur naturelle.
1. Graines.
P/.221.
J^^Jare J)et-ivurtû.\. J'ina-
COlLÎNSOmE.
( 3i3 )
IVV^*,VVV*A'VV»'VVVVV< VW»VVVVVVVV» VVVVVVlVV\iV».îVV'»VV»VV^ VV» VV\AA/»\/V»^^ /V^-Wt^V»
COLLINSOiME DU CANADA.
(^Alexitère externe.)
Synonymie. Collinsonia canadensis. Lin. Diandrie Monogy-
nie. — Jussieu , famille des Labiées. — Collinsonia. Hort.
ClifiF. i4, t. 5. Cold. Noveb. 8. Kalm. it. 2 , p. Siy.
Caracteiies GÉNÉPdQUEs. Corollc illégale*, à lèvre in-
férieure niullifide , capillaire. Une semence.
Caractères particuliers. Le fruit consiste en une
semence globuleuse, située au fond du calice; les trois
autres avortent.
Histoire naturelle. Cette belle Labiée dont les amis
de rhumanité soufîrante savent tirer un parti avanta-
geux dans certains empoisonnemens , croit nalMrelle-
ment dans les forêts du Canada et de la Virginie. Je l'ai
rencontrée plusieurs fois aux Antilles, et particulière-
ment à Saint-Yago de Cuba et à Saint-Domingue. On la
propage de graines semées en pleine terre , et garanties
par de la litière contre les grands froids , ou de boutures
Tome ïll. — 56* LU'raison. 26
( 320 )
faifes en été à rombre. Ou doit tenir en Europe cette
plante , pendant l'hiver , dans une serre tempérée.
Caractères physiques. Cette belle plante , de la fa-
mille des Labiées , qui se rapproche des Sauges par quel-
ques rapports , a des feuilles qui ressemblent beaucoup
a celles de V Hy drangea. Ses liges sont droites , tétrago-
nés , assez simples , hautes de deux à trois pieds. Ses
feuilles sont opposées , presqu'en cœur , pointues , den-
tées en scie, glabres , ridées , et portées sur des pétioles
courts. Elles ont quatre à cinq pouces de largeur sur
une longueur de plus de six pouces , en y comprenant
leur pétiole. Les fleurs sont jaunâtres, nombreuses et
disposées au sommet de chaque tige sur une panicule
pyramidale, à ramifications opposées.
Chaque fleur a : i° un calice monophylle, campanule ,
court, persistant, à cinq dents pointues et inégales ;
2*^ une corolle monopétale infundibuliforme , beaucoup
plus longue que le calice , irrégulière , à lèvre supérieure
presque nulle , le limbe à sa place étant divisé en quatre
dents fort courtes , et à lèvre inférieure grande , frangée,
partagée en beaucoup de découpures capillaires \ 3° deux
étamines plus longues que la corolle , dont les filameus
droits et sétacés portent de petites anthères vacillantes;
4** un ovaire supérieur , quadrifide , chargé d'une grosse
glande, et d'un style sétacé aussi long que les étamines,
incliné , purpurin, à stigmate bifide.
Le fruit consiste en une semence globuleuse située au
fond du calice. Le nombre naturel des semences parait
devoir être quatre , comme dans les autres Labiées ;
mais il n'y en a qu'une qui vienne à perfection , les trois
autres avortent. ( Encycl. ).
( 3^1 )
A;]SALYSE CHIMIQUE. Si V OU vei se daiis une îiifusion
de Collinsonie une dissolution de sulfate de fer, on y
reconnaît la présence de l'acide gallique. L'eau se sa-
ture des principes amer et astringent ^ mais le principe
aromatique , comme dans beaucoup de Labiées , no peut
être extrait que par ralcohol. Cependant l'eau distillée
de la plante offre un certain arôme. On remarque à la
surface un peu d'huile essentielle.
Propriétés médicinales. La Collinsonie offre aux
voyageurs d'outre-mer et aux habitans de ces rives for-
tunées un des toniques les plus puissans pour combattre
la myotilité nerveuse. Elle est recommandable dans les
fièvres de mauvais caractère , dans l'atonie des viscères
abdominaux que l'on observe dans Thypocondrie et
l'hystérie : dans les fièvres muqueuses continues ou in-
termittentes, dans la dyspepsie, dans les cas d'épuise-
ment signalé par des digestions lentes , dans une torpeur
de la locomotion et de la mémoire et dans beaucoup de
cas de mélancolie. Je l'ai souvent prescrite dans des cas
de leuchorrée chronique , par suite de morosité et d'une
vie sédentaire , ainsi que dans les sueurs nocturnes qui
affaiblissent si prodigieusement les malades. On ne doit
pas en faire usage si la peau est sèche et brûlante.
On fait beaucoup de cas de son infusion vineuse pour
laver les blessures faites par les animaux venimeux,
comme aussi pourdéterger les aphthes des nouveau-nés.
Mode d'administration. Une pincée de feuilles sert
pour une livre d'eau bouillante. L'eau distillée se combine
avec d'autres moyens pour la confection d'une pulioii
2b*
( 322 )
antî-spasmodique. La teinture alcoholique se mêle aux
infusions aqueuses qu'on veut alcoholiser : la dose est
d'une cuillerée à café pour une livre d'infusion.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-UN.
La plante est dessinée demi-grandeur.
1. Fleur vue de face.
2. Calice vu de face.
3. Graine.
i
JV. :.'22
l'At-Oi/orc JK\fC)turli/\ J^m^v •
SARMETE r©>:i>KE.
( 323 )
IW» V^^ VV«IW'»'VWVVWV»'W»'VV»'W%WW\VVV'» WA'VWW^ WN'WVW WX W>/VV»'W>'VV>W\iWX'VVVWVVVVW«
SARRIETTE CONDEE.
(^u4lexitère externe,)
Synonymie. Saturcia americana. Lin. Didynamie Gymno-
spermie. — Juss. , famille des Labiées. — Tournef. Clas. 4>
sect. 3. — Satureia foliis linearibus , obtusis subarcuatis;
floribus solitariis , sessilibus ; caule fruticoso , subaculeato.
Poiret. — Satureia Condea. Juss. — Condaea frutescens,
Satureiœ foliis; flore albo. Desportes. — Plum. Miss. Desc.
Plant. Amer.
Caractères génériques. Plantes dicotylédones , a
fleurs labiées , verticillées ou axillaires , ayant des feuil-
les opposées , ponctuées dans quelques espèces. Le ca-
lice strié , à cinq dents ; une corolle labiée à quatre lo-
bes-, le lobe supérieur presque blanc; quatre étamines
à peine aussi longues que la corolle.
Caractères particuliers. Feuilles sessiles et légè-
rement épineuses sous leur principale nervure \ fleurs
axillaires et fasciculées.
Histoire naturelle. On doit la connaissance de cette
plante utile au docteur Poupée-Desportes qui le premier
(3^4 )
l'a recueillie à Saint-Domingue. On l'emploie, ainsi que
la Sarriette d'Europe, pour relever le calalou et l'aro-
matiser \ elle se sème d'elle-même. Humble comme la
violette , et toujours cachée sons l'herbe où son parfum
la fait découvrir, elle est broutée avec ardeur par les
cabrits. On peut lui appliquer les deux vers que M. De-
fontanes adresse à la violette :
Et toi qui te cachas, plus humble que tes sœurs,
Sarriette à mes pieds verse au moins tes odeurs.
La Sarriette effilée ( Satureia vîmiriGa ), commune à
la Jamaïque, jouit des mômes propriétés.
Caractères physiolks. Cette plante a des tiges gla-
bre^.^ ligneuses , cjlindnques , divisées en ramçaiix grê-
les, légèrement anguleux, nombreux, rougeâtres> hé-
rissés sur leurs angles de très-petites pointes épineuses ,
garnies de feuilles opposées , presque sessiles , linéaires ,
lancéolées, étroites, longues d'environ un pouce, en-
tières, la plupart obtuses à leur sommet j rétrécies en
un pétiole court a leur base, vertes et glabres à leurs
deux faces, un peu courbées en arc , munies sur leur
dos, le long de la principale nervure, de très-petites
pointes épineuses : des aisselles de ces mêmes feuilles
sortent , ou de petits rameaux courts , ou d'autres feuilles
plus courtes , presque fasciculées. Les fleurs sont très-
petites , blanchâtres , solitaires , sessiles , axillaiies et
opposées. ( Encycl. ),
Analyse chimique. L'eau se charge proniptcment
d'une partie extractîve anière , et l'infusion brunit si on
( 325 )
y ajoute du sulfate de fer. On obtient de cette pknte,
par l'intermède de ralcohol , un principe résineux très-
abondant. L'huile essentielle de cette Sarriette décom-
pose le muriate de mercure suroxidé : sa couleur est
facilement altérée par l'eau de chaux.
Propriétés médicinales. Plusieurs praticiens des An-
tilles ont employé avec succès la Sarriette Condée contre
les atonies du système nerveux, telles que vertiges, pa-
ralysie et contractions de l'estomac. Elle soulage les
personnes affligées d'asthme nerveux, et surtout celles
affectées de chlorose compliquée d une débilité des vis-
cères de l'abdomen , ou d'une trop grande susceptibilité
organique de ces parties. Son infusion vineuse convient
dans les diarrhées chroniques qu'on observe si souvent
aux colonies , et qui , en épuisant les forces , conduisent
le malade à un marasme redoutable. Quelques-uns re-
commandent l'injection dans Toreille d'une forte infu-
sion de cette plante dans le cas d'affection soporeuse ,
mais j'ignore jusqu'à quel point on peut compter sur ce
remède. On prescrit volontiers son infusion dans les
angines muqueuses. Cette plante offre un bon béchi-
que incisif. On en fait des applications , le plus chaude-
ment possible, dans les douleurs rhumatismales, et en
fomentation pour bassiner les parties nerveuses et mus-
culeuses trop affaiblies et trop gonflées ; dans les œdèmes
chroniques et les gangrènes atoniques des vieillards.
J'ai éprouvé de bons effets de son huile essentielle comme
moyen auxiliaire dans plusieurs cas d'empoisonnemens
par les narcotiques.
Mode d'administration. On emploie communément
( 326 )
la Sarriette Coudée en infusion aqueuse on vineuse. Son
huile es^^entielle se prescrit à la dose de deux à quatre
gouttes dans un jaune d'œuf.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-DEUX.
La plante est dessinée de grandeur naturelle.
1. Fleur.
2. Calice entier.
3. Calice ouvert.
4« Graine^
M. 323.
TA€t>*Jor'e yWrt»«^/fA. ../fcïJ* -
CKIIMAXDUKE KKXFLKK
(327 )
\^A VV> VVI\^A'% VV» VV^\VVVV\\A/» VV\ VV\ VV> VV\ VV»>A/» VV\ VV\ VV» VV> VV» VV\ VV»/VV\ VV» VV-» VV»^/V^ VV» 'VV* vv^
GERMANDREE RENFLEE.
{Alexitère externe.)
Synonymie. Teucrium inflatum Swartz. Lin. Didynamie
Gymnospermie. — Jussieu , famille des Labiées. — Tour-
nefort Teucrium, Chamaedris ; Chamaepitis ; Polium. cl. 4»
Labiées. — Teucrium foliis oblongis , acuminatis , inaequa-
liter serratis, pubescentibus ; spicis sessilibus, terminali-
bus ; calicibus inflalis, villosis. Swartz. Prod. 88. et Flor.
Ind.-Occid. 3, p. ioo3. — Aiton. Hort. Kew. 2. p. 277.
— Teucrium subbirsutum , foliis ovatis , dentato-serralis ;
spicis strictioribus, crassis , terminalibus. Brown. Jam. 267.
— Eu espagnol, Camedrio ; Encinilla. — En anglais, Ger-
mander.
Caractères génériques. Plantes a fleurs monopéta-
lées, de la famille des Labiées, à feuilles opposées et à
fleurs axillaires ou terminales , remarquables par leur
corolle , dépourvues de lèvre supérieure peu sensible ,
et partagée en deux dents , d'entre lesquelles sortent les
étaniines \ calice monoplivUe \ corolle monopétalc irré-
gulière -, quatre étamines didynamiques , portant des an-
( 328 )
thères ovoïdes ; fruit contenant quatre semences nues
au fond du calice.
Caractères particuliers. Fleurs inférieures , quel-
quefois verticillées ; calice renflé et pubescent.
Histoire naturelle. La Germandiée renflée , dont
l'odeur est comparable à celle du Marrube , croît à la
Jamaïque , aux lieux ombragés et gazonneux. Je Fai ren-
contrée à Saint-Domingue et dans les environs de Saint-
Yago-de-Cuba.
Caractères physiques. Les tiges de cette Germandrée
sont hautes de deux pieds , droites , médiocrement ra-
meuses , fragiles , pubescentes ; les feuilles pétiolées ,
oblongues , acuminées , obtuses à leur base , pubes-
centes, inégalement dentées en scie ^ les pétioles allon-
gés , pubescens ; les grappes solitaires , terminales ,
longues de deux ou trois pouces ; les fleurs inférieures
souvent verticillées; de petites bractées lancéolées, ai-
guës , de la longueur des fleurs-, le calice renflé , pubes-
cent \ sa division supérieure plus grande \ les autres
égales , aiguës -, la corolle purpurine : le lobe intermé-
diaire de la lèvre trois fois plus grand que les latéraux ,
ovales, convexes. (Encycl.)
Analyse chimique. Cette Germandrée , ainsi que ses
congénères, fournit un extrait amer qu'on obtient par
( 339 )
Tintermède de Teau et de Talcohol -, Textrait aqueux
est beaucoup plus amer que Fexirait résineux obtenu
par l'alcohol.
Propriétés médicinales. D'après son analyse clii-
niique , il paraîtrait que cette Geimandrée possède des
vertus médicamenteuses , et qu'on peut l'employer comme
tonique , diurétique , sudorifique , atténuante , inci-
sive, etc. Quelques praticiens l'ont recommandée dans
les engorgemens de la rate ou splénite chronique ^ l'ic-
tère , qui en est un symptôme ^ les obstructions des vis-
cères , la ménorragie , certaines fièvres rebelles , l'ana-
sarque à son début, l'asthme et les autres engouemens
des bronches pulmonaires. Quelques novateurs qui ne
décrivent les plantes que pour contester ridiculement
leurs propriétés, disent de toutes , et-en particulier de
telle ou telle , qu'elle ne peut exercer une plus grande
influence que telle autre qui a les mêmes vertus î mais
ce n'est pas là refuser une vertu qu'ils reconnaissent.
C'est un mauvais genre que le moyen âge nous a donné
de tout désapprouver par un excès d'amour-propre qui
nous porte à croire que nous ne pouvons plus rien ap-
prendre , et que nos devanciers sont des sots et des su-
perstitieux , comme si de nos jours nous guérissions
mieux et plus promptement ! O fatalité des systèmes !...
On la recherche dans certains cas d'empoisonnement,
lorsque la période inflammatoire est moins intense.
Mode d'administration. On prescrit l'infusion aqueuse
ou vineuse de la Germandrée renflée. Son extrait , sui-
( 33o )
vaut les cas , se donne à la dose d'un gros. La poudre ,
quelquefois utile comme fébrifuge , étant associée à celle
du pépin de citron des halliers , augmente de vertu.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-TROIS.
La plante est dessinée demi-grandeur naturelle.
1 . Calice.
2. Corolle.
3. Ovaire surmonté du pistil.
y'/.22S.
jnieoJare //e,)'C4?nr/z7--. JkhiV .
3IO>Mr;SiE TIMPBTLLE.
( 33i )
W«VV«'VV«\'\AVV% VV% VV^ VV« \.V« V\%VVt VV^'XAA W> WWV^ WXXVNWk W>W« V\A W\'VV%VV%VV«\'V>.VV>W^
MONNIÈRE TRIPHYLLE.
( Alexitère interne et externe. )
Stnontmie. Monnieria trifolia. Lin Spec. Plant, vol. 3,
p. 376. Diadelptie Pentandrie. Juss. Plantes d'un siège
incertain. — Jaborandi. i. Pison. Brass. p* 2i5. — Mon-
nieria trifolia. Aublet. Guiane. vol. 2, p. 73 1; vol. 4>
t. 293. — Monnieria. Juss.gen. Plant, p. 421. Lam. illust.
t. 596.
Caractères génériques. Herbe à fleurs monopéta-
lées , ayant du rapport avec les Borraginées. On la dis-
tingue par le calice irrégulier à cinq divisions ^ la co-
rolle monopétale , à deux lèvres *, deux filamens chargés ,
le supérieur de deux , l'inférieur de trois anthères ; cinq
capsules monospermes.
Caractères particuliers. Calice persistant , à cinq
découpures *, deux filamens aplatis , chargés de deux
anthères cornées. Cinq capsules comprimées pour fruit.
Histoire naturelle. La Monnière triphylle croît
naturellement dans File de Cayenne , et dans beaucoup
d'autres lieux de l'Amérique méridionale. On la ren-
( 332 )
contre en fleurs et en fruits , clans presque tous les
mois de l'année.
CARACTÈPiEs PHYSIQUES. La racîne de la Monnière est
rameuse et composée de beaucoup de fibres. Elle donne
naissance à une lige herbacée, droite , cylindrique, gri-
sâtre , feuillée , médiocrement brancbue , souvent di-
cholôme , qui acquiert jusqu'à un pied et demi d'éléva-
tion. Cette tige est giabre , dure , et d'une consistance
presque ligneuse vers la base ^ mais elle a les sommités
légèrement velues ou pubescentes. Les feuilles sont mé-
diocrement grandes ', les inférieures opposées , les su-
périeures alternes. Chacune de ces feuilles est composée
de trois folioles , légèrement pédicellées, ovales, oblon-
gues , pointues , entières , velues des deux côtés , molles ,
minces , vertes , plus pâles en dessous , nervées obli-
quement , finement et obscurément criblées de points
transparens , longues de près de deux pouces sur une
largeur de neuf à dix lignes , et portées à l'extrémité
d'un pétiole commun, cylindrique, velu, qui souvent
n'a guère moins de longueur qu'elles. La foliole moyenne
est plus grande et plus fortement pédicellée que les la-
térales : celles-ci ont leur moitié intérieure un peu
moins large que l'autre moitié. Il vient aux sommités
de la plante, soit entre ses divisions ou dichotomies,
soit dans les aisselles des feuilles supérieures , des pé-
doncules isolés , plus ou moins longs , qui se partagent
à l'extrémité en deux ramifications florifères, diver-
gentes, recourbées en deliors , obscurément flexueuses ,
dépourvues de bractées. L'une des fleurs est située dans
la bifurcation du pédoncule 5 les autres sont rangées
près à près le long du côté interne ou supérieur des ra-
( 333 )
mifications. Elles sont blanches, assez petites, portées
sur des pédoncules propres fort courts , et forment ,
parleur assemblage, des épis bifides, ouverts de ma-
nière à présenter une sorte de corymbe analogue à ceux
qu'on rencontre dans plusieurs Borraginées.
Chaque fleur offre : i° un calice persistant, divisé fort
bas en cinq découpures inégales *, l'une supérieure, li-
néaire, plus allongée, couchée sur la corolle-, une se-
conde extérieure, lancéolée, une fois plus courte que la
précédente. Les trois autres courtes et obtuses ;
2». Une corolle monopétale , irrégulière , composée
d'un tube cylindrique, arqué, rétréci à son milieu^ et
d'un limbe à deux lèvres *, la supérieure entière, ovale,
arrondie à l'extrémité ; l'inférieure droite quadrifide , à
découpures oblongues , obtuses 5
3°. Deux filamens aplatis, membraneux, dont l'un,
supérieur, concave, bifide au sommet, est chargé de
deux anthères cornées ; valves du côté interne , les-
quelles entourent et cachent le stigmate *, pendant que
l'autre, inférieur, plane, trifide , en soutient trois,
arrondies, très-petites, que M. Poiret croit stériles-,
4°. Un ovaire supérieure, arrondi, à cinq angles et
à cinq lobes , accompagné à sa base , du côté inférieur ,
d'une petite écaille ovale appelée nectaire par Linné ,
et surmonté d'un style filiforme , qui se termine par un
stigmate capité , oblong , plane intérieurement , orbicu-
laire et à bord tranthant.
Le fruit consiste en cinq petites capsules ovales , com-
primées , monospermes , qui s'ouvrent longiiudinalement
en deux valves. Les semences sont ovales, noiiâtres,
finement chagrinées ou tuberculeuses , et ont le bord
interne plus droit et plus obtus que Texterne. Chacune
( 334 }
d'elles est environnée d'une coilFe ou tm.ique propre,
sèclie, bivalve, caduque. ( Encycl. ).
Analyse chimique. On obtient par la distillation de la
racine de la Monnière , un huile épaisse et très-acre ;
plus, un extrait résineux.
Propriétés médicikales. Les propriétés de la Mon-
nière paraissent résider dans une. matière résineuse qu'on
obtient par l'alcoliol ^ en sorte que l'extrait spiritueux pos-
sède plus de vertus subtiles que l'extrait aqueux. La
Monnière agit sur notre économie comme excitant acre ;
c'est ainsi que Pison l'a caractérisée le premier : il
ajoute que, prise intérieurement, elle provoque les
sueurs et les urines, qu'elle est alexipharmaque , et qu'il
a été lui-même témoin de ses bons effets sur un capi-
taine qui avait mangé des champignons vénéneux.
Mode d'administration. La dose de la poudre de la
racine est depuis cinq jusqu'à vingt grains sous forme
d'opiat, en décoction, depuis un scrupule jusqu'à un
gros. On peut la confire au sucre en la coupant par
tranches.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-QUATRE.
La plante est dessinée à moitié de sa grandeur.
1. Racine.
2. Fleur.
3. Calice.
4. Ovaire.
/y. -^^.
77i,'t>4/are J}f^xvuf'tilx jPài^r ■
Aiii.s''roa.oc:iif: i^oattl-ke •
'( 335 )
VW\\WWVWVVVW WVVW WXVW VWVWtWWWWWVt/WWV W« VW WV WVWVWWW\WVVVWV\WVVV\ «
ARISTOLOCHE PONCTUÉE.
(uélexitère interne et externe.)
Synonymie. Aristolochia punctata. Lin. Gynandrîe Hexan-'
drie. — Juss. Famille des Aristoloches j Tournef. Classe 3-
Personnées. — Aristolocliia foliis cordatis, ad basîm auri-
culatis , caule volubili ; lingulis florum longis , tribus punc-
tulorum rubentium ordinibus maculatis. Poiret. — Aristo-
lochia folio cordiformi , flore longissimo j atro purpureo ,
radice repente. Plum. Spec. 5. Burm. Amer. t. 34- En
anglais, Rooted Birthwort ; en espagnol, Aristoloquia.
Caractères GÉNÉRIQUES. Plantes à fleurs incomplètes ,
grimpantes , h. fleurs dont le calice est d'une seule
pièce , coloré , tubulé , irrégulier , ventru à sa base ,
élargi vers son orifice, et dont le bord, tronqué obli-
quement et sans divisions, se termine d'un côté par
une languette plus ou moins longue : en six anthères
Tome III. — 67* Livraison, 27
( 336 )
ftessiles , portées sur le pistil , et situées au-dessous des
divisions du stigmate ; et en un ovaire inférieur , ovale ,
oblong , anguleux , surmonté d'un style très-coiut , que
termine un stigmate concave , à six divisions. Le fruit
est une capsule ovale, hexagone, et divisée intérieu-
rement en six loges qui renferment chacune des se-
mences aplaties ^ feuilles alternes , fleurs axilîaires.
( Encycl. )
Caractères particuliers. Feuilles auriculées, tige vo-
lubile , fleurs jaunâtres à languette longue et ponctuée.
. Histoire naturelle. Ayant eu Foccasion , dans le cours
de cet ouvrage, de décrire plusieurs espèces d'Aristo-
loches , j'ai indiqué l'étymologie de ce nom , dérivé du
grec et^iTToç , excellent , et de >iOKtu , lochies , parce que
cette plante paraît douée de propriétés hystériques.
Les Aristoloches aiment la chaleur et se plaisent le long
des haies ou au pied des arbres ou arbustes qui doivent
leur servir de tuteur. En Europe , ces plantes demandent
le plein air , une bonne terre et l'exposition au soleil.
On les multiplie ft^cilement , soit de couchages faits au
printemps, et qu'on peut lever Paaiomme suivant , soit
(337)
de semences , quand elles mûrissent. Elles aiment la
terre de bruyère.
Caractères physiques. La racine de T Aristoloche
ponctuée est longue de deux pieds , épaisse d*un pouce
et demi, rameuse, noirâtre et ridée en dehors, jau-
nâtre en dedans , et s'enfonce perpendiculairement dans
la terre. Elle pousse une tige un peu plus grosse qu'une
plume d'oie , qui fournit quantité de rameaux fort longs ,
menus , lesquels s'entortillent autour des arbres de leur
voisinage. Ces rameaux sont munis de feuilles alternes ,
pétiolées , cordiformes , larges à leur base , où elles ont
deux lobes arrondis en oreillettes , vertes en dessus , et
d'une couleur pâle en dessous. Les fleurs sont axil-
laires , solitaires , soutenues par d'assez longs pédon-
cules 5 et ont trois pouces de longueur. Elles sont jau-
nâtres , droites , tubulées , et se terminent par une lan-
guette un peu étroite et fort longue , qui est marquée
en dedans de troi? rangées de points rouges. Les fruits
sont des capsules ovales, hexagones et noirâtres. Les se-
mences sont aplaties.
Analyse cHmiQt e. Le suc de la racine rougit le pa-
pier bleu , et son infusion aqueuse n'est point altérée
par le sulfate de fer. Son odeur nauséeuse et sa saveur ^
acre et amère annoncent qu'elle possède une vertu mé-
27'
( 336 )
dicameiiteuse. On en obtient un extrait gommo-iésinôu'x
très-court , qui a beaucoup de rapports avec celui dé
i'Aloës.
Propriétés médIcinàles. On ne peut douter aux colo-
nies de la vertu alexitère de cette Aristoloche qu'on y
met sans cesse à l'épreuve ; on l'administre intérieure-
ment et extérieurement. On use de ce dernier moyeu
lorsqu'il s'agit de rappeler les lochies supprimées , ou de
provoquer les menstrues. Son infusion édulcorée offre
au médecin un diurétique et un emménagogue , tandis
qu'on ordonne la poudre dans son infusion vineuse
dans les cas de chlorose , de leuco - phlegmasie , de
fièvres intermittentes , d'asthme humide et d'anorexie
glaireuse. Extérieurement , les noirs s'en servent pour
déterger les ulcères sordides et atoniques. C'est avec
regret que j'adresse quelques/reproches à ces vastes es-
prits qui comptent pour rien les libéralités du Créateur j
et qui ne voient dans toutes les merveilles qui les en-
tourent 5 que des choses purement naturelles et dues au
hasard. Pour moi , que ce sophisme révolte , je répéterai
avec le vertueux chantre des Harmonies de la Nature ,
que u je préfère un cep de vigne à une colonne ^ et
)) j'aime mieux enrichir ma patrie d'une seule plante
» médicinale ou alimentaire . que du bouclier d'argent
)j de Scipion. »
( 339 )
Mode d'administration. La poudre de la racine et
l'extrait se prescrivent à la dose d'un gros.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-CINQ.
La plante est représentée demi-grandeur naturelle.
( 34o )
AAA.VVVVVVVV»\A(<VV\\VVVV«VVVVVX VV^VM^AAVVVVV> VV^ VV-IVVX VV> V\\VV>'VV% VVXVV^ VV> Vi^lVV«a^^
POIVRIER A FEUILLES TRANSPARENTES.
(^Alexitere externe.^
Synonymie. Vulg. Petite queue de Lézard. Herbe à Couresse.
— Piper procumbens. Lin. Diandrie trigjnie. — Jussieu ,
famille des Orties. — Saururus minor procumbens, Botrj-
tis folio crasso , cordato. Plum. impr. p. 54, et vol. IV,
p. 78. — En anglais, Cuves s-Estail.
CaractèpuES génériques. Plantes dicotylédones , à
fleurs incomplètes , grimpantes ou rampantes , dicho-
tômes , à rameaux presque articulés ^ feuilles alternes ou
opposées ^ fleurs axiliaires ou opposées aux feuilles dis-
posées en un cbaton étroit, allongé. Le caractère essen-
tiel est d'avoir des fleurs réunies en un chaton fili-
forme , point de calice ni de corolle , deux anthères
presque sessiles \ une baie à une seule semence.
Caractères tarticuliers. Feuilles transparentes.
Tige rampante.
/y. :i:^(>.
TTt^adore 7M^ci>urft7\. Poi^t ,
vnïxm^: u riixy s i'Aio:^' i^
( 34i )
Histoire natuuellf:- On appelle à la Martinique
Herbe à Couresse le Poivrier à feuilles transparentes.
Ou en trouve une quantité considérable au quartier du
Fort-Saint-Pierre , infecté d'animaux venimeux; comme
si la nature indiquait ce moyen curalif , car elle place
toujours le remède à côté du mal. On l'appelle Herbe à
Couresse , nom d'un serpent menu et long , chamarré
de noir, de jaune et de gris. Cette couleuvre est peu
venimeuse, car on la manie sans danger, mais elle est
ennemie , dit-on , des autres serperis venimeux. Elle les
attaque , les presse si fort en les entortillant qu'elle les
étouffe : on prétend dans le pays, que si elle se sent
mordue par ces serpens, elle a recours à cette plante
comme à un contre-poison, d'où lui vient le nom de
Plante utile à la Couresse. Voilà du merveilleux , mais
tout n'est-il pas merveille dans la création I On ne peut
approfondir beaucoup de ces faits: multa latent in maj es-
tate naturœ.
Caractères physiques. La racine est menue et fi-
breuse , traçante j la tige est courte , épaisse de deux à
trois lignes, ronde, unie, tendre, blanchâtre, un peu
purpurine , entrecoupée de quelques nœuds , et poussant
aussi quelques branches noueuses de même grosseur et
de même consistance. On remarque à chaque nœud une
ou deux feuilles d'un pouce d'étendue, cordiformes, ten-
dres, épaisses comme celle du pourpier, mais transpa-
rente^, lisses, d'un vert foncé en dessus, blanchâtre
par dessous, avec des nervures dans leur longueur, ac-
compagnées d'autres nervures latérales arquées. Il se
trouve à chaque nœud un ou deux fruits de deux à trois
( 34-^ )
pouces de longueur, et d une ligne d'épaisseur, sembla-
bles à la queue d'un rat ou d'un petit lézard. Ces fruits
sont couverts de quantité de grains ronds, d'abord verts,
puis jaunâtres et enfin noirs à l'époque de leur maturité.
Cette plante rampe , et elle n'a que deux pieds d'étendue -,
chaque fleur offre : i° un spadice très-simple , filiforme ,
chargé de fleurs^ point de calice, de très-petites écailles
entre chaque fleur ^ 2° point de corolle^ 3° deux éta-
mines -, les filamens à peine sensibles ^ deux anthères
opposées , arrondies , situées à la base de l'ovaire •, 4" ^^^
ovaire supérieur, grand, ovale, sans style sensible,
surmonté de trois stigmates sétacés, hispides. Le fruit
est une baie arrondie , charnue , à une seule loge , ren.-
fermant une seule semence globuleuse.
Analyse chimique. Je ne l'ai point éprouvée.
Propriétés médicinales. Tous les Saururus ont des
propriétés alexitères plus ou moins prononcées , mais
pour les employer avec plus de sûreté, il faut scarifier
la blessure avant d'appliquer dessus le suc de la plante 5
telle est la méthode des naturels, et ils guérissent in-
continent ! Je fus appelé pour traiter un nègre qui ve-
nait d'être mordu par le serpent appelé Fer-de-Lance ^
les progrès du venin étaient effrayans. La jambe était
horriblement tuméfiée 5 j'avais employé infructueuse-
ment tous les moyens avoués par l'art. Un nègre se
présente et me demande la permission d'appliquer le
remède du pays. Le malade était sans espoir de guérison^
il s'agissait de la vie d'un homme ^ je ne balançai pas;
je vis en peu d'instans le venin neutralisé par l'applica-
lion simple d'un topique d'herbe «"i Couresse. Tous les
( 343 )
accidens cessèrent à la troisième application. Comment
avec des faits semblables refuser de croire à la vertu
des plantes puisqu'elles sont indiquées par des milliers
d'expériences heureuses ?
î
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-SIX.
La plante est dessinée demi-grandeur naturelle.
( 344 )
<W% VV« VX^ «W» VVVWV VV\ VV> VV\ VVWWW^t^A W> WWV» VVWV\'VV» W» WVWMWWVX VV'X'VSA'W XVXA^A* WV
EUPHORBE A FLEURS EN TETE.
(^Alexitère externe.)
Synonymie. Vulg. la Malnomraée. Réveil-matin des jardins,
velu et dentelé. — Poil-de-Chat ; Herbe à Serpens. Eu-
phorbia capitata. Lin. Dodécandrie trigynie. — Jussieu,
famille des Eupborbes. — Tournef. Titbjmalus. Cl. 1.
Campan. Eupliorbia. Subdicbotoma villosa, foliis ovali-
bus, acutis, serrulatis, oppositis, pedunculis unis. S. bieapi-
tatis axillaribus. Poirct. — Tithjmalus americanus, humifu-
sus, serratus , floribus in capiluluin alis adhaerens congestis.
Plum. Spec. 2. mis. 4- t« 4* — Tithymalus dulcis parietariae
foliis hirsutis, floribus ad catdium nodos conglomeratis.
Slonn. Jam. Hist. i. p. 197. Raj. Suppl. 43i- — Caacica
S. Herba colubrina. Pis. Bras. 3ii. et Marcgr. 7. — Ti-
thrmalus botrjoides zeylanicus, cauliculis villosis ; Burm.
Zel. 223. t. 104. — Eupborbia birla. Lin. — Peplus hor-
tensis birsuta et serrata. — En caraïbe, Araouebara, Caa-
tia. Alaourou Coulri.
Caractères géisériques. Corolle de quatre , souvent
de cinq pétales, assise sur le calice ^ calice monophylle,
ventru \ capsule à trois coques , pédiculée , élastique.
CARACTiiRES PARTICULIERS. Dicliotômc j fcuillcs dcn-
Pr 22/.
T^e^^'iore /Kvcvur/e/\ /'i/t.r ■
El'i'IiOitilK rAPITKE.
( 345 )
tées en scie, ovales, aiguës-, pédoncules en tètes axil-
laires j tiges poilues. (Annuelle.)
Histoire naturelle. KEupliorbe à fleurs en tète est
d'un grand secours dans la médication des naturels des
Antilles. Son suc est blanc et laiteux comme celui des
Tithymales ^ les habitaiis l'appellent la Malnommée ou
Poil-de-Chat. C'est l'herbe la plus difficile à détruire
lorsqu'elle se plaît dans un terrain. Elle repullule per-
pétuellement, mais, dit Plumier, elle récompense de
son importunité par ses grandes vertus. C'est le meilleur
alexitère qu'on ait éprouvé contre la morsure des Ser-
pens \ c'est pourquoi les Portugais l'appellent Derua
Cobra , Herbe à Serpens. On rencontre aux Antilles
deux Malnommées : la première, à feuilles de Parié-
taire, dont le fruit ressemble à des verrues-, la deuxième,
à feuilles de Serpolet^ espèce de Titbymale, dont les
vertus sont astringentes , et convenable à la fin des
diarrhées pour les empêcher de passer à l'état chroni-
que. Cette plante précieuse croit aux Indes orientales
et occidentales , où les serpens venimeux se rencontrent
souvent.
Caractères physiques. Les racines fibreuses de la
Malnommée poussent plusieurs tiges menues , rondes ,
rougeàtres , chargées de poils jaunâtres ou roussàtres ,
principalement vers le sommet. Elles sont étalées, plus
ou moins couchées, feuillées et un peu rameuses. Les
feuilles sont opposées, presque sessiles, ovales, oblon-
gues , larges d'un demi-pouce, et longues dun pouce,
pointues , dentelées au bout , un peu scabres , légère-
ment velues en dessous, et ont à lebir base un coté plus
( 346 )
étroit \ elles sont dessus d'un beau vert glacé de rouge.
Il naît alternativement dans les aisselles des feuilles des
pédoncules communs solitaires , quelquefois à peine
longs d'une ligne , et quelquefois ayant jusqu'à quatre
lignes de longueur. Ces pédoncules soutiennent quan-
tité de fleurs très-petites , d'un blanc rouge pâle , ra-
massées en une tête simple , ou qui semble simple sur
les pédoncules les plus courts, et en têtes géminées sur
les plus longs , ce qui arrive souvent sur le même indi-
vidu. Les calices sont chargés de poils courts ainsi que
les capsules. Le fruit est triangulaire , de la grosseur
d'un grain de millet, rouge d'abord et vert ensuite.
Analyse chimique. Le suc laiteux de l'Euphorbe
Malnommée contient : une résine acre , du caoutchouc,
une gomme brunâtre , une matière extractive , de l'al-
bumine ^ véritable antidote , une huile grasse , de Tacide
tartarique en petite quantité, et un peu d'eau.
Propriétés médicinales. Marcgrave et Pison recom-
mandent, comme témoins oculaires en mille circonstan-
ces, l'Euphorbe Malnommée pour arrêter les ravages
des blessures venimeuses. Ils l'employaient pilée , et
tout simplement appliquée en topique sur les morsures
des bêtes venimeuses. Pison assure que cette plante
étant mâchée et appliquée sur la morsure des serpens ,
non-seulement apaise la douleur atroce qu'éprouve le
malheureux patient , mais même qu'elle neutralise ce
venin et guérit les plaies. Il dit aussi qu'une pincée de
sa poudre , prise dans un véhicule convenable , fortifie
le cœur, et répare les forces perdues par la violence du
venin. Poupée-Desportes prescrit pour tisane lénitive
( 347 )
dans la gonorrhéc, les feuilles delà Liane à cœur, Vé-
corce de la Liane à savon , les racines du petit Balisier,
du Marcgrave à ombelles , de la IMalnommée , de la Ver-
veine puante, et surtout les racines de l'Herbe à Collet,
auxquelles il donne par-dessus toutes la préférence.
Mode d'administration. La décoction se fait avec
une poignée de la plante pour deux livres d'eau qu'on
fait réduire d'un tiers ^ l'infusion , au moyen d'une forte
pincée pour une tassée d'eau bouillante. La poudre
s'administre depuis un scrupule jusqu'à un demi-gros.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-SEPT.
La plante est dessinée demi-grandeur.
1. Feuille de grandeur naturelle.
2. Fruit vu au microscope.
( 348 )
^v\^AAA/v\vv>vv^vv^vv>\^A/vv\v^^^/v\^/v•^vv»vv^vv^vv^^AA^A/vvvvvv\^^^lVv^vvx^^^A/v>vv^'vv^^/v^'^^^
EUPHORBE ÉCARLATE.
{^Alexitère externe.)
SynonYxMIE. Eupliorbia punicea. Swartz. — Lin. Dodécandrie
trigjnie. — Juss. famille des Euptorbes. — Tournef. Ti-
thvmales. — Euphorbia umbella quinquefidâ, trifidâ; in-
volucellis ovalibus, acuminatis , eoloratis; capsulis glabris ;
foliis obovato-lanceolatis , subtùs glaucis. Swartz. Flor.
Ind. Occid. 2. page 873. — Ait. Hort. Kew. 2. pag. i43.
— Smith j Icon. pict. 3. tab. 3. — Jacq. Icon. rar. 3.
tab. 484 > *^t coll. 2. p. 179. *
Caractères génériques. Corolle de quatre et souvent
cinq pétales, assise sur le calice^ calice monopiiylle ,
veutru ^ capsule à trois coques, pédiculée , élastique.
Caractères particuliers. Tige ligneuse \ rameaux
dichotômes ^ feuilles presque sessiles , ovales , lancéo-
lées , d'un rouge vif souvent à leur base.
Histoire naturelle. L'Euphorbe écarlate, par la bi-
garrure des couleurs de son feuillage et de ses fleurs,
offre des contrastes qui flattent la vue. Cette plante croît
/y. :.':^S'.
'/7n-j,ùu;- 7)i'^^ûi/rfi7\ Pt/i.v ■
EUlMîOiUlE ETÀIâLATK
. ■ ( 349 )
à la Jamaïque, sur les montagnes où Swartz Ta oljsdNce
l'un des premiers. Les insulaires l'emploient en cas de
blessures venimeuses.
Cauactères physiques. Les tiges de cette Eupliorhe
sont ligneuses et s'élèvent fi quinze ou vingt pieds, la-
meuses à leur sommet ^ les rameaux lisses , dicliotùmes ,
étalés, renflés à leur bifurcation *, ils portent vers leur
sommet des feuilles agrégées, presque sessiles , ovales,
lancéolées, à peine aiguës, d'un vert foncé en dessus,
glauques en dessous ^ souvent d'un rouge écarlate à leur
base, les ombelles droites, terminales, à cinq ravons
trilides , pubescens : les invoîucres partiels composés de
deux folioles sessiles, oblongues , acuminées, entières,
d'un beau rouge; les fleurs jaunâtres^ le calice ventru,
pubeseent , pileux en dedans -, cinq à six pétales jaunes ,
tronqués, persistans, insérés sur les bords du calice^
douze à quinze étamines entremêlées avec des filets nom-
breux ^ l'ovaire pédicellé, incliné, d'un vert rougeàtre ;
le style rouge , trifide à son sommet ] les stigmates
noirs, obtus ^ les capsules glabres, arrondies, de la gros-
seur d'une petite cerise ^ les semences glabres et brunes.
Analyse chimique. Le suc laiteux dont cette plante
abonde a une saveur un peu salée, et rougit considéra-
blement le papier bleu.
Propriétés médiciisales. La principale vertu de l'Eu-
pliorbe écarlate est d'être alexitère , et c'est d'après
l'indication qui m'en a été donnée, que j'ai fait à cet
égard des expériences concluantes. On Tcmploie de la
même manière et à défaut de Fespèce précédente , la 3/aZ-
( 35o )
nommée. Comme souvent on l'emploie en médecine dans
les cas d'hydropisie , de jaunisse, d'obstruction des vis-
cères, et des fièvres quartes ou autres maladies chroni-
ques rebelles, on a la précaution de la faire macérer
dans du vinaigre pendant vingt-quatre heures avant de
s'en servir, afin de détruire son âcreté.
Mode d'administration. On administre cette plante
en substance, après la macération indiquée, depuis uri
scrupule jusqu'à une drachme.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-HUIT .
La plante est dessinée au tiers de sa grandeur.
1. Fruit.
h
/y.^-
DiiACONTE l^EKFOMKE.
( 35r )
^/vvvvvvv'♦'VVVVV%vvvvv^^/vvvv<(»/v*vv\■vv»^/v■»vvvvv^lVVvvv^'VVVVv\v^'^^/v»^AA'V\^vvvvvv^
DRACONTE A FEUILLES PERFORÉES.
( Alexitère externe. )
Synonymie. Vulg. Bois de Couleuvre. Dracontîum pertusum.
Linn. Gjnandrie Polyandrie. Juss. famille des Aroïdes. —
Dracontium foliis pertusis, caule scandente. Linn. Mili.
Dict. n" I. Et Icon. t. 296. — Arura liederaceum, amplis fo-
liis perforatis. Plum. Amer. 4o- t. 56. 5y. — Tournef. i5g.
Rag-. suppl. 578. Moris. sec. i3. t. 6. f. 28. — Lignum co-
lubrinum. i. Acostoe. DalecK. Hist. 1911. Ed. Gall. v. 2.
p. 673. En anglais : Dragon Herb, Hobly Eoderj en espa-
gnol : Elitta-di-Maravara.
Câhactîîres génériques. Plantes uiiilobées , de la
famille des Genêts , ayant des rapports avec les Pothos ;
dont les feuilles ont un pétiole erigaîné à la base, et
dont les fleurs naissent sur un chaton accomnasrné
d'une spatheoblongue, cymbiforme et ligiilaire. Calice
de cinq folioles colorées et presque égales , sept étami-
nes et filamens portant des anthères , droites , oblon-
gues , quadrangulaires ; un ovaire supérieur, ovale,
chargé d'un style cylindrique , à stigmate trigone. Le
Tome III. — 58* Lwraison. 28
(352 )
fruit produit par chaque fleur est une baie arrondie con-
tenant quatre semences ou plus.
Caractères particuliers. Feuilles perforées, lige
grimpante 5 ayant les plus grands rapports avec le Lo-
thos.
Histoire ]saturelle. La perforation régulière des feuil-
les de cet Arum au milieu de leurs nervures les rend
d'un aspect curieux et remarquable : on peut les comparer
A ce lierre aux cent mains , à la vigne amoureuse
Embrassant de l'ormeau la tige vigoureuse.
Le mot Draconte a été donné à cette plante par Théo-
pbraste , à cause de la ressemblance qu'il croyait lui
trouver avec le dragon , ê^pu>cov.
On multiplie cet Arum en France par boutures , et de
graines venues du pays , que l'on sème en bonne terre.
Il faut aux jeunes plantes beaucoup d'eau et de chaleur
p Tidant leur végétation, et la serre tempérée, ou au
moins une bonne orangerie pour l'hiver.
Caractères physiques. Cette plante s'attache contre
les troncs d'arbres , de la même façon que nos lierres. Sa
tige, qui monte en serpentant, a un peu plus d'un pouce
de grosseur, paraît comme écaillée par l'elfet des cica-
trices des feuilles tombées , et s'attache aux arbres par
quantité de racines vermiculées et latérales. Ses feuilles
sont alternes, pétioîées, ovales, lancéolées, pointues,
arrondies à leur base, et la plupart remarquables par
( 353 )
lies ouvertures oblongues, placées entre les nervures la-
térales. Ces feuilles sont iïrandes , lisses , dun beau
vert, ont jusqu'à un pied et demi de longueur sur une
largeur de neuf à dix pouces , et leur pétiole s'insère par
une gaine courte, fendue en devant. Les spatlies nais-
sent dans les aisselles des feuilles supérieures ^ elles sont
ovales, lancéolées , cymbiformes, longues de plus de six
pouces, lisses et d'un blanc jaunâtre en leur face in-
terne. Le chaton est cylindrique , obtus , jaune , long
d'environ cinq pouces sur un pouce de diamètre , et
ressemble en quelque sorte à un épi de maïs.
Analyse chimique. La racine de cet Arum desséchée
et soumise aux réactifs produit une huile grasse , une
matière extractive analogue au sucre, ciistallisable ^ de
la gomme , une espèce de bassorine , de l'amidon et de
l'eau.
Propriétés médicijnales. Comme dans presc[ue toutes
les familles monocotylédonées, les racines seules offrent
des propiiétés utiles à la médecine, et dont l'économie do-
mestique sait aussi tirer parti. Cependant le suc Acre
et caustique de cette espèce ne permet point de l'em-
ployer intérieurement. On en use comme d'un escaro-
tique trè5-a( tif pour neutralisera l'instant et décompo-
ser le virus des morsures venimeuses j et les naturels
n'ont qu'à se louer d'une découverte peut-être due au
hasard , mais qui n'en est pas moins précieuse à Tliuma-
nité.
Mode d'administration. On exprime tout simplement
sur la plaie le suc de Draconle , qu'on renouvelle tous
28*
V ( 354 )
les quarts-d'heure. Des médicastres du pays font usage
de bains de la décoction dans certaines maladies de la
peau.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT VINGT-NEUF.
Le dessin est réduit au huitième de grandeur naturelle.
JV. :>3o
JUMÛ^reM^a^urîuZ^na'
( 355 )
<M^W\%V«)V\A(W\'W\WVVV'« V'V\^/V>VVWWVV\ VVVVVt'VV«VV\^/VVVV\VV\VV\<VV>'VV'«VVVVV\^A'\'W'VVWW«Wt
POIVRIER A QUEUE RECOURBÉE.
{Alexîtère externe.)
Synonymie. Vulgairement: Queue de Lézard à fruit recourLé.
— Queue z'a Rat'. — Piper foliis ovato-lanceolatis, nervis
alternis , spicis uncinatis. Linn. Heptandrie Tétragjnie.
— Juss. Famille des Naïades. — Piper frutescens , diffu-
sum , flexile ; foliis ovatis; venis plurimis, obliqua arcuatis,
refertis. Brown. Jam. 121. n° 3. — Piper longum, folie
nervosoj pallidi viridi^ humilius. Sloan. Hist. 1. p. i35.
tab. 87. fig. 2.
Saururus arborescens fructu adunco. Plura. p. 5g. tab. 77.
C'est le Nhandi et Jaborandi de Pison.
Caractères génériques. Fleurs en chaton -, spadice
filiforme couvert de fleurs rarement environnées d'une
spallie ^ calice et corolle nuls -, deux anthères à la base
de l'ovaire ^ style nul^ trois stigmates hispides, une baie
monosperme \ tige frutescente.
Caractères particuliers. Les épis très-lougs , recour-
bés d'une manière sensible et opposés à chaque feuille.
( 356 )
Histoire naturelle. On trouve cette Pipérinée à épis
recourbés sur le bord des ruisseaux du petit Goave et
du Port de Paix, à Haïti , et dans les environs de Saint-
lago , île de Cuba , surtout auprès de rembarcadère où
les marins vont puiser de Teau. Son port est pittoresque ,
et annonce une nature sauvage. On la multiplie par mar-
cottes , et plus sûrement des boutures faites en avril
sur couclic , sous cloche et à l'ombre : elles prennent
racines en deux mois.
Caractèubs physiques. Ce Poivrier ressemble parfai-
tement aux noisetiers d'Europe *, ses racines produisent
douze tiges droites, longues, grosses comme le bras,
noueuses et articulées-, le bois blanchâtre est fragile 5
l'écorce cendrée est rugueuse et comme recouverte
d'aspérités semblables à des verrues ^ les tiges poussent
au-delà de leur moitié des branches qui se dirigent vers
la cime-, celles-ci en produisent d'autres plus menues,
entrecoupées de nœuds éloignés d'un pouce , avec une
feuille à chaque, semblable à celle du Laurier Amande, de
la longueur de neuf pouces sur trois ; elles sont rudes ,
d'un vert paie en dessous , traversées par une nervure
saillante, et quelques côtes courbes, blanches, traver-
sées par plusieurs veines ^ le dessus est d'un vert très-
tendre.
Yis-à-vis de chaque feuille , à l'insertion du pétiole de
la seconde feuille qui n'existe pas , s'élève un fruit ou
chaton recourbé, de couleur pâle, relevé et imitant la
queue d'un lézard -, il a environ six ou sept pouces de lon-
gueur sur trois lignes de largeur à la base : ces fruits sont
(357 )
courbés vers le même côté, et couverts de grains en
losange disposés comme par anneaux serrés.
Analyse chimique. Les fruits , les feuilles et Técorce
de ce Poivrier ont une saveur acre , chaude et assez
agréable, qui est due à une huile volatile particulière-,
on trouve aussi une résine, une matière sommeuse colo-
rée , un principe extractif amer et quelques substances
salines.
Propriétés médicinales. Les feuilles et racines de
toutes les espèces de Poivrier étant acres , les naturels
les conservent sèches pour les employer dans les bains
contre les oedèmes, et particulièrement la leucophleg-
masie. Les Brésiliens , qui ont découvert la vertu de
ce Poivrier aux Portugais , s'en servent au lieu de
Pyrèthre ; ils en font une panacée , et surtout le
recommandent comme alexitère. Une poignée de la ra-
cine fraîche pilée et infusée dans du bon vin chasse la
force du venin parles sueurs et par les urines. Comme
sternutatoire , les feuilles séchées et aspirées, après avoir
été réduites en poudre, excitent vivement la membrane
pituitaire par son aigreur mordicante. Poupée-Desportes
prescrit cette racine en masticatoire comme dérivatif du
catarrhe oculaire , et Marcgrave lui attribue les mêmes
vertus dans Todontalgie , à la lin des gonorrhées , et
contre les graviers des reins et de la vessie.
Mode d'administration. La dose des feuilles pour les
( 3.08 )
bains est de deux poignées. On ne doit jamais passer
celle de douze grains comme sternutatoire.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE.
Le dessin est réduit à moitié de sa grandeur.
1. Fruit.
2. Graine.
/y, 3jj.
IVi^ai/o/'c ^^^o * *-'i*f 'it ^ j (ftt>
J^ere^ Sc^i^Ip ■
GO TET 011E1L;LE.
(359)
<vv^vvvvv\vv\^vvvv>'Vvvvv^vv'^'\A/\vv^lVv^lMA/\/v\vv^vv«'VV\vv\^AAVv\vv\xv^/vv^^<v^vvx>vvvvv'«\^A/^^
GOUET OREILLE,
(^Alexitere externe.)
Synonymie. Vulg. Draconte grimpante triphylle. Arum auri-
tum. Linn. Gynandrie Polyandrie. — Tourn. Glas. 3. Per-
sonnées. — Juss. Famille des Aroïdes. — Arum caulescens
radicans , foliis ternatis , lateralibus unilobatis. Linn. Mill.
Dict. n® 18. — Arum tederaceum triphyllum et auritum.
Plum. Amer. 4i« t. 58. — Dracunculus americanus scan-
dens , triphyllus et auritus. Tourn. 161 . — Arum maximum
scandens , geniculatum , trlfoliatum, foliis ad Lasim auritis.
Sloan. Jam. Hist# i. p. 109. — Arum scandens triphyllum,
foliis exterioribus auritis, petiolis vaginantibus. Brown.
Jamaïc. 33 1. — Dracunculus scandens triphyllus et auritus.
CaractÏiRes génériques. Plantes uiiilobées , ayant
des rapports avec les Dracontes , comprenant des espè-
ces sans lige , les autres caulescentes , à feuilles pétio-
lées , sagittées , lobées ou multifides , et à cliaton nu
à son sommet.
Caractè:res particuliers. Le sommet des chatons
des Gouets est dépourvu de fleurs, ceux des Galles sont
( 36o )
lleuris dans toute leur longueur, ainsi que dans les Dra-
contes et les Pothos ,• mais les fleurs des Potlios ont de
plus un calice qu'on ne trouve pas dans les Gouets , ni
dans les Galles.
HisïoinE NATURELLE. Gctte plante est pariiculière-
ment connue à Saint-Domingue , à Guba , à Porto-
Rico et à la Jamaïque, où elle croît dans les forêts liumi-
des. Les noirs, inspirés par un tact naturel, savent y
recourir dans les dangers qu'entraînent les morsures
des bêtes venimeuses. J'ai vu plusieurs bons effets de
son application. Le chevelu doré et soyeux de cette
plante grimpante sur les arbres ou sur les rochers, pro-
duit un assez joli effet. Comme toutes les Aroïdées d'A-
mérique 5 le Gouet oreille réclame beaucoup d'eau et
de chaleur pendant sa végétation, et une bonne oran-
gerie pour l'hiver. On le multiplie de graines ou d'é-
clats de ses racines , mais il faut changer la terre qui
doit être bonne.
Caractères physiques. La forme des feuilles fait
reconnaître cette espèce au premier coup-d'œil. Sa lige
grimpe et rampe sur les troncs d'arbres , et s'y attadie
par de petites racines qu'elle pousse de ses noeuds. Elle
est cylindrique, plus épaisse que le pouce , lisse, nue,
noueuse avec des cicatrices annulaires , et comme les
autres , d'une nature spongieuse , remplie d'un suc lai-
teux très-acre. Cette tige pousse plusieurs rameaux qui
s'étendent de deux côtés. Les feuilles naissent au som-
met de la lige et des rameaux : elles sont alternes, très-
rapprochées , pétiolées , composées de trois folioles ,
( 36i )
dont très-souvent les deux latérales ont à leur base ex-
térieure un petit lobe obtus qui les fait paraître oreil-
lées. Dans les individus jeunes et cultivés, les trois fo-
lioles sont simples et les deux latérales sont remarqua-
bles, en ce que leur bord intérieur est presque droit,
et l'extérieur est recourbé en portion de cercle. Ces
feuilles sont lisses, d'un vert plus clair en dessous qu'en
dessus^ leur pétiole est long, creusé en gouttière infé-
rieurement, et engainé ou amplexicauîe à sa base. Les
pédoncules naissent dans les aisselles des feuilles, por-
tent chacun une spatlie longue de neuf à dix pouces ,
rétrécie et comme étranglée dans sa parlie moyenne ,
verte en dehors , et même en dedans en sa languette
supérieure *, mais d'un très-beau rouge dans sa partie
inférieure et interne.
Analyse chimique. Ainsi que toutes les Aroïdes , le
Gouet oreille produit une huile grasse , un principe su-
cré , de la gomme , de l'amidon et de l'eau.
Propriétés médicinales. C'est probablement à cause
de la vertu caustique du suc laiteux que contient cette
Draconte , que les insulaires l'emploient avec avantage
extérieurement contre la morsure des serpens et autres
bètes venimeuses. Ce caustique paraît neutraliser le
poison par sa violence. Des guérisseurs ignorans ont
l'audace d'employer intérieurement cet Arum contre les
œdématies, l'anasarque, et autres infiltrations du tissu
cellulaire^ mais je conseille d'en proscrire l'usage, comme
pouvant avoir des résultats funestes.
Mode d'adivunistrAtion. On emploie le suc exprimé
( 362 )
des racines dont on imbibe des plumaceaux -, ou, si l'on
ne peut s'en procurer une assez grande quantité, on a
recours à une décoction concentrée des racines et de
la tiçre.
EXPLICATION DE LA PLAKCHE DEUX CETST TRENTE-LKE.
Le dessin est réduit au quart de sa grandeur.
7ïi.,'./.'rc /Kj;ciir/tA An.c .
Jf^ef Jrff^.
P\ruUii¥Ai A ViSO rr.ViLLKS.
( 363 }
^\^^A/^'Vv^'WX'W^w» /vv\%/v\vvvxaavv^'Vvvvv\<v^'S'Vv^'v\aivv\iv\a vv<ivv«'vv«'vvvvvvvv\ i«/W/vvvvv* w\'wa%v»
PACHIRIER A CINQ FEUILLES.
i^Alexitère externe.)
Synonymie. Pacliiria Carolinaea. — Carolinea princeps. Linn.
MonadelpLie Polyandrie. — Juss. famille des Malvacées.
Pachira aquatica. Aubl. — Pachira foliis subqiiinatis; fo-
liolis ovato-lanceolatis. Swartz prod. p. loi (sub Caroli-
nea.) Carolinea princeps? Linn. fol. suppl. p. ôr, etc. 3i4«
— Pachira. Juss. gen. plant, p. 279. Lam. illustr. 1. 689.
Caractères génériques. Calice simple , tubulé , tron-
qué j cinq pétales ensiformes , très-longs -, des étamines
très -nombreuses, monadelphes à leur base: un style;
cinq stigmates \ une capsule ovale , sillonnée , unilocu-
laire , multivalve , polysperme. Plantes à fleurs polypé-
talées , de la famille des Malvacées ; à feuilles alternes ,
digitées, munies de stipules, et à fleurs axillaires, dont
la grandeur et la beauté sont infiniment remarquables.
Caractères particuliers. Calice couvert de points
verru queux.
Histoire naturelle. Le Pacliirier est un arbre du
( 364 )
plus bel aspect lorsqu'il est chargé de ses fleurs. Les
liabitans de Cayenne lui ont donné le nom de Cacao
sauvage. Les Galibis en mangent les semences cuites
sous la biaise. Le Pachirier se trouve sur le bord des
fleuves, où Téclat de ses vives couleurs et le gracieux
contraste des fleurs avec la verdure appellent prompte-
ment l'œil avide de l'admirateur des merveilles de la
nature. L'or et la rose composent cette fleur ravissante.
On trouve cet arbre curieux dans les magnifiques
serres du château de Voisin, appartenant à M. le comte
de Saint-Didier. Cette riche collection est due aux soins
et au goût exquis de M. Soulanges Bodin, dont l'établis-
sement de Fromont excite l'enthousiasme des curieux, et
qui a su réunir à Voisin , par un choix délicat et raisonné,
tout ce qui peut flatter la vue et l'odorat.
Caractères physiques. Le Pachirier à cinq feuilles est
un arbre dont le tronc est très-rameux , et qui s'élève
ordinairement à quinze ou vingt pieds de hauteur, sur
un à deux de diamètre. Son écorce est cendrée, et son
bois mou et spongieux. Ses rameaux s'étendent en tous
sens , et sont garnis de feuilles alternes , pétiolées, com-
posées de trois à cinq folioles ovales, lancéolées, pointues,
presque sessiles, lisses, vertes, très-entières \ ces folioles
sont de grandeur inégale, et la moyenne a souvent sept
pouces et plus ; elles sont disposées en matière de digi-
talions à l'extrémité d'un pétiole commun, long de cinq
à six pouces, muni à sa base de deux stipules. Les fleurs
sont magnifiques , longues de plus d'un pied , comme
tubuleuses , veloutées, jaunâtres, solitaires, et dispo-
sées dans les aisselles des feuilles. Les pédoncules sont
( 365 )
très-épais et fort courts. Les pétales d'or tombent de
bonne heure , et laissent à découvert un gros faisceau
d'étamines , dout les filamens sont rougeâtres , et les
anthères d'un beau pourpre. Le fruit ressemble un
peu à celui du Cacaoyer, ce qui a d'abord fait donner à
cet arbre le nom de Cacaoyer sauvage par les habitans
de Cayenne. C'est une capsule ovoïde , velue , rou-
geàtre, relevée de cinq côtes arrondies.
Analyse chimique. Les fleurs et les graines contien-
nent du mucilage ainsi que toutes les autres Malvacées.
J'ai égaré dans mes voyages la note complète de son
analyse.
Propriétés médicinales. Le Pachirier a une partie
des propriétés du Cacao , avec lequel les Galibis le com-
parent ; et quoique possédant les vertus des Malvacées,
on lui attribue des vertus alexitères. Les habitans de
Cayenne et de la Guiaiie font des achars avec les
jeunes fruits, et emploient les feuilles et les fleurs dans
leurs Calalous. Ces fleurs sont évidemment émollientes.
Comment pouvoir se rendre compte de la vertu alexiière
de cette plante, si ce n'est à cause des parties mucilagi-
neuses dont elle jouit? Quoiqu'elle soit recommandée
par les praticiens du pays, je n'ai jamais été dans le cas
d'observer son influence , soit dans les empoisonnemens,
soit dans le cas de morsures de bêtes venimeuses.
Mode d'administration. Les médicastres prescrivent
( 36G )
à rintéiieur et à l'extérieur sa décoction tiès-rapprochée.
EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE-DEUX.
Cette plante est dessinée à moitié de sa grandeur.
1. Fruit.
2. Graine.
FIN DU TROISIEME VOLUME.
é
( 36; )
TABLE
DES MATIEFxES CONTENUES DANS LE TROISIEME VOLUME.
Trente-neuvième livraison.
Planches. Pages.
Sommaire des Toxiques ( OU Plantes vénéneuses) . . i
Blancenill'er vénéneux i53 12
Glu^ier des oiseleurs i54 20
Mancenillier à feuilles de Houx i55 26
Lobélie à longues fleurs. ( Québec. ) i56 3o
Quarantième livraison.
Aristoloche à grandes fleurs 167 35
Ahouaï des Antilles i58 ^o
Gouaré trichiioïde iSq ^3
Gestreau nocturne 160 fyj
Quarante-unième livraison.
Gouet arborescent 161 5i
Gouet vénéneux 162 55
Comoclade denté. ( Guao de Cuba: ) i63 58
Momordique Nexiquen 164 62
Quarante-deuxième livraison.
Draconte poîyphylle i65 67
Gouet hédéracé 166 71
Achit caustique . . . , 167 75
Cestreau macrophylle 1G8 70
29
1
( 368 )
Quarante-troisième lis^raison.
Planchgs. Pages.
Dolic à feuilles obtuses i6q 83
Dolic à petites gousses i p-o 87
Amome pyramidale. ini m
Dentelaire sarmenteuse i'-2 94
Quarante-quatrième liuraison.
Stramoine épineuse . . inS oo
Stramoine sarmenteuse ii|j;4 loA
Stramoine cornue 1^5 108
Médicinier manioc. . . . i-jô ii3
Quaj'antc ^cinquième livraison.
Belladone arborescente '77 HQ
Franchipanier blanc 178 126
Galcga soyeux 179 i3i
Amaryllis écarlate 180 i35
Quarante -sixième livraison.
Paulinie ailée 181 189
Calebassier vénéneux 182 i^3
Téphrose vénéneuse i83 147
Ranyolfe blanchâtre 184 i5i
Quarante septième livraison.
Morelle sombre i85 i55
Morelle mammiforrae 186 iSq
Morelle mélongène 187 i63
Morelle à feuilles d'Acanthe. 188 167
Quarante-huitième livraison. .
Apocin à fruit hérissé ^89 171
Apocin tacheté 19° '7"
Apocin citron 191 180
Echite toruleusc . ^9^ *°^
( 369 )
Quarante-neuvième livraison .
Planches. Pa§es-
Camérier à feuilles larges igS 187
Euphorbe à bractées écarlates 194 igt
Orphilie cévadille igS igS
Bois ivrant de la Jamaïque 196 2o3
Cinquantième livraison.
Sommaire des alexitères 207
Mikanie guaco ; ... 197 211
Nandhirobe à feuilles de Lierre 198 216
Bignone à griffes 199 223
Acacia à grandes gousses 200 226
Cinquante-unième livraison.
Paraire liane à cœur 201 281
Aristoloche anguicide . 202 235
Eupatoire aya-pana 2o3 240
Bigonne à ébène 2o4 244
Cinquante-deuxième livraison.
Zédoaire 2o5 247
Valérianne patagonelle 206 262
Dorstène contrayerva 207 256
Strumpfie maritime 208 260
Cinquante-troisième livraison.
llcdwigie balsamifère. ...-,• 209 263
Houmiri baumier rouge 210 270
Balsamier de la Jamaïque. (Bois de Rodes. ) .... 211 276
Balsamier élémifère 212 279
Cinquante-quatrième livi^aison.
Laurier péchurim 2i3 ^83
Myrte à feuilles de Laurier 2i4 287
Myrte à feuilles de Citron 2i5 291
Antidesme alexitère 216 292
( 370 )
Cinquante'Cinquième livraison.
Planches. Pages.
Conyse odorante aiij 29g
Sauge à fleurs blanches 218 3o3
Oranger à feuilles de myrte 219 3o8
Oranger pampelmousse 220 3i3
Cinquante-sixième livraison.
Collinsonie * 221 319
Sarriette condée 222 323
Germandrée renflée 223 32^
Monnière triphylle 224 33 1
Cinquante-septième livraison .
Aristoloche ponctuée 226 335
Poivrier herbe à couresse 226 34©
Euphorbe mal nommée 227 344
Euphorbe écarlate 228 348
Cinquante-huitième livraison.
Draconte perforée 229 35 1
Poivrier à queue recourbée 23o 355
Gouet oreille 23i SSg
Pachirier à cinq feuilles 332 363
FIN DE LA TABLE DU TROISIEME VOLUME.
QK225 .D36 ^3 '°""'"' °"''"" ""^''^'^
Descourti
UNI
3 51
WiÇhel/Flore pittoresque eT
M
85 00135 6151